Ali Bongo Ondimba dans la Ngounié Après l’Ogooué-Ivindo, le chef de l’Etat a entamé hier un important voyage dans la Ngounié. Au cours de ce périple, Ali Bongo Ondimba devait notamment visiter les chantiers routiers, les projets agricoles et l’école de formation des officiers d’active de Mandilou. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition. MAtin N°64 du 15 Avril 2015 500F CFA EquAtoriAl Journal d’information et d’analyses. nouscontacter@matinequatorial.com / matinequatorial@gmail.com. Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 Au nom de la paix Préservons l’essentiel ! L a poussée de fièvre consécutive à la disparition d’André Mba Obame fait partie intégrante de la vie d’une nation qui vient de perdre un illustre fils. Mais on doit se garder de tout excès, de peur de tout f… en l’air. En moins d’une semaine, le Gabon vient de perdre deux êtres chers, deux icônes de la République à des degrés divers : Rose-Francine Rogombé et André Mba Obame. Dans le premier cas, il s’agit de la première femme ayant occupé le poste de président de la République au Gabon. Le fait qu’elle ait exercé la fonction par intérim ne change en rien à l’importance de la charge. Rose-Francine a eu ce privilège rare de marquer l’Histoire du Gabon. Personne ne pourra jamais lui retirer ce titre. Alors en visite à Paris, et devant des milliers de compatriotes de la diaspora, Ali Bongo, fraîchement élu, n’avait pas tari d’éloges à l’endroit de deux grandes dames de la République, selon son expression, en l’occurrence Marie-Madeleine Mborantsuo, président de la Cour constitutionnelle, et Rose-Francine Rogombé, qui venait de lui transmettre le flambeau après trois mois d’une transition plutôt réussie. Cinq ans sont passés et le Gabon est toujours debout. Un honneur que nous partageons tous dans ce continent où les soubresauts sont nombreux. Et heureusement que notre pays est resté un éternel havre de paix. Pour sûr, d’autres nous envient et ne verraient pas d’un mauvais œil que nous nous déchirions tels des chiffonniers. La deuxième icône, disions-nous, c’est sans conteste André Mba Obame, qui vient de tomber. Personne ne le ressuscitera, mais personne ne l’oubliera non plus. Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à ce grand compatriote est de le conduire dignement à sa dernière demeure. Tout acte qui entraverait ses obsèques sera considéré comme une insulte à son œuvre. Rappelons-nous son meeting au carrefour Nzeng-Ayong, sans doute l’avant dernier de la campagne présidentielle. À ceux qui voulaient classifier Ali Bongo et l’affubler de tous les noms d’oiseaux, Amo leur disait, le sourire aux lèvres : « C’est un Gabonais ». Déjà à cette époque, le candidat indépendant faisait tout pour préserver l’essentiel : l’unité nationale, gage de la paix si chère à tous. Suite en pg.2 Disparition d’AMO : A L’UN à un tournant ccueillie avec beaucoup d’émotion, la nouvelle de la disparition d’André Mba Obame a traversé le pays dimanche dans la mi-journée. Alors que l’émotion est encore vive au sein de ce qu’on appelle communément « le peuple du changement », sont aussi engagés les calculs et analyses politiques « postAMO », du côté de l’opposition comme dans le camp au pouvoir. À qui la disparition d’AMO profite-t-elle, aujourd’hui et demain ? Quel en sera l’impact sur les relations entre le régime émergent, l’opposition et le Woleu-Ntem, sinon le pays fang en général ? Ces questions ne sont pas sans intérêt. Pour certains Gabonais, la disparition d’AMO est avant tout une grande perte pour l’Union nationale et l’opposition radicale en général qui, depuis 2009, faisait de cet homme politique son épouvantail contre le régime PDG. Quand AMO fait son simulacre de prestation de serment comme « président de la République » en janvier 2011, en signe d’affront au pouvoir émergent, c’est l’« exploit » pour cette opposition. Puis s’ensuit une longue procession jusqu’au siège de l’ONU. Lire en pg.3 2 Politique MAtin EquAtoriAl L’éditorial de Paul Nzogh Bam L a marche pour la paix qui s’est tenue à Libreville samedi dernier a connu une mobilisation impressionnante, et pour tout dire sans précédent. Membres du Parti démocratique gabonais (PDG) et des partis de la Majorité présidentielle, mais aussi et surtout, simples citoyens et des citoyennes anonymes, sont venus nombreux pour soutenir l’initiative et exprimer leur engagement en faveur de la préservation de la paix dans le pays. Cette marche a, sans nul doute, contribué à raffermir l’exécutif, en rassemblant près de 20 000 personnes, une performance sinon inédite, du moins inhabituelle au Gabon. De l’école Martine Oulabou au carrefour Rio, les marcheurs ont battu le bitume, arborant des teeshirts jaunes et blancs imprimés à l’image d’une colombe. Déterminés et l’esprit patriotique en bandoulière, ils sont venus dire oui à la paix, mais aussi manifester leur raz -le-bol face à toutes sortes de débordements et de dérives, constatés au cours des der- réputation surfaite que Jean Ping et ses amis de l’opposition, au fil de leur agitation, étaient parvenus à se faire, au point de passer pour les maîtres incontestés de la rue. Le pouvoir en place, lui, semblait condamné à à n’évoluer que dans le cadre douillet et archi-protégé du Jardin Botanique, loin des rassemblements populaires. Ce n’est pas le moindre intérêt de la déambulation de samedi dernier, que d’avoir fait la preuve que la rue n’appartient pas à ceux qui font le plus de bruit, profèrent le plus de menaces et se montrent les plus vindicatifs. « Pour des gens qui ont la haine contre moi, ils veulent me voir partir, mais je serai toujours là avec vous », a déclaré Ali Bongo Ondimba dans une posture de réponse du berger à la bergère. Un éventuel chaos ou un embrasement social du pays, tel que projeté par des oiseaux de mauvais augure, est désormais conjuré, sinon rendu inopérant pour le moins. Le chef de l’Etat a par ce meeting tordu le cou à tous les slogans obscurantistes qui Un tournant qui annonce la reconquête niers mois. Parmi ceux-ci, on ne peut pas laisser de côté la grève générale illimitée, déclenchée par une poignée de syndicalistes peu représentatifs du monde des fonctionnaires, et dans laquelle les enseignants semblent avoir choisi de jouer les premiers rôles. Une grève générale qui menace de conduire à l’année blanche, c’est-à-dire à une pénalisation de l’éducation de toute une jeunesse, et qui reçoit le soutien affichée d’une opposition plus attachée au clientélisme qu’à l’esprit de responsabilité. Cette manifestation constitue un tournant, elle marquera durablement les esprits. D’autant que la démonstration de force des partisans du chef de l’Etat, outre le fait qu’elle a démontré leur capacité de mobilisation dans le vivier électoral de la capitale, a relégué à l’arrière-plan les meetings que le Front uni a jusqu’ici organisés. Et le jeu en valait la chandelle, au regard de la dessinaient le diable sur la carte du Gabon. En apôtre émérite de la paix, valeur cardinale de la concorde nationale, et en tête de cette procession dans les rues de la capitale, Ali Bongo a décidé de surfer sur la vague de l’harmonie sociale, si précieuse et garante d’une démocratie apaisée. En choisissant un lieu chargé de symboles comme le carrefour Rio, fief de la contestation et de la fronde où fermente la sédition, le président de la République a véritablement infligé un camouflet à ses irréductibles adversaires. Cette manifestation est loin d’être un simple épiphénomène. En politique, de tels faits ont un sens et une portée irréfutables. En mobilisant hommes, femmes et jeunes pour une cause aussi noble, à un moment qu’on s’accorde à reconnaître comme critique, la marche de la paix a créé l’électrochoc nécessaire à la reconquête du terrain politique. n N° 64 du mercredi 15 Avril 2015 AMO, un adversaire redouté Il était un adversaire redouté de la galaxie politique gabonaise. Jusqu’à sa mort, il inspirait espoir à ses partisans et était encore vu comme le « messie » tant attendu. Amo s’en est allé, emporté par le destin politique qu’il a voulu se forger. A F.D son dernier meeting de la campagne pour l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009, André Mba Obame défaillit et le malaise qu’il eut sur le podium ne l’a plus lâché jusqu’à la fin. Que s’est-il passé ? On a parlé d’un empoisonnement à travers le micro. Sans qu’aucune preuve de cette affirmation ne soit rapportée. Le même soir, notre confrère Françis Sallah Ngouabaud faisait des dénonciations fracassantes sur le candidat dont il avait forgé l’aura au fil des retransmissions en direct des sorties à travers le territoire national. Depuis lors, l’intéressé n’a plus été vu sous le ciel gabonais. « Amo, président », les enfants s’en souviennent encore. Un rêve qui s’évanouit à jamais et qui n’aura été qu’un rêve. Celui de cet homme qui, la cinquantaine à peine, avait rendu public son ambition présidentielle à Barcelone en Espagne, là même où s’était éteint, le 8 juin 2009, le président Omar Bongo Ondimba, qu’il considérait comme son père et dont il se réclamait un héritier politique. Cette démarche aura constitué sa sortie de piste pour ceux qui n’ont pas compris ou qui ne partagent pas le fait qu’il ait voulu se forger un destin personnel. Suite à cette annonce de candidature, réactions contraires et déclarations s’étaient succédé. L’homme était devenu un élément-moteur de l’opposition gabonaise. Pour avoir été un pion important du système Bongo, après son retour au Gabon en 1984, celui-là même par qui beaucoup d’opposants sont tombés ou se sont travestis, était devenu l’ennemi public numéro 1, à défaut d’être considéré comme un adversaire à véritablement craindre. Dans le camp d’en face, auquel il a fini par adhérer, les anciens pédégistes et autres opposants avec lesquels il a fondé l’Union nationale, n’hésitèrent pas à jeter leur dévolu sur lui. Le jeunot de Medouneu, ancien séminariste, s’est révélé être une bête politique. A l’élection présidentielle 2009, une bonne partie des candidats de l’opposition, dont Casimir Oye Mba, Zacharie Myboto, Anna Claudine Ayo Assayi et Paul Mba Abessole, marqués par une foi contaminatrice en ce feu-follet d’Amo, se désistèrent en bout de course en sa faveur. Un phénomène politique sans pareil. Au sortir de cette élection présidentielle, André Mba Obame revendiqua la victoire, tout comme Pierre Mamboundou. La réalité des urnes en décida autrement. C’est le candidat Ali Bongo Ondimba qui eut la préférence des électeurs avec 41,79% des suffrages exprimés. Pierre Mamboundou ayant occupé la 2ème place (25,64%) et Mba Obame la 3ème avec un peu moins de 25% des voix. Comme pour beaucoup d’opposants battus, pour André Mba Obame, ces résultats ne pouvaient pas être les vrais. Le début d’une polémique inutile qui conduira Amo à entamer une grève de la faim .Il franchit le rubicon, en prêtant un simulacre de serment en qualité de président de la République. L’atteinte à l’autorité de l’Etat était établie et l’homme fut contraint à l’exil, pour fuir la justice gabonaise, une fois son immunité de député levée. Le pouvoir, qui a sévi, en proclamant la dissolution pure et simple de l’Union nationale, du fait de cet acte de défiance, mit quelque peu de l’eau dans son vin. Mba Obame put regagner Libreville mais, visiblement, il était très malade. Du coup, ses apparitions publiques furent rares. Ces dernières années ont été finalement consacrées à sa santé. En définitive, il a été emporté, ce dimanche, 12 avril 2015, à Yaoundé (Cameroun), point de passage sur le chemin qui devait le conduire en Afrique du Sud. L’onde de choc provoquée par cette disparition est à la mesure de l’aura qu’Amo s’est forgée au sein de la société gabonaise. Il reste à se demander quelle personnalité va émerger de l’Union nationale ou de l’opposition, en général, pour lui succéder?n Suite de la page 1 Au nom de la paix Préservons l’essentiel ! Voilà pourquoi, jusqu’à la fin de sa vie, Amo a évité le débat des origines de peur de mettre notre cher Gabon en danger. Maintenant qu’il n’est plus de ce monde, il nous appartient de préserver son héritage en évitant d’enflammer les esprits par des soupçons aux conséquences incalculables. Du reste, Jean Ping, qui n’est pas moins opposant qu’un autre, s’est montré plus pragmatique en demandant tout simplement à poursuivre son combat. Il n’a pas dit « Brûlons pour le venger ». La haine et la hargne des fans d’Amo n’ont d’égal que leur soif de vengeance, tout le monde en convient. Mais rester sur ces schèmes est le plus sûr moyen d’hypothéquer la paix et donc, l’avenir du Gabon. On ne s’en rend compte que lorsqu’on ne peut plus se rendre au marché, ni au champ. Quand ouvrir au voisin devient un risque de sécurité. Certes, le pays rencontre d’énormes difficultés, mais qui sont toutes surmontables, en dépit des oiseaux de mauvais augure. Ce sont justement ceux-là qui ne veulent pas le bien du pays. On sait que le secteur public est en grève et que nos enfants ont du mal à réintégrer les salles de classe. Mais il a suffi que l’Etat brandisse le bâton pour que l’on comprenne la nécessité de se conformer aux lois de la République. Aujourd’hui, de nombreux fonctionnaires continuent de payer le prix de la rétention des bons de caisse. Or, sans travail, point de salut. En revanche, le pouvoir aurait tort de trop tirer sur la corde. Déjà, il n’est pas certain que sa méthode ait fait florès. Personne ne reprendrait la craie la peur au ventre. D’où la nécessité de poursuivre le dialogue sans lequel aucune paix n’est possible. La balle est plus que jamais, dans le camp de tous les secteurs confondus.n Politique 3 MAtin EquAtoriAl Disparition d’AMO : L’UN à un tournant Accueillie avec beaucoup d’émotion, la nouvelle de la disparition d’André Mba Obame a traversé le pays dimanche dans la mi-journée. Alors que l’émotion est encore vive au sein de ce qu’on appelle communément « le peuple du changement », sont aussi engagés les calculs et analyses politiques « post-AMO », du côté de l’opposition comme dans le camp au pouvoir. Alban Moussavou À qui la disparition d’AMO profite-t-elle, aujourd’hui et demain ? Quel en sera l’impact sur les relations entre le régime émergent, l’opposition et le Woleu-Ntem, sinon le pays fang en général ? Ces questions ne sont pas sans intérêt. Pour certains Gabonais, la disparition d’AMO est avant tout une grande perte pour l’Union nationale et l’opposition radicale en général qui, depuis 2009, faisait de cet homme politique son épouvantail contre le régime PDG. Quand AMO fait son simulacre de prestation de serment comme « président de la République » en janvier 2011, en signe d’affront au pouvoir émergent, c’est l’« exploit » pour cette opposition. Puis s’ensuit une longue procession jusqu’au siège de l’ONU. On se souvient encore de son retour en 2013 où, pressé par le directoire national de l’Union nationale, il fallait le faire revenir pour « booster » l’électorat et faire feu de tout bois pour amener le régime à accepter la tenue d’une conférence nationale souveraine. On sait aussi tout le suspens qui aura été nourri jusqu’au bout, durant sa maladie, pour le maintenir parmi le « peuple ». En perte de vitesse au sein d’une partie de la population qui déjà commençait à trouver monotone les réunions et autres meetings « façon-façon », sans un vrai message qui bouscule ou fait rêver… comme quand AMO était là, l’opposition gabonaise continuait pour ainsi dire de végéter dans l’attente de son « messie » de 2009. Si le sort en a décidé autrement depuis dimanche à Yaoundé au Cameroun, cela veut dire qu’il faut désormais compter « sans AMO ». Et ce n’est pas tombé au meilleur moment : la préparation de l’élection présidentielle de 2016 alors que le parti au pouvoir, avec son « candidat naturel», s’active déjà sur le terrain et que l’exécutif manifeste clairement sa volonté d’aller aux élections l’année prochaine. Le Woleu-Ntem, grand perdant ? De Medouneu à Oyem, en passant par Bitam, Mitzic et Minvoul, la disparition de « mong y’adzè » (l’enfant du pays) sonne comme un désespoir, un désenchantement politique. Apres avoir misé tout sur AMO en 2009 et être resté jusqu’à ce jour les yeux rivés sur lui, notamment dans la perspective de 2016, sa disparition brouille toutes les cartes. C’est, depuis 2009, la « deuxième perte » d’un fils du terroir, après Pierre Claver Zeng Ebome, lui aussi co-fondateur de l’UN. Dans cet état d’esprit, il n y a pas grande illusion, la disparition d’AMO déstabilise l’UN qui sait que si le parti est resté vivifié au Nord, et même à Libreville, c’est essentiellement parce que les Nordistes le « suivaient ». Même s’il n’est pas encore possible de tirer objectivement toutes les conséquences politiques de cet évènement malheureux, il va sans dire que dans la perspective de 2016, le septentrion sans AMO ne sera plus jamais pareil pour l’UN et l’opposition, qui d’ores et déjà savent les choses changées. PING, UN : quelle adaptation à la nouvelle donne ? La question d’une candidature unique de l’opposition refait ici surface. Au sein de l’UN, certains courants faisaient déjà état d’une volonté d’adoubement de Ping par AMO de son vivant. D’autres estiment que Ping ne peut pas mobiliser du monde, ni l’UN sans AMO. Le défi est donc de taille. L’Union nationale va devoir s’adapter à la donne et se réinventer. Un parti, il faut le dire, qui fut dans ses fronts baptismaux taillé à la mesure d’AMO, son exsecrétaire exécutif, et autour de qui tout ou presque tournait toujours. Il a incarné le rôle d’éminence grise du parti et était de fait le vrai « patron » de l’UN. Alors que souverainistes et autre anti -Ping se regardent entre les yeux, la question que la majorité des unionistes se posent est de savoir qui est réellement capable, au Nord et au plan national, de barrer la route à Ali Bongo ? Préfiguré comme la « doublure» d’AMO pour le compte d’une certaine opposition, le nouvel opposant, Jean Ping, qui fait des clins d’œil à l’UN, est-il véritablement André Mba Obame, toujours un problème même après sa disparition. capable de « remplacer» AMO dans l’animation intellectuelle, politique et stratégique d’un parti ? Surtout qu’en l’absence de ce dernier déjà, durant ses allers et retours à l’étranger, en raison de ses soins, le parti éprouvait moult difficultés pour mobiliser et occuper l’espace médiatique et politique national. Au sein de l’UN, il y a désormais un « avant» et un « après » AMO à gérer jusqu’en 2016.n Principales étapes d’une carrière Né le 15 juin 1957 à Medouneu, chef-lieu du département du Haut-Komo (Woleu-Ntem), André Mba Obame a gardé cette jeunesse de séminariste qui l’a accompagné jusqu’à ses 58 ans, avant d’être rattrapé par la mort. Constantin Toukoule Mè A u séminaire Saint- Kisito d’Oyem, où il a effectué ses études secondaires, on n’aura pas pu prédire la destinée qu’il a connue, ni même au séminaire Saint- Jean et au Lycée Léon Mba par où il est passé. En France pourtant, il s’est illustré comme un des plus virulents opposants au système établi alors à Libreville. L’homme émargeait dans les rangs du Morena, section française et avait d’importants appuis au Parti socialiste. Il présentait une autre carte, celle d’être l’un des privilégiés de l’Etat canadien, où il effectua une partie de sa formation. Le contexte de 1981, année de l’arrivée au pouvoir en France des socialistes, place André Mba Obame dans l’orbite de la galaxie de la Présidence de la République au Gabon. Docteur en sciences politiques, diplômé de l’Université de Laval au Canada et de l’Université Panthéon-Sorbonne en France, il est appelé auprès du président Omar Bongo dès son retour au Gabon en 1984. A travers lui, de nombreux Gabonais de la diaspora se re- trouveront aux bons soins du pouvoir. Fait remarquable, les années qui suivirent, furent marquées par une effervescence au sein du Parti démocratique (PDG) qui, quoique parti unique, se retrouva avec des tendances en son sein. Les animateurs clairement affichés au sein de la tendance dite des « Rénovateurs », furent, bien sûr, Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame. Toute la République finira par les considérer tous deux comme les fils incontestés du défunt chef de l’Etat, qui ne leur refusait rien. On doit au deux acteurs une influence notoire auprès du président Bongo pour l’ouverture politique au Gabon. Plus particulièrement, l’action d’André, comme l’appelaient ses proches, s’illustrera dans une action de sape pour rallier de nombreux opposants au régime Bongo. C’est en cela qu’on le dira fin politique. En 1991, ses pas au gouvernement seront freinés par le contenu de la nouvelle Constitution, qui situait l’âge d’accès à un poste ministériel à un minimum de 35 ans. Ni Ali Bongo Ondimba, ni lui ne remplissaient ce critère. Ils durent céder leurs fauteuils. C’est ainsi qu’André Mba Obame, qui n’avait que 34 ans, dut se décharger de sa fonction de ministre chargé des Droits de l’homme. Revenu au gouvernement, un an plus tard, il reçut la lourde charge, notamment, de diriger le ministère de l’Education nationale. Ce passage lui vaut de la reconnaissance pour avoir développé un important programme de construction d’établissements scolaires. C’est aussi l’époque où les noms actuellement connus furent attribués à ces derniers. L’autre moment important, avant qu’il se désolidarise de son compagnon d’armes en 2009, est son passage au ministère de l’Intérieur. Ainsi, par lui, naîtra la police de proximité, le corps tout entier ayant retrouvé un accent de jeunesse, pendant qu’Ali Bongo, lui, appliquait la politique OR au niveau de la Défense nationale. Pouvait-on déjà remarquer une certaine compétition entre les deux « frères » ? En 2005, en démissionnant du PDG, où il avait longtemps été secrétaire général, Zacharie Myboto se dira outré par l’attitude d’André et d’Ali à son égard. Les divergences sur la conception de la politique autour du président Bongo auront provoqué cette rupture. Zacharie Myboto ira créer son parti, l’UGDD (Union gabonaise pour la démocratie et le développement). Sur la place publique, le pugilat se cristallisa autour de Mba Obame et Myboto. Ce dernier, acculé par une campagne de diffamation, lui reprochant d’avoir osé démissionné du parti qui lui avait tout donné, répondra par un livre au titre évocateur : « J’assume ». Pour le contredire, André Mba Obame publiera à son tour : « La réponse à une imposture ». Finalement, à la faveur de l’élection présidentielle anticipée de 2009, ces ennemis d’hier se sont réconciliés pour faire route ensemble au sein de l’Union nationale, à laquelle Myboto a sacrifié son UGDD. Il deviendra président de cette nouvelle formation politique et AMO (Mba Obame), Secrétaire exécutif. Et dans les faits, c’est Mba Obame qui se présentait comme le véritable leader de cette mouvance politique. Il le sera resté jusqu’à sa mort, qui survient près de trois mois après la réhabilitation de l’Union nationale..n N° 64 du mercredi 15 Avril 2015 4 Politique MAtin EquAtoriAl Chronique politique Pour la paix et au nom de la paix « La paix n’a pas de prix » rappelait à ses compatriotes Omar Bongo Ondimba au sortir de la conférence nationale de 1990. L’ancien président de la République, sans donner l’impression de s’expliquer, de se justifier ou de rendre compte à qui que ce soit, donnait à sa manière la réplique à ses détracteurs, principalement dans son propre bord politique, qui jugeaient le coût de cette grand- messe interminable plus qu’onéreux et la suite des événements pas très profitables au régime en place. Et pourtant, les mêmes détracteurs, dont certains s’agitent aujourd’hui en face, se rendront compte quelque temps après, et bien repus, qu’en lâchant du lest, et en finançant jusqu’au dernier centime les assises qui consacraient la démocratie intégrale et son cortège de liberté, dont celle de la presse, Omar Bongo en visionnaire, avait réussi à sauver l’essentiel : la paix dans un pays en ébullition et au bord du chaos, et cerise sur le gâteau, son pouvoir qu’il a conservé jusqu’au dernier souffle, même si dans le même temps il s’est résolu au partage et aux sarcasmes d’une opposition qui venait de retrouver de la voix et goûtait aux délices de la liberté d’expression. La paix, Omar Bongo Ondimba en a fait depuis la conférence nationale, son arme absolue, en y ajoutant le pardon, la tolérance et le dialogue. C’est sur ce socle que s’est construite la victoire de son successeur, fut-il le fruit de ses œuvres, Ali Bongo Ondimba, en octobre 2009, au terme d’une élection au cours de laquelle l’ombre du 2e président de la République a plané tel un spectre sur le scrutin, poussant ses compagnons de lutte à se souvenir de son œuvre et de la nécessité de soutenir leur « fils » au nom de la fidélité et de la loyauté. A l’évidence, au nom d’un certain nombre de principes et d’engagements pris pendant sa campagne, et pour des raisons réelles de changement de paradigme, pour ne pas dire de logiciel, Ali Bongo une fois au pouvoir, avec le soutien des « amis de papa »,ne pouvait se risquer « à faire » ou « à procéder » comme « Papa ». C’est cette volonté de rupture, et cette vision nouvelle de faire du Gabon un pays émergent selon son chronogramme et les moyens de sa politique, que la vieille garde a toujours dénoncées depuis les premières reformes, estimant à tort ou à raison, c’est selon, que la rupture engagée a été trop brusque, voire brutale. Cette rupture, pourtant nécessaire pour le développement harmonieux de la République, a malheureusement, pour des incompréhensions parfois mineures, donc d’ordre domestique, transformé la donne politique, en conflit intergénérationnel au sein du parti au pouvoir, et par transposition, ou contagion dans le pays. En six ans de pouvoir émergent, en dépit des avancées significatives et palpables au plan économique, des réformes courageuses, et des succès diplomatiques, à l’exemple de l’attribution à notre pays de l’organisation de la prochaine coupe d’ Afrique des nations de football, le Gabon havre de paix et du bien-vivre sous Omar Bongo Ondimba, devient curieusement, malgré les apparences, et surtout l’hypocrisie des acteurs politiques des deux bords, une bombe à retardement aux effets et conséquences imprévisibles. Et à suivre l’évolution de ce qu’il convient d’appeler ici le dossier décès « d’André Mba Obame », intervenant dans un contexte politique et social des plus tendus entre le pouvoir, et son opposition déterminée à obtenir par la rue ce qu’elle ne peut obtenir par les urnes,- et ajouté à cette équation la société civile qui semble jouer pour le second camp- tout semble réuni pour ce que souhaitent certains, l’implosion du Gabon. Ce qui ne profiterait bien évidemment à aucun camp, surtout pas à l’opposition, ni à la société civile qui gagneraient, comme le pouvoir qui a l’entière responsabilité de la sécurité des personnes et des biens, à jouer pleinement et sans passion ou esprit de vengeance, sa partition pour la paix et au nom de la paix.n N° 64 du mercredi 15 Avril 2015 Politique/Woleu-Ntem Les turpitudes d’un Premier ministre Au moment où le navire PDG subit des secousses de part et d’autre, et particulièrement dans le Woleu-Ntem, le Premier ministre, Ona Ondo, qui s’était auto-chargé de rassembler les fils et filles de la province autour du président Ali Bongo, pratique une politique dont il est difficile de cerner les contours. Constantin Toukoule Mè C ertains parlent même de roublardise, voire de division au profit de son seul égo, et donc de ses propres intérêts. Exit, donc, la percée politique de l’Emergence à Oyem et dans le reste de la province. Certains attribuent d’ailleurs en grande partie au chef du gouvernement la démission de René Ndemezo, dont l’impact au sein des populations du Nord est incontestable. Certains observateurs estiment que le PM manque, après plus de quinze mois à la primature, de stratégie, de consistance et d’étoffe politique pour permettre au PDG et à Ali Bongo de réduire les risques inhérents à la future échéance présidentielle dans le Grand nord. En effet, s’il est presqu’acquis que le PDG ne pourra plus obtenir le département du Ntem avec le départ de Ndemezo, Oyem, capitale et vitrine démographique, politique et économique de la province, aurait pu constituer le rempart de cette hémorragie si Ona Ondo avait réellement à cœur la réélection d’Ali Bongo, avec un score louable au Nord. Du coup, des sources avancent que le PM servirait les intérêts de son mentor, Nzouba Ndama, qui gagnerait en crédibilité. Il placerait, comme ce dernier, ses hommes à la tête de l’administration centrale, du gouvernement et des fédérations PDG. À en juger par le maintien au gouvernement d’acteurs politiques peu charismatique et peu capables de mobiliser la base, et au regard des réalités du terrain et du positionnement de l’opposition, comme Pastor Ngoua Neme, Paulette Mengue m’Owone , etc. Au titre de ses autres faits d’arme, du moins en cours de gestation, la nomination de Paulette Mengue m’Owone comme membre du Bureau politique de la commune d’Oyem. Bien qu’elle soit de la tribu Nkodjé et un cadre chevronné, Paulette Mengue m’Owono reste inconnue du bataillon des pédégistes d’Oyem et du Woleu-Ntem. De par son âge, elle est loin d’incarner le renouvellement de la classe politique, si attendu, au sein de la formation à Oyem. Dans un panier à crabes où les jeux sont faits depuis, entre les différentes sensibilités et familles trônant politiquement à Oyem, dans les quartiers et arrondissements, la tête de Paulette est très loin de passer. Et cela, sans plus revenir sur son passé anti-PDG/Bongo... Ona Ondo se comporte comme si, à Oyem, il n y a personne à consulter pour les nominations et promotions au sein du PDG et de la haute fonction publique. Comment, avec un style politique si démodé, peut- on espérer changer la donne dans le Nord ? En réduisant les nominations politiques à sa famille ou sa tribu, comme celle qu’il voudrait entériner avec Paulette Mengue m’Owono et bien d’autres, il oublie qu’il est entrain de frustrer ce qu’il y a encore de militants de longue date et de fidèles, intellectuellement et administrativement calibrés. Leur seule faute ? Ils ne peuvent bénéficier de telles promotions parce qu’ils ne sont pas inféodés au réseau Ona Ondo. Finalement, le PDG n’a pas de militants au Nord, si ce ne sont que les relais locaux d’Ona Ondo qui, le moment venu, obéiront à ses consignes politiques... Avec ces choix politiques dont il est le seul à avoir le secret, Ona Ondo démobilise le PDG comme jamais auparavant et prépare la guerre des clans à Oyem, Bitam et dans d’autres départements.n Politique 5 MAtin EquAtoriAl Disparition d’AMO : Le commencement de l’escalade ? L’ambassade du Bénin incendiée, des scènes de violence et de guérilla urbaine, des barrages routiers, l’extinction de l’émetteur de TV PLUS, chaine privée d’AMO et relais médiatique de l’opposition radicale... En quelques heures, tout semble s’être emballé. Mais jusqu’où ? Alban Moussavou L ibreville refait parler d’elle dans les médias nationaux et étrangers sous le vocable de menace à la stabilité et de risque d’implosion. Le Gabon s’achemine-t-il déjà vers une escalade de violence (pré)électorale ? La disparition de la figure de proue du principal mouvement d’opposition , l’Union nationale, n’est pas sans inquiéter par rapport aux suites éventuelles de ses compagnons de lutte, mais aussi les « ripostes » gouvernementales actuelles et à venir face aux débordements. Une montée palpable de la tension sociopolitique Si les militants de l’opposition considèrent AMO comme leur « messie », tel Moise qui n’avait pas pu atteindre la « terre promise », Canaan, mais avait rempli sa mission en montrant le chemin, il n’est pas moins vrai que leur réaction à la suite de la disparition de ce dernier est révélatrice d’un état d’esprit plus ou moins généralisé au sein de certaines Les leaders de l’Union nationale vont devoir faire désormais sans lui. couches ou parties de la population. Ces dernières ne retiennent finalement du fils de Medouneu que sa conversion à l’opposition en 2009 et son engagement pour la « libération » du Gabon du système PDG, évacuant ainsi son passage tumultueux au ministère de l’Intérieur et son rôle supposé ou réel dans la consolidation de ce même régime PDG entre 1990 et 2009. Selon un politologue, ce qui importe le plus aujourd’hui, c’est moins de faire le « bilan » d’AMO que de préparer d’une part ses obsèques dans un contexte sociopolitique maîtrisé, sinon apaisé. Cela, au re- gard des informations multiples concordantes relatives à des velléités insurrectionnelles que fomenteraient certains « fans » de l’ancien secrétaire exécutif de l’UN, en signe de « vengeance » contre les certaines cibles physiques et institutionnelles. Selon le même analyste, c’est moins sur le court terme que sur le long, que l’opposition si elle est futée, peut capitaliser la disparition d’AMO pour en faire un instrument de mobilisation populaire et surtout de radicalisation politique d’une certaine jeunesse urbaine, localisée principalement à Libreville, Oyem, voire Port-Gentil. La situation sociopolitique peut dégénérer dans les jours qui arrivent selon que l’opposition va se montrer « responsable » ou « jusqu’au-boutiste ». Et cela, de l’arrivée à l’enterrement de la dépouille d’AMO. Il faut donc craindre qu’un appel de l’UN à un rassemblement ou pour un meeting populaire à l’ancienne Sobraga ou à Rio, avant, pendant ou tout juste après les obsèques d’AMO ne mette de l’essence sur le feu. La tension politique étant montée d’un cran depuis dimanche 12 avril, dès l’annonce de l’extinction du secrétaire exécutif de l’UN à Yaoundé où il séjournait depuis quelques semaines. Par ailleurs, la riposte du pouvoir émergent va également jouer un rôle déterminant. Le déploiement du dispositif des forces de sécurité devrait s’accompagner d’une certaine « retenue » face aux provocations du camp d’en face, et surtout d’une capacité d’anticipation, pour éviter un basculement dans la violence, voire allumer les premiers pas d’une grave agitation sociale. Rappelant l’exemple rwandais à la suite de l’assassinat du président Habyarimana en 1994. Un scénario où les ultras de l’opposition veulent prolonger le régime d’Ali Bongo.n N° 64 du mercredi 15 Avril 2015 6 Société MAtin EquAtoriAl La marche pour la paix en images N° 64 du mercredi 15 Avril 2015 MAtin Société 7 EquAtoriAl Gabon / Femmes et politique À l’ère de l’égalité des genres ? L’émancipation sociopolitique et économique de la femme était au cœur du 24ème Sommet de l’Union africaine. Au Gabon désormais, cette dernière se positionne comme un acteur majeur de développement, impliqué à tous les niveaux dans la prise de décision. Mo’Mabike E n 2009, la femme gabonaise est particulièrement projetée sur la scène politique nationale et internationale avec l’une de ses figures les plus marquantes, Rose Francine Rogombé, qui assure la transition à la présidence de la république au lendemain du décès d’Omar Bongo Ondimba. Toujours en 2009, situation inédite, la candidature d’une femme est enregistrée à l’élection présidentielle. Il s’agit d’Yvette Ngwèvilo Rékangalt. Par ailleurs, l’élection de femmes maires à la tête des communes de Lambaréné, Port-Gentil, puis Libreville démontre les avancées réalisées en matière d’égalité entre les genres au Gabon. Seulement, à ce jour, les exemples de femmes véritablement impliquées dans les milieux décisionnaires et politiques ne sont pas légion dans le pays. Au sein de l’opposition comme du parti au pouvoir, les femmes sont sous-représentées aux échelons supérieurs. Le PDG cependant a choisi de leur consacrer toute une branche, l’Union des femmes du PDG (UFPDG). Ce qui n’empêche pas la plupart de se terrer dans les « activités d’animation», dont elles semblent se contenter. Au parlement, on compte 18 députés femmes sur 120, soit un peu plus de 21%, contre 13 femmes sur 102 sénateurs, soit environ 13%. Dans le gouvernement, il y a 5 femmes seulement sur les 33 ministres. Des chiffres qui, malgré les progrès enregistrés, appellent à faire mieux. Surtout qu’aujourd’hui plus qu’hier, la question de l’équité entre les hommes et les femmes, devenant presqu’une évidence, préoccupe les politiques à plus d’un titre. D’après une certaine opinion, cette sous-représentativité politique de la femme découlerait du fait que nos consoeurs ne seraient peut-être pas encore prêtes pour l'égalité des sexes. D’autre part, des pesanteurs culturelles ne permettraient pas encore l'égalité entre l'homme et la femme. D’ailleurs, lors des différentes élections (municipale, législative ou présidentielle), le nombre de suffrages exprimés en faveur des candidats femmes serait des plus réduit, ceci traduisant encore une certaine réticence culturelle des hommes à voir les femmes les diriger. Elles sont donc rares, celles qui ont eu l’initiative de créer un parti politique ou de se présenter à une élection uninominale. Pourtant dotées de combativité et de grandes capacités de persua- sion, elles choisissent souvent de se cantonner au soutien et à l’appui – aux hommes – et donc d’occuper les seconds rangs. La non-représentativité de la femme dans l'échiquier politique au Gabon relève principalement des femmes elles-mêmes, et accessoirement des hommes.n Politique/Meeting avorté de l’opposition Responsabilité partagée La consolidation démocratique au Gabon est loin d’être un long fleuve tranquille. Autant dans le passé, le comportement d’une certaine opposition était inacceptable en raison de ses positions extrémistes à l’égard des institutions de la République, et tout particulièrement la première d’entre elles, autant l’on ne peut que se poser des questions sur la gestion du sensible dossier de l’opposition et de l’Union nationale en particulier, par le ministère de l’Intérieur aujourd’hui. I AGB l n y a aucune démocratie sans opposition. Fut-elle constituée d’anciens hiérarques du système en place, elle s’appelle toujours «opposition». Sauf démonstration que ce sont des ennemis de la République, il s’agit de compatriotes qui ont le droit, au même titre que d’autres, de « parler » et de se « rassembler » dans le respect du cadre légal et réglementaire fixé. Quand le gouvernement se perd dans ses propres turpitudes, en interdisant un meeting de l’opposition puis autorisant par acquis de conscience une marche similaire ou manifestation pour la « paix » de la majorité, le lendemain, il y a lieu de se poser des questions. Si manifestement il s’agit d’un problème d’interprétation des textes, pour connaître qui, de la mairie ou du ministère de l’Intérieur, est compétent pour autoriser ou prendre acte des meetings de l’opposition, à quel moment donc le juge administratif a-t-il été saisi, entre la matinée et le début de l’après-midi ce jeudi 9 avril 2015, pour donner l’interprétation du droit quant à l’autorité habilitée à autoriser ou à prendre acte de la tenue de réunions et manifestations publiques en République gabonaise? Le débat est ailleurs. Et c’est sans doute dans cet « ailleurs » qu’il faut comprendre comment la même administration, le même gouvernement, « interdit » puis « autorise », en quelques heures seulement, une même manifestation. À qui rend-t-on ainsi service ? Au président de la République ou au Gabon ? Certainement pas. Si l’opposition est tenue de respecter les lois et institutions de la République, ceux qui incarnent ces institutions doivent également se montrer « dignes », à la hauteur de leurs charges et responsabilités. Les observateurs politiques du pays en viennent, eux, à se demander si, entre incompétence (ignorance des textes et procédures en matière de réunions et manifestations publiques) et excès de zèle (montrer au chef qu’on réprime l’opposition), le maire de Libreville et le ministre de l’Intérieur ne risquent pas de présenter le régime d’Ali Bongo à la longue comme un régime dictatorial sous l’équateur ? La conséquence est de voir le Gabon perçu par les Ambassades installées à Libreville, les réseaux sociaux et médias internationaux comme un régime qui applique un droit à géométrie variable. Le tout, sans que ladite manifestation ait un risque majeur sur la sécurité du régime, en dépit du climat sociopolitique délétère actuel. Autrement dit, cela nourrit ceux qui écrivent et pensent que le régime émergent interdit toute expression de l’opposition et nie les droits des Gabonais à avoir des opinions politiques différentes de celles des détenteurs du pouvoir. Alors que l’on approche à grands pas de l’année de tous les risques, va-t-on continuer ainsi à décrédibiliser les ins- titutions du pays ? Comment une administration qui se respecte peut, dans le même temps et pour le même objet, prendre deux décisions radicalement opposées ? Alors que le chef de l’Etat a récemment pris des mesures historiques d’apaisement politique à savoir le rétablissement de l’Union nationale (UN) dissoute en 2011 par le ministre de l’Intérieur et la création du Conseil national de la démocratie (CND). La responsabilité de l’entourage présidentiel et des relais politico-administratifs du pouvoir est plus qu’observée, particulièrement de l’extérieur, et ce jusqu’en 2016. La consolidation de la « paix » ne dépend pas uniquement des « marches » organisées par certains à juste titre, elle passe également par le « respect » des autres qui pensent différemment de soi. Il faut se souvenir de ce que disait le président Omar Bongo en son temps : « la majorité d’aujourd’hui peut être l’opposition de demain».n N° 64 du mercredi 15 Avril 2015 8 Société MAtin EquAtoriAl Enclavement Bambouchine : c’est la boue qui manque le moins Cette périphérie de la capitale est aujourd’hui difficilement accessible, du fait d’une route impraticable et désastreuse. A.T.N A ller à Bambouchine par ces temps de pluie battante et torrentielle s’apparente à un chemin de croix, un parcours du combattant. À sa simple évocation, les visages se crispent et se referment. Tous les transporteurs, adeptes de la « mise » et chasseurs de primes, opposent une fin de non-recevoir à toutes propositions, aussi émoustillantes que mirobolantes soient-elles. Personne ne veut y aller. Les propriétaires de véhicules refusent d’offrir leur matériel roulant en holocauste. Et c’est là que débute le calvaire des habitants de ce quartier périphérique de la capitale. « Aucun taxi n’accepte de venir dans notre quartier à cause de l’état de la route. Tous les jours, nous faisons face à d’énormes problèmes », affirme un jeune, dépenaillé. La route, ou ce qui en tient lieu, est un véritable bourbier à ciel ouvert, un cra- tère meurtrier qui se mue en lac infranchissable pendant la saison des pluies. Et la boue il y en a comme s’il en pleuvait, au grand dam des populations qui trinquent au quotidien de ne pouvoir vaquer convenablement à leurs occupations, condamnées à parcourir à pied de longues distances tous les jours, faute de pouvoir bénéficier du transport urbain. Leur agacement est d’autant plus prégnant qu’ils ont l’impression d’être marginalisés par les pouvoirs publics. « On a abandonné Bambouchine, c’est la route qui devait desservir ce quartier qu’on a détournée au profit de Bikélé, nous vivons une situation grave », s’indigne un quinquagénaire, dépité. Et justement, la situation de ce quartier est pour le moins paradoxale et dramatique. Aujourd’hui, ce secteur est véritablement abandonné car en dehors des autochtones, la plupart des gens qui ont acquis des parcelles attendent qu’il soit viabilisé. Comment ce coin situé à quelques encablures de « Sibang 3 » peut- il être si cruellement dépourvu de voies carrossables en toute saison ? Enclavé, sinistré, oublié, Bambouchine ressemble à une localité hors du temps. Bikélé, plus éloigné et plus excentré du centre-ville, est mieux loti en termes de voies de communication et d’infrastructures socio –éducatives. En la matière, l’école de cette périphérie est en permanence désertée par les enseignants et même par les responsables administratifs, certainement à cause de la grève observée ces derniers mois dans le secteur éducatif, mais également et surtout pour des raisons d’enclavement. Pis, on déplore dans cette école publique des actes de sorcellerie dont sont victimes les enseignants, justifiant par ailleurs la désertion ou le refus de leur affectation dans ce lieu. Une histoire rocambolesque fait des gorges chaudes, celle d’une institutrice, victime de pratiques occultes de la part de ses élèves de CM2. Ce qui l’aurait amenée à partir de Bambouchine sans demander ses restes.n Collectivités locales Le collège des conseillers départementaux de Mulundu préserve les acquis Réunis récemment en session pour le vote du budget primitif, pour l’exercice 2015, les conseillers départementaux de Mulundu, ont décidé d’enterrer la hache de guerre qui mettait aux prises deux groupes d’élus locaux. Désormais, il s’agit de préserver les acquis et de passer à l’essentiel pour le bien des populations qu’ils représentent.. Pascal Mabaka D e 176 206 582 FCFA en 2014 à 211 942 973 FCFA en 2015, le budget primitif du département de Mulundu a été voté récemment, en hausse de 50 millions de francs CFA. L’unanimité au sein du conseil s’est faite également sur les prévisions d’investissements dans les cinq cantons que compte le département. Une consultation extraordinaire des conseillers est envisagée, avant la fin du mois d’avril courant, pour s’accorder sur les dépenses d’investissement dans les domaines de l’éducation et de la santé, qui représentent une enveloppe de vingt millions de FCFA. Cette session était à haut risque, à cause des divergences sur le choix du cansénateur didat départemental, survenues entre les conseillers mem- MAtin équAtoriAl JOURNAL D’INfORMATION ET D’ANALYSES nouscontacter@matinequatorial.com matinequatorrial@gmail.com Tel: 07.07.78.28/02.07.50.10 N° 64 du mercredi 15 Avril 2015 a fait son mea culpa, à travers un sms adressé à ses collègues conseillers, en attendant l’organisation, à son initiative, d’une rencontre avec l’ensemble des conseillers résidents à Libreville et ceux restés dans le département. Pour des raisons de santé, la sénatrice départementale de Lastourville n’a pas pu prendre part à cette session. Cette session a vu la participation des deux députés de Lastourville, en tant que membres de droit du conseil, et du ministre Régis Immongault Tatangani, invité comme personne ressource. Ce dernier a d’ailleurs apporté des éclaibres de cette institution de toriales de décembre 2014. rages au bureau du conseil proximité, la veille et au len- Aux dires de certains et à l’ensemble des particidemain des élections séna- conseillers, la sénatrice élue pants.n Directeur de la Publication: Madre NGUIMBY Directeur de la Rédaction: Paul NZOGHBAM Rédacteur en Chef: Roger OKILI Secrétaire de Rédaction: Arthur MBADINGA Comité de Rédaction : Vincent Eyi Roger Okili, Alban Moussavou Jacques Okeng Constantin Toukoule-Mè Jacqueline Mubokianu Infographes: Marcel OLENDEY Zambo Linus Impression: MULTIPRESS: TIRAGE: 5.000 exemplaires Distribution : SOGAPRESS
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