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Publication mensuelle spécialisée / Editée par Media Pub Santé
N° 39 Avril 2015
Dossier: L'HÉMOPHILIE
Dr Meriem Bensadok:
L’absence du traitement
à domicile est très dangereuse,
pour un hémophile
Mme Latifa Lamhene:
Il est urgent d’introduire
et d’enregistrer les facteurs
des troubles, rares, de la coagulation
L’hémophilie
est une maladie hémorragique héréditaire
due à l’absence, ou au déficit, d’un facteur de la coagulation
Si c’est le facteur VIII qui est absent, on parle d’hémophilie A
Si c’est le facteur IX, on parle d’hémophilie B
Pr Sadi Belouiz Mustapha:
La prise en charge, précoce,
de la maladie de Parkinson
permet de ralentir son évolution
Pr Nouri Mohamed-Tahar:
On se réjouit, donc, de voir arriver
ces nouveaux collyres sans conservateurs
Pr Abdenour Laraba:
Le projet porte, essentiellement,
sur la prévention du handicap
Dépôt légal 188-2012
SOMMAIRE
ISSN 2253-0061
Actualité
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Avril 2015 N° 39
Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé
Edité par Media Pub Santé
Adresse: Cité des 36 logts, les Bananiers, Blida.
Tél./Fax: +213 (0) 25 35 01 37
Mob.: +213 (0) 550 95 46 53 / +213 (0) 661 49 57 23
Site web: www.santemag-dz.com
Email: sante_mag@yahoo.fr
Dossier
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18
19
Directeur de la publication:
Achouri Abdelkader
Directeur de la rédaction:
Achouri Mohamed
Dr Meriem Bensadok: L’absence du traitement à domicile est très dangereuse...
Mme Latifa Lamhene: Il est urgent d’introduire et d’enregistrer les facteurs des troubles...
Dr Karima Chennoukh: L’approvisionnement en réactifs est une urgence
L’hémophilie, si méconnue
Recherches médicales
20 Chirurgie: Stop au tabac, pour bien cicatriser
21 Cancer pédiatrique: quelles conséquences sur la fertilité future ?
21 Le sang peut se conserver plus de 14 jours !
Email: achourimo@gmail.com
Coordinatrice de la rédaction:
Fortas Nadjia
Évènement
Directrice technique:
Abdelatif Rabea
Comité de rédaction:
Ait Tanina | Maya Harcha | Zahaf Loubna
Nahlil Djaouida | Soltane Hania | Ramzy Chahra
Badredine Sawsen | Hamdi Rania
Conception: Brikh Kamel
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29
30
33
34
36
Correction: Gharnaout Amar
Pr Salim Nafti
Pr Mohamed Arezki
Pr Karima Achour-Ameur
Pr Mustapha Sadibelouiz
Pr Belkacem Chafi
Pr Adda Bounedjar
Pr Louiza Chachoua
Pr Mustapha Sadi Belouiz: La prise en charge, précoce, de la maladie de Parkinson ...
L’allergie oculaire en débat
Pr Bruno Mortemousque: On sait que les collyres, à base de conservateur, sont nocifs...
Pr Nouri: On se réjouit, donc, de voir arriver ces nouveaux collyres sans conservateurs
Dr Amina Abelouahab: Dans le cas d’un cancer du sein génétique, ...
Allaitement maternel, croissance maxillo-faciale et malocclusions
CIPLA a organisé, en partenariat avec le laboratoire BIOPHARM, son premier symposium...
Agenda scientifique
Comité scientifique:
BULLETIN D’ABONNEMENT
3ème congrès méditerranéen de médecine du sport: le sport, au service de la santé
Un programme sportif, pour les personnes souffrant de la maladie de parkinson
Prise en charge, nécessaire, des thromboses des membres inférieurs, chez les cancéreux
Maladie de Parkinson: les jeunes adultes, aussi
Une formation pointue, pour parer à la prescription, excessive, d’antibiotiques
Ecrans: comment lutter contre la fatigue visuelle ?
Asthme: des regards contrastés, entre patients et médecins
Cancers de la gorge: bientôt, le test de l’haleine ?
Il est impératif de développer l’hospitalisation et les soins à domicile
Lancement d’un projet de recherche, maghrébin, sur la riposte au paludisme
Après les formes sèches et injectables, les laboratoires Frater-Razes lancent ...
Plus de 150 spécialistes au congrès, maghrébin, sur la chirurgie infantile, à El-Oued
Chirurgie infantile: la nécessaire qualification, psychologique, des praticiens...
Introduction, prochaine, de quatre nouveaux vaccins, dans le PEV
Pr Smaïl Benkaidali
Pr Nabil Benachenhou
Pr Habib Douagui
Pr Messaoud Saïdani
Pr Tahar Rayane
Pr Racim Khodja
Dr Mustapha Boukhaloua
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Promotion du dépistage précoce et pluridisciplinaire des troubles du nouveau-né.....
Pr Abdenour Laraba: Le projet porte, essentiellement, sur la prévention du handicap
Mme Nicole Hanssen: Sensibiliser tous les professionnels de la santé, ...
Mme Caty Forget: Notre mission est de faire du droit à la santé une réalité mieux partagée...
Dr. Jaume Tort Bardolet: La coordination des équipes de l'hôpital, avec l'équipe de l’OCATT...
Dr Paul Beno: La prévention du handicap du nouveau-né passe par une synergie ...
Dr Karima Yacef: 35000 enfants naissent, en Algérie, chaque année, avec un handicap
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ACTUALITÉ
3ème congrès méditerranéen de médecine du sport:
le sport, au service de la santé
L'importance de l'activité physique et ses bienfaits, sur la santé, ont été mis en exergue, lors du 3ème Congrès méditerranéen de
médecine du sport, organisé à Alger.
Par Fortas Nadjia
"
L'activité physique est très importante, de nos jours. Selon
des études, la sédentarité tue
plus d'un million de personnes,
par an; soit, plus que certaines maladies, comme le cancer du poumon",
a souligné le Dr. Noureddine Bendib,
organisateur de cette rencontre scientifique, tenue sous le thème "Sport et
santé", au centre familial de Ben Aknoun
(Alger)."C'est cette réalité qui nous
amène à mettre l'accent sur le volet
sport et santé...La pratique du sport, en
général, apporte beaucoup à la santé;
mais faut-t-il qu'elle soit raisonnable...
C'est bien de pratiquer du sport; mais;
sous contrôle médical", a-t-il ajouté.
Plusieurs médecins, algériens et étrangers, ont animé cette rencontre scientifique, organisée par l'Association
sportive des médecins du grand Alger
(ASMGA), sous l’égide du ministère des
Sports, en collaboration avec le Groupement latin et méditerranéen de médecine du sport (GLMMS), la Société algérienne de médecine du sport (GAMETS),
le Comité olympique et sportif algérien
(COA).
Répartis en trois sessions, les travaux de
ce congrès ont permis la programmation d'une vingtaine de conférences sur
divers thèmes; notamment:
La Promotion de l'activité physique et
sportive, comme facteur de santé publique: Expérience en région de Picardie,
Activité physique et pollution,
Hypertension et activité physique,
L'activité physique: élément de performance au travail,
La pratique Tai Chi, pour l'équilibre et
la gestion des tensions, etc…
Dans son intervention, sous le thème
"expérience en association", Noureddine Bendib, président du GLMMS et
ASMGA a présenté l'expérience des différentes associations, qui activent dans
le domaine "Sport et santé publique";
notamment, le Groupement latin et
méditerranéen de médecine du sport,
l’Association sportive des médecins du
grand Alger et l'association Bouchaoui
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
Athletic Club. Le conférencier a mis en
exergue les objectifs et les stratégies
de ces associations et les différentes
activités, qui touchent deux types de
pratique: sports de loisirs et sports de
performance.
Pour sa part, le Dr Pierre Lusinchi a
fait une présentation sur les jeux mondiaux de la Médecine et de la Santé,
qui constituent une olympiade, pour les
professions de santé. Ce rendez-vous
sportif a été mis sur pied en 1978, par un
quotidien français, spécialisé en médecine. Après la présentation du concept
de ces jeux, Lusinchi a mis l'accent sur la
36ème édition, qui se déroulera du 18 au
25 juillet 2015, à Limerick (Irlande).
L'Algérie est présente, habituellement,
à ces joutes, avec 80 à 100 participants; soit, 5 % des participants, selon le
même interlocuteur, qui a salué les performances de l'équipe algérienne, qui
décroche, souvent, un grand nombre de
médailles, dans ce rendez-vous.
La particularité de ce congrès, selon
l'organisateur, est "le fait qu'il touche
l'ensemble de la société, et ne concerne
pas, uniquement, les sportifs de haut
niveau, comme habituellement".
Ce congrès a été précédé d'une courserandonnée, de sensibilisation aux bienfaits du sport, aux méfaits du tabac et
en faveur de la solidarité avec les malades (Cancer, Alzheimer).
Des coureurs de tous âges, dont des
enfants, vêtus de maillots orange, ou
blanc, ont pris part à cette course, organisée en collaboration avec l'association
Bouchaoui Athletic Club, que préside le
professeur Bouadjar
ACTUALITÉ
Un programme
d'activités sportives,
pour les personnes
souffrant de la
maladie de parkinson
L
e chef du service neurologie de l'Etablissement hospitalier spécialisé de
Ben Aknoun (Alger), le professeur
Meriem Bendib a annoncé le lancement d'un programme d'activités sportives,
destiné aux personnes souffrant de la maladie
de parkinson.
L'établissement hospitalier spécialisé de Ben
Aknoun lancera ce programme en collaboration avec les services de neurologie et de
rééducation fonctionnelle, a affirmé la spécialiste, lors du Colloque méditerranéen sur la
médecine du sport. Le Pr Bendib a souligné, à
cette occasion, les bienfaits de l'activité sportive, chez les personnes souffrant de maladies
neurologiques (parkinson et Alzheimer), leur
recommandant, notamment, le footing.
Pour sa part, le docteur Saïda Younes, du
même établissement hospitalier, a recommandé le footing, en tant que meilleur moyen, pour
prévenir différentes maladies.
Le professeur Xavier Bigeard (France) a insisté, de son coté, sur la nécessité de faire du footing dans des endroits non pollués, précisant,
à titre d'exemple, que 30 minutes de footing,
dans des endroits pollués, multiplie par dix fois
la fixation du CO2, dans l'appareil respiratoire;
soit, l'équivalent de 10 cigarettes. Il a, en outre,
recommandé aux personnes qui font du footing régulièrement, d'éviter les périodes, où le
taux de pollution est très élevé
Prise en charge, nécessaire,
des thromboses des membres
inférieurs, chez les cancéreux
Le président de la Société algérienne des maladies cardiovasculaires, le Pr. Mansour Brouri, a
appelé, à Alger, à prendre en charge
les thromboses des membres inférieurs, chez les personnes atteintes
de cancer.
L
ors du 6ème colloque de la
Société algérienne des maladies cardiovasculaires, le
Pr. Brouri a recommandé la
création d'un réseau, composé des
différentes spécialités, intervenant
dans le traitement oncologique et
des maladies cardiovasculaires,
ainsi que des structures spécialisées dans les soins quotidiens et à
domicile.
Le Pr. Brouri, également chef du
service de médecine interne, à l'établissement hospitalier Djilali Belkhenchir, de Birtraria, a insisté sur
Pr Mansour Brouri
l'importance de prendre en charge,
sérieusement, les thromboses des
membres inférieurs, pour dépister
un cancer, avec prescription de médicaments appropriés, afin de prémunir le malade de toute mort précoce; déplorant la non-détection,
par les spécialistes, de cet aspect,
lors du suivi médical. Il a précisé
que plusieurs personnes, souffrant
de cancer, mouraient précocement,
non pas du fait de leur maladie;
mais, de thromboses, au niveau
des membres inférieurs, rappelant
l'augmentation du taux de prolifération de cette maladie.
Il a imputé la présence de thromboses; chez les cancéreux; notamment, celui du pancréas et des
glandes lymphatiques, au traitement par chimiothérapie et aux
médicaments prescrits à ces malades, qui causent une métastase
cancéreuse.
D'autre part, le Pr. Brouri a souligné
le suivi de 130 personnes, présentant des thromboses des membres
inférieurs, au niveau de son service;
dont, 23 sont liées au cancer; soit,
17%. 20% meurent, dans la majeure
partie des cas, durant les premières
années, qui suivent le traitement
oncologique, a-t-il tenu à faire
remarquer
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
3
ACTUALITÉ
Une formation pointue,
pour parer à la prescription,
excessive, d’antibiotiques
Maladie de Parkinson:
les jeunes adultes, aussi
La maladie de Parkinson n’est pas, forcément, liée à la vieillesse.
L
a maladie de Parkinson touche, environ, 200 000 personnes, en France
et sa fréquence augmente régulièrement. Deuxième maladie neurodégénérative, après la maladie d’Alzheimer, elle peut, aussi, survenir avant 40 ans.
«Dans 75% des cas, elle survient entre 44
et 66 ans», affirme le Pr Marc Vérin, chef du
service de neurologie à l’Hôpital Pontchaillou, de Rennes. «Mais, il existe des formes à
début précoce, avant 44 ans et même, des
formes avant 20 ans, dites juvéniles».
Contrairement à certaines idées reçues, ce
n’est pas une maladie du sujet âgé; mais,
une pathologie de la deuxième moitié de vie,
les cas survenant après 70 ans étant rares.
«Il semble que les formes à début précoce,
dont les premiers symptômes apparaissent
à la quarantaine, la trentaine; voire, à la
vingtaine, sont de plus en plus fréquentes».
LA MALADIE DU MOUVEMENT, MAIS PAS
SEULEMENT
«Il existe des idées reçues, sur la maladie
de Parkinson», souligne Marc Vérin. «Elle
est, souvent, associée au seul tremblement.
Or, un tiers des patients ne seront jamais
affectés par ce phénomène». De plus, les
symptômes sont multiples. «Il s’agit d’une
maladie du mouvement; mais, pas seulement, car elle s’accompagne de nombreux
symptômes non moteurs comme l’anxiété,
la dépression, la douleur, la perte de motivation (apathie), ou encore, les troubles
digestifs, ou cognitifs».
Dès le diagnostic, il est important que les
patients puissent s’informer et bien comprendre leurs traitements. C’est pourquoi,
les associations, dont France Parkinson,
s’avèrent extrêmement précieuses, pour
soutenir et aider, aussi bien, les patients que
leurs proches
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
D
es médecins spécialistes,
microbiologistes et pharmaciens ont plaidé, à
Oran, pour une formation
plus pointue des médecins, pour parer à la prescription excessive d’antibiotiques.
Une formation plus pointue des
médecins est nécessaire, pour
maîtriser la prescription excessive
d’antibiotiques, qui a conduit à une
résistance plus accrue à ces médicaments, a-t-on souligné, lors d’une
journée thématique sur l’utilisation
d’antibiotiques, organisée par le comité d’antibiotiques de l’Etablissement hospitalier universitaire (EHU)
"1er novembre" d’Oran.
Mme Laghouati Nadia, pharmacienne à la pharmacie centrale
de l’EHU, a fait remarquer que la
consommation d'antibiotiques est
excessive au sein des services de cet
établissement, à l’exemple du service de gynécologie. Le Dr Dali Yahia
Radia, du service de bactériologie
de l’EHU d’Oran, a indiqué, dans son
intervention, que le personnel de
l’hôpital n’est pas suffisamment sensible à cette question de prescription
excessive d’antibiotiques, soulignant
qu'après les bactéries résistantes
(BR), nous sommes, actuellement,
confrontés aux bactéries multi-résistantes (BMR) et même hautement
résistantes (BHR); d’où, la nécessité
d’une prise de conscience rapide,
de la part du personnel de la santé.
"L’émergence et la propagation de
germes pathogènes résistant aux
médicaments s’est accélérée. Des
médicaments essentiels deviennent
de plus en plus inefficaces et posent
un problème de santé publique;
voire même, une préoccupation
mondiale", a-t-elle ajouté.
Pour la spécialiste, "il est primordial
d’élaborer des mesures, pour encourager une utilisation appropriée
et économiquement rationnelle de
ces médicaments; et de là, réduire
le coût de la santé publique", citant
plusieurs facteurs concourant à
cette résistance, dont le manque de
moyens de diagnostic, la pénurie de
certains médicaments et le non-respect des mesures d’hygiène, dans
les hôpitaux.
A ce titre, le directeur général de
l’EHU d’Oran, Mohamed Mansouri,
a annoncé la création d’un service
de bio-nettoyage, pour éviter tout
risque de maladies nosocomiales,
mettant en exergue le travail effectué, dans ce sens, par son staff.
Confiée, auparavant, aux femmes de
ménages, cette tâche incombe, actuellement, à ce service fraîchement
créé, doté de moyens et produits les
plus efficaces, a-t-il souligné.
Toutefois, un travail important reste
à faire, au niveau de la sensibilisation du personnel.
Un travail qui incombe aux chefs
des services. "Eux seuls, responsables du strict respect des règles
d’hygiène, dans leurs services", a-til ajouté
ACTUALITÉ
Ecrans:
comment lutter
contre la fatigue
visuelle ?
Asthme:
des regards contrastés,
entre patients et médecins
Entre les télévisions, les smartphones, les ordinateurs, ou les tablettes…
C
haque foyer possède, en moyenne,
9,7 écrans. Et si l’on compte les heures
passées au bureau, les coups de fil et
le petit film du soir, nous passons,
généralement, plus de 5 heures, les yeux rivés
sur ces appareils ! Or, leur utilisation modérée
peut entraîner une fatigue visuelle. Pour l’éviter, l’Association nationale pour l’Amélioration
de la Vue (ASNAV) livre quelques conseils à
appliquer, au quotidien.
Picotements dans les yeux, sensations d’œil
sec, rougeurs, vision trouble ou, encore, maux
de tête… Pour un Français sur trois, l’usage
des écrans a des effets négatifs sur leurs yeux.
Pour limiter, au maximum, la fatigue visuelle,
l’ASNAV vous conseille de:
Régler l’intensité et le contraste de l’écran,
en fonction de la lumière ambiante. Vous
ne devez pas être ébloui. Si besoin, utilisez
une lampe d’appoint pour une lecture plus
agréable;
Régler la position de l’écran. Il doit être
placé de façon à ce que ni
fenêtre, ni lampe ne s’y reflète;
Ne vous positionnez pas à moins de 50
cm de votre écran de télévision, ou d’ordinateur;
Faites des pauses "20 secondes, toutes
les 20 minutes", conclut l’ASNAV.
"Et pour reposer vos yeux, regardez au loin.
Changez d’activité ou, mieux, profitez de l’extérieur".
Rappelons, enfin, que le travail sur écran peut
être un bon moyen de détecter une anomalie visuelle préexistante. Si vous sentez une
gêne croissante n’hésitez pas à consulter un
ophtalmologiste. Et bien entendu, lorsque des
lunettes vous sont prescrites, portez-les !
P
atients et médecins ne partagent pas la même vision
concernant la gestion de
l’asthme, au quotidien.
Une enquête de l’Association
Asthme et Allergies illustre, en
effet, cette différence de perception; notamment, sur le plan du
contrôle de la maladie. «L’enjeu
de cette enquête est de s’intéresser au vécu des patients, pour
faire comprendre au plus grand
nombre que l’asthme n’est pas un
problème résolu. De nombreux
patients continuent de souffrir, au
quotidien», explique Christine Rolland, présidente de l’Association
Asthme et Allergies. «Pour nous, il
est important de faire entendre la
voix des asthmatiques et de faire
ressortir les contradictions, entre
les perceptions des patients et des
soignants, sur la maladie».
Pour ce faire, 506 asthmatiques de
plus de 18 ans ont répondu à un
questionnaire, sur Internet. Dans
le même temps, 105 médecins généralistes, 102 pharmaciens et 50
pneumologues se sont prêtés au
même exercice. Premier enseigne-
ment étonnant, l’asthme ne semble
pas être une pathologie effrayante,
pour les patients. Seuls 36% d’entre
eux affirment en avoir peur. A
l’inverse, 70% des professionnels
considèrent que cette maladie peut
effrayer les malades ! Des résultats tout aussi contrastés ont été
observés, par rapport au contrôle
de l’asthme. Près de 90% des asthmatiques déclarent maîtriser leur
affection. Pourtant seuls 18% des
professionnels estiment, en effet,
que les patients parviennent à un
bon contrôle de leur asthme.
C’est peu dire, donc, que les deux
populations n’envisagent pas la
gestion de la maladie de la même
manière
Christine Rolland
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ACTUALITÉ
Cancers de la gorge:
bientôt,
le test de l’haleine ?
Un prototype de cet appareil portable susceptible de
détecter la présence d’un cancer de la gorge par le
souffle.
A
l’avenir, le cancer de la gorge sera-t-il détectable à l’issue d’une simple expiration,
dans un appareil portable ? Une équipe
suisse travaille à la mise en place d’un dispositif, qui permettrait le diagnostic, précoce, des tumeurs des voies aéro-digestives supérieures (VADS).
Chaque année, en France, 13 000 patients sont frappés par ces cancers, qui touchent les amygdales, la
gorge, la bouche, les lèvres, le pharynx et encore, le
larynx. Et 4 700 en meurent. Ces affections se situent
au 5ème rang des cancers les plus fréquents, derrière
les tumeurs de la prostate, du poumon, du sein et du
colon/rectum. Alors que le dépistage est, souvent,
trop tardif, des médecins suisses ont élaboré un dispositif, susceptible de détecter ces tumeurs, à partir
de l’haleine.
Au cours de son doctorat, Frédéric Loizeau (Ecole
polytechnique fédérale de Lausanne) a développé
des micro-capteurs, qui permettent de différencier
l’haleine de patient sain de celle d’un
malade. Il s’agit d’une sorte de nez électronique très
pointu, capable donc de repérer la signature métabolique des cellules cancéreuses.
Les scientifiques ont, d’ores et déjà, testé leur dispositif, auprès de malades du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), à Lausanne. « Ce travail
n’a porté que sur quelques patients », nous a confié
Frédéric Loizeau. « Les résultats sont encourageants,
mais préliminaires. L’étude se poursuit, en ce moment
et plusieurs dizaines de patients y sont inclus ».
Sa publication est particulièrement attendue ; d’autant plus qu’un centre de recherche japonais a, déjà,
imaginé que les capteurs soient connectés à des téléphones portables.
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
Il est impératif de
développer l’hospitalisation
et les soins à domicile
L
e ministre de la Santé,
de la population et de
la réforme hospitalière,
Abdelmalek Boudiaf,
a mis l’accent, à Médéa, sur
l’impératif de développer, davantage, l’hospitalisation et les
soins à domicile.
"Le développement des soins
à domicile mettra, définitivement, un terme au phénomène
de malades ambulants", a-t-il
expliqué, lors de son inspection
de l’hôpital Mohamed Boudiaf,
dans le cadre de sa visite de
travail, dans la wilaya.
M. Boudiaf a estimé qu’il était
temps de "tourner la page du
malade ambulant, contraint
d’effectuer des allers-retours
interminables au niveau des
structures sanitaires, sans qu’il
puisse bénéficier de soins,
ou de prise en charge appropriée". Il a, à cet effet, exhorté
l’ensemble des professionnels
de la santé à s’impliquer dans
la mise en place d’un système
d’accompagnement, à domicile, au profit des malades;
notamment, ceux issus des
zones enclavées, ou souffrant
de pathologies chroniques.
"Nos structures sanitaires
doivent être, dorénavant, capables d’assurer une bonne
prise en charge du malade, de
son admission jusqu’à sa sortie
de la structure de soins", a-t-il
ajouté, insistant sur la néces-
sité d’aller vers un système
de prise en charge médicale
"plus moderne, susceptible de
garantir des soins de qualité et
moins contraignants, pour le
malade".
Le ministre, qui s’est rendu,
successivement, au niveau des
hôpitaux de Berrouaghia, AinBoucif, Chellalet-el-Adhaoura
et Beni-Slimane, a mis l’accent
sur l’aspect de gestion, déplorant, à cet égard, "le peu d’intérêt qu’accordent certains gestionnaires d’établissements de
santé au volet financier". Il a,
dans ce sens, appelé les gestionnaires des établissements
hospitaliers à opter pour une
"gestion cartésienne", méthodique et rationnelle, et capable
d’assurer l’équilibre financier
de l’établissement et de lui éviter des difficultés de trésorerie,
pouvant influer, négativement,
sur son bon fonctionnement et
des prestations, qu’il est censé
assurer aux patients.
M. Boudiaf a affirmé que
son département ministériel œuvre, actuellement, à la
modernisation de l’outil de
gestion, de façon à rendre les
structures sanitaires plus performantes, en les dotant d’un
programme de gestion, "qui
puisse garantir leur équilibre
financier et leur permettre
d’assurer de meilleures prestations sanitaires"
ACTUALITÉ
Lancement d’un projet de recherche, maghrébin,
sur la riposte au paludisme
Un projet de recherche maghrébin
de "haute qualité", sur la riposte au
paludisme et la sensibilité aux agents
vecteurs; notamment, l’anophèle (sergentii), vient d’être lancé par l’Institut
Pasteur Algérie (IPA), a affirmé, à
Ghardaïa, le directeur général de cet
institut.
C
e projet médical de recherche,
maghrébin, est mené en
étroite collaboration par des
experts et entomologistes des
instituts Pasteur de Paris, du Maroc,
de Tunisie et d’Algérie, a déclaré le Pr
Kezzal. Cette recherche vise à développer une stratégie scientifique commune,
pour éradiquer le paludisme, en étudiant le moustique hématophage "Anophèle femelle"; notamment, "Anophèle
Sergentii", une espèce vectrice du paludisme dans les zones sahariennes des
trois pays du Maghreb (Tunisie, Algérie et Maroc), a-t-il fait savoir. Cette
recherche, commune aux trois pays
du Maghreb, tentera de trouver "une
stratégie, sur la base des études épidémiologiques et entomologiques, le
développement des gîtes d’anophèles,
leur fonctionnement biologique et leur
capacité de résistance vis-à-vis des insecticides et pesticides utilisés", a-t-il
précisé.
Cette initiative scientifique s’inscrit
dans la logique du plan de renforcement des mesures de veille et de
prévention efficace, pour faire face à
toutes menaces sanitaires à potentiel
épidémique, présenté à Ghardaïa, par
le ministre de la Santé, de la population
et la réforme hospitalière, Abdelmalek
Boudiaf et salué par le représentant, à
Alger, de l’Organisation Mondiale de
la Santé (OMS), a-t-il ajouté. Le même
responsable a, également, révélé qu’un
plan d’action de stratégie de développement de son organisme a été mis en
place, pour renforcer les acquis, réalisés
ces dernières années, en matière de
surveillance des menaces sanitaires à
potentiel épidémique et les différentes
maladies émergentes et ré-émergentes,
conformément au règlement sanitaire
international (RSI).
Les principales mesures de ce plan
visent le renforcement des moyens
humains et matériels, au niveau central (Alger), en améliorant la qualité et
la performance dans la prise en charge
des malades, pendant la phase de diagnostic et de traitement de la maladie,
à travers la mise en place d’un centre de
référence et d’excellence "hautement
performant" pour la grippe, la tuberculose, l’arbovirose et les antibiotiques,
a-t-il expliqué. Ce plan d’action prévoit, également, le développement des
trois antennes de IPA de M’Sila, Oran,
Constantine, en les érigeant en centres
de référence en matières de grippe, VIH,
des maladies émergentes et ré-émergentes infectieuses, ainsi que les antibiotiques et de faire de ces antennes
des unités de recherche
et de développement,
en matière de santé, a-til révélé.
Par son capital humain
hautement qualifié et les
expériences
acquises,
l’institut Pasteur Algérie,
devenu un centre de ré-
férence pour l’Afrique, se déploie pour
anticiper contre toutes menaces sanitaires, selon ce responsable.
A propos de la fabrication des sérums
anti-scorpionique, antirabique et antivipérins, par l’IPA, le Pr Kezzal, a assuré
que la production nationale existe et
qu’il faut améliorer la qualité d’inoculation, passant de l’intramusculaire à
l’intraveineuse.
Dans ce sens, des projets de partenariat avec l’Inde, Cuba, les USA et
d’autres pays européens, en matière de
fabrication de sérum et de culture cellulaire, sont à l’étude, en vue de créer
une industrie de sérum, a-t-il indiqué ,
ajoutant que l’IPA s’attèle à renforcer
ses réseaux, à investir
dans la recherche et
également, à mettre
à niveau ses structures, par des moyens
modernes, permettant
de répondre, qualitativement, aux besoins
Pr Kezzal de la santé
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ACTUALITÉ
Après les formes sèches et injectables,
les laboratoires Frater-Razes lancent la
fabrication des médicaments bio-similaires
Les laboratoires Frater-Razes, un groupe pharmaceutique privé, algérien à 100%, activant sur le marché pharmaceutique,
grâce à sa gamme de 66 médicaments, de formes sèches et de formes injectables; et ce, dans plusieurs aires thérapeutiques, qui
répondent aux besoins, en terme de santé publique.
Par Fortas Nadjia
E
n outre, ils ont lancé la production de médicaments biosimilaires dans leur usines de
production, située à Oued El
karma Alger, en créant un pôle de biotechnologie répondant, activement, à
la demande, la volonté et les encouragements du ministère de la Santé et
du Laboratoire national de contrôle.
Forts des nombreux et lourds investissements consentis par cet important
groupe et de l’expertise technologique
acquise depuis plus de deux décennies et répondant, favorablement, aux
recommandations des autorités de
santé visant à propulser la production
locale et par conséquence, répondre
aux besoins du marché pharmaceutique; aussi bien en ville, que dans les
structures hospitalières, les laboratoires
Frater-Razes, dont l’assise, en terme de
potentiel humain, s’élève à près de 850
employés, encadrés par un éventail de
techniciens formés et hautement qualifiés, fabriquent près de 66 produits,
dans différentes classes thérapeutiques,
à travers ses 2 unités de formes sèches
et de formes injectables.
Le Président directeur général de FraterRazes, Abdelhamid Cherfaoui, contacté
par nos soins, a déclaré: «En tant que
premier opérateur et investisseur privé,
dans les formes injectables, en Algérie,
une large gamme de produits injec-
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
tables, pouvant largement répondre
aux besoins nationaux, dans différents
domaines thérapeutiques, sont, d’ores
et déjà, fabriqués par les laboratoires
Razes. Pour cela, fortes et confortées
par l’expérience acquise, dans la fabrication des formes injectables stériles et
aseptiques, les compétences nationales
sont en mesure de relever le défi et de
fabriquer, localement, les bio-similaires
dans le strict respect des standards
d’excellence et de qualité».
Dans ce sens, il souligne: «Le coût des
médicaments injectables, de manière
générale et de biotechnologie, en particulier, destinés - entre autres - au
traitement du cancer et des maladies
auto-immunes, pèsent très lourd sur la
facture du médicament. A cet effet et
faisant suite aux recommandations du
ministère de la Santé et du LNCPP, nous
nous sommes, activement, inscrits dans
cette dynamique en fabriquant, localement, 02 produits bio-similaires, en
présence des experts du ministère de la
Santé et actuellement, nous sommes en
attente de leurs agréments, qui sont en
cours de signature, au niveau de la direction de la Pharmacie. Nous sommes
profondément convaincus qu’ils auront
une incidence, directe, sur la réduction
de la facture du médicament. D’ailleurs,
je saisis l’opportunité qui m’est offerte,
pour remercier, vivement, le professeur
Mansouri, directeur général du LNCPP
(qui a été mon enseignant à l’université de pharmacie), pour son soutien,
ses encouragements et son accompagnement, à travers ses conseils éclairés
et qui ne lésine sur aucun effort, pour
partager, avec nous, son immense expérience, dans ce domaine.
Il s'agit, également, a-t-il rajouté, de
l'autonomie et la notoriété pharmacologique de notre pays; car, s’inscrire dans
ces standards d’excellence, en fabriquant des produits de biotechnologie
permettra, au malade algérien, l'accès à
des traitements spécifiques et ciblés de
certaines maladies graves; et ce, pour
une plus large population. Il est de notre
devoir de faire partie de la solution, en
contribuant, localement, à une meilleure
régulation des besoins.
Et bien au-delà de nos capacités industrielles avérées, qui nous permettent de
fabriquer près de 45 millions d’unités
de formes sèches, par an (comprimés,
gélules et sachets) et 75 millions d’unités, par an, pour les formes injectables
(ampoules et flacons), nous sommes
foncièrement catalysés par notre élan
patriotique qui nous impose, avant tout,
de rester au service du malade algérien,
en mettant à sa disposition des produits
de qualité, tout en répondant, inconditionnellement, aux exigences des autorités de santé de couvrir nos besoins en
ACTUALITÉ
INFO
Fibromes utérins:
Fréquents, mais bénins
médicaments, par une fabrication locale
efficiente.
Un médicament bio-similaire est similaire à un médicament biotechnologique
de référence, qui a, déjà, été autorisé sur
le marché. Le principe de bio-similarité
s'applique à tout médicament biotechnologique, dont le brevet est tombé
dans le domaine public. Le bio-similaire
doit avoir les mêmes propriétés physico-chimiques, biologiques, et cliniques
ainsi que la même forme pharmaceutique que le médicament de référence.
Son efficacité et sa sécurité doivent
être équivalentes au médicament
de référence.
M. Cherfaoui a souligné que «les biosimilaires représentent le marché de
l'avenir, dans le domaine pharmaceutique, auquel on ne peut se soustraire;
car, actuellement, un pourcentage
considérable des nouvelles thérapies
autorisées, sur le marché mondial, sont
d'origine biotechnologique».
La fabrication des bio-similaires, qui
obéit aux mêmes normes de qualité que
celles du médicament biotechnologique
original, permettra aux citoyens d'avoir
accès aux médicaments de qualité, à
des coûts raisonnables. Dans ce cadre,
un plateau technique, en charge de la
qualité, veille à baliser toutes nos étapes
de fabrication, avec plus de 900 procédures, qui sont opérationnelles, au niveau de nos unités. A tout cela, s’ajoute,
en post-production, notre laboratoire
de qualité, qui est piloté par une équipe
hautement compétente et dynamique
et qui est doté de ce que la technologie
offre de plus récent.
Cependant, l'introduction et la fabrication de ces médicaments nécessitent
une expertise et un «savoir-faire» que
notre engagement et notre farouche
volonté de servir notre pays nous a fait
acquérir et dont nous avons le devoir
moral de transmettre aux jeunes algériens, fraîchement diplômés.
À PARTIR DE QUAND UNE FEMME
DOIT-ELLE CONSULTER, POUR UN
FIBROME UTÉRIN ?
«Seulement un tiers des fibromes utérins sont à l’origine de symptômes»,
explique le Pr Hervé Fernandez, chef de
service de Gynécologie – Obstétrique
à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Paris).
«Et seuls les fibromes symptomatiques
nécessitent une prise en charge». Les
fibromes utérins symptomatiques
touchent près de 10% de la population
féminine et environ, 32 000 chirurgies
du fibrome utérin sont pratiquées, ces
dernières années.
«Un fibrome utérin correspond à l’apparition dans la paroi de l’utérus, d’une
tumeur, non cancéreuse, au niveau
des muscles et des fibres», indique le
Pr Fernandez. Il concerne 20% à 50%
des femmes de plus de 30 ans et cela
augmente, avec l’âge, chez les femmes
non-ménopausées. Notre spécialiste
fait la distinction entre les femmes caucasiennes et les afro-antillaises. «Avant
d’atteindre la ménopause, parmi les
premières, plus de la moitié présentera
un fibrome utérin et pour les secondes,
on estime que la prévalence est de plus
de huit sur dix». C’est dire si le fibrome
utérin est une des affections gynécologiques les plus fréquentes.
Les fibromes utérins ne relèvent d’aucune origine précise. «Nous savons
qu’il peut y avoir un excès hormonal
au niveau de l’utérus; mais, ce dernier
n’en est pas la cause directe. Il y a des
facteurs favorisant, tels que les antécédents familiaux, qui restent marginaux,
par rapport à une situation, qui est, en
fait, purement physiologique, puisque
cette affection est hormono-dépendante». En effet, les fibromes utérins
surviennent chez les femmes en âge
de procréer: «Ils arrêtent de croître à
partir de la ménopause, parce qu’il n’y
a plus de stimulus hormonal», explique
le Pr Fernandez. Ce dernier tient, toutefois, à rassurer. «C’est une pathologie
totalement bénigne, dans la mesure où
elle ne dégénère jamais. Seulement un
tiers des fibromes vont provoquer des
symptômes: saignements, douleurs,
compression de la vessie».
DES SYMPTÔMES MINIMISÉS ?
D’après l’enquête "Femmes et fibromes
utérins, en 2013", réalisée à la demande
de Gédéon Richter France, près d’1
femme sur 10, âgée de 30 à 55 ans,
souffre de fibromes utérins symptomatiques, aujourd’hui, en France. Les
saignements abondants représentent
le symptôme le plus impressionnant
et concernent près de trois quarts des
patientes. Ils peuvent, dans certains
cas, être responsables d’une anémie et
donc, de fatigue. «D’ailleurs, parmi les
32 000 femmes, qui doivent subir une
intervention chirurgicale, en France,
chaque année, près de 10% souffrent
d’une carence en fer (anémie)».
De manière générale, les femmes ont
tendance à "vivre avec" leurs symptômes et ne consultent pas. Le Pr Fernandez précise qu’«une femme, sur
deux, se trompe sur la quantité de sang
perdu et la minore. Et dans la conscience
populaire, nous considérons qu’avoir
mal au ventre, pendant les règles, est
normal. Cela explique pourquoi beaucoup de patientes ne vont pas consulter». Ainsi, pour un nombre important
de femmes, le recours à un médecin
et la prise en charge des symptômes
sont tardifs. Pour le Pr Fernandez, il est
toutefois important de rappeler que
«les fibromes, qui n’entraînent aucun
symptôme, ne nécessitent aucun traitement». C’est, bien entendu, votre gynécologue qui saura déterminer la meilleure prise en charge, si nécessaire
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ACTUALITÉ
Plus de 150 spécialistes
au congrès, maghrébin,
sur la chirurgie
infantile, à El-Oued
Chirurgie infantile:
la nécessaire qualification,
psychologique, des praticiens,
soulignée à El-Oued
Les participants au 14ème congrès maghrébin de chirurgie infantile,
qui s’achève à El-Oued, ont mis l’accent sur la nécessaire qualification psychologique des chirurgiens infantiles, pour plus d’efficience
dans leur mission.
L
P
lus de 150 spécialistes prennent part à la
14ème édition du congrès maghrébin de
chirurgie infantile, ouverte à la Maison de
la Culture Mohamed Lamine Lamoudi, à El-
Oued.
Cette rencontre scientifique de trois jours, à laquelle
prennent part un panel de praticiens spécialistes
nationaux, de Tunisie et du Maroc, prévoit l’animation d’une série de communications ayant trait à la
santé infantile et les pathologies afférentes, notamment néonatales. Les participants auront, à cette
occasion, à examiner diverses questions, s’articulant autour de trois thèmes d’étude, la maladie de
Hirschsprung viscéral (affection du gros intestin),
la correction des interventions chirurgicales pédiatriques liées à l’urologie, dont la pyéloplastie, ou la
jonction pyélo-urétérale et les maladies orthopédiques, dont l’ostéo-arthrite et l’ostéomyélite.
Selon le président de l’Association de chirurgie infantile (partie organisatrice), le Pr. Zinedine Soualili, cette rencontre académique maghrébine, coïncidant avec la 33ème édition du congrès national
de chirurgie infantile, vise la formation théorique et
pratique des praticiens, à la faveur de conférences
spécialisées et visioconférences, sur les avancées en
matière de recherches médicales, dans les domaines
du diagnostic et de la chirurgie. Elle constitue, aussi,
un espace d’échange de connaissances et d’expériences dans le domaine, entre praticiens nationaux
et maghrébins, a-t-il ajouté
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
e président de l’Association de chirurgie
infantile, le Pr. Zinedine
Soualili, a, dans une déclaration à l’APS, souligné la nécessaire programmation, au titre
de ces rencontres académiques,
de sessions de formation sur les
voies de qualification, psychologique, des praticiens spécialisés
en chirurgie infantile. "Ce processus technique permettra au
chirurgien infantile de s’adapter,
très aisément, avec l’environnement dans lequel il opère et de
réagir, de façon positive, devant
les cas d’effets secondaires
et de complications, nées de
l’intervention chirurgicale, sur
l’enfant", a expliqué M. Soualili.
Et d’ajouter que "la qualification
psychologique n’est pas incluse
dans la formation médicale du
praticien; mais, son importance
réside dans le fait d’exercer sa
mission médicale dans un environnement débarrassé de toute
pression psycho-sociale’’.
Les participants ont, également,
abordé plusieurs questions liées,
notamment, à l’organisation de
sessions de formation au profit
des chirurgiens infantiles, axées
sur les facteurs de communication ‘‘positive’’ avec les parents
d’enfants malades; notamment,
lors de leur information sur les
étapes d’évolution, positive ou
négative, de la maladie; allant
du diagnostic, à l’opération et
aux résultats, car le manque de
communication avec les parents
peut aboutir à des pressions
psychologiques
susceptibles
d’influer, négativement, sur la
mission du praticien.
Des praticiens et académiciens
ont souligné la nécessaire pré-
paration, qualification et formation psychologique, aussi, des
parents de malades, en vue de
garantir une meilleure prise en
charge de cas de maladies complexes et d’offrir les meilleures
prestations médicales. Ils ont, à
ce titre, appelé le ministère de
la Santé à engager une réflexion
sur une stratégie, à même de
contenir les conséquences négatives, se répercutant sur la
qualité des prestations médicales prodiguées et de préserver
l’espoir, chez les parents, face à
la maladie de leurs enfants.
Un panel de plus de 150 praticiens spécialistes, nationaux et
maghrébins (Tunisie et Maroc),
ont pris part à ce congrès maghrébin de chirurgie infantile
(26-28 avril), dont l’objectif
est d’approfondir les connaissances médicales des praticiens,
de s’enquérir des avancées
médicales dans le domaine, et
d’échanger les expériences, ont
indiqué les organisateurs. Le
programme de la rencontre a
comporté une série de communications afférentes à la santé
infantile et les pathologies inhérentes, dont la correction des
interventions chirurgicales pédiatriques liées à l’urologie, dont
la pyéloplastie et à l’orthopédie,
dont l’ostéo-arthrite et l’ostéomyélite.
La rencontre maghrébine a
été organisée par l’Association algérienne de chirurgie
infantile, en coordination avec
la Fédération maghrébine d’orthopédie, les associations, tunisienne et marocaine, de chirurgie infantile et l’association
caritative Tayeba, de la wilaya
d’El Oued
ACTUALITÉ
Introduction, prochaine,
de quatre nouveaux vaccins,
dans le PEV
Quatre nouveaux vaccins seront, prochainement, introduits dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV),
a indiqué, à Alger, le directeur de la
Prévention du ministère de la Santé, de
la population
et la réforme hospitalière, Smail Mesbah.
L
e vaccin polio injectable (VPI)
sera introduit, selon le même
responsable, avant la fin 2015;
tandis que les trois autres
(vaccins anti-rubéole, anti-oreillons
et anti-pneumococcique) seront ultérieurement intégrés. Les autorités publiques ont introduit quatre nouveaux
vaccins, dans le PEV, dans un souci
d'améliorer et préserver la santé du
citoyen, a affirmé M. Mesbah, à l'occasion de la Semaine mondiale de la
vaccination. Cette opération s'inscrit dans le cadre de l'engagement
de l'Algérie, vis-à-vis de l'OMS, a-til ajouté, précisant que l'Etat avait
consacré, à cet effet, 7.000 centres
de vaccination, en les dotant d'un
staff technique qualifié.
Selon le Pr Mesbah, la couverture
sanitaire, réalisée par l'Algérie,
dans le domaine de la vaccination,
a dépassé 90%, qualifiant ce taux
d’acquis non atteint par certains
pays avancés", avant de saluer l'engagement des pouvoirs publics à assurer
la disponibilité et la distribution des
vaccins, à travers toutes les régions
du pays.
Un cahier des charges, relatif à la vaccination dans le secteur privé, sera mis
en place, a fait savoir le même responsable, selon lequel il s'agit d'un "partenariat important", pour la promotion
de la santé publique, dans les deux
secteurs.
Le représentant de l'OMS, en Algérie, Bah Keita a, de son côté, mis en
avant le rôle de la vaccination, dans la
prévention des maladies infectieuses,
dans le monde et l'amélioration de la
qualité de la vie. Le responsable du
laboratoire biologique, à Mustapha
Bacha, le Pr Mohamed Tazir (ex-di-
recteur de l'Institut Pasteur) a insisté
sur la transparence dans l'approvisionnement, la vaccination dans les
secteurs public et privé et l'élaboration d'études sur les résultats de cette
opération.
Le Pr Abdenour Laraba, chef du service pédiatrie à l'hôpital Lamine Debaghine (Bab El-Oued) a appelé à la
préservation des acquis, réalisés par
l'Algérie, en matière de vaccination,
préconisant la vigilance et le suivi, afin
d'éviter le retour des maladies éradiquées, en Algérie.
Pour le spécialiste, la vaccination est la
"colonne vertébrale" de tout système
de santé et le "meilleur moyen", prouvé, contre les maladies infectieuses,
ajoutant que l'insistance, par certains
spécialistes, sur l'intégration de nouveaux vaccins, s'inscrit dans le
cadre des "développements survenus, en Algérie et dans le monde,
ainsi que l'apparition de nouveaux
virus".
Pour sa part, le chef du service de
pédiatrie, à l'hôpital Frantz Fanon
(Blida), le Pr Chawki Keddache a
souligné la nécessité de revoir le système de vaccination; notamment, en
termes de dosage, surtout après la
disparition, définitive, de certaines
Mr. Smail Mesbah maladies, en Algérie, a-t-il dit
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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DOSSIER
Dr Meriem Bensadok*, à Santé Mag,
L’absence du traitement
à domicile est très dangereuse,
pour un hémophile
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Quel est l’état des lieux des
hémophiles, en Algérie ?
Dr Meriem Bensadok: Il existe, environ,
3 000 hémophiles dans notre pays,
dont la majorité, se trouvent à l’intérieur du pays et vit dans des conditions,
relativement, difficiles. Cette maladie,
malheureusement, engendre des handicaps, causés par les saignements
spontanés, au niveau des articulations;
principalement, les genoux, chevilles,
coudes réduisant, ainsi, leur possibilité
de mener une vie normale.
La prise en charge est très lourde,
puisque nécessitant la disponibilité
des produits anti-hémophiliques, en
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
permanence, afin de faire face aux saignements non prévisibles; mais, aussi,
la présence d’une équipe pluridisciplinaire (médecin biologiste, pédiatre, hématologue, rééducateur, orthopédiste,
dentiste, kinésithérapeute, infirmier).
Dispose-t-on d’une quantité suffisante
de médicaments ?
Les produits sont disponibles dans certaines villes du pays; mais, en quantités insuffisantes et surtout, ne sont pas
données à domicile. Ce qui conduit à
l’invalidité, dès l’enfance.
En effet, seuls certains CHU, ou hôpitaux, autorisent la mise à disposition
des malades d’un traitement à domi-
cile, pour qu’il soit utilisé lors d’un
saignement ou, sinon, à titre préventif
(prophylaxie). L’absence du traitement
à domicile est très dangereuse, pour
un hémophile résidant loin d’un hôpital
et n’ayant pas une bonne accessibilité
sur les transports publics, situation qui
peut mettre en danger le pronostic vital de la personne hémophile.
Qu’est-ce que la prophylaxie ?
La prophylaxie est un traitement préventif, qui consiste en l’injection, régulière, de concentrés de facteurs de coagulation, afin de prévenir le risque de
saignement.
L’idée de la prophylaxie est venue en
DOSSIER
constatant que les personnes atteintes d’hémophilie modérée, ou légère
(présentant des taux de
facteurs de coagulation d’au
moins 1%) étaient, rarement,
sujettes aux saignements
spontanés et présentaient
moins de lésions articulaires,
que les personnes atteintes
d’hémophilie sévère. Les
médecins ont, donc, été
convaincus que s’ils arrivaient à maintenir les taux
minimums de facteurs aux
alentours de 1 %, grâce aux
injections régulières de
concentrés de facteurs de
coagulation, ils pourraient,
alors, réduire le risque de
saignement et prévenir, ainsi, les lésions articulaires.
Depuis d’importantes études ont permis de démontrer que les enfants, qui
bénéficient d’un traitement prophylactique, sont moins sujets aux saignements et présentent des articulations
en meilleure santé.
La prophylaxie a, maintenant, pour but
de permettre aux personnes hémophiles de rester actives et de participer,
pleinement, aux activités de la vie quotidienne.
Par ailleurs, il reste à noter que la prophylaxie ne contribuera pas à rétablir
les articulations déjà endommagées.
Toutefois, ce traitement préventif permettra de diminuer la fréquence des
saignements, de ralentir la progression
de la maladie articulaire et d’améliorer
la qualité de vie.
Qu’est-ce que l’hémophilie ? Est-elle
une maladie rare?
L’hémophilie est un trouble de saignement. Les personnes atteintes d’hémophilie ne saignent pas plus vite que la
normale; mais, elles, saignent plus longtemps, parce que leur sang ne contient
pas assez de facteur de coagulation.
Le facteur de coagulation est une protéine présente dans le sang qui a pour
fonction de maîtriser les hémorragies.
L’hémophilie est rare. Seulement, environ, une personne sur 10 000 naît hémophile. On constate, cependant, deux
types d’hémophilie à savoir:
Le type d’hémophilie le plus commun
s’appelle hémophilie A. Le sang d’une
personne qui en est atteinte ne contient
pas assez de facteur de coagulation VIII
(facteur huit).
L’hémophilie B est un type d’hémo-
philie moins commun. Dans ce cas,
le sang de la personne affectée ne
contient pas assez de facteur de coagulation IX (facteur neuf).
Peu importe qu’une personne soit atteinte de l’hémophilie A ou B, le résultat est le même: quand elle commence
à saigner, elle saigne plus longtemps
que la normale.
présenter des signes de l’hémophilie et
transmettre celle-ci à leurs enfants. Il y
a 50% de chance que leurs fils soient
atteints d’hémophilie et que leurs filles
soient porteuses du gène.
Les femmes ne peuvent être atteintes
de l’hémophilie que si leur père est hémophile et que leur mère est porteuse.
Ce cas est très rare.
Est-ce une maladie héréditaire ?
L’hémophilie est habituellement héréditaire; c’est-à-dire qu’elle est transmise
par les gènes d’un parent. Les gènes
sont porteurs de messages, qui déterminent le mode de développement
des cellules du corps, à mesure qu’un
bébé grandit, jusqu’à l’âge adulte. Par
exemple, ils dictent la couleur des cheveux et des yeux. Cette pathologie peut,
parfois, surgir dans une famille où il n’y
a pas d’antécédents. C’est ce que l’on
appelle l’hémophilie sporadique. Chez,
environ, 30% des personnes atteintes
d’hémophilie, la maladie n’est pas transmise par les gènes des parents; mais,
est due à une mutation génétique, chez
la personne affectée.
Comment se présentent les symptômes
de l’hémophilie ?
L’hémophilie A et B présentent les
mêmes signes; c'est-à-dire, des ecchymoses importantes, des hémorragies au
niveau des muscles et des articulations,
des hémorragies spontanées (saignements internes qui surviennent brusquement, sans raison évidente), saignement prolongé après une coupure,
l’extraction d’une dent ou une intervention chirurgicale, saignement prolongé
après un accident: particulièrement; en
cas de lésion à la tête
Une hémorragie au niveau d’une articulation; ou d’un muscle provoque, une
douleur ou une sensation «bizarre», une
de enflure, des difficultés à se servir de
l’articulation, ou du muscle.
Quel est le mode de transmission héréditaire de l’hémophilie?
Le gène de l’hémophilie est transmis par
le parent à l’enfant. Les gènes responsables, pour l’hémophilie A et B, sont situés sur le chromosome X et pour cette
raison, l’hémophilie se dit "liée à l’X".
Quand le père est atteint d’hémophilie;
alors que la mère ne l’est pas, les fils ne
sont pas hémophiles et toutes les filles
sont porteuses du gène de l’hémophilie.
Les femmes qui ont le gène de l’hémophilie sont dites porteuses. Elles peuvent
Où se produisent les saignements?
Les personnes atteintes d’hémophilie peuvent souffrir de saignements,
internes ou externes. Les hémorragies
surviennent, le plus souvent, au niveau
des articulations et des muscles. Les
articulations qui sont affectées, le plus
souvent, sont le genou, la cheville et le
coude. Au niveau des muscles, ce sont
les muscles du bras et de l’avant bras, le
muscle psoas iliaque (face antérieure du
bassin), la cuisse et le mollet.
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
15
DOSSIER
En cas d’hémorragies répétées de la
même articulation, celle-ci peut être
endommagée et devenir douloureuse.
Les hémorragies répétées peuvent
causer d’autres problèmes de santé,
comme l’arthrite. Le cas échéant, il
peut être difficile de marcher, ou de
pratiquer des activités simples. En revanche, les articulations de la main ne
sont, généralement, pas affectées par
l’hémophilie (contrairement à certains
types d’arthrite).
Comment l'hémophilie est-elle diagnostiquée?
Le diagnostic de l’hémophilie se fait en
prélevant un échantillon de sang et en
mesurant le taux d’activité des facteurs
de coagulation, qui s’y trouvent. On
diagnostique l’hémophilie A en mesurant le taux d’activité du facteur VIII de
coagulation.
L’hémophilie B est diagnostiquée en
mesurant le taux d’activité du facteur
IX. Dans le cas d’une mère porteuse du
gène, les tests de dépistage peuvent
être effectués avant la naissance de
l’enfant. Le diagnostic prénatal peut se
faire à entre 9 et 11 semaines de gestation, par prélèvement de villosités choriales (PVC) ou plus tard (à 18 semaines
ou plus), par prélèvement de sang fœtal. Les tests de dépistage peuvent être
effectués dans un centre de traitement
de l’hémophilie.
Les traitements sont–ils efficaces ?
Le traitement de l’hémophilie est très
efficace. Le facteur de coagulation
manquant est injecté dans le sang, au
moyen d’une seringue. L’hémorragie
est stoppée une fois qu’une quantité
suffisante de facteur de coagulation
parvient au site hémorragique.
Les saignements doivent être traités
aussi rapidement que possible. L’intervention rapide atténue la douleur et les
lésions subies par les articulations, les
muscles et les organes. De plus, plus
l’intervention est rapide, moins il faut
de produit sanguin, pour maîtriser le
saignement.
Avec les traitements, dont elles ont
besoin, les personnes atteintes d’hémophilie peuvent mener une existence
normale et saine. Sans ces traitements,
de nombreux hémophiles meurent à
un jeune âge. Malheureusement, seulement environ 25%, sur les 400 000
personnes que l’on estime atteintes
d’hémophilie, bénéficient des traitements idoines. A cet effet, le chalenge
de la Fédération mondiale de l’hémophilie est de faire bénéficier tous les
malades touchés par cette pathologie.
De quels types de traitements s’agit-il ?
Les concentrés de facteur sont le produit de traitement de choix. Ils peuvent
être élaborés avec du sang humain
(on parle, alors, de produits dérivés de
plasma), ou artificiellement, avec des
cellules génétiquement manipulées,
porteuses du gène de facteur humain
(on parle, alors, de produits recombinants).
Les concentrés de facteur sont fabriqués dans des usines perfectionnées.
Tous les concentrés de facteur, préparés commercialement, subissent un
traitement, pour supprimer, ou neutraliser les virus véhiculés par le sang.
Le cryo-précipité est un dérivé sanguin,
qui contient une concentration, moyen-
nement, forte de facteur VIII (mais non
de facteur IX). Il est efficace, pour soigner les saignements aux articulations
et dans les muscles; mais, est plus susceptible de contamination virale que
les concentrés et est, aussi, plus difficile
à entreposer et à gérer. Le cryo-précipité peut être fabriqué par les banques
de sang locales.
Le plasma frais congelé (PFC); c’està-dire, dont les cellules rouges ont été
extraites, pour ne laisser que les protéines sanguines, y compris les facteurs
de coagulation, est moins efficace que
le cryo-précipité, pour le traitement de
l’hémophilie A, parce que la concentration de facteur VIII est moindre. D’importants volumes de plasma doivent
être transfusés; ce qui peut causer une
surcharge du système circulatoire. Dans
certains pays, le PFC reste l’unique produit de traitement disponible.
Les personnes atteintes d’hémophilie
A légère se servent, parfois, de desmopressine (ou DDAVP) pour traiter les
saignements mineurs; la desmopressine est une hormone synthétique qui
stimule la production de facteur VIII.
Quelles sont les perspectives pour
améliorer la situation de ces malades?
Un mémorandum d’entente a été signé,
en collaboration avec la Fédération
mondiale de l’hémophilie, portant sur
des points très important; à savoir, la
mise en place d’un programme de prophylaxie, le contrôle de qualité, lors du
diagnostic de l’hémophilie, la mise en
place du registre de l’hémophilie et la
formation du personnel soignant, ainsi
que la mise en place des centres de
traitements de l’hémophilie.
L’Association algérienne des hémophiles collabore, beaucoup, avec la
direction de la Prévention, du ministère
de la Santé, en mettant une place une
affiche indiquant la conduite à tenir,
face à un hémophile en milieu scolaire,
accompagnée d’un circulaire; ainsi
qu’une note sur la prise en charge de
la vaccination des hémophiles, qui est
suivie d’une affiche, à diffuser dans
toutes les PMI.
La direction de la Santé, du ministère
de la Santé a, aussi, mis en place une
circulaire, portant obligation de traiter
les hémophiles dans toutes les structures, en accomplissant les circoncisions et les soins dentaires.
* Dr Meriem Bensadok,
service hématologie du CHU de BéniMessous – Alger.
16
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
DOSSIER
Mme Latifa Lamhene *, à Santé Mag,
Il est urgent d’introduire
et d’enregistrer les facteurs
des troubles, rares, de la coagulation
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Quelle est la situation des
hémophiles ?
Latifa Lamhene: Certaine choses ont été
réglées grâce, effectivement, à l’aide du
ministère de la Santé et de la réforme
hospitalière, ainsi que de la direction de
la Prévention. Par contre, d’autres pas
encore. En effet, pour le programme de
mise en œuvre de la prophylaxie et le
budget y afférent, ce n’est pas facile de
le mettre en place sans avoir défini le
circuit des patients, leur éligibilité, les
doses à administrer… et tout cela prend
un peu de temps.
Par contre, nous rencontrons des problèmes persistants et pour cela, nous
avons présenté plusieurs écrits au
ministère de la Santé, afin qu’il enregistre, en toute urgence, certains médicaments; à savoir, le factor fibrinogène,
qui est en rapport avec le déficit en
fibrinogène, ou l’afibrinogénémie et qui
fait que le malade saigne en abondance
et souvent, ce sont des hémorragies
graves, telles que les hémorragies cérébrales et on ne peut pas traiter avec du
plasma frais congelé, sachant qu’il y a
des malades qui font des allergies. Ceci
d’une part.
D’autre part, l’absence de fibrinogène
est, encore, plus préoccupante chez les
filles, lors des menstruations, où elles
risquent de faire des comas. En outre,
les femmes mariées ne peuvent pas
enfanter; car, lorsqu’elles tombent enceintes, elles sont sujettes aux fausses
couches. Ce sont des vies qui sont gâchées; d’où, l’importance de prendre en
urgence et au sérieux cette problématique.
Il n y a pas de traitement de substitution,
pour pallier à cette situation; hormis, le
factor fibrinogène puisque le plasma
frais congelé n’est pas une solution.
Avez-vous fait des démarches, pour ré-
soudre ces problèmes que vous venez de
citer ?
Bien entendu, nous sommes intervenus
à plusieurs reprises auprès des autorités concernées, afin de résoudre ce
problème, au plus tôt. En outre, nous
recevons, souvent, des demandes d’aide;
notamment, de l’intérieur du pays ou,
par exemple, des enfants de Oued Souf
doivent se faire opérer et vu la pénurie
du médicament, cela ne peut se faire. A
Blida, également, une famille composée
de 4 enfants (2 garçons et 2 filles) ont
un déficit en fibrinogène; qui plus est,
le plus jeune doit subir une intervention
chirurgicale, en urgence. Le CHU Mustapha Bacha (Alger) a fait la commande
de ce produit; mais, ils n’ont rien reçu
encore, car le médicament n’est pas, encore, enregistré en Algérie. Si on traite
le patient avec du plasma frais congelé,
il faut s’attendre à des conséquences
graves et leur pronostic vital est mis en
jeu.
Quel est votre appel ?
Je réitère les mêmes demandes: élaboration et mise en œuvre, au plus vite, du
programme de la prophylaxie, à l’appui
d’instruction fermes.
Deuxièmement, il importe d’introduire
et d’enregistrer, immédiatement, les facteurs des autres troubles rares de la coagulation. Pour cela, j’insiste sur le fibrinogène; car, il y a beaucoup de malades qui
souffrent d’un déficit du factor 13.
Je dirais, enfin, que le handicap n’attend
pas; car, même si on peut sauver la vie
des enfants hémophiles en cas de saignement, celui-ci est irréversible
* Madame Latifa Lamhene,
présidente de l’Association nationale
des hémophiles.
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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DOSSIER
Dr Karima Chennoukh*, à Santé Mag,
L’approvisionnement en réactifs
est une urgence
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Vous êtes médecin biologiste. Comment se pose le diagnostic
de l’hémophile ?
Dr Karima Chennoukh: A l’heure actuelle, nous constatons un manque de
réactifs; ce, malgré les efforts du ministère de la Santé et de l’hôpital, entraînant, par la même, l’impossibilité de
diagnostiquer la maladie et donc, de
connaitre les causes des saignements.
C’est une véritable catastrophe; car,
lorsqu’on reçoit un patient qui saigne, il
faut, bien entendu, faire un diagnostic,
pour connaitre la cause de cette hémorragie et par voie de conséquence,
le traitement qu’il faut administrer. En
18
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
l’occurrence, pour traiter, il faut, auparavant, définir le déficit en fibrinogène,
dont souffre le patient, pour une bonne
prise en charge et faute de réactifs,
cela ne peut se faire.
C’est d’autant plus grave, lorsque nous
recevons des malades de l’intérieur du
pays, avec un pronostic vital qui est,
souvent, mis en jeu et que nous ne pouvons, donc, pas traiter et auxquels on
ne peut pas dire que nous ne disposons
pas de réactifs. Le peu de réactifs, qui
nous restait, nous avons essayé d’en
faire un usage optimal et aujourd’hui,
nous avons épuisé ce stock.
Comment expliquer ce manque d’ap-
provisionnement de réactifs ?
Les fournisseurs n’ont pas tenu leur engagement et c’est un grave problème.
Comme je le disais, à l’instant, lorsque
les malades, souvent démunis, arrivent
de loin est payent les taxis, parce qu’ils
saignent et ce, dans l’espoir de se faire
soigner et qu’ils se voient dire qu’il n
y a pas de réactifs, c’est une situation
terrible! Ceci étant, la prise en charge
de l’hémophilie et des déficits constitutionnels de l’hémostase passe, comme
toutes les pathologies, d’ailleurs, par le
diagnostic, faut-il le rappeler ?
A votre avis, pourquoi n’a-t-on pas
pensé à faire des prévisions ?
DOSSIER
Il existe un seul fournisseur en la matière, en Algérie et cela ne suffit pas à
répondre aux besoins en réactifs.
Il se peut, également, que les cahiers
des charges soient mal conçus.
A cet effet, il est nécessaire de disposer
de cahiers des charges, pour faire les
prévisions en réactifs, à long terme. Si
on arrive à élaborer des contrats-programmes, on réglera ce problème de
rupture de stocks.
En outre, le problème se situe lorsqu’on
lance un appel d’offre, à un moment
donné et qu’on reçoive, au final, les
produits bien plus tard; souvent, ces
derniers sont en voie de péremption. Il
est, donc, nécessaire de veiller, comme
il se doit, à l’exécution de cette procédure.
Par ailleurs, dans le cadre du mémorandum, signé entre le ministère de la Santé et la Fédération mondiale des hémophiles, nous avons tenu un workshop le
18 janvier 2015, pour la mise en œuvre
de la prophylaxie; en l’occurrence et
le diagnostic y afférent. Les résultats
de ces diagnostics seront transférés à
l’étranger, pour confirmation.
Il faut noter que le CHU de Béni-Messous s’est, déjà, inscrit dans le contrôle.
Cependant, si, entretemps, nous n’obtenons pas de réactifs, les diagnostics
seront impossibles à réaliser et c’est
tout le projet qui sera compromis. Si
rien n’est fait, donc, localement, il ne
peut y avoir d’échange à l’international.
Ce serait, alors, dommage que cette
collaboration échoue.
Un appel ?
Mon appel est lancé, pour faire bouger; car, c’est une urgence nationale,
puisque tous les hôpitaux connaissent
le même problème.
Au demeurant, je suis régulièrement en
contact avec la Pharmacie centrale, laquelle fait de son mieux, pour résoudre
ce problème; sans, toutefois, trouver
d’écho favorable, auprès du fournisseur.
Aussi, il importe qu’une décision ferme
soit prise par les autorités concernées,
pour mettre fin à cette situation dramatique.
Cette question doit être réglée, d’autant
que, nous-même, nous vivons des cas
de conscience insupportable, quand
nous voyons des mères nous implorer
pour diagnostiquer leurs enfants, alors
que nous n’y pouvons rien
* Karima Chennoukh,
docteur en biologie, spécialisée
dans le diagnostic
L’hémophilie, si méconnue
L’hémophilie c’est, bien entendu,
l’impossibilité, pour le sang, à coaguler. Mais, connaissez-vous, vraiment,
la maladie ? Savez-vous, par exemple,
qu’elle touche, surtout, les garçons ? .
L
a Journée mondiale dédiée, célébrée, chaque année, le 17 avril,
est l’occasion de faire connaître,
au plus grand nombre, l’hémophilie et les maladies hémorragiques
rares. L’hémophilie est une maladie héréditaire grave. Elle se traduit par une
impossibilité, pour le sang, de coaguler.
En clair, un hémophile ne va pas saigner
plus souvent, mais plus longtemps.
En cause, le défaut de production d’un
facteur de coagulation: le facteur VIII
pour l’hémophilie A, le facteur IX pour
celle de type B.
Si les filles sont moins touchées que
les garçons, la raison en est "simple".
La maladie se transmet par le chromosome X, où se situent les gènes incriminés. N’ayant qu’un exemplaire de ce
chromosome, les garçons sont, systématiquement, malades; dès lors qu’ils
héritent d’un gène muté. Les saignements peuvent survenir dès l’âge de 3
mois. Lors des premiers déplacements
de l’enfant, des bleus apparaissent, au
niveau des jambes.
Des saignements, au niveau des
muscles ou des articulations, peuvent,
également, survenir et entraîner des
hématomes. Plus tard, des saigne-
ments internes, au niveau du cerveau,
ou de l’abdomen, peuvent engager le
pronostic vital.
Une maladie dont on ne guérit pas,
mais…
A l’heure actuelle, l’hémophile se
contrôle bien, grâce aux traitements
substitutifs. Ces traitements consistent
à injecter aux patients, par voie intraveineuse, des facteurs de coagulation
fonctionnels (des dérivés du sang humain, ou des substituts produits par
génie génétique). Un traitement prophylactique est indiqué, en cas d’hémophilie sévère, ou modérée.
Par ailleurs, certaines précautions
peuvent aider les patients à mieux
vivre avec la maladie.
Ainsi, selon l’INSERM, «il convient
d’utiliser avec parcimonie l’aspirine,
qui fluidifie le sang et de bannir les
sports à risque comme la boxe, le parachutisme, les arts martiaux, le rugby…
La kinésithérapie, ainsi qu’une activité
physique, douce et régulière, sont nécessaires, pour prévenir l’apparition de
séquelles articulaires dues aux hémorragies intra-articulaires et musculaires
répétitives».
Pour davantage éclairer le grand public, se tient ce 17 avril, la Journée mondiale de l’Hémophilie. Pourquoi le 17
avril ? C’est tout simplement la date de
naissance (en 1926) de Frank Schnabel,
fondateur de la Fédération Mondiale de
l’Hémophilie
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
19
RECHERCHES MÉDICALES
Chirurgie:
Stop au tabac, pour bien cicatriser
quels sont à l’origine «de nécroses de
lambeaux de peaux».
MONOXYDE DE CARBONE ET NICOTINE INCRIMINÉS
Au total, la fumée du tabac contient
plus de 4 000 substances. Deux d’entre
elles sont, plus particulièrement, impliquées dans les défauts de cicatrisation.
Responsable du phénomène d’hypoxie,
soit la baisse de l’oxygénation des tissus, le monoxyde de carbone est connu
pour diminuer la fluidité de la circulation
sanguine. Par son effet vasoconstricteur
et thrombogène, la nicotine ralentit,
elle aussi, le flux sanguin et bloque, en
conséquence, l’apport nutritif, pourtant
essentiel à la réparation des lésions
cutanées. De manière générale, la diffusion de ces produits, dans l’organisme,
freine la réponse immunitaire, en réduisant l’activité des globules blancs. Ces
derniers sont, pourtant, indispensables
aux mécanismes de défense, pendant la
phase inflammatoire de la cicatrisation.
Par ailleurs, la cigarette nuit, aussi, à la
production de collagène, cette protéine
constitutive de la matrice cutanée.
Dans une visée tant thérapeutique
qu’esthétique, le sevrage tabagique est
recommandé, pour limiter les complications de cicatrisation post-opératoire.
E
n plus d’augmenter le risque de
cancers et de maladies cardiovasculaires, les produits du tabac ralentissent la cicatrisation
cutanée. C’est pourquoi, un sevrage
tabagique est, fortement, recommandé, avant toute intervention chirurgicale. Objectifs, limiter, au maximum,
les complications infectieuses postopératoires, favoriser le bon déroulé
du processus de cicatrisation et donc,
réduire le temps d’hospitalisation. Les
précisions du Dr Daniel Labbé, chirurgien plasticien à Caen.
«A partir de 10 cigarettes chaque jour,
les risques de retards de cicatrisations,
20
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
ARRÊTER AVANT L’OPÉRATION ?
Face à cette fragilité évitable, il est
fortement recommandé «d’arrêter de
fumer, avant l’opération», insiste le Dr
Labbé. «Dès 3 semaines de sevrage
d’infections des plaies opératoires, de tabagique, le risque d’infection cutanée
lâchages de sutures vasculaires aug- se trouve nettement diminué». En postmentent», souligne le Dr Daniel Labbé. opératoire, le processus de cicatrisation
Le taux d’infection est, d’ailleurs, de étant progressif et délicat, «l’arrêt de
12% chez les fumeurs réguliers, contre la cigarette doit, également, se pour2% chez les abstinents.
suivre dans le premier trimestre suivant
Ces troubles de la réparation cuta- l’intervention».
née sont, particulièrement, repérés en Si vous devez vous faire opérer prochirurgie esthétique et
chainement et que vous
reconstructrice. «Après
fumez, n’hésitez pas à
une intervention bucen informer votre anescale et/ou maxillo-fathésiste, votre chirurgien
ciale, la reconsolidation
et/ou un tabacologue,
des tissus cutanés est,
afin de mettre en œuvre
en effet, altérée par
un sevrage progressif. A
la nicotine». En fait, le
noter que la recommancontact direct de cette
dation de sevrage avant
substance avec les voies
opération vaut, égalerespiratoires provoque
ment, en cas d’intervend’intenses spasmes au
tion non programmée;
Dr Daniel Labbé
niveau des artères; lesmême sans anticipation
RECHERCHES MÉDICALES
Le sang peut se
conserver
plus de 14 jours !
Cancer pédiatrique:
quelles conséquences
sur la fertilité future ?
La fin de la période de fertilité peut
survenir plus tôt, chez les femmes
guéries d’un cancer pédiatrique.
L
’impact des thérapeutiques,
sur la fertilité future des
filles guéries d’un cancer,
dans l’enfance, peut altérer
leur qualité de vie. Une équipe française a, ainsi, constaté que la fin de
la période de fertilité «risquait» de
survenir plus tôt, chez ces femmes.
Chez toutes les femmes, la durée
de la vie reproductive est liée au
nombre de follicules présents dans
les ovaires. Le stock en question
n’est pas renouvelable et il décline
au cours du temps. La ménopause
survient lorsque ce stock descend
en-dessous d’un certain seuil, 5 à
10 ans après la fin de la période de
fertilité.
Des chercheurs de l’AP-HP, de l’INSERM, des Instituts Gustave Roussy,
Curie et du Centre Oscar Lambret
(Lille), coordonnés par le docteur
Cécile Thomas-Teinturier, du service
d’endocrinologie pédiatrique de
l’hôpital Bicêtre, ont travaillé auprès
de 105 femmes, guéries d’un cancer
pédiatrique. Lequel avait été traité
par des chimiothérapies, appelée
agents alkylants.
Aucune n’avait été soumise à des
séances de radiothérapie.
CONSEILLER INDIVIDUELLEMENT
Les investigations ont comporté des
dosages hormonaux, des mesures
par échographie, de la taille des
ovaires et le comptage du nombre
de follicules. Les résultats ont été
comparés à ceux de 20 femmes
du même âge, n’ayant pas reçu de
chimiothérapie.
Au final, les chercheurs ont constaté que les femmes de leur étude
avaient des ovaires plus petits que
celles non traitées. Leur taux d’hormone antimüllérienne – un marqueur fiable de la réserve ovarienne
– était, aussi, significativement plus
bas. Cette diminution étant davantage marquée, chez les patientes
ayant reçu de la procarbazine, pour
un lymphome de Hodgkin, ou une
chimiothérapie, par alkylants à forte
dose, avant une greffe de moelle
osseuse.
Comme l’explique le Dr Cécile Thomas-Teinturier, «d’un point de vue
théorique, la fin de la période de
fertilité risque de survenir plus
tôt, chez ces femmes guéries d’un
cancer pédiatrique. Ceci, ajouté au
recul de l’âge de la première grossesse, risque d’augmenter les difficultés à la procréation».
Elle conclut: «l’ultime objectif de
notre étude est de pouvoir, dans le
futur, conseiller individuellement
ces jeunes femmes, sur leur capacité de procréation, au cours des
cinq années suivantes, en se basant
sur les résultats de leur bilan, à un
moment donné»
Selon un travail international, les globules
rouges, conservés pendant trois semaines, ne
présenteraient aucun risque, pour les patients
transfusés.
C
e qui remet en cause différents travaux, selon lesquels une conservation prolongée pouvait compromettre l’efficacité d’une transfusion.
Environ, un tiers des malades hospitalisés,
dans un service de réanimation, reçoivent
une transfusion sanguine, au cours de leur
séjour. Les globules rouges sont transfusés,
pour compenser les pertes en hémoglobine
et ainsi, préserver l’apport en oxygène, aux
organes vitaux. Objectif principal, limiter le
risque d’infarctus du myocarde.
Plusieurs équipes, canadiennes et françaises,
ont réalisé une étude en double aveugle, afin
de comparer la mortalité à 90 jours, après la
première transfusion sanguine, avec du sang
conservé, en moyenne, 6 ou 22 jours. Au total,
2 430 adultes ont participé à l’étude; soit, 1
211 patients, dans le groupe «6 jours» et 1 219,
dans le groupe «22 jours». Les résultats sont
sans équivoque. Il n’y a aucune différence de
mortalité, ou de dysfonctions d’organes, entre
les deux groupes. «Cela signifie que le sang,
prélevé depuis peu, n’est pas plus bénéfique
que le sang prélevé depuis plus de deux semaines», indique Paul Hébert, chercheur au
Centre hospitalier universitaire de Montréal.
Cette vaste étude clinique apporte, en effet,
des preuves rassurantes concernant la sécurité du sang transfusé aux patients gravement
malades.
La même équipe de chercheurs mène, actuellement, un essai clinique auprès des jeunes
patients. Elle devrait permettre de vérifier
si les enfants réagissent aux transfusions de
sang fraîchement prélevé et de sang plus âgé,
de la même manière que les adultes
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
21
ÉVÈNEMENT
Pr Mustapha Sadi Belouiz*, à Santé Mag,
La prise en charge, précoce,
de la maladie de Parkinson
permet de ralentir son évolution
La maladie de Parkinson est une affection dégénérative du système nerveux central. Décrite, pour la première fois, en 1817,
par un médecin anglais, qui lui donna son nom, cette pathologie se manifeste par un tremblement des membres au repos, une
raideur et une lenteur des mouvements. Le professeur Mustapha Sadi Belouiz nous en parle.
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Qu’appelle-t-on maladie de
Parkinson ?
Pr M. Sadi Belouiz: La maladie de
Parkinson est la deuxième affection
neurologique dégénérative la plus fréquente, après la maladie d’Alzheimer.
Elle touche les noyaux gris centraux et
notamment, la substance noire, appelée le locus niger. Celle-ci, lorsqu’elle
est défectueuse, entraîne une insuffisance de sécrétion de dopamine, un
24
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
neurotransmetteur, qui doit jouer un
rôle, fondamental, chez le sujet normal. C’est une maladie d’évolution
lente et progressive, dont les débuts
sont insidieux. La phase préclinique de
la maladie, avant l’apparition des premiers symptômes, dure probablement
plusieurs années.
Cette dégénérescence est–elle liée à
l’âge?
Lorsqu’on parle de cette pathologie,
on dit qu’elle est idiopathique, comme
la maladie d’Alzheimer. Il y a une dégénérescence liée, probablement, à l’âge,
étant donné que la maladie survient
entre 50 et 60 ans; parfois, un peu plus
tard. Cependant, elle peut ne pas être
idiopathique et dans ce cas-là, il s’agit
du syndrome parkinsonien, lié à des
causes diverses.
Les symptômes sont les mêmes; mais,
il ne s’agit pas d’une dégénérescence
proprement dite.
ÉVÈNEMENT
Pourquoi cette maladie peut-elle survenir chez les sujets jeunes ?
Justement, il existe des formes précoces de Parkinson, survenant avant
50 ans. On dit, alors, que la maladie
n’est pas idiopathique. A ce niveau-là,
il faut, donc, explorer et en rechercher
les causes. Il existe une pathologie
chez les jeunes, qui entraîne presque la
même symptomatologie; comme, par
exemple, la maladie de Wilson. Il est
important, donc, d'exclure cette maladie, chez un patient jeune présentant
un syndrome parkinsonien.
Comment se présentent les symptômes
de cette affection ?
Lorsque la maladie est installée, elle
se traduit par un syndrome extrapyramidal. La personne devient rigide,
très lente dans ses mouvements. Elle
marche lentement, en traînant les
pieds, le dos vouté. Cette posture est
très connue, chez les parkinsoniens.
Parfois elle tremble; mais, c’est un
tremblement de repos; c’est-à-dire,
lorsqu’elle est assise, sa main ou son
pied tremblent. Mais, par exemple,
lorsqu’elle maintient une attitude elle
ne tremble plus. La maladie s’exprime,
également, par une akinésie, qui est
une perte des mouvements volontaires; par exemple la personne n’arrive
pas à sourire, son visage est figé; elle
est amimique et inexpressive.
Comment évolue-t-elle ?
On constate plusieurs stades de la maladie de Parkinson, reflétant l’évolution
de sa sévérité:
Stade I: premiers signes unilatéraux, ne
gênant pas la vie quotidienne.
Stade II: signes encore unilatéraux,
mais entraînant une gêne.
Stade III: signes bilatéraux, posture
modifiée, pas de handicap grave, autonomie complète.
Stade IV: handicap plus sévère, marche
encore possible, autonomie limitée.
Stade V: marche possible (fauteuil roulant, alitement) perte d’autonomie.
Y a-t-il des facteurs de risque ?
Il excite des facteurs de risques environnementaux. Le rôle de l’exposition
aux pesticides est bien établi, comme
le risque, accru, de maladie de Parkinson, chez les agriculteurs exposés aux
insecticides, de type organochlorés.
La maladie est–elle héréditaire ?
Elle peut être familiale; mais, pas héré-
ditaire, au sens mendélien. Actuellement, avec le développement de la génétique, des gènes ont été identifiés,
dans certaines familles.
La maladie peut, donc, être génétique. Lorsque deux ou trois cas sont
diagnostiqués, dans une même famille; à ce moment-là, nous réalisons
une étude génétique. Mais, lorsque
quelqu’un est parkinsonien, cela ne
veut pas dire que, dans la famille, il y
aura, forcément, d’autres.
Comment établir le diagnostic ?
Le diagnostic est, d’abord, clinique. Il
relève des symptômes cités ci-dessus; mais, chez le sujet jeune, il faut
retrouver la cause. Parfois, on fait un
examen IRM, pour voir s’il n y a pas
une atrophie au niveau des noyaux gris
centraux du cerveau, pour confirmer,
réellement, la lésion. Cet examen est
utile; notamment, chez un sujet jeune.
Lorsqu’une cause est diagnostiquée, il
faut traiter. En l’absence de cause, on
dit que la maladie est idiopathique.
Concernant le traitement ?
Il n'existe pas de traitement curatif de
la maladie. Cependant, les molécules
dont nous disposons, actuellement,
apportent de très bons résultats. En
effet, lorsque la maladie est prise en
charge précocement, on peut ralentir
l’évolution; mais, à un stade avancé,
cela devient difficile et malheureusement, souvent, le malade peut aboutir
sur un fauteuil roulant, avec d’autres
complications.
En revanche, La maladie de Parkinson n’a pas de réel impact sur l’espérance de vie et ne met, habituellement,
pas en danger le pronostic vital. Ceci
permet, donc, au patient d’avoir une
bonne qualité de vie.
En Algérie, il y a les médicaments, qui
permettent d’équilibrer les patients,
bien qu’on rencontre, de temps à autre,
des ruptures. Néanmoins, dans notre
pays, il n’existe pas, pour le moment,
de traitement à libération prolongée.
En plus de ces traitements, n’y a-t-il pas
d’autres thérapies, qui sont proposées
aux malades ?
Il y a la rééducation, appelée la médecine physique. Ces exercices d’assouplissements permettent une bonne
qualité de vie. C’est un complément
thérapeutique important. Il comprend
l'exercice physique quotidien, l’entraînement à la marche, le travail de l’équilibre postural, etc…
Peut-on retrouver, chez le parkinsonien,
des troubles cognitifs ?
Tout à fait et cela a été décrit comme
parkinson-démence survenant, plutôt tardivement, dans l’évolution de la
maladie.
Ces troubles cognitifs, comme les
troubles de la mémoire épisodique;
c’est-à-dire, que le malade ne se souvient plus des faits récents, peuvent
survenir et qui ressemblent un peu aux
troubles de la maladie d’Alzheimer;
mais, pas dans tous les cas (ceci est
dû au fait que la dégénérescence des
noyaux gris atteint les structures corticales, entraînant les mêmes symptômes que l’Alzheimer).
La maladie touche-t-elle plus l’homme
que la femme ?
En général, il n y a pas de différence
entre les malades des deux sexes. Cette
maladie se voit chez l’homme et la
femme et selon une étude statistique,
que nous avons réalisée, en Algérie,
on retrouve, environ, 50.000 parkinsoniens et dans laquelle on retrouve,
pratiquement, la même proportion.
Combien de malades sont suivis, dans
votre service ?
Chaque semaine, en ce qui me
concerne, je fais une consultation de
vingt patients, dont cinq d’entre-eux
viennent pour le suivi d’une maladie
de Parkinson avec, parfois, un ou deux
nouveaux. Ces malades ne sont pas
hospitalisés, sauf dans le cas où on
suspecte une étiologie, pour réaliser
des examens approfondis.
Un message ?
La maladie est très facile à diagnostiquer et les patients doivent consulter
le plus tôt possible; c’est-à-dire, dès les
premiers symptômes, afin de ralentir
son évolution; car, lorsque le patient
devient rigide et ne peut plus faire de
mouvements, cela entraîne un handicap, qui sera difficile à prendre en
charge.
Je conseille, aussi, aux malades,
qui sont sous traitement, de bien le
suivre et de respecter les prises de
leurs médicaments. Enfin, je dirais
qu’il n’y a aucun problème avec cette
maladie, lorsqu’elle prise en charge
précocement
* Professeur Mustapha Sadi Belouiz,
professeur en neurologie, à l’Hôpital
Ait-Idir (Alger).
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ÉVÈNEMENT
L’allergie oculaire en débat
Par Fortas Nadjia
L’allergie oculaire représente plus de
40% des motifs de consultations, dans
les services d’ophtalmologies, durant
le printemps et plus de 20% durant
l’année, a déclaré le Pr Nouri, chef de
service ophtalmologie au CHU de Beni
Messous, lors d’une rencontre scientifique organisée par le laboratoire Théa,
à Alger.
Regroupant plus de 200 praticiens
spécialistes, cette journée intitulée "du
nouveau dans la prise en charge de
l’allergie oculaire" a été encadrée par
des experts algériens et étrangers, dont
le Pr Bruno Mortemousque, du CHU de
Bordeaux (France), qui a présenté les
avancées thérapeutiques, dans cette
pathologie.
C’est ainsi qu’il évoquera Zalerg, un
produit révolutionnaire qui sera commercialisé, en Algérie, a partir du mois
prochain. Selon le praticien francais, il
s’agit d’un nouveau antihistaminique
multi-bloqueur, sans conservateur, qui
est, vivement, recommandé, pour la
prise en charge des patients.
De son côté, le Dr. Attabi (CHU Mustapha) a présenté des cas cliniques, d’où
il ressort que l’utilisation des produits
sans conservateurs améliorent, sensiblement, l’état de santé des malades…
Les Laboratoires Théa ont été créés par
Henri Chibret, qui appartient à la 4ème
génération d'une dynastie du monde
de l'ophtalmologie.
Au rang de premier groupe pharmaceutique européen indépendant, en
ophtalmologie, Théa est présent dans
plus de 65 pays, dont l’Algérie et regroupe près de 700 collaborateurs,
dans le monde
Groupe Théa
Théa est un laboratoire pharmaceutique indépendant, spécialisé dans la recherche, le développement et la commercialisation de produits, en ophtalmologie.
source www.laboratoires-thea.com
Les Laboratoires Théa ont été créés par Henri Chibret, qui
appartient à la 4ème génération d'une dynastie du monde de
l'ophtalmologie, née au XIXème siècle. Fondés en 1994 à partir
d'une start-up de Recherche et Développement, ces laboratoires ont largement participé aux dernières avancées pharmacologiques, au point de se hisser, en moins de dix ans, au rang
de premier groupe pharmaceutique européen indépendant, en
ophtalmologie. Depuis, 2008, ils sont présidés par Jean-Frédéric CHIBRET (5ème génération), Henri Chibret, demeurant à
la tête de la Holding Théa et se concentrant, désormais, sur la
stratégie scientifique et financière du groupe.
Présents dans plus de 65 pays, en particulier en Europe, en
Afrique subsaharienne, au Maghreb, en Amérique latine et au
Moyen-Orient, ils revendiquent leurs racines auvergnates. Leur
siège social, basé à Clermont-Ferrand, est au cœur d'un réseau,
qui regroupe près de 700 collaborateurs, dans le monde.
1994: Création des Laboratoires Théa.
1995: 1er flacon ABAK®, avec le lancement d'un antiallergique
oculaire.
1996: Création de la 1ère filiale: Laboratorios Théa, en Espagne.
2000: Création de Théa Pharma, en Belgique.
2001: Fusion de Transphyto avec Laboratoires Théa / Création
de Théa Pharma en Suisse et de Laboratoires Théa au Portugal.
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
2002: Acquisition d'un laboratoire d'ophtalmologie italien:
Farmila.
L'acquisition de plusieurs produits à Belpharma renforce la
position de Théa, en Belgique et donne l'accès au marché
hollandais.
2003: Acquisition, au niveau mondial, d'une gamme de produits ophtalmiques de MSD.
2004: Le chiffre d'affaires consolidé atteint 100 M€.
2005: Création d'un réseau de vente, exclusif, en Afrique et
au Maghreb / Création de Théa Pharma, en Allemagne.
2006: Création de Pharm-Supply Théa AG, en Pologne.
2007: Acquisition des Laboratoires Europhta, à Monaco.
2008: Implantation, en Grande Bretagne et en Irlande, avec
la création de la joint-venture Spectrum Théa / Prise de participation dans Sisène, start-up issue de l'INSERM.
2009: Acquisition, au niveau mondial, d'une gamme de produits ophtalmiques de Novartis / Démarrage des opérations
en Russie.
2010: Acquisition du Mydriatique de Carl Zeiss Meditec.
2011: Rachat d'une large gamme de produits de Novartis dans 30 pays européens, ainsi qu'en Turquie, au Canada
et au Mexique / Implantation en Autriche, Turquie et création de la filiale "Nordic" en Suède, couvrant la Scandinavie
et la Finlande
ÉVÈNEMENT
Pr Bruno Mortemousque, à Santé Mag,
On sait que les collyres, à base de conservateur, sont nocifs;
alors, pourquoi continuer à les donner !
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Votre visite en, Algérie,
entre dans le cadre de la formation
continue des médecins, avec les laboratoires Théa. Pourriez-vous nous parler
de cette expérience ?
Pr Bruno Mortemousque: La formation
continue est capitale dans la carrière
d’un médecin, si celui-ci veut exercer,
correctement, son métier. Effectivement, jeune, on apprend beaucoup de
choses à la faculté; mais, lorsque nos
connaissances ne sont pas entretenues
en permanence, on est, très vite, dépassés et le praticien qui n’est pas au fait
des nouvelles avancées médicales, ne
peut répondre, efficacement, aux attentes de ses patients.
Concernant, en l’occurrence, l’initiative
d’aujourd’hui, du laboratoire
THEA, ce n’est pas la première
fois que je fais ce genre d’intervention, avec les laboratoires
Théa. Cette implication est
appréciable. Aussi, je participe
avec un grand plaisir à tous ces
événements de formation médicale continue, organisés par le
laboratoire Théa. Cela est, pour
moi, un plaisir; vu les raisons
que j’ai données tantôt et mon
déplacement, pour ce faire, est,
en tout point, agréable.
Quel est la problématique de
l’allergie oculaire et a-t-elle un
impact sur la qualité de vie du
patient ?
La problématique est énorme,
parce que l’allergie, au sens
large – pas, uniquement,
l’allergie oculaire - est la 4ème
pathologie classée, à l’échelle
mondiale, par l’OMS, de par sa
prévalence. Cela touche jusqu'à
25% des populations, âgées de
moins de 20 ans, dans les pays
industrialisés et pour les moins
de 10 ans, le pourcentage est
plus grand. Concernant, particulièrement, l’allergie oculaire, celle-ci altère
la qualité de vie des patients, du fait
des prurits, de la vision floue qu’elle engendre et d’autres problèmes, tels que
les conjonctivites vernales, les troubles
du sommeil…
Aussi, lorsque le petit malade éprouve
tant de difficultés à ouvrir les yeux, le
matin, sa maman hésite à l’envoyer à
l’école; ce qui provoque, par la suite,
malheureusement, souvent, sa déscolarisation.
Quelles sont les nouveaux médicaments, pour le traitement des conjonctivites allergiques ?
Les nouveaux traitements, pour les
formes purement allergiques d’IgE mé-
diée, sont de types antihistaminiques,
anti H 1 non conservés. Si, par le passé,
on avait des anti-granulant non conservés, les antihistaminiques non conservés faisaient défaut. Aujourd’hui, nous
en possédons et c’est, donc, une grande
avancée.
Concernant les kératocônes conjonctivites allergiques, le progrès réalisé se
situe, surtout, au niveau de la meilleure
compréhension de leurs mécanismes et
par conséquent, d’une meilleure prise
en charge de cette pathologie. Enfin,
la mise au point et l’utilisation de certaines molécules immunosuppressives,
comme les collyres à base de cyclosporine sont, également, d’un apport précieux, dans le traitement. C’est un médicament qui peut être fabriqué dans les
pharmacies centrales, en attendant sa production industrielle,
prête à l’emploi.
Au sujet du traitement, vous
insistez sur l’utilisation des collyres sans conservateur. Quel
est l’impact du conservateur,
sur la surface oculaire ?
Le conservateur a plusieurs
effets nocifs. Il a, directement,
un impact négatif sur le film
lacrymal, car il est composé
de chlorure de benzalkonium,
qui est un savon à l’ammonium
quaternaire. Il va avoir un effet
de dissolution; lequel va dissoudre tout ce qui est lipidique
et donc, le film lacrymal.
Par ailleurs, le conservateur a
un effet toxique et provoque
des nécroses cellulaires sur la
surface oculaire et des mécanismes d’apoptose, ainsi que
des inflammations. Ces phénomènes sont connus depuis
longtemps; aussi, il y a lieu de
ne pas utiliser de conservateur,
étant donné tous les effets
contraires, que je viens de citer.
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ÉVÈNEMENT
Faut-il attendre ces effets, indésirables et néfastes, chez le
patient, pour commencer à prescrire des collyres sans conservateur ?
Je dirais non ! Il ne faut pas attendre qu’on soit malade pour
dire qu’il ne fallait pas prescrire
des médicaments avec conservateurs. Il est important de garder à l’esprit qu’il est capital de
ne pas nuire; c’est primum non
nocere et c’est la première chose
qu’on nous apprend. On sait que
les collyres à base de conservateur sont nocifs; alors, pourquoi
continuer à les donner !
Pour l’heure, il y a deux raisons
qui bloquent l’usage des collyres
sans conservateurs.
Pour certains, le conservateur
va contribuer à la pénétration
du produit et c’est dommage
qu’on puisse penser cela. Pour
d’autres, le conservateur permettrait de stabiliser la molécule
et donc, ces produits sont absolument indispensables.
Or, on vient de le constater, certains laboratoires comme Théa
ont pu modifier et remplacer
la composition du produit, en
évitant, ainsi, le conservateur.
Cependant, il faut dire que le
collyre sans conservateur coûte
plus cher à fabriquer.
Quels sont vos conseils pratiques, pour les patients qui
souffrent d’allergie oculaire ?
Mon
conseils
s’adressent,
d’abord, aux ophtalmologistes
et les allergologues, afin qu’il y
ait une collaboration entre eux,
pour une meilleure identification
de la pathologie et une prise en
charge du patient.
Par ailleurs, lorsqu’on se sait
allergique, il importe de consulter, régulièrement, de manière à
ce que le médecin puisse mieux
encadrer la réaction allergique.
En outre, il est évident que plus
la maladie est traitée précocement, plus les résultats seront
probants et positifs
* Professeur Bruno
Mortemousque,
chef de service d’ophtalmologie,
au CHU de Rennes – France.
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
Pr Nouri Mohamed-Tahar, à Santé Mag,
On se réjouit, donc,
de voir arriver
ces nouveaux collyres
sans conservateurs
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Cette action rentre dans la
formation continue des médecins ophtalmologiques (FMC). Que pourriez-vous
nous dire de cet événement ?
Pr Nouri: La formation médicale continue est une obligation, dans certains
pays. Cela a commencé, d’abord, aux
Etats Unis. On ne peut pas continuer à
exercer, si on ne valide pas un certain
nombre de formations. Chaque année, il
y a des points à valider et ce système est
en train d’être instauré, en France et en
Europe. Aussi, cette formation médicale
continue devrait être obligatoire, pour
les médecins hospitaliers.
Le thème d’aujourd’hui, c’est les allergies
oculaires. Pourriez-vous nous donner un
aperçu sur cette pathologie, en Algérie,
ainsi que son incidence ?
Il y a une transition épidémiologique,
par rapport au thème d’aujourd’hui, que
sont les conjonctivites allergiques. Il y
a une dizaine d’années, voire plus, nous
avions beaucoup de conjonctivites bactériennes. Actuellement, avec les progrès
de l’hygiène, on en retrouve beaucoup
moins. A contrario, les conjonctivites
allergiques sont de plus en plus importantes, pour cause de pollution, qui a
augmenté et on en rencontre de plus en
plus de ces dernières. Si on prend au niveau de l’année, on peut dire que la part
des conjonctivites allergiques est d’environ 20%; mais, dans des périodes particulières, comme celle du printemps, elles
augmentent jusqu'à 40% nos consultations.
Ces conjonctivites sont de différentes
formes. Cela peut être soit un malade qui
vient pour changer ses lunettes, ou faire
un examen du fond de l’œil, car c’est le
diabétologue qui l’a adressé et lors de
l’examen, on découvre qu’il souffre de
petites démangeaisons, de larmoiements. Il a une conjonctivite modérée,
mais d’autres ont une conjonctivite sévère et je veux parler des enfants, notamment. Parfois, ils souffrent de conjonctivite avec complications cornéennes, les
kérato-conjonctivites; ce qui entraîne
une opacité de la cornée, une baisse
visuelle, des démangeaisons et un prurit
important. Ces enfants, alors, ne peuvent
plus regarder la lumière. Ils ne vont pas
à l’école une grande partie de l’année et
donc, il y a un grand problème, dans la
prise en charge de ces enfants.
Y a-t-il une différence d’âge ou de sexe,
par rapport à la reparution de ces allergies oculaires ?
La reparution de ces conjonctivites
allergiques ne fait pas de différence de
sexe, par rapport au pollen, ou à la pollution de l’environnement; mais, on peut
dire que chez les femmes il y a, aussi, le
problème des allergies conjonctivites,
dues au maquillage des yeux.
ÉVÈNEMENT
Celles-ci le savent très bien. Mais, ce
que je voudrais signaler, également,
concernant ces produits de beauté,
c‘est le vernis à ongles.
En effet, lorsque la femme applique
le vernis sur ses ongles, l’allergène est
transporté par l’air et elle peut faire
une conjonctivite allergique, due à ce
produit.
De ce fait, il faudrait analyser toutes
ces situations.
Lors de cet événement, vous avez abordé l’intérêt des collyres sans conservateurs, ainsi que les effets délétères du
conservateur, contenu dans les collyres.
Selon votre longue expérience, en qualité de chef de service d’ophtalmologie
au CHU de Béni-Messous, qu’est-ce que
vous pouvez nous dire de ces effets,
sur la surface oculaire, chez le patient
algérien ?
En matière de collyre, jusqu'à il y a
quelques années, tous les collyres
avaient comme conservateur un produit qui s’appelle Le chlorure de benzalkonium.
Ce produit est très intéressant, car il
permet, aux principes actifs, de rester
actifs pendant un mois et plus. Il est,
en même temps, désinfectant et possède beaucoup de vertus; mais, on s’est
aperçu qu’à forte d’utilisation le benzalkonium, lui-même, pouvait produire des
allergies. Ceci dit, on traite une allergie
avec un collyre lequel, lui-même, est
allergisant.
Il a fallu beaucoup de temps, aux laboratoires, pour élaborer et mettre
à notre disposition des collyres sans
benzalkonium. Nous les voyons, donc,
arriver sur le marché; d’abord, européen puis, heureusement, dans notre
pays, depuis 3 ou 4 ans. Ces produits
sont un peu onéreux, mais ils sont très
intéressants, car très bien tolérés par
les patients. J’ouvre une parenthèse:
en dehors des traitements de conjonctivite allergique, il y a le traitement
du glaucome, qui est une hypertonie
oculaire et peut conduire à la cécité et
jusqu'à présent, tous les collyres contenaient un conservateur. Souvent, alors,
le malade abandonnait son traitement;
car, le produit le gênait (démangeaisons, larmoiements, etc…).
Alors qu’on sait, pertinemment, que
le traitement du glaucome ne doit
pas être suspendu. Il est à vie. On se
réjouit, donc, de voir arriver ces nouveaux collyres sans conservateurs.
Les produits sans conservateurs, mis
sur le marché algérien, présentent un
avantage, dans l’amélioration de qualité de prise en charge thérapeutique
des pathologies oculaires, chez les patients algériens…
Tout à fait. Les produits sans conservateurs, ou avec des conservateurs moins
toxiques, sont beaucoup mieux tolérés
par nos patients.
Puisque le thème de cette rencontre
s’articule autour des conjonctivites
allergiques, je voudrais rajouter qu’à
coté de ces produits, qui sont très intéressants, je voudrais signaler le danger
des corticoïdes. Beaucoup de médecins prescrivent des corticoïdes, pour
des périodes courtes à leurs patients,
qui apportent, en effet, un grand soulagement aux malades; notamment,
lorsque ce sont des enfants. On sait,
cependant, qu’à long terme, les corticoïdes sont très dangereux, par leurs
effets secondaires.
Un enfant traité par corticoïdes, pendant 6 mois ou une année, au bout de
deux ans trois ans, va faire une cataracte et doit se faire opérer, avec tout
ce que cela va entraîner comme conséquences.
L’autre effet secondaire grave, c’est
l’hypertonie-oculaire et au niveau de
notre consultation, à l’hôpital, nous
recevons beaucoup d’enfants que les
parents traitent eux-mêmes, avec des
collyres à base de corticoïdes, délivrés
par les pharmaciens, sans avis d’un
ophtalmologue.
J’insiste sur le fait que le collyre, avec
la cortisone, ne doit être prescrit que
par un spécialiste et en cure courte
* Professeur Nouri Mohamed-Tahar,
chef de service Ophtalmologie, au CHU
de Béni-Messous.
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ÉVÈNEMENT
Dr Amina Abelouahab*, à Santé Mag,
Dans le cas d’un cancer du sein génétique,
la probabilité de développer un cancer
du sein, chez la femme, est de 80%;
contre 10%, dans la population générale
Une altération génétique du gène BRCA1, ou BRCA2, chez une femme, accroît fortement le risque de développer un cancer du
sein, à un âge précoce. Les familles les plus susceptibles d’être atteintes par cette altération présentent une histoire familiale
caractéristique. Dans ce cas - d’un cancer du sein génétique -, une femme. Aussi, la présence de plusieurs cas de cancers du sein,
dans une même famille, la femme a une probabilité de développer un cancer du sein, qui est de 80%; contre 10%, dans la population normale. Le Docteur Amina Abdelouahab revient sur la question.
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Qu’appelle-t-on un cancer
du sein génétique ?
Dr Amina Abdelouahab: Ce qu’il faut
savoir est que tous les cancers sont
des maladies génétiques. Cependant
l’environnement, à savoir: l’exposition
à des doses de radiations ionisantes,
l’hygiène de vie, l’obésité et autres,
sont des facteurs de risque et vont
transformer les gènes. Ces gènes vont
se multiplier d’une façon anarchique
et causer le cancer du sein génétique,
qui est, donc, une maladie du génome.
Cette pathologie du génome, ou de la
cellule, peut être innée, ou acquise.
Ce défaut génétique, ou mutation de
gènes n’est pas seulement du aux facteurs de risques environnementaux;
car, ces derniers ne font que l’induire;
d’où la survenue, à un âge relativement jeune, de ce cancer.
Qu’est ce qu’il ya lieu de faire, lorsqu’un
cancer du sein s’avère génétique, ou
héréditaire ?
Lorsqu’un cancer du sein est détecté,
chez une femme qui a des antécédents;
c'est-à-dire que la mère, la sœur, ou la
tante, ont fait un cancer, la patiente,
ainsi que sa descendance et sa fratrie,
doivent être bien pris en charge et précocement.
Ce qu’il faut, également, dire est que
lorsqu’il existe un cancer du sein, dit génétique, dans la famille, la femme, issue
de cette famille, est dite à risque et a,
donc, une probabilité de développer un
cancer du sein de 80%; contre 10%, pour
la population générale.
Comment savoir si c’est, vraiment, génétique ?
Par une enquête génétique, en reconstituant l’histoire personnelle et familiale
et par la construction génétique de
l'arbre généalogique de la famille; ainsi
que l’estimation de la probabilité de
prédisposition.
Un dépistage génétique consiste à
rechercher, justement, cette mutation
génétique et comment la rechercher. En
effet, depuis 1994, ce test existe chez
nous et nous avons découvert et identifié les gènes BRCA1 et BRCA2, qui sont
responsables. Des tests, élaborés dans
ce sens permettent, donc, de savoir si
la personne est prédisposée à faire un
cancer.
Une fois que la mutation du gène
BRCA1 est confirmée, quelles sont
les mesures à prendre ?
On propose à ces femmes, porteuses d'une altération génétique
de BRCA1, ou BRCA2, une stratégie
de prise en charge, ciblée par une
surveillance spécifique et rapprochée, dès l’âge de 30 ans (consultation, mammographie, échographie,
IRM, une à deux fois par an). Dans le
service d’oncologie génétique, que
je gère, j’ai plus de 800 familles qui
sont suivies et que je revoie chaque
année. Pour ce faire, je demande
une IRM, qui permet de déceler
une lésion et dès qu’on décèle la
moindre tâche, on agit et on commence le traitement et la prise en
charge.
Il s’agit, donc, d’une population ciblée, car l’anomalie génétique est un
facteur à haut risque de développement d’un cancer du sein.
La surveillance génétique du cancer
du sein permet-elle de contrecarrer la
survenue d’un cancer ?
Non, il ne s'agit pas d'une prévention,
puisque la surveillance n'empêche pas
la survenue d'un cancer. Aussi, comme
nous savons, un cancer du sein dépisté, précocement, a de meilleures
chances de guérison
* Docteur Amina Abelouahab,
sénologue, spécialiste de la consultation du cancer génétique, au Centre
Pierre et Marie Curie (CPMC) – Alger.
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ÉVÈNEMENT
Allaitement maternel, croissance
maxillo-faciale et malocclusions
Par le Dr Amel Belkhiri
Aujourd’hui, l’allaitement au biberon
est plus fréquent que l’allaitement au
sein. Le développement du travail des
femmes est, en grande partie, responsable de cet état de fait.
La qualité du lait maternel fait l’objet
de très nombreuses études, reléguant
au second plan l’aspect fonctionnel de
la tétée et les effets sur la croissance
maxillo-faciale du nouveau- né.
A
vec près de 300 litres de lait
consommés au cours de la
première année de vie et un
million de stimuli musculaire,
l’allaitement est un facteur, essentiel, de
la croissance faciale, à une période où
celle-ci présente un potentiel maximum.
Des études ont fait le lien entre troubles
du développement maxillo-facial et
l’allaitement artificiel, dit au biberon.
Ce type d’allaitement garde une place
prépondérante, dans les pays industrialisés, malgré les recommandations
d’organisations internationales, comme
celle de l’OMS. En Mai 2001, l’assemblée générale de l’OMS a recommandé
un allaitement maternel, exclusif, durant
les six premiers mois de la vie et la
poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge
de 2 ans.
Le sevrage précoce entraîne une interruption du développement oral moteur,
générant des troubles de la posture et
nuisant aux fonctions de mastication,
de déglutition, de respiration et du
langage.
RÔLE MORPHOGÉNÉTIQUE DE L’ALLAITEMENT NATUREL
Nous avons vu, plus haut, que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
recommande l’allaitement au sein; mais,
pour la valeur nutritive et immunologique du lait maternel.
Nous proposons une approche de l’aspect fonctionnel de la tétée, beaucoup
moins connu que l’aspect qualitatif.
L’importante activité musculaire et la
synchronisation précise des diverses
fonctions qu’elle requiert, conjuguées à
l’énorme potentiel de croissance de la
période post-natale, confèrent à la tétée
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
un rôle morphogénétique déterminant,
pour le développement du nourrisson.
A la naissance d’un enfant, l’alimentation est la deuxième grande fonction à
se mettre en place, après la respiration.
La fonction succion/déglutition s’est,
déjà, instaurée à la treizième semaine
de la vie intra-utérine.
Le nouveau-né, après avoir reconnu
l’odeur de l’aréole du sein, grâce aux
tubercules de Montgomery, va, littéralement, happer celle-ci. Dans ce geste,
il propulse le couple langue/mandibule en avant, pendant qu’il serre le
tétin avec ses lèvres, démarrant, ainsi,
la lactation.
La succion oblige le nourrisson à respirer par le nez; s’il tente de respirer
par la bouche, le sein lui échappe. On
peut donc penser que l’allaitement au
sein contribue à l’apprentissage de la
ventilation nasale physiologique. Or,
on sait que les habitudes néfastes de
respiration buccale et de déglutition
infantile favorisent les malocclusions
(une malocclusion est une position
anormale des dents).
La tétée nécessite un mouvement complexe, qui met en jeu tous les muscles
de la langue, les propulseurs mandibulaires, les masséters, les orbiculaires des
lèvres et les buccinateurs. Ainsi, l’enfant
va acquérir le tonus nécessaire à une
mastication efficace, à l’arrivée de la
première dentition.
La partie postérieure de la langue, dans
la zone centrale, adopte une forme
concave, permettant de guider le lait
vers le pharynx, évitant le passage du
lait dans la trachée. C’est pourquoi, le
nourrisson qui tète le sein adopte une
déglutition particulière, adaptée aux
mouvements de la tétée.
Il a été constaté que les bébés, nourris
au sein, parviennent à mieux synchroniser les fonctions et ont moins de malocclusions, que les enfants nourris au
biberon.
La tétée au biberon est une fonction
beaucoup moins active que la tétée au
sein. La propulsion du couple languemandibule est plus faible. Les muscles
sont peu sollicités: le lait s’obtient sans
effort; donc, la tétée est réduite.
ÉVÈNEMENT
De plus, elle entraîne une insatisfaction psychologique du nourrisson, qui n’assouvit pas, avec le
biberon, son besoin de téter et
risque de le satisfaire en suçant un
doigt, ou toute autre chose. Or, on
connaît l’influence nocive de telles
habitudes sur la croissance et l’installation de malocclusions.
La tétée au sein prévient, en partie,
ce genre de mauvaises habitudes.
Bien qu’il existe différents types
de tétines, notamment, des tétines
dites physiologiques, aucune tétine n’est capable de reconstituer
l’appareil nutritionnel qu’est le
sein.
En cas de forte utilisation de sucette,
des troubles de langage peuvent
apparaître.
RELATION ENTRE MALOCCLUSIONS ET MODE D’ALLAITEMENT
Certains auteurs ont essayé, au travers d’études épidémiologiques,
de mesurer l’impact du mode
d’allaitement sur le développement des malocclusions. L’étude
qui nous paraît la plus sérieuse est
celle Labbok et Hendershot qui,
dans une population de 15 000
enfants, mets en évidence une réduction de 44% des malocclusions,
chez l’enfant allaité au sein.
Pour ce qui est du type de malocclusions, il est difficile de décrire
une anomalie spécifique de l’allaitement au biberon. Ceci tient au
fait que le sous-développement
oro-facial, qu’il induit, est tridimensionnel. Il semblerait que le
sens antéropostérieur soit plus
affecté; ce qui explique la grande
fréquence de la classe II squelettique (une insuffisance de développement de la mandibule, adoptant
une position reculée, par rapport
au maxillaire) dans les cas d’allaitement, exclusif, au biberon.
L’occlusion inversée (une inversion
des relations dentaires, dans le
sens transversal) a été, également,
observé; sans qu’elle soit, statistiquement, significative.
L’ALLAITEMENT
MATERNEL,
MOYEN DE PRÉVENTION
L’allaitement maternel permet
l’optimisation du développement
maxillo-facial; ce qui ne veut pas
dire qu’il préviendra l’installation
de toute dysmorphose, mais qu’il
donnera au génotype les conditions idéales, pour s’exprimer. Les
dysmorphoses sont le résultat d’un
hypofonctionnement et de l’hérédité. Si on ne peut pas changer
l’hérédité, on peut agir sur l’hypofonctionnement, à travers l’allaitement maternel, la ventilation et la
mastication.
Dès sa naissance, l’enfant acquiert des habitudes alimentaires qui détermineront, dans
une large mesure, l’établissement d’une dentition saine
et fonctionnelle.
Il serait souhaitable que la promotion, systématique, de cette
alimentation, favorable à la santé
bucco-dentaire et au bon développement maxillo-facial - l’allaitement maternel -, fasse partie
de la pratique courante, dans le
public et chez les professionnels
de santé, en sachant qu’en Algérie
moins de 10% des mères allaitent
leurs bébés.
Plus la période d’allaitement,
exclusif, au sein, est longue, plus
les bébés allaités ont une chance
d’avoir un bon développement de
tout le massif facial. Les malocclusions étant moins fréquentes,
les interventions orthodontiques
seront réduites. Vu le coût de tels
traitements, l’allaitement prolongé
au sein maternel devient la prévention, tant sur le plan de la santé
que sur le plan économique
INFO
L'Algérie a réalisé les OMD,
en matière de lutte
contre le paludisme, la
tuberculose et le sida
Le représentant de l'organisation mondiale de
la Santé (OMS), en Algérie, Bah Keita, a salué
les efforts de l'Algérie, en faveur de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD-2000/2015) en matière de lutte
contre le paludisme, la tuberculose et le sida.
Lors d'une journée de sensibilisation, organisée
à l'Institut national de santé publique (INSP-Alger), sous le thème "Harmonisation pour la santé en Afrique", M. Keita s'est félicité des résultats
réalisés par l'Algérie, pour les OMD, en matière
de lutte contre le paludisme, la tuberculose et
le sida. Il a, également, salué les efforts consentis par l'Algérie, en tant que pays émergent, en
matière de lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) à travers, notamment, l'adoption d'un plan national de lutte contre le cancer
(2015-2019) et l'élaboration d'un programme
stratégique de lutte contre les facteurs des maladies cancéreuses. Il a qualifié ces deux plans
"d'engagement de haut niveau", par les autorités algériennes, pour faire face à ces maladies.
Par ailleurs, le représentant de l'OMS a indiqué
que l'organisation préparait une feuille de route;
notamment, pour l'Afrique, rappelant que ces
MNT et les autres maladies contagieuses, auxquelles s'ajoute la pauvreté, "constituent une
charge, pour la région"
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
35
ÉVÈNEMENT
Le laboratoire CIPLA a organisé, en partenariat
avec le laboratoire BIOPHARM,
son premier symposium, en Algérie
Le laboratoire CIPLA a organisé, en partenariat avec le laboratoire BIOPHARM, son premier symposium, en Algérie, le jeudi
16 avril 2015, à l’hôtel Sheraton, Alger.
Par Fortas Nadjia
C
ette rencontre scientifique, qui
a porté sur le traitement de
l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), a regroupé plus de 250
praticiens et a été encadrée par d’éminents orateurs, algériens et étrangers.
Cette occasion a permis de partager les
expériences et évoquer l’utilisation des
produits CIPLA, dans le traitement de
ces deux pathologies chroniques, qui
sont de véritables problèmes de santé
publique.
Selon, les experts algériens, notre pays
compte un million d'asthmatiques et 1
300 000 patients souffrant de la BPCO.
CIPLA est un laboratoire indien, fondé
en 1935. Aujourd’hui, CIPLA est pionnier
dans l’industrie pharmaceutique, en Inde,
avec plus de 30 usines de fabrication
36
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
de matières premières et produits finis,
répondant aux plus hauts standards de
qualité et certifications internationales.
Présent dans 150 pays, dont les USA et
l’Europe, avec 1500 produits, dans 65
aires thérapeutiques, CIPLA compte plus
20 000 collaborateurs, dans le monde,
pour l’accompagner dans sa mission, au
service des patients, depuis plus de 75
ans.
En Algérie, Cipla commercialise, déjà,
plusieurs médicaments dans le traitement de plusieurs pathologies, en plus
de l’asthme. Le laboratoire Cipla a permis
de traiter, également, plusieurs patients
atteints de cancer et de HIV.
Le laboratoire CIPLA projette de se lancer dans la fabrication, en Algérie, des
produits respiratoires, en partenariat
avec le laboratoire national Biopharm
38
39
ÉVÈNEMENT
Promotion du dépistage précoce et pluridisciplinaire
des troubles du nouveau-né:
Le ministère de la Santé s’engage
à la création d'une unité polyvalente
Le 30 mars 2015, les partenaires, que sont la Fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH), l'Association de solidarité internationale (Santé Sud) et la Fondation Sanofi Espoir, ont tenu une conférence de presse commune, au centre commercial
El Hamma à Alger, dans le cadre de la clôture du projet pilote, intitulé: Promotion du dépistage précoce et pluridisciplinaire
des troubles du petit enfant, à Alger et Blida.
Par Tanina Ait
C
es institutions ont rendu
compte de leur actions au
cours des six dernières années
et qui se sont soldées par des
résultats probants et fort intéressants,
lorsqu'on sait, qu'en l'occurrence et
d'après les données épidémiologiques,
35 000 enfants naissent, en Algérie,
chaque année, avec un handicap, en
raison de l'absence de diagnostic précoce et qu’on ne peut que reconnaître
les bonnes performances de ces institutions; à savoir:
50% d'augmentation du repérage
des troubles des nouveau-nés,
30% de diminution des asphyxies
néonatales,
710 professionnels de la petite enfance formés, incluant des professionnels de PMI (centres de Protection maternelle et infantile), EPSP
(Etablissements publics de santé de
proximité), CHG, maternités privées,
CHU d'Alger et Blida,
13 structures sanitaires mises en réseau,
L'engagement du ministère de la
Santé d'adopter une stratégie de
création d'une unité polyvalente de
dépistage, de prévention et de prise
en charge précoce des nouveaux nés
à risque, de 0 à 3ans.
Ceci étant, ces résultats augurent,
par ailleurs, des perspectives encourageantes; d'autant que le ministère
va apporter, à nouveau, tout son soutien, pour l'élargissement de ces performances à l'ensemble du territoire
national. Par conséquent et concernant
les objectifs, il est annoncé, dans un
premier temps, la création d'une unité
polyvalente de dépistage et de prise
en charge précoce des nouveaux nés à
40
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
risque, adossée au service de pédiatrie
du CHU de Béni-Messous, à Alger et
en fonction des bilans qui seront établis, on passera, alors, au lancement de
structures autonomes, à Alger d'abord;
puis, au fur et à mesure, ce processus
sera développé à travers tout le pays.
De telles structures permettront, sans
aucun doute, une prise en charge optimale de ces enfants; car, à l'évidence,
un diagnostic précoce et un prise en
charge idoine éviteront le handicap et
donc, faciliteront une insertion sociale
à moindre coût et des plus harmonieuses, mettant fin, aussi, à l'errance
du malade et de sa famille d'un centre
hospitalier à l'autre, sans aucun résultat; car, ces structures ne sont pas préparées, pour recevoir de tels patients.
C'est, donc, sur une note optimiste
qu'a pris fin cette rencontre-bilan
avec la presse
ÉVÈNEMENT
Pr Abdenour Laraba*, à Santé Mag,
Le projet porte, essentiellement,
sur la prévention du handicap
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Quel est l’objectif de cette
rencontre ?
Pr Abdenour Laraba: C’est un projet
que nous avons lancé depuis deux ans
et il porte, essentiellement, sur la prévention du handicap. Comment procéder, par conséquent, pour que le handicap, à la naissance, ne se réalise pas.
Pour ce faire, une prise de conscience,
de tout un chacun, des possibilités de
prévention, est nécessaire et celles-ci
doivent être mises en œuvre obligatoirement. Comme nous le savons, ici en
Algérie, l’une des premières causes du
handicap, chez l’enfant, c’est l’asphyxie
néo-natale. Cela veut dire, donc, qu’il
y a beaucoup de choses à faire, dans
ce sens et qu’on peut parvenir, en un
temps très court, si on prend en charge
ce problème, à éviter des centaines;
voire, des milliers d’handicaps.
Des nouveaux nés qui vont manquer
d’oxygène, à la naissance, vont présenter une infirmité motrice, qui est
une infirmité très grave. A partir de
cette constatation, nous avons élaboré des programmes de formation et
aujourd’hui, nous voulons faire le point,
sur ce projet.
Quel en est le constat, plus précisément?
Le constat établi permet, effectivement,
de faire ressortir que beaucoup de
choses intéressantes ont été réalisées;
comme, par exemple, la sensibilisation
et la formation du personnel soignant
à tous les niveaux, sur l’impact du handicap, dans sa dimension humaine; plus
précisément, au double plan de l’affect
et de l’intellect sur l’enfant, d’une part
et sur le quotidien de la famille, d’autre
part et ce, dès l’annonce du diagnostic
et les mesures d’accompagnement, qui
s’imposent.
La prise de conscience de cette dimension humaine est, donc, effective…
Incontestablement,
la
prise
de
42
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
conscience de cette dimension humaine
est apparente; notamment, dans mon
service et ceci est renforcé à l’endroit
des mamans par des moyens de communication, telles que les affiches publicitaires, pour alerter sur les premiers
signes d’anomalies, qui pourraient apparaître chez leur enfant, au cours de
leur développement, pour qu’elles en
parlent aux pédiatres.
Encore une fois, une anomalie, traitée
à ses débuts, permet d’éviter qu’un
handicap ne se réalise. En tout état de
cause, j’ai noté, chez mes résidents,
une satisfaction, quant au programme
de sensibilisation et de formation; en
l’occurrence.
Une fois l’anomalie détectée, la prise en
charge est elle efficiente?
A ce propos, ce que nous souhaitons,
vivement, c’est la création d’un centre
pluridisciplinaire, pour une prise en
charge optimale de cet enfant.
ÉVÈNEMENT
Ce centre aura une double vocation;
à savoir, la formation spécifique du
personnel soignant et les soins à
prodiguer, dans un même temps. Ce
centre-pilote, situé à Alger, servira,
alors, de référence aux structures
analogues, à créer à travers tout le
territoire national; c'est-à-dire, dans
chaque wilaya, voire chaque daïra.
Ceci, donc, évitera l’errance des parents, d’un centre à un autre.
C’est notre objectif et nous avons
des promesses du ministère, pour
cela.
Qu’est-ce que, selon vous, une politique de prise en charge efficiente ?
Justement, ce type de centre, dont
je vous parle, permettra une bonne
prise en charge de l’enfant handicapé et facilitera, par là même, son
insertion dans la société.
Ainsi, cet enfant, diminué physiquement, ou mentalement, deviendra
un citoyen à part entière et aura sa
place dans notre pays. Pour cela,
quant à nous, nous avons la volonté
bien chevillée au corps et l’engagement des autorités étant renouvelé, espérons qu’aucun obstacle ne
viendra contrarier l’atteinte de cet
objectif.
Un message….
Je félicite les deux grandes dames
que sont le Dr Karima Yacef et Mme
El-Maamri Atika, pour leur parcours
semé d’embuches. Ce sont les vraies
animatrices du projet. Quant à moi,
je les ai suivies dans ce combat, en
participant à toutes les réunions
d’étapes et j’ai eu à constater combien est forte leur volonté d’agir qui,
du reste, est très communicative.
Cette volonté est d’autant plus
grande chez elles, car «ne ressent
la douleur de la brûlure de la braise
que celui qui marche dessus». Or, je
voudrais qu’on ressente cette brûlure, sans avoir marché sur la braise.
Ceci est mon appel, en direction
surtout des autorités, bien évidemment, qui ont la possibilité de faire
évoluer les choses.
Au demeurant, la feuille de route a
été établie et la promesse a été faite,
par le ministère, de nous aider. Il ne
reste plus qu’à passer à la concrétisation de notre projet
* Professeur Abdenour Laraba,
Chef du service de pédiatrie,
Hôpital Maillot (Alger).
Mme Nicole Hanssen*, à Santé Mag,
Sensibiliser tous les professionnels
de la santé, qui travaillent
autour de la périnatalité
Par Tanina Ait
Santé Mag: Mme Nicole Hanssen, où en
est-on du projet du dépistage précoce
des troubles du nouveau-né ?
Mme Nicole Hanssen: Il y a lieu de préciser, tout d’abord, que le projet n’a pas
duré deux ans; mais, six ans et s’est déroulé en deux phases de trois ans chacune. Au demeurant, nous avons réussi
à sensibiliser tous les professionnels
de la santé , qui travaillent autour de la
périnatalité; à savoir: les gynécologues
obstétriciens, les pédiatres, les sagesfemmes, les puéricultrices; c'est-à-dire,
tout le personnel médical des centres
hospitaliers et de protection maternelle
et infantile (PMI) à l’importance capitale de la collaboration entre métiers,
afin d’assurer un bon déroulement de la
grossesse et de l’accouchement; ce qui
permettrait, à l’enfant, de naître dans
de bonnes conditions.
Cette veille sur la grossesse autorise
la détection, dès le début du travail de
l’accouchement, des signes éventuels
de détresse de l’enfant, pour qu’on
puisse agir immédiatement et prévenir, au mieux, un accident; comme, par
exemple, une asphyxie néonatale représentant un réel handicap du nouveauné. Cette intervention immédiate évite
à l’enfant d’être handicapé à vie.
Il est question, à cet effet, de la création
de centres-référents. Qu’en est-il ?
Effectivement, dans le cadre de ce projet, nous souhaitons, vivement, la création d’un tel centre, dans un premier
temps à Alger. Ce sera un centre pluri-
disciplinaire de dépistage des troubles
du nouveau-né. Un centre-pilote qui
aura pour vocation, à la fois, la formation des personnels médical et paramédical, en matière de prévention.
Dans un deuxième temps, nous envisageons l’essaimage d’une telle structure
à travers toute l’Algérie, afin d’éviter
aux petits malades et à leurs familles
de passer d’un service à l’autre, sans
résultats, souvent.
Ceci dit, nous avons présenté au ministère de la Santé publique une première
mouture, quant à l’objet et nous avons
reçu, de sa part, un écho favorable.
Concrètement, comment atteindre cet
objectif ?
En l’occurrence, nous voulons, à travers
notre démarche, apporter la preuve
tangible des résultats positifs que nous
escomptons. Aussi, nous proposons,
comme mesure transitoire, la création d’une structure pluridisciplinaire
de prévention et de dépistage des
troubles du nouveau-né adossée à un
service de pédiatrie; probablement,
Beni-Messous.
Les résultats obtenus, à titre expérimental, serviront, aussi, de base au
lancement d’un centre de référence,
proprement dit. A ce moment-là, on
pourra mettre en place un centre de référence national, sur Alger et à travers
tout le territoire
* Madame Nicole Hanssen,
directrice de l’association Santé Sud
(France).
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
43
ÉVÈNEMENT
Mme Caty Forget *, à Santé Mag,
Notre mission est de faire du droit à
la santé une réalité mieux partagée,
pour le plus grand nombre
de personnes
Propos recueillis par Tanina Ait
et hors France, au travers de programmes-pilotes de couverture santé.
Au-delà de sa réponse aux urgences
humanitaires, la Fondation Sanofi
Espoir contribue à agir sur les principaux leviers, en matière d’éducation et
de prévention, de formation et d’accès
aux soins. Privilégiant une approche
de terrain et des partenariats inscrits
dans la durée, ses programmes visent,
tous, à renforcer les systèmes de santé
des pays dans lesquels elle intervient
et à créer des synergies à plus grande
échelle. Toutes ces actions sont menées en adéquation avec les Objectifs
du Millénaire pour le Développement;
en particulier, ceux relatifs à la lutte
contre la pauvreté, à la lutte contre les
maladies, et à la réduction de la mortalité maternelle et infantile, qui sont
ceux qui accusent le plus de retard.
Par notre engagement de long terme,
nous espérons, ainsi, contribuer à améliorer la vie et la santé de tous ceux qui
comptent sur nous.
Santé Mag: Pourriez-vous nous présenter votre fondation «Sanofi Espoir»,
dans ses grandes lignes?
Caty Forget: Le Groupe Sanofi a créé la
Fondation Sanofi Espoir, pour renforcer
son engagement de solidarité internationale et le rendre plus lisible, pour
l’ensemble de ses parties prenantes,
dans le cadre de sa stratégie de responsabilité sociétale.
La mission de notre Fondation est de
contribuer à réduire les inégalités en
santé et la pauvreté auprès des populations les plus démunies. Près de 2,5
milliards de personnes; soit, plus d’un
tiers de la population mondiale, n’ont
44
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
toujours pas accès aux soins de base.
Nous avons la responsabilité de contribuer à réduire ces inégalités, car la
santé n’est pas, seulement, un droit
fondamental de l’être humain. Elle représente, pour les populations, notamment les plus défavorisées, un enjeu
majeur de développement et de justice
sociale.
Nous avons centré notre action autour
de 3 enjeux, insuffisamment pris en
compte: la lutte contre les cancers des
enfants dans les pays à faibles revenus,
la réduction de la mortalité maternelle
et néonatale, qui grève le développement de nombreux pays et l’accès aux
soins des plus précaires, en France
Quel est le lien, précisément, entre
votre fondation et l'association Santé
Sud?
Notre mission, dans le cadre de notre
Fondation, est de faire du droit à la
santé une réalité mieux partagée, pour
le plus grand nombre de personnes;
notamment, pour les plus vulnérables,
car les inégalités ont tendance à se
creuser entre pays; voire, à l’intérieur
d’un même pays.
Avec Santé Sud, nous partageons la
même philosophie d’action, qui se résume par «agir sans remplacer», pour
améliorer plus durablement l’accès à
la santé et renforcer l’autonomie des
acteurs locaux.
ÉVÈNEMENT
Nous avons, ensemble, la même volonté d’améliorer la santé de la mère
et celle du nouveau-né qui sont, étroitement, liées. Chaque année, 350 000
femmes meurent des complications,
liées à leur grossesse, ou leur accouchement et 2 millions de nouveau-nés
meurent dans les 24 heures de leur
existence. Pourtant, la plupart de ces
décès pourraient être évités. Cette
réduction de la mortalité maternelle et
néonatale, cette lutte contre des complications évitables sont au cœur des
partenariats que nous avons noué avec
Santé Sud, au fil des années, en Mongolie, en Mauritanie et en 2007, au Liban,
programme qui s’est, ensuite, élargi en
2009, à la Tunisie et à l'Algérie, pour
promouvoir les droits des personnes en
situation de handicap mental, en Méditerranée.
En 2012, je suis venue dialoguer avec
tous les acteurs, lors d’une grande rencontre organisée à Marseille. Devant les
premiers résultats obtenus et la motivation, sans faille, des acteurs du projet algérien, j’ai été convaincue que ce
maillage, qui commençait à s'organiser
entre les équipes hospitalières et la
Fédération de personnes handicapées,
devait être soutenu tant il était essentiel, pour améliorer la prévention, le dépistage et la prise en charge, le plus tôt
possible, des troubles du nouveau-né.
Que peut-on conclure des travaux de la
journée du 30 mars 2015?
Un pas très important a été franchi,
grâce à cette alliance – inédite - entre
professionnels de santé, Fédération de
personnes handicapées, ONG et Fondation. Tous ces acteurs de la société
civile, mobilisés ensemble, ont fait la
démonstration qu’en mettant en place
une approche pluridisciplinaire, qui
n’existait pas, jusqu’à présent, en Algérie, autour de la périnatalité, apportaient des résultats importants.
Quand on sait qu’en Algérie, la mortalité périnatale constitue l’une des premières causes de mortalité, après les
maladies cardiovasculaires, les résultats de ce programme-pilote montrent
que grâce, notamment, à la formation
de 710 professionnels de la petite enfance, à la mise en réseau de 13 structures sanitaires d’Alger et de Blida
et à la sensibilisation des familles, le
taux d’augmentation du repérage des
troubles des nouveau-nés ont considérablement augmenté et le taux d’asphyxies néonatales, causes de défaillances organiques, d’encéphalopathies,
ou encore, de séquelles neurologiques,
avec les conséquences que l’on imagine, pour les familles, ont déjà, nettement, diminué.
Les changements prennent, toujours,
du temps; mais, des signes très encourageants et je pense, irréversibles, de
modifications de comportement et de
pratiques sont, déjà, constatés. C’est
un grand pas en avant, pour toutes les
familles et la société algérienne.
Fort de ces constats très encourageants, nous appelons, de tous de nos
vœux, la tenue d’une prochaine rencontre avec les autorités algériennes,
pour concrétiser la mise en place de la
première unité de vie-pilote et pluridisciplinaire, en Algérie, qui devrait être
accueillie au sein de l’hôpital de BéniMessous
* Caty Forget,
déléguée générale de la Fondation
Sanofi Espoir.
Dr. Jaume Tort Bardolet *, à Santé Mag,
La coordination des équipes de l'hôpital, avec
l'équipe de l’OCATT, permet de gérer tous les
dons et transplantations, tout le long de l’année
Santé Mag: Vous êtes directeur de l'Organisation catalane de transplantation
d'organes. Comment cette pratique se
réalise-t-elle, chez vous?
Mr Tort Jaume: Tout d'abord, il faut
remarquer que toute l'organisation
repose sur l'existence d'une Unité de
Coordination, dans chaque hôpital du
réseau. Ce sont de petites équipes multidisciplinaires dirigées, généralement,
par des médecins en soins intensifs, qui
réalisent le dépistage des donneurs, les
entretiens avec les familles et gèrent
l'ensemble du processus de prélèvement. Ces équipes sont une des clés,
pour le succès du modèle.
Deuxièmement, l’OCATT est l’organisme
qui gère les listes d'attente de greffes et
qui décide de la répartition et l’attribution des greffons.
L’OCATT est, également, responsable
de l'organisation de la logistique des
équipes mobiles et fait les prélèvements
dans les hôpitaux qui ne réalisent pas
des transplantations d'organes. La coordination des équipes de l'hôpital, avec
l'équipe de l’OCATT, permet de gérer
tous les dons et transplantations, 24
heures sur 24 et tout le long de l’année.
Ainsi, en cas d’impossibilité à trouver un
malade compatible, dans un hôpital de
la Catalogne, alors l'organe est offert à
l'Organisation Espagnole (ONT) et vice
versa.
Il importe de noter, en tout état de
cause, que les receveurs pédiatriques
ont la priorité sur les adultes.
Quels est le nombre de greffes que vous
réalisez à partir du cadavre?
Le tableau des statistiques se présente
comme suit:
En Catalogne, pour l’année 2014, il y a
eu 143 donneurs de rein, lors de mort
encéphalique; soit, 44, 1% de l’ensemble
des donneurs et 29; soit, 8,4% après
arrêt cardiaque.
A partir de donneurs vivants on a enregistré 165 donneurs; soit, 47, 6%.
Concernant les prélèvements sur cadavre, toujours, pour la même année,
nous avons greffé 439, dont 345 en
Catalogne et le reste venant d’autres
régions d’Espagne.
Toutefois, la demande reste assez
forte et la liste d’attente s’élève à 1000
malades
* Dr Jaume Tort i Bardolet,
director, Organització Catalana de
Transplantaments (OCATT) Servei
Català de la Salut (CatSalut).
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
45
ÉVÈNEMENT
Dr Paul Benos*, à Santé Mag,
La prévention du handicap
du nouveau-né passe
par une synergie pluridisciplinaire
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Pouvez-vous, docteur, vous
présenter, avant d’entrer dans le vif du
sujet de la rencontre d’aujourd’hui?
Dr Paul Benos: Je suis le directeur de l’association Santé Sud, qui est partenaire
du projet de la «Promotion du dépistage
pluridisciplinaire des troubles du nouveau-né», avec la Fédération algérienne
des personnes handicapées (FAPH), sur
un financement de la fondation Sanofi
Espoir. Santé Sud est une Association
de solidarité internationale, qui œuvre à
l’amélioration de la santé des plus vulnérables, en renforçant les compétences
locales. Son objectif consiste à faciliter
l’amélioration, ou la mise en place de
structures durables, appropriées aux
ressources humaines, économiques et
techniques de ces régions, en agissant à
partir de projets concertés, qui laissent
la maîtrise des choix aux acteurs locaux.
Pour revenir à la rencontre scientifique
tenue le 7 mars 2015, à Alger, je dirais
qu’elle est particulièrement importante,
parce que c’est une journée de bilans.
Qu’avons-nous fait ? Où en sommesnous ? Quelle évaluation pourrions-nous
faire ? Ne serait ce que pour construire
46
Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
un avenir meilleur à ces nouveau-nés.
A ce propos, quel est le constat que vous
faites, aujourd’hui et concernant les asphyxies néonatales, en Algérie ?
Le premier constat, qu’il fallait faire, est
de savoir si le problème des asphyxies
néonatales existe, en Algérie?
La réponse est oui et à des taux importants! L’important à noter est, surtout,
qu’une bonne partie de ces accidents
sont évitables, par l’obligation de prévention dès la grossesse et au moment
de l’accouchement, où peuvent se
construire des pathologies neurologiques, qui vont emmener des handicapes à vie.
Ainsi, au moment de l’accouchement, il
existe des gestes qui sauvent.
A la lumière de ce qui précède, la pédiatrie néonatale, science assez récente,
devient, donc, une spécialité à part
entière et n’est plus une spécialité de la
petite enfance. Aussi, «Santé Sud», dans
ses formations, à dépêché des pédiatres
formés en néonatalogie; ceci est, alors,
le deuxième constat.
Le troisième constat, tout aussi important, se situe au niveau psychologique
et pédopsychiatrique. A cet effet, nous
avons constaté, chez certaines mamans,
surtout en l’absence du père, une double
angoisse:
le fait d’apprendre que son enfant est
handicapé,
la peur de l’annoncer, par la suite, à
son mari, ou à sa famille, au risque d’être
stigmatisée "moi, maman, j’ai fait un
enfant handicapé".
Ainsi, c’est pour alléger cette souffrance,
due à la culpabilité, que des pédiatres
et des pédopsychiatres ont été formés,
également, à ce niveau.
Au demeurant, Il fallait, donc, faire le
point, pour voir combien de personnes
ont été formés et sensibilisés ?
Après ce constat, quelles sont les perspectives ?
Les perspectives, après ce constat, est
d’avoir un centre de référence; car, c’est
bien de dépister l’enfant précocement;
mais, après, se pose tout le problème
de la prise en charge, comme l’évoquait
madame Karima Yacef.
La création d’un centre de référence permettrait, effectivement, d’éviter des déplacements, aussi onéreux que pénibles,
ÉVÈNEMENT
pour la famille et l’enfant. L’idée est de
regrouper sur un centre pilote interdisciplinaire, sur le mode de ce qu’on
appelle, en France, un centre d'action
médico-sociale précoce, ou CAMSP, où
un certain nombre de prestations sont
dispensées par des rééducateurs, des
pédiatres, bien évidemment, souvent
chefs de services, des orthophonistes,
des pédo-psychologues… pour une
prise en charge globale de ces enfants.
L’important, dans le dépistage précoce, est que plus un enfant est pris
en charge précocement, moins les
séquelles du handicap se présenteront.
Comment, selon vous, lancer la prise
en charge précoce, dans le cas d’un
enfant handicapé ?
Une fois cette sensibilisation faite,
il faut, dans un deuxième temps,
construire la prise en charge qui,
semble-t-il, est en bonne voie et qu’il
faudrait, peut-être, élargir et approfondir. Ceci a été un des thèmes fondamentaux de cette journée. En outre,
le rôle de la sage-femme a été, également, étudié; elle qui est en première
ligne dans ce dispositif de l’accueil de
ces mamans; voire, de l’annonce, parce
que, par moment, c’est cette personne
qui doit annoncer, éventuellement, un
handicap. Donc, son intégration, dans
cette formation, est nécessaire.
Nous préconisons, par conséquent,
une approche globale de la prise en
charge, où tous les spécialistes interviennent, de conserve.
Par ailleurs, nous avons, en France,
des visites en pédiatrie avant la naissance. Ainsi, c’est toujours plus facile à
la famille de savoir qu’un pédiatre sera
au courant du handicap de l’enfant et
que la maman ne sera pas abandonnée à son sort et qu’il y aura un certain nombre de solutions à mettre en
œuvre très tôt.
Cette approche existe en France et
l’idée serait de la transmettre à l’Algérie; d’autant que les compétences, en
l’occurrence, sont excellentes dans
votre pays, où il reste à améliorer,
néanmoins, l’interdisciplinarité; notamment, le lien pédiatres/obstétriciens.
C’est cette autre expérience que nous
souhaitons transmettre et c’est ce que
nous avons fait, à travers les différentes
formations
* Docteur Paul Benos,
gynécologue obstétricien au CHRU de
Montpelier. Président de l’association
Santé Sud.
INFO
DMLA:
Un espoir, pour les patients résistants
au traitement standard
Les maladies vaso-prolifératives
oculaires, comme la DMLA, sont responsables de la perte de la vision. Or,
aujourd’hui, de nombreux patients ne
répondent pas au traitement standard
de ces affections. Un travail francoaméricain vient de mettre au jour une
nouvelle cible thérapeutique, potentiellement intéressante.
tains patients sont, ou deviennent, résistants à ces thérapies anti-VEGF.
C’est pourquoi l’équipe, dirigée par
Alain Chédotal (INSERM/CNRS/Université Pierre et Marie Curie), en association avec des chercheurs du Centre
de recherche cardiovasculaire de l’Université de Yale (Etats-Unis), se sont intéressés à l’identification de nouveaux
facteurs, impliqués dans le processus
es maladies vaso-prolifératives de croissance vasculaire. Ils se sont,
oculaires sont la cause princi- particulièrement, penchés sur une propale de cécité, dans les pays in- téine appelée Slit2.
dustrialisés. La dégénérescence Dans un modèle animal (souris), les
maculaire, liée à l’âge (DMLA), la réti- scientifiques ont inactivé cette pronopathie diabétique et la rétinopathie téine. Ils ont, alors, observé que la
du prématuré sont caractérisées par ramification des vaisseaux rétiniens
une atteinte, progressive, de la rétine.
et leur croissance étaient sévèrement
Cette zone de l’œil réceptionne l’infor- réduites. «Le succès de ces premières
mation visuelle et la transmet au cer- expériences nous a laissé espérer
veau. Cette altération est provoquée que le contrôle de Slit2 bloquerait le
par une croissance anormale des vais- développement anarchique des vaisseaux sanguins, dans la rétine.
seaux, dans les pathologies oculaires»,
Ce processus met en jeu plusieurs indique Alain Chédotal. Son équipe
protéines, nécessaires
a, donc, reproduit le test,
au
développement
dans un modèle animal de
normal, ou patholorétinopathie du prématuré.
gique, des vaisseaux.
Comme ils l’avaient suspecté,
L’action du facteur de
l’absence de la protéine Slit2
croissance vasculaire
prévient la vascularisation
endothéliale
(VEGF)
anormale de la rétine, chez
est déterminante, dans
ces jeunes souris. Les théraces troubles oculaires.
pies ciblant, donc, Slit2 pourLes traitements disraient, ainsi, être bénéfiques,
ponibles, aujourd’hui,
pour les patients résistants
visent à bloquer son
aux traitements classiques
action. Problème, cerAlain CHEDOTAL anti-VEGF
L
N°39 - Avril 2015 Santé-MAG
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ÉVÈNEMENT
Dr Karima Yacef, à Santé Mag,
35000 enfants naissent, en Algérie,
chaque année, avec un handicap
Le 30 mars 2015, les partenaires, que sont la Fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH), l'Association de solidarité internationale (Santé Sud) et la Fondation Sanofi Espoir, ont tenu une conférence de presse commune, au centre commercial
El Hamma à Alger, dans le cadre de la clôture du projet pilote, intitulé: Promotion du dépistage précoce et pluridisciplinaire des
troubles du petit enfant, à Alger et Blida.
Par Tanina Ait
A
l’ouverture de ces travaux, le
Dr Karima Yacef, vice-présidente de la Fédération algérienne des personnes handicapées, a mis l’accent sur le programme
lancé par son association, en partenariat avec Santé Sud et la fondation Sanofi Espoir, qui ont pour objectif général de réduire le risque de survenue du
handicap avéré et plus spécifiquement,
de consolider la sensibilisation au dépistage précoce et pluridisciplinaire des
troubles de la petite enfance, de 0 à 3
ans.
Il s’agit, également, selon l’intervenante, de faire en sorte, qu’à l’annonce
du diagnostic, de veiller à renforcer
l’accompagnement des familles, par
les professionnels de la santé. Pour ce
faire, il a été, d’abord, procédé à la sensibilisation des corps médical et paramédical, dans une premier étape, aux
pratiques pluridisciplinaires, afin d’optimiser la prévention et la prise en charge
des nouveaux nés, sujets à développer
un handicap.
C’est dans cette esprit, justement, que
le projet y afférent a été mis en route,
comme expérience-pilote, à Alger et
Blida, dira Madame Karima Yacef, qui
a confirmé, par la même, l’engagement
du ministère de la Santé, de la population et la réforme hospitalière, ainsi
que celui du ministère de la Solidarité
nationale, de la famille et de la condition féminine, d’aider au renforcement
de cette expérience à travers tout le
territoire national.
En l’occurrence, madame Yacef a tenu
à remercier le Pr ARRIDI, membre du
comité de pilotage, pour son soutien et
son rôle dans la formalisation du projet.
Aussi, il est proposé, par les partenaires
de cette mission, la création d’une
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Santé-MAG
N°39 - Avril 2015
structure-pilote pluridisciplinaire, adossée aux services de pédiatrie du CHU
de Beni-Messous. Par la suite et à la lumière des résultats obtenus, il sera créé
des centres autonomes de prévention
et de traitement, dans tout le pays.
Dans cette ordre d’idées, le Dr Karima
Yacef a rappelé que son équipe a déjà
mené une enquête de faisabilité de
telles structures d’accueil, afin d’éviter,
à l’avenir, la prise en charge de ces enfants dans des services d’adultes; d’ailleurs, souvent, mal préparés, pour cela.
En outre, la conférencière a mentionné
que les familles sont ballotées d’un service à un autre, à Beni-Messous, pour
une séance d’orthophonie; à l’hôpital
Mustapha, pour la kinésithérapie; à
Tixesraïne, pour une séance d’ergothérapie, faisant que la prise en charge
est morcelée, disparate et sans efficacité avérée. C’est pourquoi, plaide-telle pour des centres pluridisciplinaires,
répondant aux normes exigées par les
professionnels eux-mêmes, qui savent,
pertinemment que, sans la création de
tels centres, aucun progrès ne peut être
réalisé dans le traitement de la maladie.
Bien au contraire, ces enfants risquent
de régresser. Il importe de mettre, donc,
en place des référents, en l’absence
desquelles le professionnel, de surcroît, se sent dévalorisé et impuissant;
car, sachant que son travail est voué à
l’échec, malgré ses efforts
* Karima Yacef,
docteur en pharmacie. Vice-présidente
de la Fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH).