Le Griffon N°15 - lesamisdumuseeducloitre.fr

Magazine
des Amisdu Muséedu Cloître
AndréMazeyrie
el du VieuxTulle
Dans I'animation due aux associationsde la ville de
Tulle, les Amis du Cloître occupenttoute leur place.
Celle d'animateurs éclairés de I'histoire de Tulle.
Celle d'organisateurs du prix européen d'histoire
locale, Ies Baluziades,qui fait de Tulle le lieu de
reconnaissance
et de rassemblement
de tous ceuxqui,
en Europe,érudits ou simplescurieux,s'intéressentà
I'histoire locale et à sesprincipalesfigures.
Le Crédit Agricole CentreFrance, de son côté, occupe lui aussi toute la sienne. Celle de banquier du
développementde l'économie départementale.Celle
de banquedesménageset desparticuliers à qui il propose ses conseils,sesservices,sesproduits. Celle de
partenaire des animateursde la vie locale à qui il
apporteson aideJinancièreou desmoyenslogistiques
supplémentaires.
A Tulle, le Crédit Agricole CentreFrance soutientde
longue date le Sporting, les clubs de Football, les
FouléesTullistes.Hier il a réponduprésentau lancementde la campagneà la mémoired'EtienneBaluze.
Aujourd'huiil s'associeà la Cité de l'accordéonpour
I'organisation des Nuits de Nacre. Il est logique que
demain,noussoyonsprésentspour soutenirla deuxième édition desBaluziades.
L'engagementdu Crédit Agricole est toujours un
engagementdurable pour le développementau long
cours des activités et les projets des hommeset des
femmes qu'il accompagne.Les Amis du Musée du
Cloître enfont partie, euxqui dressentdespasserelles
entre les réussitespasséeset l'ambition des tullistes
d'aujourd'hui. Nous les encourageonsà continuer
ainsi ; nous lesfélicitons pour le cheminaccompli et
espéronssimplementque le Crédit Agricole Centre
France sera reconnu comme un professionnel très
fficace au servicedes Tullisteset des Corréziens.
Murielle Anweiler
Directrice commerciale Limousin Crédit Apricole Centre France
Il n'est pas nécessaired'espérer pour entreprendre.Heureusement,
les vrais amis sontlà pour
confirmer ce vieil adageet je sais que les sociétairesvont prendreplaisir à lire les proposdu responsabledu CréditAgricole.Merci Mme Anweiler.
Vous pouvez compter sur nous pour être à la hauteur de l'engagementpris par une institution dont
on sait qu'elle conjugueles termesde confianceet
de persévérance.L'associationdes amis partage
ces valeursen les mettantau serviced'un musée
qui connaît depuis peu et grâce à une nouvelle
équipeunevéritablerenaissance.
Quecelle-ciserve
d'exempleà la collectivitéau servicede laquellece
conservatoire
de l'histoire localetravaille.
Bernard Zimmermann
La place Maschat (p. a à 8) dominéepar le clocheton
de l'école Turgot. D'une croix, la maison du "bon docteur".
Retardatairesomettez-vousà jour de vos cotisations.Vos concoursnous sont indispensables.
Lecteurs non sociétaires,rejoignez-nous.
Quatre Griffons/an valent bien une cotisation.
Individuel : 15 € Couple:20 € Soutien: libre.
Chèqueà l'ordre desAmis du Muséeà adresserà
Mt" Lefebvre,l0 rue Baladour19000Tulle
Ce tableauprovenantde la collection du muséeest
actuellementexposé dans l'escalier d'honneur de
l'hôtel de ville. I1 fait partie d'un important fonds de
peintures et dessins, æuvres de Cécile et Marie
Desliens, deux sæursartistespeintres qui vécurent
à Tulle à la fin du XIX" siècle.Peintresnaturalistes,
elles ont laissé de nombreux tableaux de bouquets
de fleurs. Le bouquetde chrysanthèmesrécemment
offert au muséepar M* Pierre Bachelleriepar l'intermédiairedesAmis du Musée du Cloître en estun
très bel exemple. Mais elles ont surtout peint de
nombreuxet beauxporfraitsde notableset borngeois
ainsi que quelquesscènesde la vie quotidienne.
Le tableaufigure sur f inventaired'André Mazeyrie
en1937àlapage 373 sousle n"14sansquesoitprécisé le mode d'entrée, achatou donation.
I1 s'agit donc d'un porhait du père des artistes,
GardeGénéraldes Forêts,représentéde profil assis
dans un large fauteuil drapé de rouge ; il est dans
une attitude songeuseou méditative, la main droite
appuyéecontre sa barbe, l'autre reposantsur l'accoudoir du fauteuil. La chemiseblanche dont il est
vêtu laissetransparaîtredes fonds sombresqui permeffent de penser que les sæurs Desliens ont pu
réutiliser une toile déjà peinte ou qu'elles ont repris
cettepartie du vôtementde leur pèreultérieurement.
Au sein de I'ensemble du fonds Desliens que
conserve le musée du Cloître, ce tableau a une
importance particulière. C'est non seulement un
beauportrait, expressifet sensible,remarquélors de
< L'Exposition Artistique de Tulle > en 1887 :
<<le portrait de leur père est d'une expressionsaisissante. Tbus ceux qui ont connu I'intelligent et
brave forestier s'aruêtent avec plaisir devant son
image et rendenthommageau talentfilial, qui en a
si bien rendu les traits et l'âme, la physionomie un
peu embroussaillée, mais énergique, franche et
Mais il s'agit surtoutd'une despremières
bonne>>1.
æuvresdesdeux sæurs: un texte d'André Mazeyrie
de 1953 nous rapporte leurs propos sur leur vie à
Tulle : <<Quand nousfimes nos étudesà Tulle, la
petite ville dormait dans son nid de verdure et était
si éloignéedespréoccupationsartistiquesque nous
n'y trouvâmespas même un encadreur quand il
fallut donner notre premier tableau, exposéà notre
insu. au Salon de la SociétéNationale des BeauxArts à Paris dont nous ignorions I'existence.
C'était le portrait de notre père et il y fut admis. >>
Le portrait de Jean-BaptisteDesliens
Huile sur toile. Dimensions : 99 cm x 79,5 cm
Auteurs : CécileDesliens(1853-1937)
et Marie Desliens(1856-1938)
Datation probable : fin du XIX siècle
Laparticipation de ce tableauau Salonde la Société
Nationale des Beaux-Arts semble être confirmée
par la présencesur le cadre d'une plaque en laiton
portant l'inscription :
Desliens(Mdk'Cécile-Marie)
Porhait de leur père
Cette toile se trouve dans un état de conservation
peu satisfaisant.Elle est distendueet déformée,présentede très nombreusescraqueluresdansles zones
sombres,qui laissentpenser à l'utilisation d'une
peinture bitumeuse. Il y a une déchirure ancienne
réparéeà l'aide d'une piècecolléeà la cire au verso.
Des craqueluresen ( escargot> à gauchedu visage
peuvent correspondreà un choc frontal. L'examen
infrarouge a permis d'observer un léger tracé préparatoire au niveau du visage et montre également
la présencede repeints.Ce tableaufera donc l'objet
très prochainementd'une restaurationpar Charlotte
Jude,restauratriceagréée.
I Bulletin de SociétédesLettresScienceset Arts de la
Corrèze,1887,3" livraison,p. 456
Ouverturedu muséeau public :
depuis le 1"'juin, afin de s'adapterà la demande,le muséea simplifié seshoraires.
Ainsi il est ouvert tous les jours (sauf les mardis et les 2è-"et 4ème
dimanchesde chaquemois) :
- du l* mai au 31 octobre,de 10 heuresà 13 heureset de 14 heuresà 18 heures30
- du 1" novembreau 30 avril. de 13 heuresà 18 heures.
L'exposition "Héritage gaulois" a attiréun nombreuxpublic, soit plus de 5000 visiteurs en trois mois.
Dommageque notre muséen'ait pu présentercasqueet carnyx tout au long de l'été.
A noter : les 19 et 20 septembrese tiendront les Journéesdu
Patrimoine sur le thème : "IJn Patrimoine accessibleà tous".
Entréelibre et visites commentées.
Renseignements
au 05 55 26 91 05
Dernière minute. La restauration du portrait de Jean-Baptiste
Desliens (voir ci-contre) a reçu un avis favorable de la
Commissioninterrégionalede restauration.Les Amis du musée
du Cloître participeront,comme il l'ont fait en d'autrescas, à la
couverturedes frais de restauration.
Une investigation rondement menée.Après reconnaissance
des
"mauvais
æuvresen réserveet appréciationdes
locaux" affectésà
ce jour à leur stockage,Madamele Conservateuret son adjointe
ont établi, dans le respectdes normes en vigueur, un cahier des
chargesdéfinissantlesbesoinspropresaux différentescollections.
Celui-ci seraincessamment
présentéaux autoritésde tutelle.
Espérancetrompée. L'engagementdes servicesd'État à restaurer dès 2009 l'aile est du cloître a conduit à une prématuréeamputation del'agréablejardin médiéval.Si on ne fait pas d'omelettesanscasserdes æufs,il est parfois urgent
d'attendre.Notre impatienceà voir s'ouvrir les travauxespérésn'en est que plus grande.
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Le dimanche9 décembre1928,à 10 heures30 - soit
six annéesaprèssa disparition - le docteur Gustave
Maschatrecevaitl'hommagede sa ville. Un monument fut érigé en reconnaissance
de sesbienfaits.
Celui-ci,transferédansles années1980vers le haut
de la place, à l'entrée de la rue du Point du Jour, fut
primitivementinstalléplace de la Banque,comme
le précise la presse de l'époque.
Faut dire qu'alors, I'actuelle place
Maschat était scindéepar les maisonsde la Treille et de la Boursedu
travail (Griffon n'11) en deux parties respectivementappeléesplace
de la Banqueet PetitePlace.
" La place de la Banqueestnoire de
monde, ainsi que ses abords, les
maisons ont leurs fenêtres et leurs
balconsgarnis de monde et de dra-
nombre de s'associer.Par "un temps idéal, quoiqu'un peu froid",la foule énorme,silencieuse,fervente qui entoure corps constitués, personnalités
civiles,militaires,religieuses,estcelle desouvriers,
des commerçantset artisans,des voisins, des amis
d'enfancejamais oubliés.
Le poème de M'" Marie Larenaudie - directrice de
I'Institution Jeanned'Arc - lu par un
élèvede l'école publiqueTurgot - le
jeune Geneste- paraîtraà beaucoup
d'une veine et d'un ton désuets(voir
p. 7). Ils le sont certes,mais s'ils
datent,n'oublionspasque les acquis
sociauxd'aujourd'hui étaientalorsà
l'état d'espérances,
restantun à un à
conquérir. Il y avait des visionnaires, de tous horizons sociaux et
politiques, qui voulaient du mieux
peQLtx".
pour les déshérités : Gustave
Ainsi, six ans après sa disparition,
Maschatétaitde ceux-là.Et puis, les
Gustave Maschat bénéficiait touhorreurs de la Guerre 14-18 qui
HuiledeMt""CécileetMarieDesliens
jours de la reconnaissance et de l'afavait fauchê tant de pères étaientfection de la populationtulloise et corrézienne.
elles si lointaines pour qu'on ne versifie pas les
" Le coup d'æil est magnifique,et cette cérémonie
actesde bonté et d'humanité destinésaux enfants?
revêt bien le caractère d'une manifestationdu souSon père - André Léonard Eugène Maschat - était
"
venir et de la sympathie..." Le musique des
maître-teinturier.Au pied de sa maison et de son
Enfants de Tulle, masséederrière la grille d'entrée
atelier(3, rue Ménoire) couraitalorsà ciel ouvertla
de I'hôpital général,joue la "Marseillaise", écoutée
Solanedont il irisait les eaux de diversescouleurs.
têtenuepar toutecettefoule..."
Les colorantsétaient-ilsnocifs ? Notre histoirene le
dit pas, mais en aval, Corrèze et Solanene manSuiventles hommagesadressés
à celui dont la maiquaientpas de poissons.
son natale est à moins de cent mètres (3, rue
Ménoire).Dansle recueillementgénéral,tour à tour
De son mariage avec Martiale Josephine Peyrat
prennent la parole Henri de Chammard (président
naquirentun fils et une fille (Louise) ; il fut décidé
du Comité Maschat), Henri Queille (président du
que l'aîné seraitmédecin.Gustavefit sesétudesà la
Conseil général)et Jacquesde Chammard(députéFaculté de Paris"
maire). Tous saluent "la légendaire bonté, le
':
devant laquelle il sou- i
..:,,,,,,,,
I L'Ë-r'upr
coNrnraotioN
dévouement,I' admirable désintéres
sement,la haute
tint en 1883 Sa thèSe I
tolérance,I' exceptionnelle
probité..." du défunt.
de doctorat: Les An,
tns nELAMAM[t+t,n
"médecins
pauvres"
de
des
auxquels il
mariesaen nrametle. lnitt*nt
Qualif,té
offrait consultations et médicaments, Gustave
Bien qu'il lui fut pro"::::::::,::.":*t'o'
PUUR
Maschatconsolait"desmisèresmoralesautant que
posé de mener carrièdes misèresphysiques". Son entrée en politique à
re à Paris en milieu I ..
l'âge de trente-quatreans lui permit d'accroître ses
hospitalier,cequi pré- I
,-,".1î;:î"ii:f::f;"",,.
capacitésà soulagerautrui.Elu, il put"activer I'apsentaitd'intéressantes i
plication de la grande loi sociale de I'assistance
perspectives,
Gustave
médicalegratuite" et créer la PouponnièredéparteMaschatrevint à Tulle l
mentalequ'il dirigea.
par amour et bgsoin , i^.,,.u"r.,*,u,,n,,*îïtl
-",,* ou,i*i,
Pour une telle commémoration, le choix du
du pays où il exerça i j
dimanchene fut pas fortuit. Il permit au plus grand
pendant39 ans.
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DB ldtls
Peut-être qualifierez-vous ce qui suit d'anecdotique, mais le quotidien des généralistesd'alors,
mêmedansles petitesvilles, était ainsi.Le vingt et
unièmesiècleavec sesbraquagesn'a rien inventé.
Dans ces temps,les servicesde garden'existaient
pas. Tout médecin,de jour comme de nuit, pouvait
être appelé. Un soir, par nuit noire, Gustave
Maschatfut mandéau chevetd'un malade.non loin
de chez lui, à la Bamrssie.Justela rue Ménoire et
la dure côte de l'Hôpital à gravir. Quelques centainesde mètresà faire à pied, rien de bien fâcheux.
Sortie de la nuit, au terme de la montée, une silhouettenoire lui barre le passage: "La bourseou la
vie". GustaveMaschat s'exécutemais invite son
agresseurdont il avait reconnu la voix à venir le
lendemain à son cabinet. L'homme vint. fut sermonné et prié de garder I'argent.
Saclientèle.pour
une part importante,étaitrurale.
Dans les premièresannées,il
usa d'un cabriolet que tirait un
cheval, puis ultérieurement fit l'acquisition d'une
automobile. La lecture des lettres de commande
adresséesà un fabricant-artisanfait sourire (voir
p.8). Un monde nouveaus'ouwait ; on n'avait que
peu de références,il était difficile de choisir. Quant
à son cocher. il dut en faire un chauffeur. Evidemment,point d'auto-école.Josephprit le train et,
sansaucune expériencede la conduite, ramena de
Paris la voiture en bon état.
Son importantebibliothèqueprofessionnellerévèle
sespréoccupationsde praticien.Outrede nombreux
ouvrages de petite chirurgie, grossis de manuels
taitant des plaies de guerre (l'hôpital auxiliaire
n"11 de Tulle reçut de nombreuxblessésde 14-18),
on relève des traitésde phtisie, de maladiesvénériennes,d'obstétrique,d' alcoolisme,du cancer.
Les maladies infectieusesétaient un souci permanent.Pour les combattre,les moyensn'étaientpasà
la hauteur de ceux d'aujourd'hui. Alors il fallait
prévenir, éviter les prises de risque. La maison
Maschatétait desserviepar deux portes,I'une réservée aux malades,I'autre à sa famille et tout particulièrementà safille et aux amiesde celle-ci.On ne
buvait que de l'eau bouillie et tout repas ou collation ne se prenait qu'après s'être lavé soigneusement les mains.Ce n'était paslà simplerecommandation, mais bien impérieuseobligation.
C'est au retour d'une visite
faite à un de sespatients de
la campagne que Gustave
Maschat s'effondra. On
appela, des voisins accoururent, il était trop tard.
Celui que l'on avait vu
quelques instants plus tôt
traverser la ville n'était
plus. Il mourut le 16 mai
1922. Sa fille n'avait pas
douze ans.
Sesobsèquesfurent grandioses.6000 personnesy
prirent part. En signe de respect,les commerçants
avaient fermé leurs boutiques ; les gerbes,les bouquetsfurent si nombreux qu'il fallut un char spécial
pour les transporterau cimetière.Le char mortuaire
était quant à lui recouvert des fleurs offertes parla
famille, les amis, les voisins : traductionde l'étroitessedes liens réciproquesqui unissaientGustave
Maschatet les siens.
Les cordons du poêle (cordonspendant aux quatre
coins du drap mortuaire recouvrant le cercueil),
furent tenuspar M. Martin, préfet de la Corrèze;Ie
sénateurde Jouvenel; M. Escande,maire de Brive ;
M. Malimont, premier adjoint. Suivaient les draps
du corpsmédicalet du Conseilgénéral.Ce cérémonial qui n'existeplus était à la hauteurde l'hommage rendu aux défunts.
" En tête du cortège venaient
les clairons et tambours voilés de crêpe, les écolespubliques avec les
instituteurs ; les pensionnats Jeanne d'Arc et
Sévigné et leurs professeurs ; les Médaillés militaires, les Légionnaires, les anciens combattants
(U.N.C.) ; les mutilés et les réformés; les Veuvesde
guerre ; les Pupilles de la Nation ; la Manufacture
d'Armes ; le Centrede Rééducation; I'Amicale de
la Préfecture ; les SecoursMutuels de Tulle et des
instituteurs ; les Enfants de Tulle".
Le cercueil était épinglé de
la Croix de Chevalierde la
Légion d'Honneur dont le
défunt était titulaire.
Derrièrela famille venaient
les corps constitués, les
administrations, les personnalités politiques (en
donner le détail alourdirait
notre évocation), suivis de
f immense foule des amis
affligés.
" Sur tout le parcours,
la musique des Enfants de
Tulle exécutait une marchefunèbre jouée en alternanceavec les tambours".
La calhédralefut évidemmenttrop petite ; au grand
orgue,M. Gueniffey jouait des morceaux funèbres.
MonseigneurCastel,évêquede Tulle, présidal'office et donna l'absoute.Pour atteindrele Puy SaintClair et le tombeau de famille, le cortège, derrière
les chevaux et le corbillard, emprunta conformément à l'usagela placemunicipale,le quai Edmond
Perrier,I'avenuede la Bastille.Arrivé à destination,
le cercueil fut porté à bras d'hommes par les fermiers du docteuret les prochesamis.
Successivement
s'exprimèrentMM. Martin, Préfet
de la Corrèze; Henri Queille, Présidentdu Conseil
général ; Labrousse, Sénateur.Le discours de M.
Malimont, premier adjoint, fut qualifié de remarquable par la pressei" Si on ouvrait son cæur,on y
trouveraitgravé le nom de Tulle"." Il eutpeut-être
vécuplus longtempss'il s'était ménagédavantage,
mais il a vécujusqu'au bout de la vraie vie, celle de
la lutte, des émotions,du travail..."
GustaveMaschat ne pouvait partir ainsi, malgré le
faste de ses obsèques.Pour que les générationsà
venir le connaissent,il fallait que frt dressé un
monument (voir p.7). C'était dans les usagesdu
temps.Les Amis du Musée,qui ont statufié B.aItze,
ne peuvent qu'approuver ce qui fut alors décidé.A
l'initiative du Comité des Fêtes du Quartier du
Trech fut créé le Comité Maschat chargé d'ouvrir
une souscription pour l'érection du monument.
27000 frs furent trouvés dont 1500 versés par la
Commune.
BaptisteRougier,s'exprimaau nom des donateurs.
Allocution brève,celle d'un ami. GustaveMaschat.
"l'hommede I'humanitésociale,I'homme
de I'ouvrier de la ville et de la campagne,celui qui ne
comptajamais sespas..."
Ainsi toute intervention,quel que soit celui qui prenaitla parole, donnait de GustaveMaschat f image
d'un hommede bien. L'accordsur ce point fut total,
dans un temps où les luttes et clivagespolitiques
étaientmarqués.Pourtantune fois GustaveMaschat
ne put réunir ceux qui l'aimaient et l'appréciaient.
En 1906, il brigua le mandat de député (cantons
de Corrèze,Egletons,Seilhac,Treignac, Tulle-Nord,
Uzerche). Il vit
s'éloignerde lui
ses amis de
gauche qui le
rencontrèrent,
lui dirent de
renoncer, qu'ils
ne pouvaient se
renier. Va, pour
les
élections
municipales et
départementales, la députation c'était une
autre affaire. I1
ne les écouta
pas et fut battu. Il fut déçu et certainementmalheureux de ce reverset, de le voir affecté,sesamis de
la "sociale"le furent aussi.
Heureuseépoqueoù la mesquineriene trouvait pas
sa place, où parler vrai permettait de se connaîtreet
de se respecter.Par la suite, ayant renoncé à un
mandat national, Gustave Maschat fut toujours
magistralementréélu, même en 1922, deux jours
avantsa mort où, répondantà l'appel de sesamis,il
enlevasansfaire campagne(il était fatigué) le poste
de conseillergénéral.
Il avait épousé,à l'âge de cinquanteans,le 20 juin
1908,à Murel-prèsMartel (Lot), FrançoiseMabit,
professeurde mathématiqueset de sciencesà Tulle
(E.P.S.),sortie de l'Ecole Normale Supérieurede
Fontenay-aux-Roses.
Certains ne sont pas sans avoir remarqué que le
pignon de la maison Maschat-Laborie (3, rue
Ménoire) porte une plaque commémorative.Elle fut
financée par les familles du quartier et posée le
27 aoît 1922. Lors de son inauguration,un voisin,
Ses amis dirent alors : <<Maschat nous a fuit
attendre.mais il a su choisir >>.
De cette union naquit Andrée Maschat qui épousa
l'ingénieur général d'armement André Laborie,
officier de la Lésion d'Honneur.
Au Docteur Maschat
pendant 40 années 1882-1922
médecin des Pauvres
et des Enfants
Extraits de la poésie récitée,au nom des
Enfants de la Ville de Tulle et des environs, par l'élève Genestede I'Ecole
Turgot, à I'inauguration du Monument
élevé par souscription publique au
regrettéDocteur Maschat le 9 déc. 1928
I - Que la ville se réjouisse
D'honorerson Fils au grandjour
Aux nobleschantsde la Justice
Et aux chantsjoyeux de l'amour !
De grandesvoix diront l'histoire
De l'Ami cher et vénéré
Et glorifieront sa mémoire
Que fixa le bronzesacré!
II - Avec quelle saintefolie,
Maschat,MédecindesEnfants,
Les soignatous,toute sa vie,
Riches,pauvres,petits et grands!
On sait que famille en détresse
Jamaisen vain ne l'appela ;
Que,toujours,tendreavecrudesse,
Dans les alarmes.il était là.
Attentif, clairvoyant et brave,
Ame indomptableet cæur meurtri,
Du malade,il était l'esclave,
Jusqu'àce qu'il l'avait guéri !
On sait qu'il couraitles villages,
La nuit, dansun cabriolet
Où il ramenait,sansbagages,
Quelquespiteux enfantelets;
Qu'il venait chercher,secourable,
Ce que l'innocent n'avait pas,
Heureux d'un bonheur ineffable
Quandil l'arrachaitau trépas!
III - Un soir, le cæurtriste dansl'ombre
Il songeaità tous cespetits
Qu'il voyait mourir en grandnombre
Sansmère,hélas ! et sansamis !
Et il disait : O pauvresanges,
Vousnous donnerieztant d'espoir !
Mais il faudraitde meilleurslanges,
Un lait plus pur, matin et soir !
BTOCRAPHIE
n é l e 3 1 m a i 1 8 5 8;
docteuren médecinede la Facultéde Parisen 1883;
installéà Tulle la même année;
épousele 20 juin à Martel (Lot) FrançoiseMabit ;
élu et réélu conseillergénéralde Tulle-Nord en 1892,
1898.1904:
démissionnaireen 1906:
rééluen 1910;
membrede la Commissiondépartementale
d'août 1898
à avril 1905,puis du 26 avril 191I à 1920;
secrétairede cettecommissionde 1913à 1920;
conseillermunicipal de Tulle de 1892à 1900 ;
de St-Mexant1900-1912,de Tulle l9I2 à1920,
maire de Tulle de 1920à son décès;
médecin-adjoint
de l'Hôpital de Tulle depuis1885,de la
Maternitédépartementale
depuis 1898,puis médecindirecteur;
créateuret directeurde la Pouponnièredépartementale
;
médecinde la Manufactured'Armes de Tulle depuis1912
médecinde l'Ecole Primaire Supérieuredepuis 1904;
médecinde la Sociétédes Secoursmutuels:
médecinde la Compagnied'Orléans;
engagéà la 17è'""
sectiond'Infirmiers militaires - 1879,
mobilisésur sa demandeen aoû11914
;
affectéà l'hôpital auxiliairenoll jusqu'à sa dissolution
e n 1 9 1 9;
vice-présidentde la section de Tulle des
Vétéransdesarmées
de Terre et de Mer ;
décèdele 16 mai 1922.
Sur le monument
(l'inscription
ci-dessous
aujourd'hui i Il isi ble)
Au
Docteur
G. MASCHAT
Maire
de
Tulle
ConseillerGénéral
1858-1922
Pour fortifier vos faiblesses,
Il faudrait de vaillantes mains,
Et, pour dissipervos tristesses,
De tendreset joyeux refrains !
Car vous feriez des gars solides,
Si vous aviezplus de soleil,
Et vous deviendriezsplendides,
Si I'on soignaitvotre sommeil !
Construisonsdonc une Volière
A cesoiseauxtombésdu nid
Et Maschat fit la Pouponnière
Où il sauvatant de petits !
Marie Larenaudie,
directricede l'Institution Jeanned'Arc
nÉ.1Àt
Oui, déjà, des contributionsnous sont parvenues.Autant d'interuentionspour réparer
desoublis,pour apporterdesprécisionssur
1'histoire de la <chère petite place>.
Réagissez.Faites-nouspart de vos réactions,de vos souvenirs.Nous les publierons
dans le numéro de fin d'année, celui de
décembre... après il sera trop tard. Le
Griffon est notre bulletin d'échanges,notre
blog. Bienvenueà vous. Hâtez-vous.
ET APRÈS I
Populaire, haut en couleurs, industrieux,
vivant, meurtri, sportif, poumon de la ville,
ingénieux, fier de son identité, tel est le
quartierde Souilhac.celui desnez noirs
Souilhac sera, en autant de n"' de Griffon
que nécessaire,
évoquéà compterde 2010.
Aidez-nouspar le prêt de photos,d'objets,
de <pemrques>(les ancienscomprendront),
par la mise à dispositionde souvenirs.Pour
ce faire, contactezRolandMeyrignac 7,rue
desMartyrs,19000Tulle.Tel.0555267783
Le Grffin remercie M'" Gérard Sabatier
née Madeleine Laborie, petite-fitle du
Dr Maschat, M'" Raymonde Chassagne,
M" Gilles Quincy,historien,Jean-François
Soleilhavoup,photographe,pour les aides
précieusesqu'ils lui ont apportées.
Extraits de la correspondancedu docteur
Maschat avec un fabricant de voitures
Lettre du ll mars 1909 : Monsieur,
"J'ai reçu votre lettre du 9 mars et je suis à peu près décidé à profiter de l'offre que vous me faitesde me donnerà
5750 francsvotre type de voiture 10HP2 cylindrescatalogué 6800. Mais avant de vous faire ma commande,il
faut queje vous demandequelquesrenseignements
complémentaireset aussi que je vous dise qu'étant ignorant
des chosesde l'automobilismeje ne puis rien contrôleret
que je ferai avec vous une affaire de confiance absolue.
Je n'achètepas une automobilepar fantaisiemais pour
faire de la médecinetous lesjours en paysde montagneou
mieux de collines.C'est un outil de travail.
Je veux un double phaéton avec entrée latérale et arrière
démontable; l'arière ne devantme servir pour deux ou
trois personnesqu'une fois ou deux par mois.
Je vous ai demandépour l'apprentissagede mon cocher
s'il fallait vous l'envoyer,l'envoyer dansun garageou si
vous pouvez m'envoyer un de vos ouvriers et à quelles
conditions.Vousne m'avezpasrépondu..."
'##.x,:5mars
"En possessiond
lettre du 13, je vo,
mande définitiven:
voiture ainsi que
concevezet vous en
posterecommandée
2 billets
de 1000 francs ci-joints. Je vous prie de m'en accuser
réception...
Je veux la double phaéton avec arrière démontable et
pointe de course,ce qui fait notre prix définitif à 5950.Je
veux une seulerotondeà I'avant et j'accepte le prix de 20
francs que vous me demandezpour supprimer les deux
baquets...Je vousprie de faire mettredespocheslatérales
dans le cuir pour mettre des livres, ma trousse,etc. Je
choisisla couleurbleue pour la carosserieet le cuir noir
puisquevous me le conseillez.
Je vous prie de mettre le porte-pharevous-mêmeen supplément.Je ne veux qu'un phare parce que je penseque
cela suffira. Si vous jugezqu'il en faut deux, veuillez me
prévenir...
Bien entenduvous me donnerezune voiture neuve,modèle 1909. Quelques-unesde mes questionssont peut-être
oiseuses,
maisje m'en excuse,ce sontmes débutsen automobilisme" '"
Sisné : Docteur G. Maschat.à Tulle