parution hiver 2015 - Les Amis de St-Benoît

Publié par Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac inc.
Hiver 2015
No 125
3$
INCLUS DANS
LA COTISATION
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
Mot de la présidente
Mot de l’animateur spirituel
Un espoir inscrit
dans la nature et en nous
Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac
Saint-Benoît-du-Lac (Québec) J0B 2M0
Tél. : 819-843-4080 Fax : 819-868-1861
Courriel : secretar@amis-st-benoit.qc.ca
Site Internet : http://amissbl.weebly.com/
--------------------Présidente générale
Monique Bourassa
DOM DOMINIQUE MINIER O.S.B.
conseiller monastique
Déjà les jours s’allongent,
l’obscurité de l’année terminée laisse la place à plus
de lumière. Nous le savions
pourtant. Il n’y a rien de plus
sûr que le retour des saisons.
Mais notre être physique est
solidaire de ces mouvements de la nature et nous en ressentons les effets.
2
Beaucoup de personnes pourtant y portent plus ou moins
attention, occupées qu’elles sont à beaucoup de choses,
bousculées par tous les évènements de la vie, sans compter
toutes les distractions et la diversité qu’on croit devoir y
ajouter.
Comment expliquer autrement l’oubli dans lequel nous vivons concernant la marche de notre existence.Toute notre
vie terrestre est en fait un automne plus ou moins long,
comme une fin d’année où la lumière, pour nous, aussi va
en diminuant et où notre force vitale s’épuise peu à peu. Et
nous avançons de façon inéluctable vers un resserrement
où l’on passe seulement un à la fois, si bien et à tel point que
plus rien de matériel n’y passera.
Face à cette réalité, de plus en plus nombreux sont ceux,
même proches de nous, qui préfèrent se convaincre que
tout finira dans cette obscurité.Tout le langage de la nature
pourtant, et notre être profond, nous disent qu’une saison
nouvelle s’annonce. Or cet espoir s’inscrit dans l’univers
matériel et dans notre être personnel, dans la conscience
que nous avons de nous-mêmes. La continuité de nousmêmes et la conscience intime que nous en avons, tout
En couverture...
Photographies:
Dom Jacques Côté
Photo de la 4e de couverture:
statue de saint Joseph dans le cloître
Vice-présidents
Yvan Cloutier
André Drouin
cela nous dit qu’à cette nuit de fin de vie succèdera un jour
nouveau pour ceux qui portent jusqu’à la fin cette espérance.
Or cet espoir inscrit en nous, la foi chrétienne nous invite
à en trouver l’accomplissement, la plénitude et le dépassement dans l’être historique de Jésus dont nous avons célébré la naissance et que Noël nous a présenté de nouveau
comme la lumière du monde, lumière sans déclin, vie nouvelle qui progressera sans fin.
À tous nos Amis et à leurs familles, je souhaite que cette
année nouvelle 2015 se déroule dans la lumière de cette
espérance chrétienne.
SOMMAIRE – No 125
Mot de l’animateur spirituel...................................... 2
Mot de la présidente................................................... 3
Chronique de l’Abbaye............................................4-6
Départ de Soeur Céline............................................. 6
Fête de saint Benoît..................................................7-9
Funérailles Frère Morin...................................... 10-11
Funérailles Dom Léal........................................... 12-13
Dom Côté: moine photographe....................... 14-15
Forum Amitié........................................................ 16-22
École abbatiale...................................................... 23-25
LA VIE DE L’ASSOCIATION :
Saguenay Lac-Saint-Jean...................................... 26-27
Sherbrooke............................................................ 28-30
Radio Ville-Marie........................................................ 30
Pensées et nécrologie............................................... 31
Trésorier
André Roy
Secrétaire
Thérèse Cloutier
Présidente (ex officio)
Louise Rankin
Responsable du bulletin Un Nouvel Ami
Marielle Chicoine
Responsable du site WEB
Thérèse Cloutier
Conseiller monastique
Dom Dominique Minier
Les présidents ou responsables régionaux
André Couture, Acton Vale
Laurent Bilodeau, Saguenay-Lac Saint-Jean
Louise Drapeau, Drummondville
Louise Fiset Du Plessis, Rive-Sud
Mireille Galipeau, Québec
Marie-Andrée Houde-Beaudoin, Bois-Francs
Jules Larivière, Outaouais
René Lupien, Mauricie
François McCauley, Sherbrooke
David Pagé, Montréal
Jean Poitras, Asbestrie
Jean-Guy Toussaint, Kamouraska-L’Islet-Montmagny
--------------------Comité de rédaction
Andrée Castonguay
Jules Larivière
François McCauley
Luc Lamontagne, o.s.b.
Dominique Minier, o.s.b.
Yvan Cloutier, directeur
--------------------Graphisme
Nicole Ouellet
--------------------Collaboration
Jacques Côté, o.s.b (photographies)
---------------------Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada ISSN : 0826-3886
--------------------Postes Canada - Port payé à Sherbrooke
Poste-publications - Enregistrement no 10748
No de convention: #40019867
Témoins de la
joie de l’Évangile
MONIQUE BOURASSA
présidente
Chères Amies et chers Amis,
Jeunes, aurions-nous cru voir se lever, un jour,
l’an 2015? Comme c’était loin! Nous voilà déjà
au début de cette année-là. Permettez-moi de
vous offrir mes meilleurs vœux : cheminons ensemble, remplis d’espérance, sur la route de la liberté, qui fut celle de
Jésus, « celle qui fait exister. » Notre pape François ne nous invite-t-il pas
à être « des disciples-missionnaires », témoins de la joie de l’Évangile en
lisant les signes des temps dans chacun de nos milieux?
Je vous souhaite de beaux projets (grands ou petits) qui permettent
de garder l’esprit alerte et le cœur ouvert sans se laisser pour autant
égarer dans notre monde en effervescence. C’est pourquoi une certaine dose de silence et de solitude est nécessaire. Pour cette raison,
notre association a développé, pour tous ses membres et pour toute
personne qui se sent interpelée, le projet de l’École abbatiale. Quatorze
sessions ont déjà été offertes et, pour en avoir profité, je suis en mesure
d’en témoigner l’importance et les bienfaits. Jésus ne revenait-il pas « au
désert » ou à la « montagne » quand il le pouvait?
Nous avons besoin de ressourcement si nous voulons nous découvrir
et chercher Dieu. Savoir se débrancher du bruit du monde pour mieux
nous connecter sur l’important de la vie. Il est toujours possible d’avoir
les renseignements de ces formations sur notre site des Amis de SaintBenoît. Deux prochaines sessions sont déjà prévues en avril et mai 2015.
Je profite de l’occasion pour vous remercier, chers(es) Amis(es) de
m’avoir confié la responsabilité de la présidence de l’Association pour
un deuxième mandat. Il me fait plaisir de rendre ce service. Soyez assurés que tous les membres de l’exécutif sont toujours à l’écoute de vos
besoins et de vos suggestions.
À tous les Amis de Saint-Benoît-du-Lac, à tous les moines de l’Abbaye
et à toutes les personnes proches de notre Association, je réitère mes
meilleurs vœux afin « que nous avancions d’un cœur libre sur les chemins des commandements de notre Dieu ».
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
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Hiver 2015 - No 125
Chronique de l’Abbaye
150 photos met très bien en valeur entre autres
la beauté de l’ensemble architectural et de son
environnement naturel.
Vendredi 18 juillet : Sœur Céline Roy, PM,
au terme de trois mandats (neuf ans) comme
directrice, quitte la Villa. Le Père Abbé, la communauté et un groupe d’employées lui font fête
cet après-midi et lui expriment chaleureusement
leur gratitude et leur amitié. Sœur Denise Charrier qui la secondait lui succède dans sa charge
et sera elle-même assistée de Sœur Annette Fullum.
Avril à septembre 2014
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Mardi 8 avril : Le Fr. Flageole, directeur de la fromagerie, informe la communauté qu’au concours annuel des
meilleurs fromages canadiens notre Fontina fumé a été
primé et a reçu le prix du Meilleur nouveau fromage de
l’année.
digent un rapport
et le présentent
à la communauté
avec les commentaires appropriés.
Mardi de Pâques 22 avril : Arrivée du P. André
Ardouin, bénédictin de Ligugé (France). Au cours des prochains jours il effectuera la «Visite économique» prévue
par nos Constitutions. Il procédera donc à l’examen de la
situation financière et économique et suggérera les modifications jugées opportunes.
21 et 22 mai :
Le P. Gagné enregistre un disque
d’orgue (un florilège de transcriptions et d’arrangements dont il
est l’auteur). Ce
disque sera publié
et diffusé par la
maison
« ATMA
Classique » et sortira à l’approche
de Noël.
26 et 27 avril : Dans le cadre de la formation permanente, Mme Thérèse Nadeau-Lacour donne deux conférences sur sainte Marie de l’Incarnation, fondatrice du
monastère des Ursulines de Québec et grande mystique.
28 avril au 1er mai : Onze prêtres de Sherbrooke et
sept séminaristes de Montréal font retraite à l‘hôtellerie.
Samedi 10 mai : Deux groupes importants (d’une
cinquantaine de personnes chacun), l’un de Québec et
l’autre de Saguenay, sont accueillis à l’hôtellerie. À chacun
le Père Abbé donne un bref récital d’orgue.
Du 13 au 20 mai: Visite canonique quadriennale. Les
Visiteurs sont les Pères Abbés de Solesmes (Dom Ph. Dupont) et de Randol (Dom B. de Hédouville). Après avoir
rencontré tous les moines individuellement et s’être enquis des différents aspects de la vie communautaire, ils ré-
Dimanche 25 mai : Notre Fr. Paul-Eugène Morin
décède à 03h05 à l’âge de 91 ans. Né à Saint-Georges
de Beauce, le sixième d’une famille de douze enfants, il
entra dans notre monastère à l’âge de vingt-six ans. Il travailla surtout à la fromagerie et à la cuisine. Son égalité
d’humeur, sa bonté et son humour le rendaient particulièrement cher à ses confrères.
Du 24 au 30 mai : À l’hôtellerie, monsieur Robert
Mercier, Sulpicien, prêche une retraite à dix-sept de ses
jeunes confrères venus de neuf pays
différents.
Ce jubilé est fêté en communauté avec les rites festifs
habituels à l’église, au réfectoire et à la récréation du soir.
Du 13 au 15 juin : Les Oblats et Oblates de notre
monastère viennent nombreux pour leur réunion annuelle. Ils sont accueillis par le P. Gagné, leur nouveau directeur. Samedi, des conférences leur sont données dans la
matinée par les PP. Gagné, Salvas et Gilman. Dimanche,
L. Gagnon et I. El-Khoury font leur oblation à la Messe.
Moines et Oblat(e)s prennent ensemble le repas de midi
à l’hôtellerie.
Lundi 16 juin : Le Fr. Morissette nous revient de Paris
où il étudie la théologie biblique à l’Institut catholique. Il
terminera ici son mémoire de maîtrise.
Mardi 17 juin : Le P. Salvas, victime d’un infarctus, est
conduit au CHU de Sherbrooke. Une opération est jugée
urgente, il passe ensuite deux jours aux soins intensifs et
le jour suivant peut revenir au monastère pour sa convalescence.
Jeudi 3 juillet : Les travaux de construction de l’usine
de traitement des eaux usées vont bon train. Des photos et des visites au chantier permettent d’en suivre les
étapes : ouverture d’une route d’accès, construction du
bâtiment principal, mise en place du réseau de drains, etc.
Tout sera terminé avant l’hiver.
Samedi 19 juillet : À 14h00 en notre église, dans le cadre du Festival Orford 2014, le Père Abbé
(orgue) et Louise Pellerin (hautbois) donnent un concert.
Vendredi 1er août : Jubilé d’or d’ordination presbytérale des Pères Garneau et Côté et huitième anniversaire (anticipé) de bénédiction abbatiale du Père Abbé. Ces
anniversaires sont célébrés dans une ambiance de joyeuse
convivialité avec les rites liturgiques et communautaires
d’usage.
Dimanche 3 août : Quatorze membres de la Communauté Saint-Jean sont accueillis à l’hôtellerie. Ils seront
en retraite jusqu’à vendredi prochain.
Mercredi 6 août : Présence à la Messe de Mgr Gaétan
Proulx, o.s.m., évêque auxiliaire à Québec.
Dimanche 10 août : L’abbé Kabanda, qui nous quittera mercredi, prend la récréation du soir avec la communauté. Il nous parle surtout de son pays, le Rwanda, de la
situation religieuse et politique et du retour à la normale
après les événements tragiques de 1994.
Mercredi 20 août : Une firme de Sherbrooke, Aquatech, va progressivement prendre en charge ce qui a trait
à l’eau potable : contrôle de la qualité, entretien du réservoir, stockage et distribution de l’eau, etc. sous la supervision du Fr. Beauchamp.
Dimanche 6 juillet : À 14h30 en notre église, début
des concerts d’orgue des dimanches d’été (juillet et août)
donnés en alternance par le Père Abbé et le P. Gagné.
L’entrée est libre.
Vendredi 22 août : Nous accueillons le Père Bernard-Marie van Caloen, moine trappiste de Notre-Dame
du Mont-des-Cats (France). Il sera notre hôte jusqu’à
lundi.
Mercredi 27 août : Ces jours-ci, une équipe d’ouvriers
procède à la réfection complète du toit du garage.
Mercredi 4 juin : Arrivée de l’abbé
Théophile Kabanda, prêtre rwandais
du diocèse de Kigali, étudiant à l’Institut de formation humaine intégrale de
Montréal. Il sera notre hôte jusqu’au
mois d’août.
Vendredi 11 juillet: Solennité de notre Père Saint
Benoît. Les Amis de St-Benoît-du-Lac favorisés par un
temps magnifique viennent célébrer leur patron avec la
communauté. Mgr P.-A. Fournier, archevêque de Rimouski,
et une dizaine de prêtres concélèbrent avec les moines.
En après-midi, le P. Blanchet entretient le Amis du prieuré
guinéen de Séguéya où il réside depuis quelques mois et
sollicite leur aide financière pour cette fondation bénédictine.
Samedi 7 juin : Le P. Jean-Marie
Cyr célèbre le 60e anniversaire de sa
Profession monastique.
Lundi 14 juillet : La maison d’édition Bayard-Novalis
publie un livre de photos du P. Côté : Au fil des saisons.
Regards sur l’Abbaye de Saint-Benoît-Lac. La qualité des
Mercredi 28 mai : Le Fr. Georges
Picard est de retour après une hospitalisation de six semaines à la suite de
problèmes cardiaques.
Samedi 30 août : Ouverture du verger au public pour
l’autocueillette. Il sera ouvert tous les samedis et dimanches jusqu’à l’Action de grâce (13 octobre). Dix-sept variétés de pommes sont offertes au choix des cueilleurs.
Lundi 8 septembre : Le Père Francisco Leal meurt
paisiblement dans sa chambre à l’infirmerie peu après
minuit. Il était le doyen d’âge (96 ans) et de Profession
(76 ans) de notre communauté. Pendant une quarantaine
d’années il a enseigné la théologie morale en notre stu-
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
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dium. Son ministère pastoral d’accueil et
d’écoute permit à beaucoup de retrouver
paix, joie et courage. Ses funérailles auront
lieu mardi le 16 septembre.
René Côté de Québec en est l’animateur et
compte 32 auditeurs et auditrices.
Mercredi 17 septembre : Le Fr.
Claude Ménard qui séjourne à Saint-Wandrille vient passer trois mois avec nous.
21 et 22 septembre : Dom Jean-Daniel Mischler, moine bénédictin de Maredsous (Belgique), donne deux conférences sur
l’Eucharistie et son culte dans une perspective
historique et théologique.
Du 19 au 21 septembre : L’« École
abbatiale » présente une session sur le
thème suivant : Dieu est-il injuste quand
il laisse son allié souffrir ? L’abbé Pierre-
30 septembre : Présence à l’hôtellerie
ces jours-ci de Mgr John Selby, évêque anglican émérite du diocèse de Worcester (Angleterre). Il est accompagné de son épouse.
PHOTOS: DOM JACQUES CÔTÉ
Départ de Sœur Céline Roy p.m.
Après près d’une décennie de service à la Maison SainteScholastique et d’accompagnement spirituel auprès des
résidentes, Sœur Céline Roy répond à l’appel pour un
apostolat directement auprès des membres de sa communauté. Nous la voyons ici quittant l’église abbatiale,
lieu des ses offices, oraisons et méditations en union de
prières avec les moines, dont elle emporte la spiritualité
bénédictine. MERCI Sœur Céline pour votre dévouement
et à nos bons souvenirs.
6
Texte et photographie : Mireille Galipeau
À droite: Sœur Céline devant la pierre du monastère de
Saint-Wandrille transportée de France par les fondateurs de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac et installée
dans le narthex (arrière de l’église abbatiale).
LIVRES LUS AU RÉFECTOIRE
Dorothy Day : Longue solitude. Cerf. 2014.
Philippe Chenaux : L’Église catholique et
le communisme en Europe (1917-1989). Cerf, 2009.
Paul Dreyfus : Jean XXIII. Le Sarment, 2000.
Jean Corbon : Liturgie de source. Cerf, 1980.
Michel Pastoureau : Bleu. Histoire d’une couleur. Seuil, 2000.
11 juilletFête de saint Benoît
Homélie pour la solennité de saint Benoît
Les seuls éléments biographiques que nous ayons de notre Père saint Benoît se trouvent dans les Dialogues du
pape saint Grégoire le Grand.Au livre 3e de ses Dialogues,
saint Grégoire nous dit que Benoît fut rempli de l’esprit
de tous les justes. C’est un bel éloge de la part du grand
spirituel qu’était saint Grégoire.
Benoît, encore tout jeune, avait quitté le monde parce
qu’il aspirait à autre chose qu’aux avantages terrestres,
aux plaisirs frivoles. Il avait quitté le monde pour se livrer
tout entier à l’Esprit Saint. Peu à peu sa réputation s’est
répandue autour de lui de sorte que des disciples sont
venus se joindre à lui pour vivre sous sa gouverne.
Mais qu’y avait-il de si séduisant chez Benoît pour que
l’on vienne se mettre à son école? Ceci sans doute que
dans toute sa personne rayonnait la sainteté de sa vie. En
se retirant dans la solitude, Benoît s’est livré tout entier à
l’Esprit Saint. Assez tôt, il est parvenu à cette liberté intérieure que l’Esprit accorde à ceux qui se livrent à lui et
qui les transfigure en l’image du Seigneur (Cf. 2 Co 3, 1718). En s’établissant à Subiaco, Benoît s’est donc livré à
l’Esprit Saint, à la prière, à la méditation des Écritures, à
l’ascèse, bref au service de l’unique Seigneur et maître de
l’univers.
Avec la venue de jeunes disciples autour de lui, il a fondé
une école, celle du «service du Seigneur». Il leur a donné
cette Règle que vous connaissez, chers Amis de SaintBenoît, cette règle qui est pour nous encore aujourd’hui
une règle de vie.
«Je suis au milieu de vous comme celui qui sert» (Luc
22,27). À lire la Règle des moines, on se rend vite compte
que c’est bien ce même esprit de service qui doit animer la vie de chaque moine. Benoît veut que ses disciples soient des serviteurs du Dieu vivant, des serviteurs
peut-être inutiles aux yeux du monde, mais des serviteurs
humbles et sincères de celui qui les a appelés au désert
du cloître. Que ce soit à l’église où les moines doivent accomplir le service du Seigneur dans la crainte (cf. RB 19,3)
en vertu du vœu qu’ils ont fait (cf. RB 18,24), ou ailleurs
dans le monastère, dans les ateliers, dans les charges qui
leur sont confiées, à la cuisine, au réfectoire, à l’infirmerie,
à l’hôtellerie, partout les moines doivent se comporter,
vivre et agir en serviteurs modestes et humbles, obéissant certes à leur abbé, mais obéissant aussi les uns aux
autres, se mettant, par amour, au service les uns des autres
(cf. Ga 13), sans cesse attentifs à la présence de leur Père
du ciel (cf. RB 4,49).
C’est ainsi que le cœur du moine, à l’exemple de saint
Benoît et à sa suite, se met à chercher Dieu, s’approche
de lui par la prière et commence à goûter la saveur divine.
Petit à petit, «prêtant une oreille attentive à la sagesse»
(Pr 2,2), il trouve la connaissance de Dieu et toutes les
choses qui conduisent au bonheur (cf. Pr 2,5.9). Il trouve
non pas une connaissance théorique de Dieu mais il reçoit
«une communication mystérieuse d’une puissance divine»
(Père Matta El-Maskîne).
Chercher Dieu dans ce monastère, dans une société devenue de plus en plus laïcisée où Dieu est apparemment
perdu pour tant d’hommes et de femmes, telle est notre
vocation, notre mission. Une vocation urgente où il ne
doit pas y avoir de place pour la nonchalance, la tiédeur
ou l’ennui.
Et vous, chers Amis de St-Benoît, qui nous soutenez dans
notre vocation, et qui êtes avec nous ce matin pour célébrer notre Père saint Benoît, rendez grâce au Seigneur
avec nous de nous avoir donné cette demeure où nous
pouvons le servir en servant nos frères, de nous avoir
donné ce lieu où nous pouvons demeurer dans la Parole
et où la Parole peut faire en nous sa demeure.
S’il est une demande que nous pouvons faire tous ensemble ce matin à notre Père du
ciel, ce serait celle de ne jamais manquer
à notre vocation de moines au cœur
de notre Église du Québec. Oui, chers
Amis de St-Benoît, demandez cette grâce
avec nous ce matin. Un jour le cardinal de
Lubac a écrit ces lignes lumineuses : «Les
hommes peuvent bien manquer à l’Esprit
Saint : L’Esprit Saint ne manquera jamais à
l’Église. Nos pires infidélités ne la sépareront jamais de la charité de Dieu qui est
en Jésus-Christ. Par son témoignage aussi
bien que par ses pouvoirs inadmissibles, elle
sera toujours le Sacrement de Jésus-Christ.
Par les meilleurs de ses enfants, elle ne cessera d’en refléter la gloire (2 Co, 3, 17-18).
Quand elle paraît donner des signes de
lassitude, une obscure germination lui
prépare de nouveaux printemps, Et
malgré tous les obstacles que nous
accumulons, «les saints rejailliront
toujours». (Méditation…, p. 203)
Que l’Esprit Saint ne manque
jamais à cette maison; des saints
moines surgiront dans nos
murs!
R.P. Abbé André Laberge O.S.B.
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
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11 juilletFête de saint Benoît
Hiver 2015 - No 125
11 juilletFête de saint Benoît
Soyons solidaires des
moines de Conakry (Guinée)
Appuyons l’œuvre de
Dom André Blanchette
O.S.B.
Le 11 juillet dernier, nous avions
l’occasion d’entendre le Père André
Blanchette qui est venu nous entretenir sur le monastère de St-Joseph
de Séguéya à Conakry en République de Guinée, Afrique.
8
Ce monastère bénédictin fait partie de la Congrégation de Solesmes. Depuis déjà quelques années, le Père
Blanchette y séjourne et s’implique auprès de la collectivité avec les autres moines de ce monastère.
Ce pays d’Afrique est un des pays les plus pauvres au
monde. L’exposé de Dom Blanchette nous a permis de
comprendre comment les cultures, mentalités, traditions,
et habitudes de vie sont différentes. Il leur faut faire plus
avec presque rien. Tout est à faire dans ce pays, un travail
d’accompagnement, d’éducation, de partage de connaissances, de ressources financières. Le salaire pour une
journée de travail est 1,00 $...
Suite à une réflexion et sur approbation et encouragement de notre Père Abbé, nous avons décidé de lancer
une campagne de souscription pour leur venir en aide.
Contribution à l’implication
de Dom Blanchette O.S.B.
Nom :
Adresse :
Ville :
Province :
Code Postal :
re de :
Veuillez émettre votre chèque à l’ord
RY)
L’Abbaye de St-Benoît-du-Lac (CONAK
Don : $
un don de 20$ et plus)
(Un reçu pour fins d’impôt sera émis pour
ac
Secrétariat des Amis de St-Benoît-du-L
2M0
J0B
Qc.,
,
-Lac
ît-du
Beno
Saint
Nous vous invitons à y participer généreusement. Cette aide sera acheminée directement au Père Blanchette qui nous conseillera
pour un besoin particulier.
Pourra-t-on leur fournir de l’expertise en matière de
développement, de commercialisation de leurs produits,
serait-ce l’achat d’un équipement agricole ou autre qui
leur ferait grand bien? Tout dépendra bien sûr de votre
générosité. Vers la mi-mars, lorsque notre campagne sera
terminée, nous élaborerons avec lui un plan de distribution selon ce qui sera jugé le plus opportun.
Vous pourrez faire votre chèque à l’ordre de l’Abbaye de
Saint-Benoit-du-Lac, en y indiquant PROJET CONAKRY,
et le faire parvenir à l’Abbaye. Un reçu sera émis pour
tout don de $20.00 et plus.
Louise F. Savoie
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
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Homélie pour les funérailles
du Frère Paul-Eugène Morin
« Dans sa vie comme
Le samedi 31 mai 2014
« Il est passé
en faisant le
bien.
»
il a médité; il a travaillé pour
Celui qu’il a aimé par-dessus
tout et auquel il n’a voulu rien
préférer (Cf. RB 72, 11). Il a
vécu pour le Seigneur et il est
mort pour le Seigneur (Cf.
Rm 14, 8).
Il avait mis son espoir dans le Christ pas pour cette vie
seulement, mais pour cette vie infiniment meilleure, celle
qui surpasse tout désir, dans laquelle il est entré comme
sur le pointe des pieds.
Il est passé dans la vie bienheureuse un dimanche de mai,
mois consacré à Marie pour laquelle notre Frère avait une
particulière dévotion. Ses frères moines ont été témoins
de la fidélité avec laquelle il a été présent au chapelet du
premier samedi de mois et avec quel respect il déposait
sur une colonne placée au centre du chapitre la statue de
Notre-Dame-de-Fatima.
10
Saint Paul nous dit que, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur (Cf. Romains 14,
9). C’est bien ainsi que notre Frère Paul-Eugène a vécu,
donnant l’exemple d’une vie tout adonnée à la prière et
au travail. Il était venu au Seigneur à la suite d’un appel
intérieur. Le Père du ciel avait voulu qu’il soit au Seigneur
Jésus. Et Jésus qui a toujours fait la volonté de son Père,
a fait un jour cette promesse merveilleuse de ne perdre
aucun de ceux que le Père lui a donnés, bien plus de les
ressusciter au dernier jour (Cf. Jean 6, 37.39).
C’est donc avec une pleine assurance que nous confions
notre Frère au Seigneur, en ce jour marial, en ce samedi
où l’Église célèbre la fête de la Visitation de Marie à sa
cousine Elisabeth.
Dimanche dernier, notre Frère Paul-Eugène est passé de
ce monde à celui de notre Père du ciel : il était 3h05. Il
est parti doucement le jour du Seigneur, quelques jours
seulement avant la solennité de l’Ascension. Notre foi
nous invite à croire que le Seigneur ressuscité est venu le
cueillir comme un fruit mûr pour le faire entrer dans cette
vie éternelle à laquelle notre Frère a aspiré tous les jours
de sa vie terrestre.
Notre Frère Paul-Eugène fut de ceux que le Seigneur
a appelés à se donner à Lui au temps de leur jeunesse.
Jésus a voulu le compter parmi ceux que le Père lui avait
donnés. Notre Frère Morin a dit OUI. Et pendant 64
ans, devenu moine à Saint-Benoît-du-Lac, il a prié; il a lu;
Je le disais tout à l’heure : notre Frère Morin a été un
grand priant et un grand travailleur. Il l’a été jusqu’au bout
de sa course, jusqu’au jour où nous avons dû nous résoudre à le conduire au CHSLD de Magog, du fait de ses
infirmités croissantes.
Né à St-Georges de Beauce, dans cette Beauce dont il
n’était pas peu fier, dans une famille de douze enfants dont
un prêtre, trois religieuses, il a grandi dans une atmosphère chrétienne plus que favorable à l’éclosion de sa vocation qui n’est venue pourtant qu’après une expérience de
travail à la ferme de ses parents d’abord, ensuite dans un
moulin où l’on filait la laine et finalement dans des chantiers forestiers.
dans sa mort, notre
Frère a appartenu au
Seigneur.
C’est à l’âge de 26 ans qu’il est entré
au monastère. Il a reçu l’habit monastique le 26 février 1949. Il a fait sa
première profession le 29 septembre
1950 et sa profession solennelle le 25 août 1953.
Dans les emplois qu’on lui a confiés, il a été d’une régularité exemplaire : obéissant, ardent, d’humeur toujours égale.
Il a travaillé à la ferme pendant 11 ans, à la porcherie pendant 3 ans (jusqu’à ce qu’un incendie la détruise), à la fromagerie pendant 20 ans, à la cuisine pendant 11 ans. Après
la construction de notre église, notre Frère Morin s’est vu
confier l’entretien des planchers de l’église, du cloître, du
réfectoire. Il fallait voir avec quel sérieux et quelle fierté
aussi il conduisait «sa Zamboni». Ses forces diminuant, il
a dû abandonner la nouvelle machine motorisée qu’on lui
avait procurée. Ça ne l’a
pas empêché de continuer
à faire l’entretien de certaines surfaces jusqu’à ce
qu’il doive renoncer à tout
travail manuel.
Notre Frère a été un moine d’oraison et de prière
assidue. Il aimait prier
devant le Saint-Sacrement.
Pendant des années, il a
été fidèle à la célébration
eucharistique du matin
et à la messe conventuelle. Sa dévotion à Notre
Dame était confiante et
constante. Je le revois encore, c’était un après-midi
de Toussaint de 1957 ou
1958, alors que j’étais hôte
au monastère, je le revois
prier longuement dans ce
qui était alors l’oratoire
du monastère. Il était là,
seul, à genoux, immobile,
concentré, paisible. Un bel
exemple pour un jeune qui
songeait alors à entrer au
monastère. L’Office divin
a été aussi au cœur de sa
vie de prière. Il en a eu le
culte et en a fait le centre
de sa vie tant que ses forces le lui ont permis.
Si notre Frère Morin a été un homme
de foi profonde, un moine fervent, il
n’a pas été pour autant sans convictions politiques ardentes, bien connues
de ses frères moines et qui lui ont valu souvent bien des
taquineries qu’il accueillait avec humour et qu’il esquivait
avec habileté et non sans une certaine ruse.
»
Dans sa vie comme dans sa mort, notre Frère a appartenu
au Seigneur (Cf. Romains 14, 9). Il a vécu parmi nous pendant plus de soixante ans. Il est passé en faisant le bien.
Dans toutes les obédiences qui lui ont été confiées, il a
donné le meilleur de lui-même.
Il a aimé l’obéissance. L’obéissance a été douce à ses yeux.
C’est « sans hésitation, sans retard, sans tiédeur, sans
murmure, et sans aucune
parole de résistance » (RB
5, 14) qu’il a obéi à ses supérieurs. C’est pourquoi
je puis dire qu’il a été
agréable au Seigneur qui
« aime celui qui donne
avec joie » (2 Corinthiens
9, 7).
À l’exemple de Marie que
nous fêtons en ce jour,
notre Frère a été de ceux
qui ont cru. Il a cru avec
cette humble fermeté qui
a été une des marques de
sa vie monastique.
Il a cru en la puissance de
l’eucharistie où il a puisé
la force de tenir jusqu’au
bout.
Que le Seigneur l’accueille dans son paradis
de bonheur où il pourra,
en compagnie de Notre
Dame, de tous les saints
et de nos moines défunts,
magnifier à jamais Celui
en qui il a cru.
R.P. Abbé André Laberge
O.S.B.
11
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
Homélie pour les funérailles
de Dom Francisco Leal
Le mardi
16 septembre 2014
« Même s’il avait beaucoup
aimait et qu’il a dû quitter à
regret quand il fut trop avancé
en âge.
Nous portons en terre ce matin notre doyen, notre
cher Père Dom Francisco Leal. Il est parti rejoindre son
Seigneur aux toutes premières minutes de la fête de la
Naissance de Notre Dame, le 8 septembre. Lui qui avait
toujours eu une grande dévotion à la Mère du Seigneur, il
sera né au ciel le jour de la naissance de la Toute Belle, de
la Toute Pure!
12
étudié, notre Père Leal avait
conservé une âme de «tout-petit»
comme Jésus les aimait.
Du côté de l’hôtellerie, il a
exercé un ministère très riche
et sans doute béni du Seigneur, se faisant tout à tous, prodigue de son temps et de ses conseils. Sa grande bonté lui
a attiré beaucoup d’amis. Son égalité d’humeur, sa cordialité, l’espèce de grâce naturelle avec laquelle il entrait en
contact avec les gens lui ont gagné le respect et la reconnaissance de tant de personnes qui l’ont connu, même de
celles qui ne partageaient pas toujours ses opinions ou ses
points de vue.
Sa vie fut longue : il allait avoir 97 ans le 10 octobre prochain. Sa vie fut remplie. Mais avant que d’évoquer brièvement ce que fut la vie de notre Père Leal, j’aimerais
m’arrêter brièvement sur certains points des lectures
que nous avons entendues, car elles me paraissent bien
décrire la personnalité de notre doyen : sa bonté, son immense compassion pour les souffrances et les détresses
de toutes sortes, son propre courage à traverser «dans
la joie de l’Esprit Saint» les épreuves du grand âge et sa
grande fidélité au cours de ses 76 ans de profession monastique.
Le jeune mexicain qui est entré à Saint-Benoît-du-Lac en
1936 était à la recherche d’une sagesse que les troubles
de la société civile de son temps ne pouvaient lui offrir.
gesse incarnée et mettre « son orgueil dans le Seigneur »
L’Église mexicaine d’alors était aux prises avec de viru(1 Co 1, 31).
lentes oppositions voire des persécutions de la part d’un
gouvernement hostile et résolument anticlérical. Pour
Il a reçu l’habit le 12 décembre 1936, fait profession simple
le jeune Francisco épris d’idéal religieux et cherchant la
en 1938, profession solennelle en 1941. Il a été ordonné
sagesse depuis l’«aurore de sa vie» (Cf. Sg 6, 11), il n’y
prêtre le 8 décembre 1944. De 1945 à 1952, il a rempli la
avait d’autre solution que de s’expatrier. Des démarches
fonction d’hôtelier. De 1952 à 1956, il a été sous-prieur de
guidées par la Providence divine l’ont finalement conduit
Dom Sylvain, notre premier Père Abbé, en même temps
à quitter son cher Monterrey pour gagner les régions froiqu’il remplissait la fonction de Père-Maître des Frères
des du Québec. Dans l’ardeur de ses 19 ans et ne pensant
convers (1952-1958). Pendant une année, il fut Prieur du
qu’à se donner au Christ « puissance de Dieu et sagesse
monastère Notre-Dame du Mont Pelé à la Martinique.
de Dieu » (1 Co 1, 24), il est
donc venu frapper à la porte de
De retour au pays en 1958, il a été
C’est donc contre vents et envoyé à l’Université Laval pour y
notre monastère.
faire des études de philosophie et
Nous pouvons imaginer ce marées que le jeune Francisco de théologie. De retour à l’abbaye
jeune homme résolu, faible sans
1963, il fut professeur de théoloa choisi la vie monastique à en
doute aux yeux du monde (Cf.
gie morale pendant une quarantaine
1 Co 1, 27), mais décidé à dire
d’années. Pour plusieurs d’entre
Saint-Benoît-du-Lac.
oui à celui qui l’avait choisi. Car
nous, il fut un professeur attentif,
c’est bien ainsi que Dieu se
dévoué, déroutant parfois par cerchoisit parfois des êtres jeunes qui, par leur consécration
taines insistances sur des points qui nous paraissaient
totale à lui, couvrent de confusion les forts et les sages
secondaires : c’était notre «bon Père Leal» que nous resde ce monde (Cf. 1 Co 1, 27). C’est donc contre vents et
pections et aimions comme il était. En plus de sa charge
marées que le jeune Francisco a choisi la vie monastique
de professeur, le Père Leal a été longtemps portier de
à Saint-Benoît-du-Lac pour se mettre à l’école de la Sanuit et encore plus longtemps dépositaire, charge qu’il
«
»
Vint la maladie et la faiblesse générale du grand âge qui
l’ont bientôt confiné à une cellule d’infirmerie. Ses deux
dernières années, il les a passées presque constamment
alité, entouré des soins assidus de ses deux infirmiers,
d’humeur toujours égale, heureux, abandonné au bon
vouloir divin. On le trouvait souvent en train de méditer
les textes de la liturgie du jour. Il se disait prêt pour le dernier voyage. Il est parti presque sans bruit, dans les premières minutes de la fête de la Nativité de Notre Dame.
Son infirmier de nuit
venait de lui faire
boire un peu d’eau. Il
avait porté le joug du
Christ pendant plus
de 75 ans. Le Seigneur
venait de lui dire :
« Cher Francisco, venez à moi, vous […]
qui avez peiné sous
le poids du fardeau,
il est temps d’entrer
dans mon repos »
(Cf. Mt 11, 28).
Même s’il avait beaucoup étudié, notre Père Leal avait
conservé une âme de
« tout-petit » comme
Jésus les aimait. À
l’imitation de JésusChrist, il s’est efforcé
de vivre « doux et
humble de cœur »
»
(Mt 11, 29) au milieu de ses
frères.
Notre Père saint Benoît aime
voir dans les moines cénobites des combattants qui militent sous une règle et un abbé. Avec le décès de notre
Père Leal, nous perdons un combattant courageux qui
nous a laissé un bel exemple de fidélité, de persévérance,
de longanimité. Il a traversé les épreuves de sa longue vie
monastique sans perdre courage. Au milieu des nombreux
changements de l’aggiornamento qui a suivi le concile Vatican II, il n’a pas perdu pied. Il a certes vécu des moments
difficiles où son espérance a pu connaître des éclipses.
Mais il a tenu bon, avec une grande foi en Celui qui l’avait
appelé de son lointain Mexique pour vivre dans ce monastère. Que le Seigneur soit béni de nous avoir donné un
tel frère!
Que du haut du ciel, notre frère veille maintenant sur
nous!
R.P. Abbé André Laberge O.S.B.
13
«
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Dom Jacques Côté
Entretien
Un moine photographe : Dom Jacques Côté o.s.b.
«
Hiver 2015 - No 125
Une invitation à entrer
dans l’univers d’un moine
14
N.D.L.R. Dom Jacques Côté est originaire de Québec. Il est
entré au monastère de Saint-Benoît-du-Lac en 1955. Il y a
occupé plusieurs fonctions dont celle de professeur de théologie
avant d’être appelé à servir à Rome comme secrétaire du Père
Abbé Primat de la Confédération bénédictine. Il a aussi été
membre de l’Alliance Inter-Monastères (AIM) et du Monastic
Interreligious Dialogue (MID). Ces diverses obédiences lui
ont permis de visiter de nombreux pays. Il a aussi œuvré à la
basilique papale de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome où une
communauté bénédictine assure le service du sacrement du
pardon. Ce grand passionné de la photo – voir son site http://
www.laudate-deum.ca/ - vient de publier en juillet dernier
aux Éditions Novalis un magnifique livre de photos Au fil des
saisons : regards sur l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, 24,95$.
Yvan Cloutier, oblat
Q. Quand a émergé ce projet de publier un livre
de photographies sur l’Abbaye de Saint-Benoîtdu-Lac?
R. J’ai toujours aimé les monographies illustrées sur
des pays, des lieux privilégiés, des
événements particuliers …
En plus d’un texte explicatif,
généralement assez court, les
photographies, surtout si elles
sont belles, nous rendent le
lieu, l’événement, davantage
présents. Elles offrent un autre
type de lecture. Saint-Benoîtdu-Lac ne méritait-il pas une
telle publication ? Ceci dit, le
projet lui-même de publication
d’un livre ne pouvait naître
que si un nombre important de
photographies étaient réunies.
Q. Comment avez-vous
sélectionné et regroupé les
photos?
R. Ce travail s’est fait au fur et à
mesure de la prise des photos, par
plaisir, indépendamment même
de la publication d’un livre. Je m’apercevais que certains
aspects de l’environnement, de l’architecture, de la vie
qu’on mène ici au monastère n’étaient pas couverts par
ce que j’avais dans ma collection. Alors je m’efforçais
de la compléter. Pas toujours facile. Voici une anecdote
assez récente : je désirais à tout prix obtenir une photo
de la façade de l’hôtellerie caressée par les derniers
rayons du soleil couchant. Comme l’hôtellerie regarde
le nord, cette photo ne pouvait être prise qu’à la fin
de juin, dans un laps de temps d’environ deux semaines
et encore, à cause de la présence des arbres, durant
une fourchette d’une vingtaine de minutes. Je voulais
également des nuages dans le ciel mais évidemment il ne
fallait pas qu’il y en ait devant le soleil ! Finalement, un
beau jour, les conditions rassemblées, tout heureux, je
me présentai pour faire la photo. Je trouvai un camion
stationné devant la porte de l’hôtellerie, juste à l’endroit
qu’il ne fallait pas. Il n’appartenait pas au monastère. Où
trouver alors le chauffeur pour le faire décoller en si peu
de temps ? Le pauvre bonhomme, finalement trouvé, un
peu trop lymphatique à mon goût, a dû se demander
quelle mouche piquait
ce moine qui trépignait
devant lui. Mais j’ai obtenu
ma photo : elle constitue la
page couverture du livre
dont on parle maintenant.
Ce genre d’aventure fait
partie du métier.
J’avais
fait
beaucoup
de
projections
de
diapositives – c’était le
médium à cette époque
- sur mon monastère
dans différents endroits
visités et, instinctivement,
j’avais
groupé
les
diapositives au fil des
saisons en y rattachant
des thèmes qui sont
atemporels comme la
vie de la communauté :
récréation, repas, travail
et même, dans une
Hiver 2015 - No 125
certaine mesure, liturgie. J’ai fait de même pour le livre
en me servant des saisons comme fil conducteur. Pour
moi, l’année nouvelle commence au printemps. C’est à ce
moment que se réveille la nature. Il est vrai que les jours
rallongent dès le début de janvier mais la vie sommeille
encore, captive de la tenaille du froid. Le livre commence
donc par une photo du lever du soleil le 21 mars (cette
année là, il ne fallait pas qu’il y eût des nuages !) et se
termine par une mise en terre d’un moine défunt au
cimetière alors qu’il y a tempête de neige. La croix du
cimetière qui annonce la résurrection du Christ est aussi
reproduite à cet endroit. La dernière photo du livre est
celle d’une mésange à tête noire. Cet oiseau reste avec
nous et nous égaie tout l’hiver. Il symbolise la vie qui
continue et fait ainsi le pont entre l’automne, saison des
fruits où tout semble vouloir s’arrêter, et le printemps
où rebondit la vie. Ce livre raconte une histoire
et ne doit pas être lu en commençant par la
fin.
Q. Vous avez vous-même tenu
à faire le montage et choisir le
papier et le format carré qui
est assez inhabituel?
R. Vous comprenez maintenant
pourquoi j’ai fait moi-même le montage. Il ne pouvait pas
en être autrement. Cela impliquait évidemment le choix
des photos, le positionnement de chacune d’elles, dans
la page mais aussi en regard de celles qui suivent et qui
précèdent, leur format et leur grandeur. Pour éviter la
jalousie, il fallait aussi traiter chaque saison de façon – quant
au nombre de pages – à peu près égale. Le format carré du
livre m’a été dicté par le fait que j’avais un nombre à peu
près égal de photos horizontales et verticales à placer et
que ce format tient bien sur les rayons de bibliothèque.
J’ai aussi fait des recherches auprès des imprimeurs pour
m’enquérir comment éviter les frais surérogatoires.
Avant de parvenir à trouver un éditeur, j’ai demandé une
soumission à deux imprimeurs différents.
Q. Parlez-nous de votre passion de la
photographie, des premiers temps, les
appareils?
R. J’ai toujours eu cette passion, bien avant d’entrer au
monastère. A ma rentrée, j’étais absolument convaincu
que c’en était fini pour moi de la photographie. Le don
était fait. J’avais remis mon appareil à ma sœur. Puis, après
des années et petit à petit, en raison des besoins internes,
je m’y suis remis jusqu’à même réorganiser et agrandir
la chambre noire qui avait servi à l’imprimerie offset que
nous avions à l’époque et qui venait d’être abandonnée.
C’était au milieu des années 80. J’y faisais surtout de la
photo noir et blanc. Pour la couleur, j’utilisais presque
toujours le procédé inversible – les diapositives – que
je faisais développer à l’extérieur. Puis l’informatique est
arrivée qui a révolutionné la photographie. Aujourd’hui,
c’est à l’ordinateur que travaille le photographe pour ce
qu’on appelle la « postproduction » même si la photo
argentique existe encore, mais à peine. Les appareils
d’aujourd’hui portent à bord un ordinateur qui les rend
différents de ceux d’il y a une génération. De beaucoup
de points de vue, le bond en qualité a été énorme. Mon
équipement actuel est tout à fait modeste, en équilibre
entre coût, qualité et besoins.
Q. Si un éditeur vous invitait à publier un autre
volume de photographies. Quel serait le thème?
R. Ce pourrait être un des thèmes classiques comme les
fleurs ou les couchers de soleils, ou une monographie
sur certaines villes, Rome par exemple où j’ai longtemps
habité. Mais votre question comporte un « si ». En effet,
il n’est pas facile de trouver un éditeur et, faut-il ajouter,
pour quel marché ? Inévitablement, c’est ce à quoi pense
l’éditeur. Dans le cas du livre dont nous parlons Au fil
des saisons : regards sur l’Abbaye de Saint-Benoît-duLac, je n’ai cru à sa parution éventuelle que le jour où j’ai
reçu de l’imprimeur les premières épreuves. Récemment
est paru, à Rome, un nouveau livre sur la basilique de
Saint-Paul-hors-les-Murs. Je suis le principal auteur de la
documentation photographique. Est-ce que je pourrai un
jour publier des Nouveaux regards sur Saint-Benoît-duLac ???
Q. Vous avez produit un magnifique calendrier
de l’Abbaye pour l’année 2015. Avez-vous
l’intention d’en produire un pour l’année 2016
Je le ferai avec plaisir. J’attends le feu vert de la Boutique
… et du Ministre des Finances !
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
FORUM AMITIÉ 2014
FORUM AMITIÉ 2014
Puisque tu as fait
de nous tes enfants,
nous te prions!
C’est sous cette thématique que les Amis de
saint-Benoit-du-Lac se sont réunis, les 17, 18 et
19 octobre dernier, pour une fin de semaine de
réflexions, de prière et de fraternité.
Dieu fait alliance pour
que l’humain soit humain!
16
Notre relation à Dieu, nous rappelle l’abbé
Coté, est fondée sur son initiative. C’est Lui
qui se fait proche par une Alliance qui tient
à la fois des relations filiale et conjugale. Ces
deux types d’alliance, les humains en font l’expérience quotidienne dans toutes les cultures.
Dieu s’inscrit donc dans notre humanité en
respectant toutes les dimensions de nos existences pour nous manifester « l’abondance de
sa grâce ».
Causerie inaugurale : abbé PierreRené Coté, oblat de Saint-Benoîtdu-Lac et professeur émérite
d’Écritures Saintes (Université
Laval), bien connu pour son
dévouement inlassable envers le
monastère et les Amis.
Une alliance, c’est un contrat dont chaque partie connait
les règles, devoirs et avantages. Mais c’est surtout, dans
le cas de Dieu et du Peuple d’Israël, comme dans le cas
de l’Alliance en Jésus-Christ, une relation fondée sur la
réciprocité d’un amour qui se donne et qui est appelé à
progresser sans rien prendre pour acquis. L’Alliance dans
laquelle Dieu veut nous introduire comme ses partenaires,
ses amis, son Peuple, est une relation vivante et vivifiante.
Dieu appelle Israël, « son fils », son « nourrisson », son
« épouse qu’il va séduire ». Jésus va dire de lui-même qu’il
est la « poule voulant rassembler ses poussins sous ses
ailes ».
Mais l’Alliance, comme toute relation vivante, est difficile
à vivre dans le quotidien et la longue durée. Dieu souffre
des infidélités de son Peuple auquel il envoie prophètes et
épreuves (« pour que tu reviennes à moi qui t’aime ») et,
finalement, son Fils, « en qui Il se complaît » pour qu’Israël
retrouve l’ardeur du premier amour, au temps du long séjour au désert. En effet, par besoin de sécurité et de justification, au lieu d’approfondir les dimensions de confiance
et de don de soi sans retour, les croyants, Juifs ou chrétiens,
ont souvent la tentation de réduire l’Alliance avec Dieu à
un légalisme ou à un ritualisme qui rend stérile. On dit à
Dieu : « J’ai fait ma part du contrat! Tu me dois ceci ou cela
puisque j’ai obéi! ». C’est alors le « veau d’or », la tentation
récurrente de devenir propriétaire de Dieu et de lui imposer nos conditions.
Or les rites et les lois, pour prendre leurs sens, ne peuvent
être vécus que comme des expressions de l’amour et du
don, et non comme des obligations nées d’un caprice de
Dieu et imposées de l’extérieur.
Dieu ne veut pas nouer avec son Peuple une relation de
contrainte légaliste. Tant dans le message de la Loi et des
Prophètes que dans le message de Jésus qui accomplit parfaitement l’Alliance, Dieu nous dit qu’il veut que l’humain
soit pleinement humain, c’est-à-dire autonome, libre, heureux, épanoui. Il veut un monde et une société favorables à
la vie, au bonheur et à la vérité.
L’Alliance que Dieu propose à son Peuple, c’est d’entrer
avec Lui dans un cheminement de paix, de justice, de vérité
et d’amour car Il est bienveillant et ne veut pas la mort
du pécheur. Il les veut loin des ornières du mensonge
et de l’exploitation des hommes et de la création. Dieu
veut des hommes libres et responsables, capables de rêves
et d’engagements pour que le meilleur advienne pour tous.
L’Alliance de Dieu, c’est de faire de nous des fils et des
filles. « Je serai pour vous un père, dit Dieu, et vous serez
pour moi des fils ». À nous de dire oui à ce privilège et à
cette tâche. Mais si nous acceptons de devenir fils et filles,
il nous faut entrer dans une pleine communion de vie et
de pensée avec notre Père. Cela suppose que nous agissons comme ses partenaires et ses collaborateurs(trices)
en allant, comme Lui, le Miséricordieux de la parabole, au
devant des hommes sans espérance et sans recours, en
mettant l’amour et la justice au cœur de nos vies, non en
discours mais en actes, pour être vraiment porteurs (porteuses) de la Bonne Nouvelle. Nous sommes appelés à la
conversion afin de penser comme Dieu en ne faisant pas
de compromis avec l’injustice, le mal et le mensonge qui se
servent souvent du « légal » pour couvrir l’immoral.
Dieu veut faire alliance avec nous, c’est-à-dire qu’il nous
fait confiance même si nous sommes ordinaires, limités,
impuissants. Tous les prophètes étaient des hommes et
des femmes pleins de misères. « Je ne sais pas parler »
se défendait un appelé. « Ne dis pas : je ne sais pas parler,
réplique Dieu,Va! » Dieu nous dit encore cela aujourd’hui :
« Va ! Je serai avec toi. Ne tremble pas devant eux!», même
si on sait – et certains en font l’expérience aujourd’hui
de par le monde - que se vouloir du coté de Dieu, c’est
accepter le rejet, l’épreuve, la persécution que l’Esprit nous
fera supporter en solidarité avec « Celui qui nous a aimés
le premier ».
L’Esprit nous
apprend à prier
« Quand nous prions, nous
Monsieur Denis Petitclerc, bibliste, chargé de cours à
dit monsieur Petitclerc,
l’Université Laval, père de famille et directeur du Centre
nous ne sommes pas seuls.
Agapè de Québec (formation chrétienne des 18-35 ans),
nous parle de la prière en commentant particulièrement
Baptisés en Jésus, nous
le texte de Paul aux Romains (8,26ss) : « L’Esprit vient
avons reçu son Esprit
au secours de notre faiblesse et intercède pour nous par
qui nous ajuste, nous
des gémissements ineffables».
« travaille » pour que
nous correspondions à la
volonté de Dieu et que
nous sachions quoi demander. Dieu met donc en nous
son Esprit qui nous accordera à son désir qui est de faire
et nous surpassent infiniment mais dans lesquelles nous
le bonheur des hommes et des femmes dans la jouissance
reconnaissons – même sans les comprendre- le « dessein
de son intimité.
de son amour bienveillant ». Quand nous disons « Notre
Père » nous reconnaissons aussi notre coresponsabilité
L’Esprit nous « enligne » donc dans une prière qui est
dans l’édification du Royaume. Nous affirmons notre
l’apprentissage d’une relation filiale avec le Père. En Jésus,
solidarité avec Lui dans la réalisation de son projet. Le
son Fils, Il a fait de nous ses enfants et ses héritiers. La
Pater n’est pas une suite de vœux pieux dont la réalisation
prière chrétienne se fonde depuis 2000 ans sur le Pater
reposerait sur les épaules de Dieu seul, il est, pour les
que l’Esprit nous permet de dire en vérité. C’est parce
croyant(e)s, un engagement. Il est acceptation d’entrer
que le Pater nous situe comme enfants de Dieu que nous
volontairement dans le travail du Père pour l’épauler,
nous tournons vers Lui avec confiance.
malgré les épreuves qui seront vécues dans la fidélité et
l’espérance.
Le « Notre Père » est en nous l’œuvre de l’Esprit mais il
est aussi l’œuvre de notre esprit, de notre volonté libre qui
Dire « Notre Père », c’est laisser l’Esprit nous configurer
accueille ce que l’Esprit veut nous donner gratuitement.
au Christ. Il nous apprendra à nous livrer pour que nous
Quand, grâce à Lui, nous prions « Notre Père » nous
aimions, pardonnions, partagions et vivions à sa manière,
accordons nos vues aux vues de Dieu qui nous dépassent
Lui dont la volonté était de faire celle de son Père.
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
FORUM AMITIÉ 2014
FORUM AMITIÉ 2014
Prière sponsale * des mystiques
Prière de sainte Marie de l’Incarnation
(* sponsale veut dire : termes empruntés au mariage et aux relations amoureuses)
Madame Alexandra Plesoyano, auteure d’une
thèse de doctorat sur le parcours spirituel
de Etty Hillesum (une jeune Juive des PaysBas, déportée à Auschwitz et qui y meurt
le 30 novembre 1943), est professeure à
l’Université Saint-Paul d’Ottawa et s’intéresse
au langage utilisé par les mystiques chrétiens
pour rendre compte de leur expérience
spirituelle.
18
Qu’est-ce que le
langage symbolique, demande
Mme Plesoyano? C’est utiliser des mots exprimant des
réalités concrètes pour les faire déborder de sens en leur
donnant une autre signification. C’est les situer dans un
autre niveau de sens qui en fait éclater les limites.
Les mystiques font une (des) expérience(s) intense(s) de
Dieu. Poussés par l’Esprit de Vérité, ils cherchent à l’exprimer en récits. D’abord afin de bien la comprendre euxmêmes, de l’intégrer à leur croissance spirituelle et ensuite
afin d’aider les croyants dans leurs propres cheminements
spirituels en leur donnant des critères de discernement
qui leur éviteront les écueils, les tentations, les illusions,
voire l’orgueil spirituel (le pire de tous!).
Cette expérience « indicible » mais dont il leur faut cependant parler, les mystiques vont l’exprimer – tout en
avertissant les lecteurs que les mots ou images ne rendent pas (ou mal) le « vécu ineffable » dans lequel ils sont
entrés – par les moyens limités de leur culture et de leur
langue, par des comparaisons puisées dans leur vie et leur
milieu. L’expérience spirituelle et son expression seront
également teintées par la psychologie de celui ou celle
qui la vit car c’est toute la personnalité, corps, âme et
esprit, toutes les facultés intellectuelles et la sensibilité qui
prennent part à la relation avec Dieu, selon la démarche
du Salut dans la Révélation à Israël et dans l’Incarnation du
Christ,Verbe de Dieu au milieu de nous.
Afin de donner quelques exemples, madame Pleshoyano
s’attache au témoignage de Thérèse d’Avila pour montrer
comment se construit le langage symbolique des mystiques.
Sainte Thérèse vivait dans le « Siècle d’or » espagnol. Le
pays était alors, avec ses richesses, sa puissance politique
et ses colonies, le royaume le plus important d’Europe.
La culture et les arts s’y développaient
en même temps que se creusait l’écart
entre les couches sociales.
Thérèse venait d’une famille aisée,
nombreuse et unie. Belle et intelligente, elle avait le sentiment d’être la fille
préférée de son père et la sœur préférée de ses frères. Indépendante de
caractère, elle avait vu combien était
difficile la position des femmes dans la
société. Le mariage lui semblait un choix dangereux car sa
mère était morte jeune, après plusieurs grossesses. Elle
fit donc, à vingt ans, un « mariage de raison avec Dieu »,
en entrant au Carmel de l’Incarnation. Cela valait mieux
qu’un mari! Mais Dieu a plus d’un tour dans son sac et
c’est dans ce milieu-là qu’Il va aller la chercher pour transformer son cœur et en faire une grande amoureuse et la
« Madre », la grande réformatrice du Carmel.
Pour exprimer son expérience d’intimité avec Dieu, Thérèse prend donc les images de son siècle et de son vécu :
elle parle de Lui comme d’un Roi, de « Sa Majesté », d’un
« Fiancé », mais surtout d’un « Ami ». C’est d’ailleurs le
Christ dans son humanité qui est la figure centrale pour
Thérèse. Il est « l’Époux et le Maitre ». Dans son incarnation, Il est le « serviteur » sans pour autant cesser d’être
le « Seigneur ». Jésus est au puits et demande à boire.
Nous sommes la Samaritaine à laquelle il veut apporter
l’eau vive qui est Lui-même! Le relation de Thérèse avec
Dieu le Père passe surtout par la médiation du Fils. En
Lui le « Roi plein de majesté » devient un « ami dont on
se sait aimé » et sur qui on peut déposer la tête dans
une relation interpersonnelle de plus en plus intime et,
d’une certaine manière, de plus en plus égalitaire. Il y a un
engagement mutuel de fidélité et de confiance. Le Christ
et Thérèse se donnent l’un à l’autre dans une réciprocité
radicale qui fait penser à l’engagement matrimonial.
Un des critères de discernement qui permet à Thérèse
de considérer son expérience comme authentique est
la fécondité ecclésiale qu’elle produit. Dieu ne comble
pas une âme de ses biens pour qu’elle se contente d’une
jouissance égoïste, du genre « pourvu que je fasse mon
salut, que les autres se débrouillent! ». Au contraire, elle
devient « ardente à faire le bien », missionnaire. La vie
mystique authentique imprime un élan qui pousse à œuvrer concrètement pour « la gloire de Dieu et le salut
du monde » selon les besoins que l’ont perçoit dans les
situations sociales et culturelles.
Monsieur Raymond Brodeur a été professeur
de théologie à l’Université Laval pendant
plus de 40 ans. Il continue d’y œuvrer à
titre de professeur associé et de responsable
scientifique du Centre d’études Marie de
l’Incarnation, dont il fut un des cofondateurs.
Il compte de nombreuses publications sur les
catéchismes, l’enseignement religieux et Marie
de l’Incarnation.
Monsieur Raymond Brodeur
souligne au départ que Marie
de l’Incarnation vit dans la même ville que Descartes à une
époque où la représentation du religieux éclate. Son fils,
Claude, qui deviendra moine bénédictin, est un contemporain de Pascal.
De même que la révolution cartésienne prend son sens
dans une expérience que Descartes nous présente dans
ses Méditations métaphysiques, nous avons accès à l’expérience intime de Marie avec Jésus-Christ grâce à son fils et
à ses directeurs spirituels qui lui ont demandé de relater
son expérience spirituelle.
La dominante de la prière de Marie est sa très grande familiarité avec Jésus-Christ. Pour elle la prière est relation, élan
du cœur, cri. Tout commence par un
rêve qu’elle fait à l’âge de sept ans
(en 1599 à Tours) et qu’elle raconte
à 54 ans. Jésus lui demande « Voulez-vous être à moi? ». Elle répond
« oui ». Elle recherche la conversation intime avec Jésus, c’est l’Esprit
qui l’y pousse sans qu’elle ne comprenne trop ce qui se passait. Elle
se perçoit ainsi très tôt comme une
appelée.
Mariée, son époux meurt, six mois après la naissance de
son fils Claude. « Je suis avec Celui qui est dans la tribulation, écrit-elle ».
Le 24 mars 1620, elle vit une grande conversion. Elle a soudain conscience de toutes ses fautes et de ses imperfections. Elle a une vision du sang du Fils de Dieu. Elle saisit que
ce sang lui est donné pour son salut. Elle entre alors dans le
secret dans l’expérience révélatrice de son Dieu personnel.
Elle continue néanmoins à s’occuper de la maison et de la
gestion du commerce dans un environnement éprouvant,
sans que ces tracas ne la détournent de l’application à la
relation intime avec Dieu. Elle se repose dans « une petit
paradis » dans lequel elle reçoit des révélations, notamment sur la Trinité.
L’expérience de l’abandonne total de son âme à la conduite
de l‘Esprit de Dieu va susciter chez elle une prise de parole.
Dans ses nombreux écrits, cette grande mystique de l’action témoignera de l’expérience intime de Dieu.
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
FORUM AMITIÉ 2014
FORUM AMITIÉ 2014
Terre des jeunes !
La jeunesse et
son imaginaire religieux
côtoyons plus au quotidien et, quand
nous la voyons au salon funéraire, elle
est « maquillée » et ressemble à la vie!
On court « se divertir » pour nier ce
qui nous attend et on rejette loin de
notre conscience tout ce qui pourrait nous y faire penser : les malades
(confiés aux hôpitaux), les vieillards
(placés dans les maisons de retraite
ou les CHSLD), les grands souffrants (pour lesquels on propose l’euthanasie qui nous épargnera de les voir mourir,
donc de penser à notre propre mort).
Monsieur Jean-Philippe Perreault est doctorant
en sociologie religieuse et chargé de cours à
l’Université Laval. C’est comme sociologue
ouvert à la dimension spirituelle et chrétienne
qu’il s’adresse à nous, mais en demeurant
dans les limites de sa spécialité, sans faire
d’interprétations théologiques poussées.
20
En sociologue, monsieur Perreault s’interroge sur la dimension de la prière chez les jeunes (18 – 35 ans), sur leurs
difficultés face à cette réalité et sur les raisons de leur absence dans la plupart de nos assemblées chrétiennes alors
qu’il n’y a pas (sauf exceptions) d’hostilité marquée contre
le phénomène religieux dans leur groupe d’âge (ce qui a été
le cas dans la génération précédente). Pourquoi les jeunes
ne sont-ils pas là?
Quand on s’intéresse aux jeunes et à la spiritualité le fait-on
à partir d’eux, de leurs questions, de leurs expériences de
vie, de leurs relations interpersonnelles ou le fait-on dans le
but de les « récupérer » et de conserver et perpétuer nos
institutions en les y faisant entrer? Qu’est-ce que prier dans
l’imaginaire religieux de nos jeunes? Quel fossé les sépare
de la prière et est-ce que celle-ci les interroge?
Pour notre conférencier, la prière crée un « espace sacré
reconnaissable », elle organise « la dimension religieuse de
l’humain » au croisement de son âme, de son corps et de
son milieu social et culturel. Il faut donc essayer de connaitre et de comprendre cette « géographie » et tenter d’en
dresser la « cartographie » en délimitant les « frontières »
dans lesquelles les jeunes se trouvent. Leur géographie spirituelle n’est pas celle des adultes et il serait peut-être vain
de chercher à les mouler dans ce qui nous a nous-mêmes
formé.
LES FRONTIÈRES PORTEUSES
DE SENS OU DE QUESTIONS
DANS L’IMAGINAIRE DES JEUNES.
Première Frontière :
Mort et Divertissement!
La mort a toujours été source d’angoisse pour les humains.
Or, en Occident sécularisé, nous assistons à une « lente
disparition socio-symbolique » de la mort. Nous ne la
Cette situation devrait inciter les croyants à se demander
quel message de libération et d’espérance ils peuvent apporter à leurs jeunes contemporains.
en contact avec l’éternité. Dans ce temps fractionné qu’en
sera-t-il du temps de la prière?
La question que cette attitude devrait susciter chez les
croyants est celle de l’engagement envers un avenir qui dépassera la satisfaction immédiate et qui, tout en respectant
les cheminements personnels et le besoins de se retrouver entre eux, saura les inviter les jeunes à développer une
dimension de « gratuité communautaire », de don.
Quatrième Frontière :
le Lieu et l’Espace!
Il n’y a pas si longtemps encore les croyants quand ils pensaient prière pensaient à « l’espace sacré » constitué par
l’église (paroissiale ou autre). C’était un endroit solide sur
lequel on pouvait compter car on pouvait y aller, s’y retrouver, s’y reconnaitre.
L’invitation que cette nouvelle frontière envoie aux croyants
n’est-elle pas de savoir sortir du lieu saint pour rencontrer
les jeunes dans les espaces dans lesquels ils évoluent selon
un cheminement qui leur est propre?
En Conclusion!
Les religions de tradition comme le christianisme sont
effectivement confrontées aujourd’hui à une société qui
est « sortie de la religion » et de la reproduction des traditions.
Les chrétiens peuvent être tentés par la solution facile de
faire « le jeu de la marchandisation » dans « le supermarché
des sens » offerts en proposant leurs « produits » comme
n’importe quel commerçant recherchant « l’efficacité Immédiate » et comptabilisable.
Un hommage à un des piliers des Amis
de Saint-Benoît-du-Lac : Gilles Carignan
Deuxième Frontière :
Jeunesse et Maturité!
Conséquence du refus de la mort, la jeunesse devient le
nouvel « âge d’or » qu’il faut faire durer le plus longtemps
possible. Il faut être jeune, le rester ou en avoir l’air! Et
cela à tous prix : chirurgie, botox et entraînement, culte de
la santé, régimes miracles et fréquentation des « endroits
branchés »!
Nous sommes devant un fantasme qui piège les jeunes en
les empêchant d’accepter de devenir adultes. Il y a à développer une «éthique de la continuité » afin d’ouvrir le présent à quelque chose de vraiment neuf en se fondant sur les
riches expériences du passé qui nous inspire mais qu’on ne
cherche pas à reproduire.
Troisième Frontière :
l’Immédiateté et la Durée!
Les jeunes vivent un rapport au temps différent de celui
des générations précédentes. Ils ont un agenda hyper-chargé qui leur donne l’impression d’exister pleinement parce
qu’ils sont toujours en mouvement alors qu’ils risquent
l’essoufflement et la perte des repères.
Les religions ont toujours essayé de contrôler le temps
principalement par les « récits fondateurs » (les textes
sacrés) et par les rites annuels ou hebdomadaires qui situaient les croyants dans un calendrier les reliant au passé
et les ouvrant sur l’avenir d’une façon connue et acceptée
communautairement, un calendrier qui les mettait aussi
L’implication généreuse et efficace de Monsieur Gilles
Carignan de Québec a réussi à donner une impulsion à
l’association des Amis à des moments très importants. Qui
aurait-on pu trouver de mieux que le Père Abbé, Dom André Laberge, pour témoigner du dévouement de Monsieur
Gilles Carignan. Dom Laberge a servi quelques années
à titre de secrétaire-adjoint des Amis. Les deux hommes
ont développé une fidèle amitié dont a témoigné le Père
Abbé.
Monsieur Carignan commença à faire des séjours annuels à
l’abbaye au début des années 60. Membre des Amis depuis
1967, il s’impliquera tant dans les Forums Amitié, que dans
les Montées, à titre de président de la région de Québec et à titre de président général de 2002-2004. Tous se
souviendront de l’organisation de ces événements majeurs
que furent les célébrations du 25e et du 50e des Amis de
Saint-Benoît-du-Lac.
L’héritage le plus fécond laissé par Monsieur Carignan
me semble être l’impulsion qu’il a donné à la revue L’Ami
de Saint-Benoît-du-Lac tant quant au contenu qu’à la
dimension graphique. Il a su s’entourer de collaborateurs
compétents, notamment le graphiste avec lequel il travailla
au montage de la revue pendant des années.
La revue actuelle a conservé la même personnalité que
celle que lui avait donnée Monsieur Carignan. L’héritage
est d’autant plus important que la revue demeure un lien
privilégié entre l’association et ses membres.
Y.C.
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
FORUM AMITIÉ 2014
Louez le Seigneur depuis les cieux (psaume 148)
Madame Mireille Galipeau est
présidente des Amis de Saint-Benoîtdu-Lac de la région de Québec,
étudiante à la Maîtrise en Théologie et
responsable de l’équipe organisatrice
du Forum 2014.
Au terme de notre Forum, Madame Galipeau
nous a proposé
une réflexion sur
le psaume 148
qui fait l’objet
de ses études de
maîtrise. Celle-ci est une démarche très particulière et originale ou se rencontrent la théologie, l’art et la psychologie
du développement.
Ce psaume a toujours été très parlant, très
inspirant pour madame Galipeau et elle l’a
abordé pour sa recherche en élaborant un
cahier d’art communautaire. Les œuvres de
différents membres de sa famille (différence
d’âge, de sexe, de religion) ont été mises à
contribution.
Chaque verset est « illustré » par une œuvre (sculpture, peinture, dessin, photo, lettre calligraphiée,
etc.) choisie parmi celles qui ont été soumises à madame
Galipeau. Chaque œuvre a fait ensuite l’objet d’un commentaire établissant des liens entre le verset du psaume et
son illustration, en situant celui-ci dans le développement
psychologique qui correspond à celui de son auteur(e). Un
commentaire théologique à venir conclura le mémoire de
recherche.
François McCauley, oblat et ami de St-Benoît-du-Lac
22
La nouvelle évangélisation:
À qui? Quel message? Comment?
Du 2 au 4 mai 2014
Avec Normand Provencher O.M.I.
Dans le cadre le l’École abbatiale de Saint-Benoît-du-Lac,
du 2 au 4 mai dernier, Normand Provencher O.M.I. a
donné une série de conférences portant sur la « nouvelle
évangélisation ». Pourquoi accoler à « évangélisation » le
mot «nouvelle»? Selon le Père Provencher, il est devenu
urgent et nécessaire de prendre conscience que nous
vivons maintenant dans une société différente de celle
d’autrefois, elle est devenue moderne et sécularisée.
Le père Provencher insiste pour que cette session ne soit
pas seulement une suite de conférences qui informent
et suscitent de l’inquiétude, au contraire, il souhaite que
cette session apporte de l’espérance, et le goût de connaître et de faire connaître l’Évangile avec un air de Pâques;
comme il nous l’indique: « Il y a des chrétiens qui semblent
avoir un air de Carême sans Pâques ». Une cure de joie
s’impose.
:
ur de la région de Québec
Merci au comité organisate
ine Savard-Rheault,
Cél
,
ard
Hu
e
rth
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riePierre-René Côté, Ma
eille Galipeau.
Alphonse Rheault et Mir
Soirée ave
c
E. Lebrun le Quatuor Robert
sur le thèm
M
e “Pour n ager, A.Morrissette,
ous ouvrir
un passage G.Préfontaine,
”
Jean-Paul II a employé pour la première fois l’expression
« nouvelle évangélisation », lors d’une homélie en Pologne
en 1979, ensuite lors d’un discours, le 9 mars 1983. Quant
à Benoît XVI, il crée le Conseil pontifical pour la nouvelle
évangélisation, le 12 octobre 2010. Et le 24 novembre
2013, le pape François fit paraître l’exhortation apostolique « La joie de l’Évangile » qui constitue un document
de base de l’évangélisation dans le contexte d’aujourd’hui.
La nouvelle évangélisation se distingue de l’activité pastorale qui, bien qu’elle puisse être évangélisatrice, vise surtout à entretenir et à développer la foi et la charité d’une
communauté chrétienne déjà existante. La nécessité et
l’urgence de la nouvelle évangélisation surgissent de la
prise de conscience de l’avènement d’un monde nouveau,
de plus en plus étranger à l’Église et à l’Évangile. Ce n’est
pas seulement l’affaiblissement de la foi dans un monde
d’indifférence religieuse que nous devons constater, mais
bien la nouveauté de notre univers culturel où la religion
ne semble plus intéresser une masse de gens toujours
plus grande. La modernité se caractérise d’abord par l’essor et la suprématie de la rationalité, de la science et de la
technologie, au détriment de la sagesse, de la contemplation, de la croyance.
23
Depuis quelques décennies, nous constatons toutefois
que la modernité est devenue plus lucide, plus humble,
et elle laisse davantage de place à l’irrationnel et aux sentiments à l’opposé de la modernité considérée comme
trop rationnelle et froide. C’est la postmodernité. La postmodernité semble ouverte et accueillante à l’Évangile, une
parole qui promeut l’amour, la liberté et l’intériorité. Il
y a une certaine connivence entre les attentes des gens
d’aujourd’hui et l’Évangile. Bien que nous ne vivions plus
en chrétienté, nous en avons parfois la nostalgie, d’où la
tentation pour certains de promouvoir un retour en arrière. Le christianisme doit se délester de cette façon de
penser et de s’exprimer, marquée par des cultures d’un
autre temps. Par ailleurs, l’Évangile est toujours une source qui n’a pas fini de jaillir et d’apporter du nouveau — si
nous le faisons entendre — dans toute sa fraîcheur.
Cette rencontre exige de nous, comme pour les missionnaires d’autrefois de quitter nos frontières et de nous
aventurer sur des territoires inconnus, avec patience et
humilité. Le moment est venu pour l’Église de ne plus
bouder la culture moderne et même de s’y insérer sans
naïveté, mais avec foi et espérance !
Le « personnel » de l’Église (prêtres, religieux et religieuses, agents et agentes de pastorale) prend de l’âge et ne
recrute plus que difficilement. Une institution qui n’arrive
plus à recruter ses membres et ses cadres serait-elle ap-
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
pelée à disparaître ? La foi est de moins en moins le fruit
d’un héritage et ainsi la «mémoire chrétienne» s’estompe.
Notre Église souffre d’aphasie. Son visage n’est pas toujours très attrayant, les divers médias ne font pas tellement d’effort pour montrer ses plus beaux traits. Monsieur Provencher quant à lui, la voit encore comme trop
doctrinaire et moralisante.
Selon le sondage CROP, mené du 13 au 16 février 2013,
réalisé pour l’émission Second Regard de Radio-Canada,
au Québec, moins de 60% des Québécois se déclarent
catholiques. L’appartenance réelle à l’Église a fondu comme neige au soleil. 17% se déclarent sans religion. 54% des
catholiques accordent peu ou pas du tout d’importance à
la religion.
24
L’Église est à un tournant, nous n’avons plus le personnel
et les moyens pour entreprendre des chantiers d’envergure, mais n’oublions jamais que Jésus a commencé l’Église
avec quelques disciples, des gens modestes. Son message
s’est répandu parce qu’elle a su s’adapter. Il ne faudrait pas
exclure les visionnaires qui dérangent nos façons habituelles de faire et de penser; au contraire, il est nécessaire de
les encourager, même si leurs jardins sont modestes.
La situation présente de crise et de remise en question ne
serait-elle pas une occasion pour nous de retournement
vers l’essentiel de nos engagements et de nos œuvres ?
Cette recherche de Dieu ne peut être une démarche
crispée et volontariste, mais une expérience de vie. Nous
n’avons pas à enseigner les dogmes, la théologie; l’héritage
doctrinal de l’Église est devenu trop lourd avec les siècles.
Un grand ménage est à faire pour retrouver ce qui constitue le cœur du message chrétien. Voulant se donner un
nouveau visage à Vatican II, l’Église a beaucoup parlé d’elle-même et du renouvellement de ses structures, c’était
nécessaire, mais elle a moins parlé de Dieu et du Christ
et c’est ce que déplore notre conférencier. Il explique que
trop souvent, nous nous limitons à changer les meubles de
place, mais ce sont toujours les mêmes vieux meubles. La
question principale doit
être posée avec vigueur :
« Quel est le Dieu de
notre pastorale, de nos
œuvres, de nos communautés chrétiennes, de
la nouvelle évangélisation ? »
Dans nos activités évangélisatrices, il est nécessaire de vivre nous-mêmes et de faire vivre
des expériences intérieures aux gens que
nous rencontrons. C’est
la manière du pape
Hiver 2015 - No 125
François, les gens acceptent un message s’ils sont touchés
intérieurement surtout les jeunes.
L’évangélisateur doit parler de Jésus, présenter son message, sa mort et sa résurrection. Jésus le Christ est la Parole
de Dieu faite chair, il n’est pas une idée, mais Quelqu’un.
Les autorités religieuses de son temps l’ont condamné à
la mort, sous prétexte qu’il troublait les croyants par ses
propos sur Dieu et sur le Temple et qu’il dérangeait le
système religieux traditionnel. Dieu lui a donné raison en
le ressuscitant, en le faisant entrer dans toute son humanité dans la vie éternelle. C’est pourquoi il ne faut pas
chercher Dieu au-delà des nuages, dans le merveilleux et
la puissance, mais en Jésus; voilà la Bonne Nouvelle !
Dieu est-il injuste quand
il laisse son allié souffrir ?
Du 19 au 21 septembre 2014
Avec le Père Pierre-René Côté
Oblat bénédictin et prêtre
du diocèse de Québec
Qui fera la nouvelle évangélisation ? On ne peut compter
sur le clergé actuel déjà débordé. Mais par le si petit nombre de vocations presbytérales et religieuses, l’Esprit veut
certainement nous dire quelque chose; quoi ? Peut-être
que les laïcs, hommes et femmes, ne doivent pas seulement exercer des rôles de suppléances et d’auxiliaires ?
Que de fois, au cours des âges, l’Église semblait mourante,
pourtant, elle ne faisait que changer d’adresse. Sommesnous assez courageux et audacieux pour la faire changer
d’adresse encore une fois ? Pour Normand Provencher,
nous sommes l’Église de la Pentecôte où Jésus nous est
toujours présent, mais invisible. Jésus nous laisse la place
pour que nous soyons ses témoins, audacieux et inventifs.
En étant présents et lucides face aux enjeux de la société moderne, en nous rangeant du côté de ceux et celles
qui souffrent, en nous préoccupant davantage de la cause
de l’Évangile que de la survie de nos institutions, nous
pouvons contribuer à la nouvelle évangélisation et faire
entendre dans des mots nouveaux le message libérateur
de Jésus de Nazareth !
Propos recueillis et résumés par Marc Lacroix
humains, des prophètes, qui ont leurs forces et leurs faiblesses; Moïse bégayait, Jonas voulait fuir sa mission. Dieu
respecte notre liberté, il n’impose pas, il suggère, mais
nous pouvons refuser de l’écouter et, nous n’avons jamais
la certitude d’avoir bien compris son message. Dieu veut
que tous les hommes soient sauvés, mais tous sont responsables, collectivement.
La souffrance est inévitable dans la vie humaine et c’est
ce dont le Père Côté est venu nous parler dans le cadre
de l’École abbatiale de Saint-Benoit-du-Lac, du 19 au 21
septembre dernier. Parler « souffrance », c’est faire référence à l’histoire de Job, le juste, victime d’un pari entre
Dieu et Satan.
« Dieu a donné, Dieu a repris. » disait Job auquel tout a
été enlevé. Venus lui rendre visite, trois de ses « amis »
discutent. Rapidement ces trois porteurs de la vérité
traditionnelle, à une comptabilité simpliste, accusent Job
d’avoir péché et prétendent que ses malheurs ne sont que
le juste retour des choses. Job proteste, il n’a rien fait de
mal !
Dieu serait-il injuste? Lui qui a fait alliance avec l’Homme
le laisserait tomber par caprice ! Notre vision de la souffrance est-elle plus juste que celle des trois amis ?
Pour le Père Côté, nous
devons regarder, étudier
la question en fonction de
l’Alliance entre Yahvé et
l’humanité. Cette Alliance
s’étale sur une période de
temps qui n’est pas celle
de l’existence humaine.
Dieu n’agit pas dans nos
vies comme un grand-père
barbu va agir dans la vie de
ses petits enfants; il agit par
l’Esprit, par des médiateurs
Dieu s’est incarné et s’est sacrifié pour tous et nous aussi
pouvons participer à son sacrifice par notre travail. Hitler
voulait redonner la fierté aux Allemands après le Traité de
Versailles, humiliant pour son peuple; il le fera — avec les
résultats que nous connaissons. Nous sommes faillibles et
pouvons commettre des erreurs qui causent des souffrances, à nous et aux autres. Lorsque nous souffrons, nous
avons le droit de nous plaindre à Dieu et de prendre des
moyens pour échapper à la souffrance; les causes et les
effets s’enchaînent... « Nul n’est une île », rappelait Thomas Merton, moine trappiste, citant les paroles du poète
John Donne.
L’Église de demain se bâtira sur l’amour, la reconnaissance
mutuelle des fils et filles de Dieu — sur la compassion
par rapport à la souffrance des autres —, même celle des
athées. Le mal n’est pas voulu par Dieu, mais le résultat de
nos errances collectives.
Propos recueillis et résumés par Marc Lacroix
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L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
Saguenay Lac-Saint-Jean
Saguenay Lac-Saint-Jean
Montée à l’Abbaye
Saint-Benoit-du-Lac
Rencontre avec
François d’Assise
Samedi le 11 mai 2014.
Ce matin-là, malgré
un temps pluvieux,
les 38 pèlerins qui
prenaient place dans
l’autobus avaient le
cœur à la fête. Nous
étions attendus à
l’Abbaye de SaintBenoît-du-Lac pour
vivre un bon moment
de ressourcement et
de méditation tout
en s’inspirant de la
vie monastique. Cette
activité organisée par
le comité régional des
Amis de Saint-Benoît
permet ainsi aux
gens de chez-nous, en
quête de spiritualité,
de mieux connaître et
apprécier l’œuvre de Dieu à travers l’histoire de cette
communauté monastique établie sur les bords du Lac
Mémphrémagog depuis 1912. Nous exprimons un
Dimanche, le 5 octobre 2014, les Ami(e)s de
Saint-Benoît de notre région étaient bien heureux de se rencontrer. On aurait dit une soirée
du Jour de l’An : ça jasait beaucoup et l’ambiance
était bien joyeuse. Après un délicieux brunch,
Mme Anne-Marie Minier nous a fait son discours
d’adieu comme présidente étant donné qu’elle
demeure maintenant à Québec. Elle fut chaudement applaudie pour tout ce qu’elle a fait généreusement pour notre association régionale.
M. Laurent Bilodeau a accepté de prendre la
relève comme président pour les prochaines
années.
La vie de l’association
26
La vie de l’association
Nous avions invité le Père Michel Gagné, recteur
de l’Ermitage du Lac-Bouchette à venir nous parler de la spiritualité de saint François d’Assise et
ce fut très intéressant.Voici quelques points forts
de son entretien.
merci sincère pour l’accueil reçu, spécialement à Dom
Minier pour sa présence chaleureuse et son animation
tout au long de notre
séjour.
Michel Desbiens
27
De gauche à droite: Paul-Étienne Tremblay, Père Michel Gagné, Laurent
Bilodeau et Michel Gagné.
Saint François, on s’en souvient, était proche de la nature
et des oiseaux qui ne sèment ni ne moissonnent, mais qui
reçoivent à tous les jours du Créateur ce dont ils ont besoin. Il nous faut faire confiance en la Providence : Dieu est
là et cela me suffit.
François voulait ressembler le plus possible au Christ et les
stigmates en furent un signe dans sa chair. Il voulait être le
plus pauvre parmi les pauvres, être avec les malades et les
laissés pour compte. Ce qu’il voulait vraiment, c’est être
un frère pour tous ceux et celles qui croisaient sa route.
Connaissez-vous les Fioretti de saint François d’Assise?
Pour bien connaître ce grand saint, c’est là que vous le
découvrirez vraiment. Je vous recommande en particulier
la fioretti intitulée « Comment saint François pacifia le
loup avec le peuple de Gubbio ». Le Père Gagné nous l’a
lue et nous avons alors compris tout le message encore
très actuel de François d’Assise que notre pape François
admire tant et qu’il se propose comme modèle à imiter.
Laurent Bilodeau, ami de Saint-Benoît-du-Lac
Projet d’un Forum-Amitié abrégé en 2015
Maison de la Madone, Cap de la Madeleine
Samedi le17 et dimanche le 18 octobre 2015
Projet d’un forum amitié abrégé
(durée de 24 heures) avec un contenu très
enrichissant et, ce qui a toujours été la marque
de ces rencontres, les liens de fraternité.
Thème provisoire :
elle Église?
Quelle(s) famille(s) dans qu
teurs.
À l’écoute de couples et de pas
Trois-Rivières.
de
ux
gie
reli
Visite d’un site du patrimoine
Notre-Dame-du-Cap.
Messe au Petit Sanctuaire de
bulletin Un nouvel Ami.
Informations à suivre dans le
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
Sherbrooke
La vie de l’association
Montée à
Saint-Benoît-du-Lac
Sherbrooke
La vie de l’association
Dom Guy Hubert
Le détachement monastique
Dom Hubert est né en 1958, à Baie-Comeau et est entré
au monastère en 1980. Il a été ordonné prêtre en 1988
et exerce les fonctions de chancelier et de cérémoniaire,
en plus d’être, périodiquement, chapelain des moniales de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Il nous a entretenus de sa vision
du détachement dans le cadre de la vie bénédictine.
François McCauley, président de Sherbrooke, présente Dom
Charles Gilman
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Le 31 mai 2014, une cinquantaine de membres et nonmembres des régions de Sherbrooke, Victoriaville, Asbestos et Acton Vale se retrouvaient pour vivre une Montée
Saint-Benoît.
Notre journée a commencé par un arrêt priant dans la
petite église d’Austin. Nous avons d’abord écouté des passages du Nouveau Testament et de la Règle de saint Benoît
favorisant l’approfondissement du thème de notre journée : « Marcher léger sur les pas du Christ, dans le service,
l’humilité et le détachement, afin de ‘’ne rien préférer à
l’amour de Dieu’’ (RB 43,3). »
Notre petite ‘’communauté ‘’ a ensuite prié les psaumes
121 : « J’étais dans la joie quand je suis parti vers la Maison
du Seigneur », et 22 : « Le Seigneur est mon berger ». Ils
ont soutenu notre marche silencieuse (2 km) vers le monastère. Nous avons célébré l’Eucharistie avec nos frères
moines. Celle-ci revêtait un aspect particulier : on y célébrait les funérailles du frère Paul-Eugène Morin OSB. Pour
plusieurs d’entre nous, c’était la première expérience de
l’adieu des moines à un des leurs. La dignité de la liturgie, la
tombe, ouverte et déposée sur le sol du chœur, la beauté
et la sérénité des hymnes en ont impressionné plusieurs.
Nous sommes descendus ensuite dans la salle, près de la
boutique, afin de prendre notre repas. Chaque personne
avait apporté son lunch mais celui-ci a été agrémenté par
un grand plateau de fromages et des bouteilles de cidre et
de kir.
En après-midi Dom Charles Gilman nous a donné, avec
une totale confiance, le témoignage de son cheminement
« Marcher
léger sur les
pas du Christ,
dans le service,
l’humilité et le
détachement,
afin de ‘’ne
rien préférer à
l’amour de Dieu’’
(RB 43,3). »
spirituel. Celui-ci l’a conduit du protestantisme à la communauté épiscopalienne (après une période d’indifférence
religieuse) dont Il a été prêtre pendant 15 ans tout en
poursuivant son questionnement religieux qui, au terme,
l’a amené à l’adhésion au catholicisme, le 12 mai 2002, puis
à la vie monastique, d’abord en Angleterre, et finalement,
selon un désir profond, à Saint-Benoît. Il est entré au monastère en y apportant ses vastes lectures, ses expériences
pastorales, la psychanalyse et la médiation transcendantale
qu’il pratique encore. Dom Gilman a intégré harmonieusement toutes ces avenues diverses en les centrant et en
les hiérarchisant autour du Christ et de la vie bénédictine.
Il nous a dit avoir trouvé au monastère de Saint-Benoîtdu-lac, essentiellement contemplatif, selon la tradition de
Solesmes, le lieu où pouvaient s’épanouir toutes les diverses dimensions de sa vie et de son être, un monastère où
la liturgie est à l’honneur et constitue le pôle intégrateur
de la vie communautaire. Car il ne voulait pas vivre dans un
monastère qui aurait eu charge de paroisses ou de collèges
comme cela arrive souvent aux USA.
Avant le départ, les membres du groupe ont pu, au choix,
se rendre à la boutique ou à la Tour Saint-Benoît pour une
visite guidée expliquant la riche symbolique de cette chapelle commémorant le 14e centenaire de décès du Patriarche des moines d’Occident.
Le détachement prôné par la Règle de saint Benoît n’est
pas la radicale pauvreté franciscaine mais elle n’en exige
pas moins une conversion du cœur et de l’esprit qui est
le travail de toute une vie. Cette démarche de « retournement du cœur vers Dieu » est assistée par la grâce
et soutenue par le Père Abbé et par la communauté des
frères qui cheminent eux aussi dans la voie de l’obéissance
au Seigneur « qui doit être préféré à tout ». Cette préférence pour le Christ implique une nouvelle façon de voir
la propriété et les biens matériels, ainsi que les liens affectifs avec la famille et les amis, et même l’idée et l’estime
que l’on a de soi.
Le bénédictin, lors de sa profession, fait vœux de
« conversion des mœurs et de stabilité dans le monastère ». Le vœu de « conversion » englobe tous les vœux.
Saint Benoit ne parle pas expressément de pauvreté dans
sa Règle, mais il stipule qu’il faut « déraciner jusqu’aux
racines le vice très dangereux de la propriété ». Il insiste
pour que le moine ne possède rien en propre, sauf ce que
l’Abbé lui permet car, s’étant donné au Seigneur, « [i]l n’est
même plus maître de son corps »! Cependant, comme un
bon père « qui devra rendre compte au Seigneur des frères qui lui ont été confiés », l’Abbé doit tenir compte des
besoins différents des personnes, de leur infirmité, de leur
sensibilité, de leur santé et de leur évolution spirituelle qui
n’a pas le même pour tous. L’Abbé se doit de garantir à
tous ce qui est nécessaire pour vivre sainement mais sans
excès « afin qu’il n’y ait pas de murmure dans la maison
du Seigneur » et qu’une trop grande austérité n’en vienne
a décourager les « faibles ».
École du service du Seigneur, la vie bénédictine invite donc
celui qui l’adopte à ne pas s’installer sur les lauriers, à ne
pas se croire arrivé. Le Seigneur étant le premier servi, il
lui faut consentir à des désappropriations qui, pour être
libératrices, n’en sont pas moins couteuses. Mais le moine
n’est pas seul pour juger des détachements auxquels le
Seigneur l’invite. L’Abbé, le confesseur, un ami peuvent
l’aider à voir dans sa vie les attachements qui entravent
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sa progression spirituelle et humaine, les renoncements
auxquels il lui faut consentir, les dépouillements qu’il faut
assumer pour grandir dans l’amour de Dieu. Il est « tellement facile de garder », nous dit Dom Hubert, « de s’approprier ceci ou cela en invoquant de bonnes raisons », de
se consentir des « accommodements raisonnables » ! La
vie monastique nous apprend « à nous désapproprier au
fur et a mesure de ce qui est superflu. Mais il est vrai que
certains réussissent mieux que d’autres », souligne avec
humour Dom Hubert.
« Dieu est le Dieu du présent », disait un jour le Père Garneau (2e Abbé). Cela aide à considérer les renoncements
non comme une montagne infranchissable et écrasante
mais comme une série de petites collines qu’il faut gravir
au quotidien.
Il y a le renoncement aux biens matériels, aux tentations
de dire « c’est à moi » ou « je le mérite bien ». On apprend peu a peu à dire « notre, nous, nos », au lieu de
« mon, ma, moi ». On apprend à demander la permission au Père Abbé, c’est-à-dire à attendre d’un autre ce
que l’on aimerait avoir ou dont on a besoin. Cela enseigne à faire confiance, à dépendre d’un autre alors qu’on
aime tant décider, choisir, « être en charge, indépendant ».
On apprend à ne pas toujours avoir immédiatement ce
que l’on veut, à se défaire du surplus qui nous entrave.
Même pour le travail, il y a l’acceptation de ne pas faire sa
volonté, « de ne pas avoir de plan de carrière » car les
fonctions que le moine exerce dans la communauté sont
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
L’Ami de Saint-Benoît-du-Lac
Hiver 2015 - No 125
Hiver 2015 - No 125
pour le service de celle-ci. « Elles nous sont demandées
(après discussion possible), on ne les a pas choisies et on y
entre par une obéissance active et volontaire pour le bien
de tous ». Le détachement bénédictin me désapproprie
doucement du moi en me conduisant à ne pas me mettre
toujours en avant et au centre. « C’est ainsi que je peux
être plus attentif à autrui, à ses qualités, à ses besoins, à
avoir de l’indulgence et de la compréhension pour ses
faiblesses qui me renvoient un peu aux miennes ».
D’autre part, le moine est aussi appelé à renoncer ou à
réorienter ses affections familiales, ses amitiés, ses relations avec autrui qui peuvent aussi être des lieux où se
déploie le besoin de posséder, voire de dominer. C’est une
part importante du dépouillement de sa volonté propre
que de resituer ou restructurer ses relations person-
nelles dans la perspective que Dieu en a! Cela ne peut
se vivre que dans la foi, dans la confiance que Dieu veut
pour nous le meilleur, c’est-à-dire Lui-même! Et certains
détachements peuvent être plus douloureux que d’autres.
La mort de ses parents (surtout sa mère) a été vécue
difficilement, nous avoue Dom Hubert. Il y a des drames
affectifs qu’il faut confier au Seigneur.
Cet appel à suivre Jésus a retenti tôt chez le Père Hubert.
Il y a vu l’invitation lancée au jeune homme riche de la
parabole : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi et tu auras un trésor dans le ciel ». À
vingt-un ans Dom Hubert a voulu entrer à Saint-Benoît
dans un esprit de détachement : « Me voici, Seigneur, pour
faire ta volonté! ».
François McCauley, Oblat et ami.
Un petit office des
Complies sur Radio Ville-Marie
In memoriam
Le Père Abbé, les moines et les Amis de
Saint-Benoît-du-Lac unissent leurs prières pour
demander au Seigneur d’accueillir dans son amour
ceux et celles de nos amis qu’il est venu chercher.
Puissent les familles ressentir la présence réconfortante
du Seigneur qui est Résurrection et Vie.
Thérèse Beauregard,
Saint-Hyacinthe
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Antonine Chagnon Miclette,
Acton-Vale
Réal Côté,
Deschaillons
De gauche à droite: Antonin Wyss (technicien de RVM), Jacques Saint-Pierre, Gérald Ébacher, Dominique Minier o.s.b., Yvan
Cloutier et Marc O’Reilly.
Grâce à l’initiative de Monsieur Henri Laban, Radio VilleMarie a enregistré à Saint-Benoît-du-Lac un petit office des
complies qui est diffusé du lundi au vendredi depuis septembre à 11h15 sous le titre « Signe de nuit ».
Dom Dominique Minier est accompagné de la schola du
Chœur grégorien de Sherbrooke, fondé et dirigé pendant
plusieurs années par Dom André Saint-Cyr.
ADHÉSION / RENOUVELLEMENT
FICHE D’INSCRIPTION 2015
Nouvelle adhésion
Membre à vie
COÛT ANNUEL INCLUANT LA REVUE : 25 $
Je renouvelle pour 1 an
Renouvellement
Contribution volontaire
2 ans
3 ans
4 ans
Nom du membre : __________________________________ Nom du conjoint : _________________________________
Adresse : ______________________________________________________________________
Ville : _____________________________ Province : ____________ Code postal : _____________
Téléphone : ________________________ Courriel : ____________________________________
Montant supplémentaire à titre de don : Don à l’Abbaye __________ Fonds Relève-Jeunesse __________
Un reçu pour fins d’impôt sera émis et posté à votre attention pour tout don supérieur à 20 $.
Veuillez faire parvenir le carton d’adhésion et votre chèque dans une enveloppe adressée à :
Le secrétariat Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac Abbaye Saint-Benoît, Saint-Benoît-du-Lac QC J0B 2M0
« Tout homme est un peu de moi-même, car je fais partie de l’humanité. Tout chrétien fait partie de mon corps,
car nous sommes membres du Christ. Ce que je fais est
aussi pour eux, avec eux et par eux. Ce qu’ils font est en
moi, par moi et pour moi. Mais chacun de nous demeure
responsable du rôle qu’il joue dans la vie de l’ensemble. »
Thomas Merton OCSO, Nul n’est une île, coll.
« Sagesses », Éditions du Seuil, 1956, p. 17.
Maurice A. Chassé,
Trois-Rivières
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Pensées
Gilles Faucher, oblat,
Sherbrooke
Paul Giguère,
Shawinigan
René Laroche,
Saint-Camille
Yvan Michaud, oblat,
Sherbrooke
Laurette Morin Ducharme,
Asbestos
Jeannine Pépin,
Victoriaville
André Roy,
Mont-Joli
« [Ê]tre des lieux d’hospitalité pour Dieu lui-même […].
Je ne dois pas habiter ma propre demeure de façon telle
que par mes soucis, mes désirs, mes projets, mes pensées, je l’emplisse toute entière, et qu’elle ne soit que le
lieu d’un dialogue avec soi. Il faut ménager en elle du vide,
qui correspond à une vacance et à une disponibilité de
la pensée et de la volonté, pour que Dieu puisse venir y
habiter. »
Jean-Louis Chrétien, L’espace intérieur,
Les Éditions de Minuit, 2014, p.19.
« Tu nous aimes donc dans la mesure où tu fais de nous
ceux qui t’aiment. Et nous, nous t’aimons dans la mesure
où nous recevons de toi ton Esprit, qui est ton amour, lui
qui occupe et possède tous les replis de nos affections,
et les convertit parfaitement à la pureté de ta vérité, à la
vérité de ta pureté, au plein consentement en ton amour
[…]. »
Guillaume de Saint-Thierry, La contemplation en Dieu,
coll. « Sources chrétiennes », Les Éditions du Cerf, p. 101.
« [Le] seul but [de la vie monastique] est la recherche
de Dieu dans le silence du désert. Elle ne cherche pas à
rayonner à l’extérieur, à convertir des incroyants, ou à instruire des ignorants. En réalité, elle l’a fait, et elle continue
à le faire, mais presque « per accidens » : elle rayonne dans
la mesure où elle reste fidèle à sa règle de recherche de
Dieu, de prière, de silence, de retrait du monde. »
Jean-Charles Nault, o.s.b., « La liturgie fondement de la
vie monastique et religieuse », La Maison Dieu, no 276
(La part des moines), Décembre 2013, p. 32-33.
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L’AMI DE SAINT-BENOÎT-DU-LAC
Publié deux fois par année, en juillet et en décembre par les Amis de Saint-Benoît-du-Lac inc., la
revue se fait l’écho, depuis 1962, des activités de
l’association et veut contribuer au ressourcement
spirituel des Amis par la reproduction d’homélies,
de conférences et d’écrits variés.
Y trouvent également place des renseignements
sur la vie des moines bénédictins de l’Abbaye de
Saint-Benoît-du-Lac : chronique courante, historiques, événements notables, etc.
L’Association des Amis
de Saint-Benoît-du-Lac
L’Association des Amis de Saint-Benoît-du-Lac
est une association à but non lucratif fondée en
mars 1952. Son but est de grouper toutes les personnes désireuses de faire connaître le message
de saint Benoît, la vie bénédictine à l’abbaye SaintBenoît-du-Lac et les activités de l’Association. La
cotisation annuelle est de 25 $, payable au premier janvier de l’année. Chaque membre reçoit
la revue L’Ami de Saint-Benoît. Un reçu pour fins
d’impôt est émis pour tout don dont le montant
est supérieur à 20 $.
Les Amis de Saint-Benoît-du-Lac Inc.
Saint-Benoît-du-Lac, QC, Canada, J0B 2M0
http://amissbl.weebly.com/
secretar@amis-st-benoit.qc.ca
Tél.: 819-580-3449 (boîte vocale)
Poste-publication Convention # 40019867