Mise en page 1 - Matin Equatorial

Ali Bongo Ondimba dans la Ngounié
Après l’Ogooué-Ivindo, le chef de l’Etat a entamé hier un important voyage dans la Ngounié. Au cours de ce périple, Ali Bongo Ondimba devait notamment visiter
les chantiers routiers, les projets agricoles et l’école de formation des officiers d’active de Mandilou. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.
MAtin
N°64 du 15 Avril 2015
500F CFA
EquAtoriAl
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Au nom de la paix
Préservons
l’essentiel !
L
a poussée de fièvre consécutive à la disparition d’André Mba Obame fait partie intégrante de la vie d’une nation qui vient de
perdre un illustre fils. Mais on doit se garder de
tout excès, de peur de tout f… en l’air.
En moins d’une semaine, le Gabon vient de perdre deux êtres chers, deux icônes de la République à des degrés divers : Rose-Francine
Rogombé et André Mba Obame. Dans le premier
cas, il s’agit de la première femme ayant occupé
le poste de président de la République au Gabon.
Le fait qu’elle ait exercé la fonction par intérim
ne change en rien à l’importance de la charge.
Rose-Francine a eu ce privilège rare de marquer
l’Histoire du Gabon. Personne ne pourra jamais
lui retirer ce titre.
Alors en visite à Paris, et devant des milliers de
compatriotes de la diaspora, Ali Bongo, fraîchement élu, n’avait pas tari d’éloges à l’endroit de
deux grandes dames de la République, selon son
expression, en l’occurrence Marie-Madeleine
Mborantsuo, président de la Cour constitutionnelle, et Rose-Francine Rogombé, qui venait de
lui transmettre le flambeau après trois mois
d’une transition plutôt réussie.
Cinq ans sont passés et le Gabon est toujours debout. Un honneur que nous partageons tous
dans ce continent où les soubresauts sont nombreux. Et heureusement que notre pays est resté
un éternel havre de paix. Pour sûr, d’autres nous
envient et ne verraient pas d’un mauvais œil que
nous nous déchirions tels des chiffonniers.
La deuxième icône, disions-nous, c’est sans
conteste André Mba Obame, qui vient de tomber.
Personne ne le ressuscitera, mais personne ne
l’oubliera non plus. Le meilleur hommage qu’on
puisse rendre à ce grand compatriote est de le
conduire dignement à sa dernière demeure. Tout
acte qui entraverait ses obsèques sera considéré
comme une insulte à son œuvre.
Rappelons-nous son meeting au carrefour
Nzeng-Ayong, sans doute l’avant dernier de la
campagne présidentielle. À ceux qui voulaient
classifier Ali Bongo et l’affubler de tous les noms
d’oiseaux, Amo leur disait, le sourire aux lèvres :
« C’est un Gabonais ». Déjà à cette époque, le candidat indépendant faisait tout pour préserver
l’essentiel : l’unité nationale, gage de la paix si
chère à tous.
Suite en pg.2
Disparition d’AMO :
A
L’UN à un tournant
ccueillie avec beaucoup d’émotion, la nouvelle
de la disparition d’André Mba Obame a traversé
le pays dimanche dans la mi-journée. Alors que
l’émotion est encore vive au sein de ce qu’on appelle
communément « le peuple du changement », sont
aussi engagés les calculs et analyses politiques « postAMO », du côté de l’opposition comme dans le camp
au pouvoir. À qui la disparition d’AMO profite-t-elle,
aujourd’hui et demain ? Quel en sera l’impact sur les
relations entre le régime émergent, l’opposition et le
Woleu-Ntem, sinon le pays fang en général ?
Ces questions ne sont pas sans intérêt. Pour certains
Gabonais, la disparition d’AMO est avant tout une
grande perte pour l’Union nationale et l’opposition
radicale en général qui, depuis 2009, faisait de cet
homme politique son épouvantail contre le régime
PDG. Quand AMO fait son simulacre de prestation de
serment comme « président de la République » en janvier 2011, en signe d’affront au pouvoir émergent,
c’est l’« exploit » pour cette opposition. Puis s’ensuit
une longue procession jusqu’au siège de l’ONU.
Lire en pg.3
2 Politique
MAtin
EquAtoriAl
L’éditorial de Paul Nzogh Bam
L
a marche pour la
paix qui s’est tenue à
Libreville samedi dernier a connu une mobilisation impressionnante, et
pour tout dire sans précédent. Membres du Parti démocratique
gabonais
(PDG) et des partis de la
Majorité présidentielle,
mais aussi et surtout, simples citoyens et des citoyennes anonymes, sont
venus nombreux pour soutenir l’initiative et exprimer leur engagement en
faveur de la préservation
de la paix dans le pays.
Cette marche a, sans nul
doute, contribué à raffermir l’exécutif, en rassemblant près de 20 000
personnes, une performance sinon inédite, du
moins inhabituelle au
Gabon. De l’école Martine
Oulabou au carrefour Rio,
les marcheurs ont battu le
bitume, arborant des teeshirts jaunes et blancs imprimés à l’image d’une
colombe. Déterminés et
l’esprit patriotique en bandoulière, ils sont venus dire
oui à la paix, mais aussi
manifester leur raz -le-bol
face à toutes sortes de débordements et de dérives,
constatés au cours des der-
réputation surfaite que
Jean Ping et ses amis de
l’opposition, au fil de leur
agitation, étaient parvenus
à se faire, au point de passer pour les maîtres incontestés de la rue. Le pouvoir
en place, lui, semblait
condamné à à n’évoluer
que dans le cadre douillet
et archi-protégé du Jardin
Botanique, loin des rassemblements populaires.
Ce n’est pas le moindre intérêt de la déambulation de
samedi dernier, que d’avoir
fait la preuve que la rue
n’appartient pas à ceux qui
font le plus de bruit, profèrent le plus de menaces et
se montrent les plus vindicatifs.
« Pour des gens qui ont la
haine contre moi, ils veulent
me voir partir, mais je serai
toujours là avec vous », a
déclaré Ali Bongo Ondimba
dans une posture de réponse du berger à la bergère. Un éventuel chaos ou
un embrasement social du
pays, tel que projeté par
des oiseaux de mauvais augure,
est
désormais
conjuré, sinon rendu inopérant pour le moins. Le
chef de l’Etat a par ce meeting tordu le cou à tous les
slogans obscurantistes qui
Un tournant qui annonce
la reconquête
niers mois. Parmi ceux-ci,
on ne peut pas laisser de
côté la grève générale illimitée, déclenchée par une
poignée de syndicalistes
peu représentatifs du
monde des fonctionnaires,
et dans laquelle les enseignants semblent avoir
choisi de jouer les premiers rôles. Une grève générale qui menace de
conduire à l’année blanche,
c’est-à-dire à une pénalisation de l’éducation de toute
une jeunesse, et qui reçoit
le soutien affichée d’une
opposition plus attachée
au clientélisme qu’à l’esprit
de responsabilité. Cette
manifestation constitue un
tournant, elle marquera
durablement les esprits.
D’autant que la démonstration de force des partisans
du chef de l’Etat, outre le
fait qu’elle a démontré leur
capacité de mobilisation
dans le vivier électoral de
la capitale, a relégué à l’arrière-plan les meetings que
le Front uni a jusqu’ici organisés. Et le jeu en valait la
chandelle, au regard de la
dessinaient le diable sur la
carte du Gabon.
En apôtre émérite de la
paix, valeur cardinale de la
concorde nationale, et en
tête de cette procession
dans les rues de la capitale,
Ali Bongo a décidé de surfer sur la vague de l’harmonie sociale, si précieuse et
garante d’une démocratie
apaisée. En choisissant un
lieu chargé de symboles
comme le carrefour Rio, fief
de la contestation et de la
fronde où fermente la sédition, le président de la République a véritablement
infligé un camouflet à ses
irréductibles adversaires.
Cette manifestation est loin
d’être un simple épiphénomène. En politique, de tels
faits ont un sens et une portée irréfutables. En mobilisant hommes, femmes et
jeunes pour une cause
aussi noble, à un moment
qu’on s’accorde à reconnaître comme critique, la
marche de la paix a créé
l’électrochoc nécessaire à la
reconquête du terrain politique. n
N° 64 du mercredi 15 Avril 2015
AMO, un adversaire redouté
Il était un adversaire redouté de la galaxie politique gabonaise. Jusqu’à sa
mort, il inspirait espoir à ses partisans et était encore vu comme le « messie
» tant attendu. Amo s’en est allé, emporté par le destin politique qu’il a voulu
se forger.
A
F.D
son dernier meeting de la
campagne pour l’élection
présidentielle anticipée du 30
août 2009, André Mba Obame défaillit et le malaise qu’il eut sur le podium ne l’a plus lâché jusqu’à la fin.
Que s’est-il passé ? On a parlé d’un
empoisonnement à travers le
micro. Sans qu’aucune preuve de
cette affirmation ne soit rapportée.
Le même soir, notre confrère Françis Sallah Ngouabaud faisait des dénonciations fracassantes sur le
candidat dont il avait forgé l’aura au
fil des retransmissions en direct des
sorties à travers le territoire national. Depuis lors, l’intéressé n’a plus
été vu sous le ciel gabonais.
« Amo, président », les enfants s’en
souviennent encore. Un rêve qui
s’évanouit à jamais et qui n’aura été
qu’un rêve. Celui de cet homme qui,
la cinquantaine à peine, avait rendu
public son ambition présidentielle
à Barcelone en Espagne, là même
où s’était éteint, le 8 juin 2009, le
président Omar Bongo Ondimba,
qu’il considérait comme son père et
dont il se réclamait un héritier politique.
Cette démarche aura constitué sa
sortie de piste pour ceux qui n’ont
pas compris ou qui ne partagent
pas le fait qu’il ait voulu se forger un
destin personnel. Suite à cette annonce de candidature, réactions
contraires et déclarations s’étaient
succédé. L’homme était devenu un
élément-moteur de l’opposition gabonaise.
Pour avoir été un pion important du
système Bongo, après son retour au
Gabon en 1984, celui-là même par
qui beaucoup d’opposants sont
tombés ou se sont travestis, était
devenu l’ennemi public numéro 1,
à défaut d’être considéré comme un
adversaire à véritablement craindre.
Dans le camp d’en face, auquel il a
fini par adhérer, les anciens pédégistes et autres opposants avec lesquels il a fondé l’Union nationale,
n’hésitèrent pas à jeter leur dévolu
sur lui. Le jeunot de Medouneu, ancien séminariste, s’est révélé être
une bête politique.
A l’élection présidentielle 2009, une
bonne partie des candidats de l’opposition, dont Casimir Oye Mba, Zacharie Myboto, Anna Claudine Ayo
Assayi et Paul Mba Abessole, marqués par une foi contaminatrice en
ce feu-follet d’Amo, se désistèrent en
bout de course en sa faveur. Un phénomène politique sans pareil.
Au sortir de cette élection présidentielle, André Mba Obame revendiqua la victoire, tout comme Pierre
Mamboundou. La réalité des urnes
en décida autrement. C’est le candidat Ali Bongo Ondimba qui eut la
préférence des électeurs avec
41,79% des suffrages exprimés.
Pierre Mamboundou ayant occupé
la 2ème place (25,64%) et Mba
Obame la 3ème avec un peu moins
de 25% des voix. Comme pour
beaucoup d’opposants battus, pour
André Mba Obame, ces résultats ne
pouvaient pas être les vrais. Le
début d’une polémique inutile qui
conduira Amo à entamer une grève
de la faim .Il franchit le rubicon, en
prêtant un simulacre de serment en
qualité de président de la République. L’atteinte à l’autorité de
l’Etat était établie et l’homme fut
contraint à l’exil, pour fuir la justice
gabonaise, une fois son immunité
de député levée.
Le pouvoir, qui a sévi, en proclamant la dissolution pure et simple
de l’Union nationale, du fait de cet
acte de défiance, mit quelque peu
de l’eau dans son vin. Mba Obame
put regagner Libreville mais, visiblement, il était très malade. Du
coup, ses apparitions publiques furent rares. Ces dernières années ont
été finalement consacrées à sa
santé. En définitive, il a été emporté,
ce dimanche, 12 avril 2015, à
Yaoundé (Cameroun), point de passage sur le chemin qui devait le
conduire en Afrique du Sud.
L’onde de choc provoquée par cette
disparition est à la mesure de l’aura
qu’Amo s’est forgée au sein de la société gabonaise. Il reste à se demander quelle personnalité va émerger
de l’Union nationale ou de l’opposition, en général, pour lui succéder?n
Suite de la page 1
Au nom de la paix
Préservons l’essentiel !
Voilà pourquoi, jusqu’à la fin
de sa vie, Amo a évité le débat
des origines de peur de mettre
notre cher Gabon en danger.
Maintenant qu’il n’est plus de
ce monde, il nous appartient
de préserver son héritage en
évitant d’enflammer les esprits par des soupçons aux
conséquences incalculables.
Du reste, Jean Ping, qui n’est
pas moins opposant qu’un
autre, s’est montré plus pragmatique en demandant tout
simplement à poursuivre son
combat. Il n’a pas dit « Brûlons
pour le venger ». La haine et la
hargne des fans d’Amo n’ont
d’égal que leur soif de vengeance, tout le monde en
convient.
Mais rester sur ces schèmes
est le plus sûr moyen d’hypothéquer la paix et donc, l’avenir du Gabon. On ne s’en rend
compte que lorsqu’on ne peut
plus se rendre au marché, ni au
champ. Quand ouvrir au voisin
devient un risque de sécurité.
Certes, le pays rencontre
d’énormes difficultés, mais qui
sont toutes surmontables, en
dépit des oiseaux de mauvais
augure. Ce sont justement
ceux-là qui ne veulent pas le
bien du pays.
On sait que le secteur public
est en grève et que nos enfants
ont du mal à réintégrer les
salles de classe. Mais il a suffi
que l’Etat brandisse le bâton
pour que l’on comprenne la
nécessité de se conformer aux
lois de la République. Aujourd’hui, de nombreux fonctionnaires continuent de payer
le prix de la rétention des bons
de caisse. Or, sans travail, point
de salut.
En revanche, le pouvoir aurait
tort de trop tirer sur la corde.
Déjà, il n’est pas certain que sa
méthode ait fait florès. Personne ne reprendrait la craie
la peur au ventre. D’où la nécessité de poursuivre le dialogue sans lequel aucune paix
n’est possible. La balle est plus
que jamais, dans le camp de
tous les secteurs confondus.n
Politique 3
MAtin
EquAtoriAl
Disparition d’AMO :
L’UN à un tournant
Accueillie avec beaucoup d’émotion, la nouvelle de la disparition d’André Mba
Obame a traversé le pays dimanche dans la mi-journée. Alors que l’émotion est
encore vive au sein de ce qu’on appelle communément « le peuple du changement
», sont aussi engagés les calculs et analyses politiques « post-AMO », du côté de
l’opposition comme dans le camp au pouvoir.
Alban Moussavou
À
qui la disparition d’AMO
profite-t-elle, aujourd’hui
et demain ? Quel en sera
l’impact sur les relations entre le
régime émergent, l’opposition et
le Woleu-Ntem, sinon le pays
fang en général ?
Ces questions ne sont pas sans
intérêt. Pour certains Gabonais,
la disparition d’AMO est avant
tout une grande perte pour
l’Union nationale et l’opposition
radicale en général qui, depuis
2009, faisait de cet homme politique son épouvantail contre le
régime PDG. Quand AMO fait son
simulacre de prestation de serment comme « président de la
République » en janvier 2011, en
signe d’affront au pouvoir émergent, c’est l’« exploit » pour cette
opposition. Puis s’ensuit une
longue procession jusqu’au siège
de l’ONU. On se souvient encore
de son retour en 2013 où, pressé
par le directoire national de
l’Union nationale, il fallait le faire
revenir pour « booster » l’électorat et faire feu de tout bois pour
amener le régime à accepter la
tenue d’une conférence nationale souveraine. On sait aussi
tout le suspens qui aura été
nourri jusqu’au bout, durant sa
maladie, pour le maintenir
parmi le « peuple ». En perte de
vitesse au sein d’une partie de la
population qui déjà commençait
à trouver monotone les réunions
et autres meetings « façon-façon
», sans un vrai message qui
bouscule ou fait rêver… comme
quand AMO était là, l’opposition
gabonaise continuait pour ainsi
dire de végéter dans l’attente de
son « messie » de 2009.
Si le sort en a décidé autrement
depuis dimanche à Yaoundé au
Cameroun, cela veut dire qu’il
faut désormais compter « sans
AMO ». Et ce n’est pas tombé au
meilleur moment : la préparation de l’élection présidentielle
de 2016 alors que le parti au
pouvoir, avec son « candidat naturel», s’active déjà sur le terrain
et que l’exécutif manifeste clairement sa volonté d’aller aux élections l’année prochaine.
Le Woleu-Ntem,
grand perdant ?
De Medouneu à Oyem, en passant par Bitam, Mitzic et Minvoul, la disparition de « mong
y’adzè » (l’enfant du pays) sonne
comme un désespoir, un désenchantement politique. Apres
avoir misé tout sur AMO en 2009
et être resté jusqu’à ce jour les
yeux rivés sur lui, notamment
dans la perspective de 2016, sa
disparition brouille toutes les
cartes. C’est, depuis 2009, la «
deuxième perte » d’un fils du terroir, après Pierre Claver Zeng
Ebome, lui aussi co-fondateur
de l’UN.
Dans cet état d’esprit, il n y a pas
grande illusion, la disparition
d’AMO déstabilise l’UN qui sait
que si le parti est resté vivifié au
Nord, et même à Libreville, c’est
essentiellement parce que les
Nordistes le « suivaient ». Même
s’il n’est pas encore possible de
tirer objectivement toutes les
conséquences politiques de cet
évènement malheureux, il va
sans dire que dans la perspective
de 2016, le septentrion sans
AMO ne sera plus jamais pareil
pour l’UN et l’opposition, qui
d’ores et déjà savent les choses
changées.
PING, UN : quelle adaptation
à la nouvelle donne ?
La question d’une candidature
unique de l’opposition refait ici
surface. Au sein de l’UN, certains
courants faisaient déjà état d’une
volonté d’adoubement de Ping
par AMO de son vivant. D’autres
estiment que Ping ne peut pas
mobiliser du monde, ni l’UN sans
AMO. Le défi est donc de taille.
L’Union nationale va devoir
s’adapter à la donne et se réinventer. Un parti, il faut le dire, qui
fut dans ses fronts baptismaux
taillé à la mesure d’AMO, son exsecrétaire exécutif, et autour de
qui tout ou presque tournait toujours. Il a incarné le rôle d’éminence grise du parti et était de
fait le vrai « patron » de l’UN.
Alors que souverainistes et autre
anti -Ping se regardent entre les
yeux, la question que la majorité
des unionistes se posent est de
savoir qui est réellement capable, au Nord et au plan national,
de barrer la route à Ali Bongo ?
Préfiguré comme la « doublure»
d’AMO pour le compte d’une certaine opposition, le nouvel opposant, Jean Ping, qui fait des clins
d’œil à l’UN, est-il véritablement
André Mba Obame, toujours un problème même
après sa disparition.
capable de « remplacer» AMO
dans l’animation intellectuelle,
politique et stratégique d’un
parti ? Surtout qu’en l’absence
de ce dernier déjà, durant ses allers et retours à l’étranger, en raison de ses soins, le parti
éprouvait moult difficultés pour
mobiliser et occuper l’espace
médiatique et politique national.
Au sein de l’UN, il y a désormais
un « avant» et un « après » AMO
à gérer jusqu’en 2016.n
Principales étapes d’une carrière
Né le 15 juin 1957 à Medouneu, chef-lieu du département du Haut-Komo (Woleu-Ntem), André Mba
Obame a gardé cette jeunesse de séminariste qui l’a accompagné jusqu’à ses 58 ans, avant d’être
rattrapé par la mort.
Constantin Toukoule Mè
A
u séminaire Saint- Kisito
d’Oyem, où il a effectué ses
études secondaires, on
n’aura pas pu prédire la destinée
qu’il a connue, ni même au séminaire Saint- Jean et au Lycée
Léon Mba par où il est passé.
En France pourtant, il s’est illustré comme un des plus virulents
opposants au système établi
alors à Libreville. L’homme
émargeait dans les rangs du Morena, section française et avait
d’importants appuis au Parti socialiste. Il présentait une autre
carte, celle d’être l’un des privilégiés de l’Etat canadien, où il effectua une partie de sa
formation.
Le contexte de 1981, année de
l’arrivée au pouvoir en France
des socialistes, place André Mba
Obame dans l’orbite de la galaxie
de la Présidence de la République au Gabon. Docteur en
sciences politiques, diplômé de
l’Université de Laval au Canada
et de l’Université Panthéon-Sorbonne en France, il est appelé auprès du président Omar Bongo
dès son retour au Gabon en
1984. A travers lui, de nombreux
Gabonais de la diaspora se re-
trouveront aux bons soins du
pouvoir.
Fait remarquable, les années qui
suivirent, furent marquées par
une effervescence au sein du
Parti démocratique (PDG) qui,
quoique parti unique, se retrouva avec des tendances en
son sein. Les animateurs clairement affichés au sein de la tendance dite des « Rénovateurs »,
furent, bien sûr, Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame.
Toute la République finira par
les considérer tous deux comme
les fils incontestés du défunt
chef de l’Etat, qui ne leur refusait
rien.
On doit au deux acteurs une influence notoire auprès du président Bongo pour l’ouverture
politique au Gabon. Plus particulièrement, l’action d’André,
comme l’appelaient ses proches,
s’illustrera dans une action de
sape pour rallier de nombreux
opposants au régime Bongo.
C’est en cela qu’on le dira fin politique.
En 1991, ses pas au gouvernement seront freinés par le
contenu de la nouvelle Constitution, qui situait l’âge d’accès à un
poste ministériel à un minimum
de 35 ans. Ni Ali Bongo Ondimba, ni lui ne remplissaient ce
critère. Ils durent céder leurs
fauteuils. C’est ainsi qu’André
Mba Obame, qui n’avait que 34
ans, dut se décharger de sa fonction de ministre chargé des
Droits de l’homme.
Revenu au gouvernement, un an
plus tard, il reçut la lourde
charge, notamment, de diriger le
ministère de l’Education nationale. Ce passage lui vaut de la reconnaissance
pour
avoir
développé un important programme de construction d’établissements scolaires. C’est aussi
l’époque où les noms actuellement connus furent attribués à
ces derniers.
L’autre moment important,
avant qu’il se désolidarise de
son compagnon d’armes en
2009, est son passage au ministère de l’Intérieur. Ainsi, par lui,
naîtra la police de proximité, le
corps tout entier ayant retrouvé
un accent de jeunesse, pendant
qu’Ali Bongo, lui, appliquait la
politique OR au niveau de la Défense nationale. Pouvait-on déjà
remarquer une certaine compétition entre les deux « frères » ?
En 2005, en démissionnant du
PDG, où il avait longtemps été
secrétaire général, Zacharie Myboto se dira outré par l’attitude
d’André et d’Ali à son égard. Les
divergences sur la conception de
la politique autour du président
Bongo auront provoqué cette
rupture. Zacharie Myboto ira
créer son parti, l’UGDD (Union
gabonaise pour la démocratie et
le développement).
Sur la place publique, le pugilat
se cristallisa autour de Mba
Obame et Myboto. Ce dernier,
acculé par une campagne de diffamation, lui reprochant d’avoir
osé démissionné du parti qui lui
avait tout donné, répondra par
un livre au titre évocateur : « J’assume ».
Pour le contredire, André Mba
Obame publiera à son tour : « La
réponse à une imposture ».
Finalement, à la faveur de l’élection présidentielle anticipée de
2009, ces ennemis d’hier se sont
réconciliés pour faire route ensemble au sein de l’Union nationale, à laquelle Myboto a sacrifié
son UGDD. Il deviendra président de cette nouvelle formation
politique et AMO (Mba Obame),
Secrétaire exécutif. Et dans les
faits, c’est Mba Obame qui se
présentait comme le véritable
leader de cette mouvance politique. Il le sera resté jusqu’à sa
mort, qui survient près de trois
mois après la réhabilitation de
l’Union nationale..n
N° 64 du mercredi 15 Avril 2015
4 Politique
MAtin
EquAtoriAl
Chronique politique
Pour la paix et
au nom de la paix
«
La paix n’a pas de prix
» rappelait à ses compatriotes
Omar
Bongo Ondimba au sortir
de la conférence nationale
de 1990. L’ancien président de la République,
sans donner l’impression
de s’expliquer, de se justifier ou de rendre compte à
qui que ce soit, donnait à
sa manière la réplique à
ses détracteurs, principalement dans son propre
bord politique, qui jugeaient le coût de cette
grand- messe interminable plus qu’onéreux et la
suite des événements pas
très profitables au régime
en place.
Et pourtant, les mêmes
détracteurs, dont certains
s’agitent aujourd’hui en
face, se rendront compte
quelque temps après, et
bien repus, qu’en lâchant
du lest, et en finançant
jusqu’au dernier centime
les assises qui consacraient la démocratie intégrale et son cortège de
liberté, dont celle de la
presse, Omar Bongo en visionnaire, avait réussi à
sauver l’essentiel : la paix
dans un pays en ébullition
et au bord du chaos, et cerise sur le gâteau, son
pouvoir qu’il a conservé
jusqu’au dernier souffle,
même si dans le même
temps il s’est résolu au
partage et aux sarcasmes
d’une opposition qui venait de retrouver de la
voix et goûtait aux délices
de la liberté d’expression.
La paix, Omar Bongo Ondimba en a fait depuis la
conférence nationale, son
arme absolue, en y ajoutant le pardon, la tolérance et le dialogue. C’est
sur ce socle que s’est
construite la victoire de
son successeur, fut-il le
fruit de ses œuvres, Ali
Bongo Ondimba, en octobre 2009, au terme d’une
élection au cours de laquelle l’ombre du 2e président de la République a
plané tel un spectre sur le
scrutin, poussant ses compagnons de lutte à se souvenir de son œuvre et de
la nécessité de soutenir
leur « fils » au nom de la fidélité et de la loyauté.
A l’évidence, au nom d’un
certain nombre de principes et d’engagements
pris pendant sa campagne, et pour des raisons
réelles de changement de
paradigme, pour ne pas
dire de logiciel, Ali Bongo
une fois au pouvoir, avec le
soutien des « amis de papa
»,ne pouvait se risquer « à
faire » ou « à procéder »
comme « Papa ».
C’est cette volonté de rupture, et cette vision nouvelle de faire du Gabon un
pays émergent selon son
chronogramme et les
moyens de sa politique,
que la vieille garde a toujours dénoncées depuis
les premières reformes,
estimant à tort ou à raison, c’est selon, que la
rupture engagée a été
trop brusque, voire brutale.
Cette rupture, pourtant
nécessaire pour le développement harmonieux
de la République, a malheureusement, pour des
incompréhensions parfois
mineures, donc d’ordre
domestique, transformé la
donne politique, en conflit
intergénérationnel au sein
du parti au pouvoir, et par
transposition, ou contagion dans le pays.
En six ans de pouvoir
émergent, en dépit des
avancées significatives et
palpables au plan économique, des réformes courageuses, et des succès
diplomatiques, à l’exemple de l’attribution à notre
pays de l’organisation de
la prochaine coupe d’
Afrique des nations de
football, le Gabon havre de
paix et du bien-vivre sous
Omar Bongo Ondimba,
devient curieusement,
malgré les apparences, et
surtout l’hypocrisie des
acteurs politiques des
deux bords, une bombe à
retardement aux effets et
conséquences imprévisibles.
Et à suivre l’évolution de
ce qu’il convient d’appeler
ici le dossier décès « d’André Mba Obame », intervenant dans un contexte
politique et social des plus
tendus entre le pouvoir, et
son opposition déterminée à obtenir par la rue ce
qu’elle ne peut obtenir par
les urnes,- et ajouté à cette
équation la société civile
qui semble jouer pour le
second camp- tout semble
réuni pour ce que souhaitent certains, l’implosion
du Gabon. Ce qui ne profiterait bien évidemment à
aucun camp, surtout pas à
l’opposition, ni à la société
civile qui gagneraient,
comme le pouvoir qui a
l’entière responsabilité de
la sécurité des personnes
et des biens, à jouer pleinement et sans passion ou
esprit de vengeance, sa
partition pour la paix et au
nom de la paix.n
N° 64 du mercredi 15 Avril 2015
Politique/Woleu-Ntem
Les turpitudes d’un
Premier ministre
Au moment où le navire PDG subit des secousses de part et d’autre, et particulièrement dans le Woleu-Ntem, le Premier ministre, Ona Ondo, qui s’était auto-chargé
de rassembler les fils et filles de la province autour du président Ali Bongo, pratique
une politique dont il est difficile de cerner les contours.
Constantin Toukoule Mè
C
ertains parlent même
de roublardise, voire
de division au profit de
son seul égo, et donc de ses
propres intérêts. Exit, donc,
la percée politique de
l’Emergence à Oyem et dans
le reste de la province. Certains attribuent d’ailleurs en
grande partie au chef du
gouvernement la démission
de René Ndemezo, dont
l’impact au sein des populations du Nord est incontestable. Certains observateurs
estiment que le PM manque,
après plus de quinze mois à
la primature, de stratégie, de
consistance et d’étoffe politique pour permettre au
PDG et à Ali Bongo de réduire les risques inhérents à
la future échéance présidentielle dans le Grand nord.
En effet, s’il est presqu’acquis que le PDG ne pourra
plus obtenir le département
du Ntem avec le départ de
Ndemezo, Oyem, capitale et
vitrine démographique, politique et économique de la
province, aurait pu constituer le rempart de cette hémorragie si Ona Ondo avait
réellement à cœur la réélection d’Ali Bongo, avec un
score louable au Nord. Du
coup, des sources avancent
que le PM servirait les intérêts de son mentor, Nzouba
Ndama, qui gagnerait en
crédibilité. Il placerait,
comme ce dernier, ses
hommes à la tête de l’administration centrale, du gouvernement
et
des
fédérations PDG. À en juger
par le maintien au gouvernement d’acteurs politiques
peu charismatique et peu
capables de mobiliser la
base, et au regard des réalités du terrain et du positionnement de l’opposition,
comme Pastor Ngoua Neme,
Paulette Mengue m’Owone ,
etc.
Au titre de ses autres faits
d’arme, du moins en cours
de gestation, la nomination
de
Paulette
Mengue
m’Owone comme membre
du Bureau politique de la commune d’Oyem. Bien qu’elle soit de
la tribu Nkodjé et un cadre chevronné,
Paulette
Mengue
m’Owono reste inconnue du bataillon des pédégistes d’Oyem et
du Woleu-Ntem. De par son âge,
elle est loin d’incarner le renouvellement de la classe politique, si attendu, au sein de la formation à
Oyem. Dans un panier à crabes où
les jeux sont faits depuis, entre les
différentes sensibilités et familles
trônant politiquement à Oyem,
dans les quartiers et arrondissements, la tête de Paulette est très
loin de passer.
Et cela, sans plus revenir sur son
passé anti-PDG/Bongo... Ona
Ondo se comporte comme si, à
Oyem, il n y a personne à consulter
pour les nominations et promotions au sein du PDG et de la haute
fonction publique. Comment, avec
un style politique si démodé, peut-
on espérer changer la donne dans
le Nord ? En réduisant les nominations politiques à sa famille ou sa
tribu, comme celle qu’il voudrait
entériner avec Paulette Mengue
m’Owono et bien d’autres, il oublie
qu’il est entrain de frustrer ce qu’il
y a encore de militants de longue
date et de fidèles, intellectuellement et administrativement calibrés. Leur seule faute ? Ils ne
peuvent bénéficier de telles promotions parce qu’ils ne sont pas
inféodés au réseau Ona Ondo. Finalement, le PDG n’a pas de militants au Nord, si ce ne sont que les
relais locaux d’Ona Ondo qui, le
moment venu, obéiront à ses
consignes politiques...
Avec ces choix politiques dont il
est le seul à avoir le secret, Ona
Ondo démobilise le PDG comme
jamais auparavant et prépare la
guerre des clans à Oyem, Bitam et
dans d’autres départements.n
Politique 5
MAtin
EquAtoriAl
Disparition d’AMO :
Le commencement de l’escalade ?
L’ambassade du Bénin incendiée, des scènes de violence et de guérilla
urbaine, des barrages
routiers, l’extinction de
l’émetteur de TV PLUS,
chaine privée d’AMO et relais médiatique de l’opposition radicale... En
quelques heures, tout
semble s’être emballé.
Mais jusqu’où ?
Alban Moussavou
L
ibreville refait parler
d’elle dans les médias
nationaux et étrangers sous le vocable de menace à la stabilité et de
risque d’implosion. Le
Gabon s’achemine-t-il déjà
vers une escalade de violence (pré)électorale ? La
disparition de la figure de
proue du principal mouvement d’opposition , l’Union
nationale, n’est pas sans inquiéter par rapport aux
suites éventuelles de ses
compagnons de lutte, mais
aussi les « ripostes » gouvernementales actuelles et
à venir face aux débordements.
Une montée palpable de la
tension sociopolitique
Si les militants de l’opposition considèrent AMO
comme leur « messie », tel
Moise qui n’avait pas pu atteindre la « terre promise
», Canaan, mais avait rempli sa mission en montrant
le chemin, il n’est pas
moins vrai que leur réaction à la suite de la disparition de ce dernier est
révélatrice d’un état d’esprit plus ou moins généralisé au sein de certaines
Les leaders de l’Union nationale vont devoir faire désormais sans lui.
couches ou parties de la
population. Ces dernières
ne retiennent finalement
du fils de Medouneu que sa
conversion à l’opposition
en 2009 et son engagement
pour la « libération » du
Gabon du système PDG,
évacuant ainsi son passage
tumultueux au ministère
de l’Intérieur et son rôle
supposé ou réel dans la
consolidation de ce même
régime PDG entre 1990 et
2009.
Selon un politologue, ce
qui importe le plus aujourd’hui, c’est moins de
faire le « bilan » d’AMO que
de préparer d’une part ses
obsèques dans un contexte
sociopolitique maîtrisé,
sinon apaisé. Cela, au re-
gard des informations multiples concordantes relatives à des velléités
insurrectionnelles que fomenteraient certains « fans
» de l’ancien secrétaire
exécutif de l’UN, en signe
de « vengeance » contre les
certaines cibles physiques
et institutionnelles. Selon
le même analyste, c’est
moins sur le court terme
que sur le long, que l’opposition si elle est futée, peut
capitaliser la disparition
d’AMO pour en faire un instrument de mobilisation
populaire et surtout de radicalisation politique d’une
certaine jeunesse urbaine,
localisée principalement à
Libreville, Oyem, voire
Port-Gentil.
La situation sociopolitique
peut dégénérer dans les
jours qui arrivent selon
que l’opposition va se
montrer « responsable »
ou « jusqu’au-boutiste ». Et
cela, de l’arrivée à l’enterrement de la dépouille
d’AMO. Il faut donc craindre qu’un appel de l’UN à
un rassemblement ou pour
un meeting populaire à
l’ancienne Sobraga ou à
Rio, avant, pendant ou tout
juste après les obsèques
d’AMO ne mette de l’essence sur le feu. La tension
politique étant montée
d’un cran depuis dimanche
12 avril, dès l’annonce de
l’extinction du secrétaire
exécutif de l’UN à Yaoundé
où il séjournait depuis
quelques semaines.
Par ailleurs, la riposte du
pouvoir émergent va également jouer un rôle déterminant. Le déploiement
du dispositif des forces de
sécurité devrait s’accompagner d’une certaine «
retenue » face aux provocations du camp d’en face,
et surtout d’une capacité
d’anticipation, pour éviter
un basculement dans la
violence, voire allumer les
premiers pas d’une grave
agitation sociale. Rappelant l’exemple rwandais à
la suite de l’assassinat du
président Habyarimana en
1994. Un scénario où les
ultras de l’opposition veulent prolonger le régime
d’Ali Bongo.n
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6 Société
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EquAtoriAl
La marche pour la paix en images
N° 64 du mercredi 15 Avril 2015
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Gabon / Femmes et politique
À l’ère de l’égalité des genres ?
L’émancipation sociopolitique et économique de la femme était au cœur du 24ème Sommet de l’Union africaine. Au Gabon
désormais, cette dernière se positionne comme un acteur majeur de développement, impliqué à tous les niveaux dans la
prise de décision.
Mo’Mabike
E
n 2009, la femme gabonaise est particulièrement projetée sur la
scène politique nationale et internationale avec l’une de ses
figures les plus marquantes,
Rose Francine Rogombé, qui
assure la transition à la présidence de la république au lendemain du décès d’Omar
Bongo Ondimba. Toujours en
2009, situation inédite, la candidature d’une femme est enregistrée
à
l’élection
présidentielle. Il s’agit d’Yvette
Ngwèvilo Rékangalt. Par ailleurs, l’élection de femmes
maires à la tête des communes
de Lambaréné, Port-Gentil,
puis Libreville démontre les
avancées réalisées en matière
d’égalité entre les genres au
Gabon.
Seulement, à ce jour, les exemples de femmes véritablement
impliquées dans les milieux
décisionnaires et politiques ne
sont pas légion dans le pays. Au
sein de l’opposition comme du
parti au pouvoir, les femmes
sont sous-représentées aux
échelons supérieurs. Le PDG
cependant a choisi de leur
consacrer toute une branche,
l’Union des femmes du PDG
(UFPDG). Ce qui n’empêche
pas la plupart de se terrer dans
les « activités d’animation»,
dont elles semblent se contenter.
Au parlement, on compte 18
députés femmes sur 120, soit
un peu plus de 21%, contre 13
femmes sur 102 sénateurs, soit
environ 13%. Dans le gouvernement, il y a 5 femmes seulement sur les 33 ministres. Des
chiffres qui, malgré les progrès
enregistrés, appellent à faire
mieux. Surtout qu’aujourd’hui
plus qu’hier, la question de
l’équité entre les hommes et
les
femmes,
devenant
presqu’une évidence, préoccupe les politiques à plus d’un
titre.
D’après une certaine opinion,
cette sous-représentativité politique de la femme découlerait
du fait que nos consoeurs ne
seraient peut-être pas encore
prêtes pour l'égalité des sexes.
D’autre part, des pesanteurs
culturelles ne permettraient
pas encore l'égalité entre
l'homme et la femme. D’ailleurs, lors des différentes élections (municipale, législative
ou présidentielle), le nombre
de suffrages exprimés en faveur des candidats femmes serait des plus réduit, ceci
traduisant encore une certaine
réticence
culturelle
des
hommes à voir les femmes les
diriger.
Elles sont donc rares, celles
qui ont eu l’initiative de créer un parti politique ou de se présenter à une élection
uninominale. Pourtant dotées de combativité et de grandes capacités de persua-
sion, elles choisissent souvent de se cantonner au soutien et à l’appui – aux
hommes – et donc d’occuper les seconds
rangs. La non-représentativité de la
femme dans l'échiquier politique au
Gabon relève principalement des femmes
elles-mêmes, et accessoirement des
hommes.n
Politique/Meeting avorté de l’opposition
Responsabilité partagée
La consolidation démocratique au Gabon est loin d’être un long fleuve tranquille. Autant dans le passé, le
comportement d’une certaine opposition était inacceptable en raison de ses positions extrémistes à l’égard
des institutions de la République, et tout particulièrement la première d’entre elles, autant l’on ne peut que
se poser des questions sur la gestion du sensible dossier de l’opposition et de l’Union nationale en particulier,
par le ministère de l’Intérieur aujourd’hui.
I
AGB
l n y a aucune démocratie
sans opposition. Fut-elle
constituée d’anciens hiérarques du système en place,
elle s’appelle toujours «opposition». Sauf démonstration
que ce sont des ennemis de la
République, il s’agit de compatriotes qui ont le droit, au
même titre que d’autres, de «
parler » et de se « rassembler
» dans le respect du cadre
légal et réglementaire fixé.
Quand le gouvernement se
perd dans ses propres turpitudes, en interdisant un meeting de l’opposition puis
autorisant par acquis de
conscience une marche similaire ou manifestation pour la
« paix » de la majorité, le lendemain, il y a lieu de se poser
des questions. Si manifestement il s’agit d’un problème
d’interprétation des textes,
pour connaître qui, de la mairie ou du ministère de l’Intérieur, est compétent pour
autoriser ou prendre acte des
meetings de l’opposition, à
quel moment donc le juge administratif a-t-il été saisi,
entre la matinée et le début
de l’après-midi ce jeudi 9
avril 2015, pour donner l’interprétation du droit quant à
l’autorité habilitée à autoriser ou à prendre acte de la
tenue de réunions et manifestations publiques en République gabonaise?
Le débat est ailleurs. Et c’est
sans doute dans cet « ailleurs
» qu’il faut comprendre comment la même administration, le même gouvernement,
« interdit » puis « autorise »,
en quelques heures seulement, une même manifestation.
À qui rend-t-on ainsi service
? Au président de la République ou au Gabon ? Certainement pas. Si l’opposition
est tenue de respecter les lois
et institutions de la République, ceux qui incarnent ces
institutions doivent également se montrer « dignes », à
la hauteur de leurs charges et
responsabilités.
Les observateurs politiques
du pays en viennent, eux, à se
demander si, entre incompétence (ignorance des textes
et procédures en matière de
réunions et manifestations
publiques) et excès de zèle
(montrer au chef qu’on réprime l’opposition), le maire
de Libreville et le ministre de
l’Intérieur ne risquent pas de
présenter le régime d’Ali
Bongo à la longue comme un
régime dictatorial sous
l’équateur ? La conséquence
est de voir le Gabon perçu
par les Ambassades installées à Libreville, les réseaux
sociaux et médias internationaux comme un régime qui
applique un droit à géométrie variable. Le tout, sans
que ladite manifestation ait
un risque majeur sur la sécurité du régime, en dépit du
climat sociopolitique délétère actuel. Autrement dit,
cela nourrit ceux qui écrivent
et pensent que le régime
émergent interdit toute expression de l’opposition et
nie les droits des Gabonais à
avoir des opinions politiques
différentes de celles des détenteurs du pouvoir.
Alors que l’on approche à
grands pas de l’année de tous
les risques, va-t-on continuer
ainsi à décrédibiliser les ins-
titutions du pays ? Comment
une administration qui se
respecte peut, dans le même
temps et pour le même objet,
prendre deux décisions radicalement opposées ? Alors
que le chef de l’Etat a récemment pris des mesures historiques
d’apaisement
politique à savoir le rétablissement de l’Union nationale
(UN) dissoute en 2011 par le
ministre de l’Intérieur et la
création du Conseil national
de la démocratie (CND). La
responsabilité de l’entourage
présidentiel et des relais politico-administratifs du pouvoir est plus qu’observée,
particulièrement de l’extérieur, et ce jusqu’en 2016. La
consolidation de la « paix »
ne dépend pas uniquement
des « marches » organisées
par certains à juste titre, elle
passe également par le « respect » des autres qui pensent
différemment de soi. Il faut se
souvenir de ce que disait le
président Omar Bongo en
son temps : « la majorité
d’aujourd’hui peut être l’opposition de demain».n
N° 64 du mercredi 15 Avril 2015
8 Société
MAtin
EquAtoriAl
Enclavement
Bambouchine : c’est la boue qui
manque le moins
Cette périphérie de la capitale est aujourd’hui difficilement accessible, du fait d’une route impraticable et désastreuse.
A.T.N
A
ller à Bambouchine par
ces temps de pluie battante et torrentielle s’apparente à un chemin de croix,
un parcours du combattant. À
sa simple évocation, les visages
se crispent et se referment.
Tous les transporteurs, adeptes
de la « mise » et chasseurs de
primes, opposent une fin de
non-recevoir à toutes propositions, aussi émoustillantes que
mirobolantes soient-elles. Personne ne veut y aller. Les propriétaires de véhicules refusent
d’offrir leur matériel roulant en
holocauste. Et c’est là que débute le calvaire des habitants
de ce quartier périphérique de
la capitale.
« Aucun taxi n’accepte de venir
dans notre quartier à cause de
l’état de la route. Tous les jours,
nous faisons face à d’énormes
problèmes », affirme un jeune,
dépenaillé. La route, ou ce qui
en tient lieu, est un véritable
bourbier à ciel ouvert, un cra-
tère meurtrier qui se mue en
lac infranchissable pendant la
saison des pluies. Et la boue il y
en a comme s’il en pleuvait, au
grand dam des populations qui
trinquent au quotidien de ne
pouvoir vaquer convenablement à leurs occupations,
condamnées à parcourir à pied
de longues distances tous les
jours, faute de pouvoir bénéficier du transport urbain. Leur
agacement est d’autant plus
prégnant qu’ils ont l’impression
d’être marginalisés par les pouvoirs publics.
« On a abandonné Bambouchine, c’est la route qui devait
desservir ce quartier qu’on a détournée au profit de Bikélé, nous
vivons une situation grave »,
s’indigne un quinquagénaire,
dépité. Et justement, la situation de ce quartier est pour le
moins paradoxale et dramatique. Aujourd’hui, ce secteur
est véritablement abandonné
car en dehors des autochtones,
la plupart des gens qui ont acquis des parcelles attendent
qu’il soit viabilisé. Comment ce
coin situé à quelques encablures de « Sibang 3 » peut- il
être si cruellement dépourvu
de voies carrossables en toute
saison ? Enclavé, sinistré, oublié, Bambouchine ressemble à
une localité hors du temps. Bikélé, plus éloigné et plus excentré du centre-ville, est mieux
loti en termes de voies de communication et d’infrastructures
socio –éducatives.
En la matière, l’école de cette
périphérie est en permanence
désertée par les enseignants et
même par les responsables administratifs, certainement à
cause de la grève observée ces
derniers mois dans le secteur
éducatif, mais également et
surtout pour des raisons d’enclavement. Pis, on déplore dans
cette école publique des actes
de sorcellerie dont sont victimes les enseignants, justifiant
par ailleurs la désertion ou le
refus de leur affectation dans
ce lieu. Une histoire rocambolesque fait des gorges chaudes,
celle d’une institutrice, victime
de pratiques occultes de la part
de ses élèves de CM2. Ce qui
l’aurait amenée à partir de
Bambouchine sans demander
ses restes.n
Collectivités locales
Le collège des conseillers départementaux de Mulundu préserve les acquis
Réunis récemment en session pour le vote du budget
primitif, pour l’exercice 2015, les conseillers départementaux de Mulundu, ont décidé d’enterrer la hache
de guerre qui mettait aux prises deux groupes d’élus
locaux. Désormais, il s’agit de préserver les acquis et
de passer à l’essentiel pour le bien des populations
qu’ils représentent..
Pascal Mabaka
D
e 176 206 582 FCFA
en 2014 à 211 942
973 FCFA en 2015, le
budget primitif du département de Mulundu a été voté
récemment, en hausse de 50
millions de francs CFA.
L’unanimité au sein du
conseil s’est faite également
sur les prévisions d’investissements dans les cinq cantons que compte le
département. Une consultation extraordinaire des
conseillers est envisagée,
avant la fin du mois d’avril
courant, pour s’accorder sur
les dépenses d’investissement dans les domaines de
l’éducation et de la santé,
qui représentent une enveloppe de vingt millions de
FCFA.
Cette session était à haut
risque, à cause des divergences sur le choix du cansénateur
didat
départemental, survenues
entre les conseillers mem-
MAtin
équAtoriAl
JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES
nouscontacter@matinequatorial.com
matinequatorrial@gmail.com
Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10
N° 64 du mercredi 15 Avril 2015
a fait son mea culpa, à travers un sms adressé à ses
collègues conseillers, en attendant l’organisation, à son
initiative, d’une rencontre
avec l’ensemble des conseillers résidents à Libreville et
ceux restés dans le département. Pour des raisons de
santé, la sénatrice départementale de Lastourville n’a
pas pu prendre part à cette
session.
Cette session a vu la participation des deux députés de
Lastourville, en tant que
membres de droit du
conseil, et du ministre Régis
Immongault Tatangani, invité comme personne ressource. Ce dernier a
d’ailleurs apporté des éclaibres de cette institution de toriales de décembre 2014. rages au bureau du conseil
proximité, la veille et au len- Aux dires de certains et à l’ensemble des particidemain des élections séna- conseillers, la sénatrice élue pants.n
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