l`impact de l`endettement étudiant

l’impact
l’endettement
étudiant
de
Glenn Burley et Adam Awad
Fédération canadienne
des étudiantes et étudiants
Fédération canadienne des étudiant-e-s
338 rue Somerset ouest
Ottawa, Ontario K2P 0J9
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électronique sur le site web de la fédération.
table des matières
1 Sommaire
2 Mise en contexte
4
Dettes liées aux études
6 Emploi
8 Génération «Boomerang»
9
Richesse des emprunteurs et des non-emprunteurs
10
Laisser fonctionner le système d’impôt sur le revenu
11 Une loi canadienne sur l’enseignement postsecondaire
12 Permettre aux diplômées et diplômés de contribuer immédiatement
13 Conclusion
14
Notes
15 Références
sommaire:
Il est certain que l’éducation postsecondaire est une
nécessité aujourd’hui pour réussir sur le marché du
travail. Malheureusement, bien que la demande
pour l’éducation ait augmenté, le financement public
n’a pas suivi. Le manque de financement public a
entraîné une croissance importante des coûts, qui ont
été refilés aux étudiantes et étudiants en grande partie
sous la forme de frais de scolarité élevés. De 1990
à 2014, la moyenne nationale des frais de scolarité
a été ajustée selon le taux et a augmenté de plus de
155 pour cent. En Ontario, les frais de scolarité ont
augmenté de plus de 180 pour cent.
Puisque la plupart des étudiantes et étudiants n’ont pas
encore participé pleinement au marché du travail, il est
devenu de plus en plus difficile pour eux de financer
leur éducation. Ils sont nombreux aujourd’hui à être
obligés de s’endetter lourdement pour payer leurs
études. Les étudiantes et étudiants qui sont obligés
d’avoir recours au Programme canadien de prêts aux
étudiants terminent leurs études aujourd’hui avec une
dette moyenne de plus de 28 000 $.
La nécessité d’emprunter pour financer une éducation
reporte l’impact des frais de scolarité élevés après la
fin des études, lorsque la dette est davantage alourdie
par les intérêts à payer. Les conséquences sont en plus
exacerbées aujourd’hui par les effets de « la Grande
récession », et une tendance à la hausse d’emplois
précaires, et même, d’emplois non rémunérés. Les
effets plus vastes du niveau élevé des dettes d’études
sur les personnes individuelles et l’économie en
général sont aujourd’hui évidents :
• Les jeunes Canadiennes et Canadiens (1524 ans) ont été les plus touchés par les pertes
d’emplois durant la récession (plus de 50 pour
cent des pertes nettes d’emplois);
• Les salaires perdus et la stigmatisation salariale
que créent le chômage et le sous-emploi coûteront
à l’économie canadienne plus de 22 milliards de
dollars d’ici 2031;
• En 2014, le chômage et le sous-emploi chez les
jeunes Canadiennes et Canadiens s’élevaient à
27,7 pour cent;
• 30 pour cent des étudiantes et étudiants en
médecine s’attendent à avoir une dette d’études
de plus de 100 000 $ à l’obtention de leur
diplôme;
• Le sous-emploi et l’obligation d’occuper un
emploi non lié au domaine d’études mènent à
une dégradation des compétences, à des retards
dans l’accumulation d’expérience, et à la perte
d’occasions de former des réseaux;
• 42 pour cent des Canadiennes et Canadiens sous
l’âge de 30 ans vivent encore chez leurs parents,
une hausse de 15 pour cent par rapport à 1981;
• Les personnes qui ont une dette d’études, si on
les compare à leurs semblables qui n’ont pas de
dette, ont une valeur nette plus faible, ont moins
d’avoirs, et sont moins susceptibles d’avoir des
économies ou des placements.
Confrontés à une dette d’études énorme et à la
faiblesse du marché de l’emploi, de nombreux
diplômés et diplômées luttent pour participer à
l’économie canadienne. Une dette d’études élevée
influence le choix de carrière, et ce, même pour
les étudiantes et étudiants inscrits à un programme
d’études professionnelles comme la médecine et
le droit. Les stages non rémunérés, qui touchent
environ 300 000 jeunes qui travaillent sans salaire,
privilégient les personnes qui ont les moyens financiers
leur permettant de travailler gratuitement. Les personnes
qui ont une dette élevée sont souvent sous-employées
aujourd’hui et travaillent dans un domaine qui n’est
pas lié à leurs études parce qu’elles font l’objet de
pressions pour rembourser leurs prêts.
Malgré les plus de 2,7 milliards de dollars affectés
chaque année à des programmes fragmentées d’aide
et d’encouragement aux études postsecondaires, les
Canadiennes et Canadiens prennent du retard en
raison des obstacles financiers auxquels ils se trouvent
confrontés lorsqu’ils obtiennent leur diplôme. Une
restructuration du système actuel qui remplacerait
les programmes inefficaces et compliqués réduirait
rapidement et de façon importante les niveaux
d’endettement des étudiantes et étudiants. Les
nouveaux diplômés et diplômées auraient ainsi
une chance égale, quels que soient leurs moyens
financiers, de participer et de réussir sur le marché de
l’emploi en constante évolution. Pour pouvoir offrir aux
diplômés et diplômés de nos collèges et universités la
possibilité de réussir dans une économie qui évolue
rapidement, il faudrait investir dans leur éducation
supérieure, et non les endetter.
mise en contexte:
Au cours des 20 dernières années, nous avons observé une hausse de la demande de compétences et de
formation avancées exigées des jeunes voulant intégrer le marché du travail. Nombre de jeunes ont donc été
poussés vers la poursuite d’études postsecondaires. Par conséquent, le Canada affiche aujourd’hui l’un des plus
hauts taux d’accession aux études postsecondaires dans le monde.
Malheureusement, à mesure que la demande a
augmenté, le financement public de l’enseignement
postsecondaire a diminué considérablement.
Aujourd’hui, ce financement public ne représente
qu’environ la moitié du budget d’exploitation des
établissements d’enseignement postsecondaire; il s’agit
d’une baisse de plus de 90 pour cent par rapport aux
années 1960 et 1970. Le manque de financement
public a mené à un déficit de financement des
universités et des collèges, lequel déficit est de plus
en plus comblé par le recours à des sources privées
de financement – prenant principalement la forme
de frais de scolarité. En 1990, une étudiante ou un
étudiant de premier cycle universitaire payait des frais
de scolarité moyens de 1 271 $ (1 993 $ en dollars
de 2013). Or, en 2013, l’étudiante ou l’étudiant de
premier cycle universitaire moyen a payé un montant
de 5 772 $ en frais de scolarité.
La montée en flèche des frais de scolarité a fait en
sorte que les étudiantes et étudiants dépendent de
plus en plus de l’aide financière fondée sur des prêts
et que l’endettement étudiant atteigne un sommet
historique. À l’heure actuelle, les étudiantes et étudiants
qui bénéficient du Programme canadien de prêts aux
étudiants (PCPE) pendant leurs études s’endettent en
moyenne de 28 495 $1 pour poursuivre leurs études
jusqu’à l’obtention d’un diplôme. Selon les estimations,
les dettes étudiantes dues au PCPE en date de 2013
totalisaient plus de 16 milliards de dollars.
Non seulement des frais de scolarité élevés résultent
en l’endettement des étudiantes et étudiants, mais
aussi ils peuvent avoir une incidence secondaire en
bloquant carrément l’accès au système à certains
groupes d’étudiantes et d’étudiants potentiels et en
nuisant ainsi à la possibilité qu’auront ces groupes
d’intégrer à part entière notre économie du savoir
par la suite. L’aversion pour les dettes est forte
parmi celles et ceux qui ne poursuivent pas d’études
postsecondaires (le quart indiquant que des questions
financières représentent le principal facteur dans
leur décision de ne pas s’inscrire à un établissement
d’enseignement postsecondaire). Plus précisément, les
communautés racialisées, les familles à faible revenu
et les parents seuls sont plus susceptibles de percevoir
très négativement l’idée de s’endetter pour poursuivre
des études.2
Dans ce document, nous examinerons quelques-uns
des impacts individuels que des niveaux d’endettement
étudiant trop élevés ont sur les étudiantes et étudiants
ainsi que sur l’économie au sens large. De plus, nous y
proposerons des solutions visant à atténuer le fardeau
de l’endettement étudiant et à améliorer la capacité
des diplômées et diplômés des établissements
d’enseignement postsecondaire du Canada de
contribuer à l’économie et à la société dans
son ensemble.
2
90%
Aujourd’hui, ce financement
public ne représente
qu’environ la moitié du
budget d’exploitation
des établissements
d’enseignement
postsecondaire; il s’agit
d’une baisse de plus de
90 pour cent par rapport
aux années 1960 et 1970.
A
M
O
PL
DI
Pour ce qui est de l’accessibilité et de l’abordabilité de l’enseignement postsecondaire, dans une
récente étude rendue publique par les Services économiques TD, nous apprenons qu’il fut une époque
où les étudiantes et étudiants pouvaient financer leurs frais de scolarité, autres charges scolaires et frais
de subsistance en puisant dans ce qu’ils avaient réussi à épargner en travaillant pendant l’été et à temps
partiel pendant l’année scolaire. Toutefois, cette époque est révolue. L’éducation postsecondaire devient
de moins en moins abordable avec chaque année qui passe, et celles et ceux qui ne sont pas capables
de payer d’avance prennent le pari qu’ils réussiront à rembourser une dette de plus en plus élevée après
avoir réussi à obtenir un emploi à la fin de leurs études.
Dettes liées aux études :
2011
Habiter chez
ses parents
Habiter
ailleurs
55 000 $
84 000 $
Des rapports actuariels du Programme canadien de
prêts aux étudiants prédisent que l’aide financière aux
étudiantes et étudiants continuera à augmenter et que,
par conséquent, le montant requis en prêts étudiants
pour financer des études postsecondaires augmentera.
Selon les prédictions du gouvernement fédéral, les frais
de scolarité augmenteront annuellement de 2,5 pour
cent de plus que l’inflation au cours des 25 prochaines
années. À un tel rythme, tout indique que les frais de
scolarité atteindront 19 900 $ en 2035-2036,3 4 par
rapport à 5 959 $ en 2014-2015.5
Cependant, les frais de scolarité ne représentent
qu’une partie des coûts qu’une étudiante ou un
étudiant doit engager pour obtenir un diplôme de
premier cycle au terme de quatre années d’études.
Dans un récent rapport, les Services économiques
TD estiment qu’une étudiante ou un étudiant ayant
entrepris ses études en 2011 aura dépensé 55 000 $
pour obtenir son diplôme si elle ou il habite chez
ses parents pendant ses études. Ce total augmente
à 84 000 $ si l’étudiante ou l’étudiant étudie loin
de la maison familiale et doit se loger. Le rapport
projette que les enfants nés en 2011 peuvent
s’attendre à débourser 102 286 $ pour leurs études
postsecondaires s’ils habitent chez leurs parents et
139 380 $6 s’ils étudient loin de la maison familiale.
Le coût élevé des études postsecondaires se traduit
par des niveaux d’endettement considérables parmi
les récentes diplômées et récents diplômés. En 2014,
2030
Habiter chez
ses parents
Habiter
ailleurs
102 286 $
139 380 $
la dette moyenne à l’obtention du diplôme parmi
les étudiantes et étudiants ayant contracté un prêt
étudiant du gouvernement fédéral est estimée à plus
de 28 000 $.7 Il est important de souligner que cette
estimation ne tient pas compte des intérêts composés
qui courent dès l’obtention du diplôme et varient en
fonction du temps requis pour rembourser l’emprunt.
Par exemple, en prenant pour hypothèse qu’un prêt
étudiant fédéral contracté en Ontario est remboursé au
taux d’intérêt courant de 5,5 pour cent sur une période
de 120 mois (10 ans), la mensualité exigée serait
d’environ 326 $. Au terme des dix ans, l’emprunteur
aura remboursé 39 101 $, incluant des intérêts
totalisant 10 606 $.8
Dans un rapport portant sur l’incidence de la hausse
des frais de scolarité sur la famille d’étudiantes et
d’étudiants, les ménages ontariens à faible revenu et
à revenu moyen ont été comparés quant au nombre
de jours de revenu de travail qu’ils devraient consacrer
pour payer quatre années d’études postsecondaires.
Les coûts de 2011 ont été comparés à ceux de
1990. Entre 1990 et 2011, les frais de scolarité ont
augmenté de 244 pour cent en tenant compte de
l’inflation. En faisant fi de toutes les autres dépenses, il
a été établi qu’en 1990, une famille à revenu moyen
gagnant environ 23 943 $ après impôt (36 600 $
en dollars de 2011) devrait y consacrer quelque
87 jours de revenu de travail, tandis qu’une famille
à faible revenu gagnant 11 055 $ (16 900 $ en
4
dollars de 2011) devrait y consacrer trois fois plus,
soit l’équivalent de 270 jours de salaire. Étant donné
que les Canadiennes et Canadiens travaillent en
moyenne quelque 250 jours par année, une famille à
faible revenu devait consacrer, en 1990, l’équivalent
de plus de un an de salaire pour payer quatre années
d’études postsecondaires à son enfant. En 2011, il
fallait compter 195 et 673 jours de travail rémunéré
respectivement pour une famille à revenu moyen
(gagnant 42 600 $ après impôt) et une famille à
faible revenu (gagnant 18 900 $).9
Pour ce qui est de l’accessibilité et de l’abordabilité
de l’enseignement postsecondaire, dans une récente
étude rendue publique par les Services économiques
TD, nous apprenons qu’il fut une époque où les
étudiantes et étudiants pouvaient financer leurs frais
de scolarité, autres charges scolaires et frais de
subsistance en puisant dans ce qu’ils avaient réussi à
épargner en travaillant pendant l’été et à temps partiel
pendant l’année scolaire. Toutefois, cette époque
est révolue.10 L’éducation postsecondaire devient de
moins en moins abordable avec chaque année qui
passe, et celles et ceux qui ne sont pas capables de
payer d’avance prennent le pari qu’ils réussiront à
rembourser une dette de plus en plus élevée après
avoir réussi à obtenir un emploi à la fin de leurs
études.
30 pour cent et 13 pour
cent des étudiantes et
étudiants en médecine
s’attendent à avoir une
dette d’études de plus de
100 000 $ et de plus de
160 000 $, respectivement,
à l’obtention du diplôme.
30%
13%
ier
Emploi:
$
$
$
$
$
Le mythe voulant qu’un diplôme universitaire de
premier cycle permettra à son titulaire de gagner
1 million de dollars de plus en revenus au cours de
sa vie active a été totalement démoli il y a déjà un
certain temps.11
Il existe certes une corrélation entre les personnes
plus scolarisées et les revenus plus élevés; mais,
aujourd’hui, plus d’emplois que jamais auparavant – y
compris au bas de l’échelle – exigent certaines études
postsecondaires. Par exemple, le gouvernement de la
Colombie-Britannique prédit que d’ici 2020, quelque
35 pour cent de toutes les nouvelles possibilités
d’emploi exigeront une formation universitaire et
42 pour cent exigeront un certificat collégial ou un
certificat d’école de métier.12
Le risque de s’endetter lourdement à un jeune âge
alors qu’on dispose d’un maigre actif est souvent
justifié comme un investissement en soi nécessaire pour
obtenir un emploi rémunéré plus tard. Cependant, les
jeunes Canadiennes et Canadiens intègrent un marché
du travail qui est fort différent de celui qu’ont connu
les générations précédentes. Le travail précaire est
plus répandu, les salaires stagnent en bonne mesure et
de moins en moins d’avantages sociaux (s’il en reste)
compensent le lourd fardeau de l’endettement étudiant
une fois dans la population active.
Malgré des allégations selon lesquelles le Canada a
mieux traversé la récession que plusieurs autres pays,
le taux de chômage chez les jeunes y demeure deux
fois plus élevé que le taux de chômage global. En
2008, avant la récession, le taux de chômage chez
les jeunes se chiffrait à 11 pour cent. Ce taux a atteint
un sommet de 16,4 pour cent13 en 2009. Bien qu’il
ait baissé depuis, il demeure élevé (13,4 pour cent
en juin 201414). Si on tient compte des travailleuses
et travailleurs à temps partiel qui cherchent un emploi
à temps plein, des stagiaires non rémunérés et des
jeunes Canadiennes et Canadiens découragés15, le
taux de chômage et de sous-emploi chez les jeunes
augmente jusqu’à 27,7 pour cent.16
Les jeunes Canadiennes et Canadiens (âgés de 15 à
24 ans) ont été très durement frappés pendant la plus
récente récession. Les jeunes travailleuses et travailleurs
ont subi plus de la moitié des pertes d’emplois nettes
durant la récession, et ce, même s’ils ne représentaient
que 16,5 pour cent de la main-d’œuvre.17 Déjà, le
taux de chômage élevé chez les jeunes s’est soldé par
des pertes de revenu de l’ordre de 10,7 milliards de
dollars pour les jeunes Canadiennes et Canadiens. De
plus, au cours des 18 prochaines années, on estime
que cette stigmatisation salariale18 se soldera par des
pertes supplémentaires de 12,4 milliards de dollars.19
Lorsque les taux de récentes diplômées et récents
diplômés qui ne travaillent pas dans leur domaine
d’études sont pris en compte, les effets du sousemploi et de la stigmatisation salariale deviennent
encore plus prononcés. Alors que la conjoncture
difficile du marché du travail des jeunes a fait en
sorte qu’il soit plus difficile pour nombre de jeunes
diplômés de travailler dans leur domaine d’études
une fois leur diplôme en main, le montant élevé des
remboursements de prêts étudiants place ces récentes
diplômées et récents diplômés dans une situation où ils
ont un besoin immédiat
de revenus.
Au total, 23 pour cent des diplômées et diplômés de
niveau postsecondaire ne travaillent pas dans leur
domaine d’études. Non seulement ces diplômées
6
et diplômés éprouvent de plus grandes difficultés
à réseauter et à acquérir de l’expérience dans leur
domaine d’études, mais aussi ils tendent à gagner
25 pour cent de moins que celles et ceux qui
obtiennent un emploi dans leur domaine.20 Nombre
de récentes diplômées et récents diplômés qui ne
réussissent pas à gagner un revenu adéquat dans leur
domaine sont forcés d’accepter n’importe quel emploi
afin de pouvoir rembourser leur prêt étudiant. Certains
d’entre eux acceptent des postes pour lesquels ils sont
surqualifiés et cela peut en fait s’avérer un obstacle à
la recherche de travail dans leur domaine à mesure
que leurs connaissances et compétences nouvellement
acquises se dégradent.
Il a par ailleurs été révélé que des niveaux élevés
d’endettement étudiant nuisent aux possibilités
d’emploi d’étudiantes et d’étudiants dans les facultés
professionnelles. Par exemple, les étudiantes et
étudiants en médecine contractent des dettes très
élevées pendant leurs études. Par conséquent, il
appert que de jeunes médecins abandonnent l’idée
de pratiquer la médecine de famille et choisissent
plutôt une spécialité plus lucrative.21 Selon le Sondage
national des médecins, 30 pour cent des étudiantes
et étudiants devraient être endettés de plus de
100 000 $ à la fin de leurs études et 13 pour cent
devraient avoir contracté des dettes totalisant plus
de 160 000 $. Il s’agit d’une hausse marquée par
rapport à 2004, où seulement 15 pour cent des
étudiantes et étudiants s’attendaient à être endettés
de 100 000 $ et seulement 1 pour cent, de plus de
160 000 $.22
Les implications à long terme de niveaux élevés
de chômage et de sous-emploi parmi les récentes
diplômées et récents diplômés ne sont pas bien
documentés. Cependant, de récentes données de
l’OCDE font valoir que la promesse qu’une éducation
postsecondaire permette de gagner des revenus
plus élevés ne se matérialise pas toujours. En fait,
le Canada compte le pourcentage le plus élevé de
diplômées et diplômés universitaires qui gagnent moins
de la moitié du revenu médian national.23
L’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011 démontre
que 42 pour cent des jeunes adultes vivant toujours au foyer, soit une
augmentation de 15 pour cent depuis 198124.
Génération «boomerang»:
Des niveaux élevés d’endettement étudiant et un
marché de l’emploi peu favorable nuisent à la qualité
de vie des jeunes Canadiennes et Canadiens. En
2011, encore plus de jeunes adultes (âgés de 20
à 29 ans) que jamais habitaient chez leurs parents.
En fait, le nombre de jeunes adultes se trouvant dans
cette situation a augmenté tellement qu’on qualifie la
génération de « génération boomerang ». Selon le
rapport, 42 pour cent des jeunes adultes habitaient
toujours chez leurs parents, en hausse de plus de
15 pour cent par rapport à 1981.24 Les principales
raisons invoquées étaient les faibles perspectives
d’emploi, le coût élevé de la vie et du logement et
l’endettement étudiant.
Une étude menée en 2012 révèle que, depuis
1976, les prix des maisons au Canada ont augmenté
beaucoup plus rapidement (+76 pour cent) que le
revenu moyen des jeunes ménages (+5 pour cent
au cours de la même période, ajusté en fonction de
l’inflation).25 Étant donné que les coûts de logement
ont augmenté beaucoup plus que les revenus et que
l’endettement étudiant représente un fardeau de plus
en plus lourd, les jeunes Canadiennes et Canadiens
restent chez leurs parents plus longtemps que dans le
passé.
De plus, comme de plus en plus de diplômées et
diplômés peinent à épargner en vue d’une éventuelle
mise de fonds parce qu’ils doivent rembourser leurs
dettes étudiantes, les niveaux élevés d’endettement
étudiant retardent considérablement l’accession
à la propriété – une importante forme de stabilité
économique – et limitent la capacité des emprunteurs
de participer à part entière à l’économie canadienne.
La population canadienne a lieu de s’inquiéter
des tendances qui se dessinent dans le marché de
l’immobilier et l’industrie automobile aux États-Unis.
Avant la récession, les diplômées et diplômés de
niveau postsecondaire qui gagnaient systématiquement
des revenus plus élevés étaient plus susceptibles
d’accéder à la propriété avant l’âge de 30 ans.26
En raison de la récession, les taux de propriété parmi
les jeunes ont baissé de façon générale, mais la
baisse a été encore plus marquée parmi les jeunes
ayant des dettes étudiantes. Ce n’est pas surprenant,
car l’endettement étudiant a bondi de 25 à 43 pour
cent au cours de la dernière décennie (le niveau
d’endettement moyen ayant atteint 20 326 $US en
2012). Une tendance similaire s’observe au sein
du marché de l’automobile. Bien que divers facteurs
soient en cause, il appert que le fait de charrier
une lourde dette étudiante complique l’épargne et
l’accession à de gros achats comme une maison ou
une automobile.27
Comme c’est le cas aux États-Unis, au Canada,
les frais de scolarité et les niveaux d’endettement
correspondants continuent à augmenter. Cependant,
contrairement aux États-Unis, où le marché de
l’immobilier s’est effondré, le marché de l’habitation
demeure robuste au Canada. Malgré un certain
refroidissement, les prix continuent à croître. De
2009 à 2012, les prix des maisons ont augmenté de
17 pour cent28 et, entre juin 2013 et juin 2014, ils
ont augmenté de 6,9 pour cent.29 Un rapport rendu
public par l’OCDE suggère que le marché canadien
de l’immobilier figure parmi les marchés les plus
surévalués dans le monde industrialisé. Sur le plan
des loyers, le parc immobilier du Canada pourrait
être surévalué de jusqu’à 60 pour cent.30 En 2007,
soit avant la récession, il avait déjà été observé
que l’endettement étudiant nuisait à l’accession à
la propriété au Canada : trois pour cent de moins
de diplômées et diplômés ayant des dettes d’études
étaient propriétaires d’une maison par rapport à
celles et ceux qui n’avaient pas contracté d’emprunts
pour financer leurs études.31 De plus, les récentes
modifications apportées aux règles en matière de
prêts hypothécaires font en sorte qu’il soit encore plus
difficile pour de nouveaux diplômés considérablement
endettés de se qualifier pour un prêt hypothécaire.
Lorsque les nouvelles règles sont entrées en vigueur en
2012, les ventes de propriétés à l’échelle nationale
ont baissé de neuf à dix pour cent par rapport au
premier semestre de 2012.32
Compte tenu de la hausse du nombre d’emplois
contractuels et temporaires, la sécurité d’emploi
devient une denrée de plus en plus rare. En
l’absence d’une sécurité de revenu adéquate et vu les
attentes de réinstallation à court terme, acheter une
maison ou même épargner en vue de l’achat d’une
maison devient une décision risquée. L’endettement
étudiant élevé, le coût élevé de la vie et le manque
de sécurité d’emploi créent des conditions qui
nuisent considérablement à la capacité des jeunes
Canadiennes et Canadiens de participer à l’un des
secteurs les plus importants de l’économie canadienne.
Richesse des
emprunteurs et des
non-emprunteurs :
Lorsqu’on compare la situation financière de jeunes
Canadiennes et Canadiens (âgés de 20 à 29 ans)
qui se sont endettés pour étudier à celle des jeunes
sans dettes d’études, l’impact de l’endettement étudiant
saute aux yeux. Dans une étude rendue publique en
2010, Statistique Canada a trouvé qu’en comparant
la situation des étudiants emprunteurs à celle des
étudiants non emprunteurs, les non-emprunteurs
disposaient d’un avoir net et d’actifs beaucoup
plus considérables. Le montant moyen de l’actif des
emprunteurs était de 60 700 $, comparativement
à 106 300 $ pour les non-emprunteurs. En termes
d’avoir net, les emprunteurs accusaient un grand
retard par rapport aux non-emprunteurs (17 500 $
et 61 900 $ respectivement). Par ailleurs, avoir
contracté des dettes pour financer ses études nuirait
à la capacité de diplômées et diplômés récents
d’épargner et d’investir. En effet, seulement 39 pour
cent des étudiantes et étudiants ayant emprunté pour
leurs études avaient des placements ou de l’épargne
individuelle par rapport à 47 pour cent de ceux sans
dettes d’études.33
Un avoir net plus faible, l’accumulation de moins
d’actifs et une capacité réduite d’épargner et
d’investir peuvent s’expliquer par le fait que les
récentes diplômées et récents diplômés doivent
consacrer une plus grande part de leurs revenus
d’emploi au remboursement de leurs dettes étudiantes.
Par conséquent, ils participent moins à l’activité
économique. Au lieu d’accéder à la propriété,
d’acheter une automobile, d’investir ou de démarrer
une entreprise, les diplômées et diplômés endettés
doivent rembourser leurs prêts étudiants et payer
des intérêts pendant que leurs homologues n’ayant
pas contracté de dettes d’études peuvent utiliser leur
revenu pour générer de la richesse individuelle et
sociale. Rembourser une dette étudiante ne contribue
pas à accroître la richesse personnelle ou à stimuler
l’ensemble de l’économie canadienne. Au contraire,
un nombre croissant de jeunes Canadiennes et
Canadiens sont désavantagés par rapport aux
générations précédentes (leurs aïeux ayant eu
les moyens financiers de payer leurs études sans
s’endetter).
9
Un avoir net plus faible, l’accumulation
de moins d’actifs et une capacité
réduite d’épargner et d’investir peuvent
s’expliquer par le fait que les récents
diplômés et diplômées doivent consacrer
une plus grande part de leurs revenus
d’emploi au remboursement de leur
dette d’études. Au lieu d’accéder à la
propriété, d’acheter une automobile,
d’investir ou de démarrer une
entreprise, les diplômées et diplômés
endettés doivent rembourser leurs
prêts étudiants et payer des intérêts
pendant que leurs homologues n’ayant
pas de dette d’études peuvent utiliser
leur revenu pour générer de la richesse
sur le plan personnel et pour la société.
Laisser fonctionner le système
d’impôt sur le revenu :
Les frais de scolarité sont une forme d’impôt uniforme,
car ils sont perçus sans égard aux réalités socioéconomiques ou aux moyens financiers individuels.
Ainsi, des frais de scolarité élevés nuisent de façon
disproportionnée aux étudiantes et étudiants les plus
dans le besoin. Le Canada est déjà doté d’un régime
d’impôt progressif qui fait en sorte que plus vous
gagnez d’argent et disposez d’actifs, plus vous payez
de l’impôt pour contribuer à la société.
Une façon plus efficace et plus équitable d’accroître
l’accessibilité des études postsecondaires et de limiter
l’endettement étudiant à la fin des études consisterait
à affecter une plus grande part des fonds actuellement
consentis aux REEE et aux crédits d’impôts pour frais
de scolarité au Programme canadien de bourses
aux étudiants (PCBE) afin d’augmenter le nombre de
bourses fondées sur les besoins qui sont octroyées. Si
cela avait été fait en 2011, la mesure aurait couvert
l’entièreté des 2,2 milliards de dollars consentis en
prêts fédéraux et considérablement réduit les dépenses
du gouvernement fédéral.
Si notre société valorise un gouvernement efficace,
les actuels systèmes d’aide financière aux étudiants
s’inscrivent dans la mauvaise approche. Les systèmes
actuels sont inutilement complexes et cette approche
mine leur efficacité, gonfle les dépenses et crée du
gaspillage. Si nous partageons comme valeur un
régime d’impôt sur le revenu robuste et progressif, en
vertu duquel celles et ceux qui gagnent plus paient plus
en impôt, dépendre de frais d’utilisation élevés pour
financer des services publics sous-financés est à la fois
contre-productif et régressif.34
C’est en éliminant les obstacles financiers et en
atténuant le fardeau de l’endettement étudiant en
investissant dans des bourses fondées sur les besoins
que nous permettrons à un système d’impôt sur le
revenu progressif fonctionnel de récupérer le coût de
l’éducation d’une personne et, dans bien des cas, de
produire un gain net. Cette récupération de coûts et
ce gain résultent de diplômées et diplômés qui ont les
moyens de mettre immédiatement leur revenu d’emploi
à la contribution de l’économie canadienne au sens
large au lieu de devoir rembourser des prêts étudiants
et payer des intérêts. Au-delà de leur contribution
à l’assiette fiscale, les diplômées et diplômés de
niveau postsecondaire contribuent entre cinq et huit
pour cent de plus à la société par l’innovation, la
création de connaissance, la croissance économique,
l’augmentation de la productivité de travailleurs
moins scolarisés, la réduction de la criminalité, une
participation civique accrue et une meilleure santé.35
Ainsi, non seulement le gouvernement peut récupérer
ce qu’il investit dans chaque étudiante ou étudiant,
mais aussi il dispose des fonds nécessaires pour
investir dans la prochaine génération d’étudiantes et
d’étudiants.
Les impôts sur le revenu que paient les diplômés et
les non-diplômés en Colombie-Britannique illustrent
clairement ce clivage intergénérationnel. En ColombieBritannique, au cours de sa carrière, l’homme moyen
ayant une formation universitaire, comparativement
à l’homme moyen n’ayant pas poursuivi d’études
postsecondaires, paiera 140 000 $ de plus en impôt
et aura besoin d’environ 15 400 $ moins d’aide
gouvernementale (a.-e., aide sociale, etc.). Dans le
cas d’une femme ayant une formation universitaire,
elle paiera 80 300 $ de plus en impôt et nécessitera
18 100 $ moins d’aide. L’étude a estimé que le coût
de former un universitaire en Colombie-Britannique
oscille autour de 50 630 $. Ainsi, un homme
universitaire produit un bénéfice net de 104 700 $
et une femme universitaire produit un bénéfice net de
47 770 $ aux coffres de l’État seulement par leur
contribution à l’impôt sur le revenu et leur dépendance
moins élevée de l’aide sociale.36
10
Un système d’impôt sur le revenu progressif et efficace
veillerait à ce que les aberrations statistiques – les
diplômées et diplômés capables de gagner des
revenus supérieurs à la moyenne et les diplômées
et diplômés qui sont sans emploi ou sous-employés
pendant des périodes de temps prolongées – paient
des impôts équitables en fonction de leurs revenus.
Un système d’impôt sur le revenu
progressif et efficace veillerait à ce
que les aberrations statistiques – les
diplômées et diplômés capables
de gagner des revenus supérieurs
à la moyenne et les diplômées et
diplômés qui sont sans emploi ou
sous-employés pendant des périodes
de temps prolongées – paient des
impôts équitables en fonction de leurs
revenus.
+ 140 000 $income
en impôttax
+140,000
Une loi canadienne
sur l’enseignement
postsecondaire :
Le Canada est doté d’un système d’enseignement
postsecondaire incohérent dont les rouages varient
grandement d’une province à l’autre. Une loi
fédérale sur l’enseignement postsecondaire, structurée
similairement à la Loi canadienne sur la santé,
contribuerait à s’attaquer aux causes profondes
du problème. En vertu d’une telle loi, les provinces
auraient l’obligation de défendre des principes comme
l’administration publique, l’intégralité, l’universalité, la
transférabilité et l’accessibilité. En échange du respect
de ces principes, les gouvernements provinciaux
recevraient un financement adéquat et prévisible
du gouvernement fédéral. Une loi fédérale sur
l’enseignement postsecondaire contribuerait à réduire
les écarts dans les frais et la prestation de services
éducatifs d’une région à l’autre.
Si le gouvernement fédéral vise à contrôler ses
dépenses et à fournir des services publics efficaces,
la brèche prévue de l’ordre de 19 milliards de dollars
dans le plafond des prêts d’études pour 2020-2021
devrait être une motivation suffisante pour délaisser un
système qui nourrit l’endettement au profit d’un système
prônant l’accessibilité et l’abordabilité
à long terme.
Une loi fédérale sur l’enseignement postsecondaire
permettrait au gouvernement fédéral de reprendre un
rôle officiel en matière d’éducation postsecondaire.
À l’heure actuelle, le Canada est un des seuls pays
industrialisés qui ne joue aucun rôle fédéral officiel
sur le plan de l’enseignement postsecondaire. Par
conséquent, des différences notables s’observent
d’un bout à l’autre du pays lorsqu’il est question
d’accessibilité et d’abordabilité des études
postsecondaires. Si les gouvernements provinciaux,
territoriaux et fédéral travaillaient ensemble
conformément à une loi harmonisée sur l’enseignement
postsecondaire, il en résulterait un système plus
responsable et cohérent au sein duquel le financement
serait utilisé plus efficacement au bénéfice à la fois
des étudiantes et étudiants et des établissements
d’enseignement.
Si les gouvernements
provinciaux, territoriaux et
fédéral travaillaient ensemble
conformément à une loi
harmonisée sur l’enseignement
postsecondaire, il en
résulterait un système plus
responsable et cohérent au
sein duquel le financement
serait utilisé plus efficacement
au bénéfice à la fois des
étudiantes et étudiants
et des établissements
d’enseignement.
Permettre aux diplômées et diplômés de
contribuer immédiatement :
À l’échelle individuelle, l’allégement de l’endettement
étudiant permettrait aux diplômées et diplômés de
contribuer immédiatement à l’économie et à la
société plutôt que de devoir axer tous leurs efforts
sur le remboursement de leurs prêts étudiants. Des
professionnels comme des médecins et des avocats
pourraient ainsi choisir de se consacrer à la médecine
de famille ou à l’aide juridique, des services en forte
demande que les diplômées et diplômés boudent
toutefois en raison de leurs niveaux
d’endettement élevés.
Permettre aux jeunes professionnelles et professionnels
d’exercer leurs activités dans ces domaines serait
bénéfique sur le plan socio-économique. Par exemple,
alléger la pénurie d’omnipraticiens réduirait les
pressions et les coûts dans le système de santé ainsi
que les délais d’attente (et les coûts) dans les urgences.
De nouvelles diplômées et nouveaux diplômés dans
tous les domaines seraient ainsi en mesure de redonner
à leur collectivité en apprenant et enseignant des
compétences utiles par l’intermédiaire de bénévolat,
de stages et d’emplois moins rémunérés mais offrant
une pléthore d’avantages non pécuniaires parce qu’ils
seraient moins endettés à la fin de leurs études. Plutôt
que d’avoir accumulé l’équivalent d’une mise de fonds
sur une maison en dettes d’études, les diplômées et
diplômés récents pourraient commencer à épargner
en vue de l’achat d’une maison. Un abaissement
des niveaux d’endettement étudiant offrirait aussi
aux diplômées et diplômés la possibilité de planifier
et fonder une famille plus tôt dans la vie ainsi que
la souplesse financière nécessaire pour prendre
des risques et innover. Les bénéfices individuels et
sociétaux seraient considérables. Démarrer une
entreprise, faire du bénévolat, accepter un emploi de
premier échelon moins bien rémunéré ou un emploi
assorti d’avantages non pécuniaires (par exemple,
pour acquérir de l’expérience ou contribuer au mieuxêtre collectif) ne représenteraient plus systématiquement
des décisions à haut risque pour quiconque sauf
les mieux nantis. De tels choix pourraient servir de
tremplins vers une carrière enrichissante apportant une
contribution concrète à la société et
à l’économie.
Le coût initial élevé pour obtenir une formation
postsecondaire représente un obstacle pouvant
empêcher celles et ceux ayant besoin d’aide
financière de participer à part entière à l’économie
pendant plus de dix ans après la fin de leurs études.
Les coûts croissants de l’éducation postsecondaire et
l’endettement qui en résulte représentent un niveau
bureaucratique redondant qui ajoute un impôt uniforme
au système d’impôt sur le revenu progressif déjà
en place.
12
Conclusion:
À mesure que le financement public de l’enseignement
postsecondaire a été réduit, les établissements
d’enseignement ont augmenté les frais de scolarité
pour récupérer le manque à gagner. Par conséquent,
un nombre croissant d’étudiantes et d’étudiants
ont commencé à dépendre de prêts pour financer
leurs études tout en espérant que leur futur emploi
leur assure un revenu suffisant pour leur permettre
de rembourser les dettes contractées pendant leurs
études. Cependant, année après année, les frais de
scolarité moyens augmentent plus vite que l’inflation
et l’endettement étudiant moyen se chiffre maintenant
à plus de 28 000 $. Un niveau élevé d’endettement
étudiant nuit considérablement à la capacité des
récentes diplômées et récents diplômés de participer à
l’économie et d’atteindre la stabilité financière.
Il a été démontré que des niveaux élevés
d’endettement étudiant nuisent aux choix de carrière.
Incapables de trouver un emploi rémunéré dans leur
domaine d’études ou de se permettre de faire un
stage non rémunéré, de récentes diplômées et récents
diplômés risquent de se trouver obligés d’accepter
une situation de sous-emploi pour pouvoir rembourser
leurs dettes. Par conséquent, leurs compétences se
dégradent et ils passent à côté d’innovations dans leur
domaine, ce qui mine davantage leurs
aptitudes à réseauter.
Des paiements élevés de remboursement de dettes et
de faibles perspectives d’emploi contribuent au fait
qu’un pourcentage de plus en plus élevé de jeunes
adultes ne quittent pas le foyer familial. En effet,
l’espoir de mettre un peu d’argent de côté contraint
de jeunes adultes de rester chez leurs parents plus
longtemps. Ce choix nuit non seulement à leur
développement personnel, mais aussi à leur mieuxêtre financier étant donné qu’ils ne réussissent pas
à se constituer un dossier de crédit (signature d’un
bail, achat d’une automobile, ouverture d’un compte
de services publics, etc.). Au bout du compte, ils
sont forcés de repousser de plus importantes activités
économiques comme l’achat
d’une maison.
Ce retard à intégrer à part entière l’économie et
la société se manifeste aussi clairement lorsqu’on
compare l’avoir, les actifs, l’épargne et les
investissements d’étudiants emprunteurs à ceux de
personnes du même âge sans dettes d’études. Bien
que leur niveau d’endettement global soit similaire, les
étudiants non emprunteurs ont plus d’actifs et un avoir
net plus élevé et sont plus susceptibles de disposer
d’épargne et d’investissements.
13
De plus, l’endettement étudiant est un frein à
l’entrepreneuriat. Qu’il s’agisse de démarrer une
pratique de médecine familiale ou une entreprise, les
risques sont considérablement plus élevés lorsque la
personne est déjà très endettée.
L’enseignement postsecondaire au Canada pourrait
être plus accessible si on cessait de dépenser
inutilement sur des crédit d’impôt et des régimes
d’épargne inefficaces. Ces fonds seraient utilisés à
meilleur escient s’ils étaient investis dans des bourses
fondées sur les besoins pour les étudiantes et étudiants
dont la situation financière est précaire. Investir
directement dans les étudiantes et étudiants serait
une mesure qui s’autofinancerait à plusieurs reprises
grâce au système d’impôt sur le revenu progressif
du Canada. Afin que la main-d’œuvre canadienne
puisse prospérer dans un marché du travail qui
évolue, un système d’enseignement postsecondaire
accessible et abordable doit devenir une priorité pour
les gouvernements fédéral et provinciaux.
Notes:
Statistique Canada (2014). Enquête nationale auprès des diplômés
2013.
1
Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (2012). La
dette étudiante au Canada : L’éducation ne devrait pas être une
condamnation à l’endettement. http://cfs-fcee.ca/wp-content/
uploads/sites/2/2013/11/Factsheet-2013-11-Student-Debt-FR.pdf
2
13
Staples, Darren (29 janvier 2013). « Youth unemployment to cost
Canadian economy $23 billion » dans Reuters. http://www.cbc.ca/
news/business/story/2013/01/29/business-youth-unemploymentcost.html.
14
Statistique Canada (2014). Ottawa (Canada). Enquête sur la
population active, juin 2014. http://www.statcan.gc.ca/dailyquotidien/140711/dq140711a-fra.htm
Selon l’analyse la plus récente, tandis que les frais de scolarité
devraient augmenter de près de 13 000 $ pour s’établir à un peu
moins de 20 000 $ par année, la limite hebdomadaire des prêts
aura un effet restrictif sur la croissance des prêts. Cela signifie que
le montant projeté du prêt moyen n’augmentera que de 5 197 $
(moyenne en 2010-2011) à 6 599 $ d’ici 2035-2036. Si ces
hypothèses se matérialisent, il en résultera un déficit de financement
additionnel de plus de 12 000 $ par année que les étudiantes et
étudiants devront combler.
15
Les travailleurs dits découragés sont des personnes qui sont en
âge de travailler, mais qui ne cherchent pas un emploi ou ont mis un
terme à leur recherche d’emploi en raison de perspectives d’emploi
médiocres.
Bureau du surintendant des institutions financières du Canada,
Bureau de l’actuaire en chef (2011). Rapport actuariel sur le
Programme canadien de prêts aux étudiants au 31 juillet 2011.
Ottawa (Canada). http://http://www.osfi-bsif.gc.ca/Fra/Docs/
CSLP_2011.pdf
Services économiques TD (2012). La triste situation des jeunes
travailleurs. http://www.td.com/francais/document/PDF/
economics/special/ff0312_younger_workers_fr.pdf
3
4
Statistique Canada (2014). Frais de scolarité universitaires,
2014-2015. Ottawa (Canada). http://www.statcan.gc.ca/dailyquotidien/140911/dq140911b-fra.htm
5
Services économiques TD (2011). Les études postsecondaires :
le meilleur investissement à faire. http://www.td.com/francais/
document/PDF/economics/special/sf0911_education_fr.pdf
6
Statistique Canada (2014). Enquête nationale auprès des diplômés
2013.
7
Cibleétudes du gouvernement du Canada. Estimateur de
remboursement des prêts. http://tools.canlearn.ca/cslgs-scpse/clncln/crp-lrc/af.nlindex-fra.do
8
MacDonald, David et Erika Shaker. Centre canadien de politiques
alternatives (2011). Sous pression : l’impact de la hausse des frais de
scolarité sur les familles de l’Ontario. p. 11, 14.
9
Services économiques TD (2011). Les études postsecondaires :
le meilleur investissement à faire. http://www.td.com/francais/
document/PDF/economics/special/sf0911_education_fr.pdf
10
“Organisation de coopération et de développement économiques
(2009). Regards sur l’éducation 2009. p. 2 http://www.oecd.org/
fr/education/apprendre-au-dela-de-l-ecole/43636350.pdf
11
12
Ivanova, Iglika (2012). Centre canadien de politiques alternatives.
Paid in Full Update: Who Pays for University Education in BC? p.
8 http://www.policyalternatives.ca/sites/default/files/uploads/
publications/BC%20Office/2012/01/CCPA_Paid_in_Full_2012_
web.pdf
16
Goar, Carol (13 mars 2014). « Why Canada’s job market hasn’t
recovered » dans Toronto Star. http://www.thestar.com/opinion/
commentary/2014/03/13/why_canadas_job_market_hasnt_
recovered_goar.html
17
La stigmatisation salariale concerne les impacts négatifs à long
terme du chômage ou du sous-emploi précoce et prolongé. Lorsque les
revenus sont limités tôt dans la carrière, des augmentations de revenu
à long terme sont reportées ou manquées. Il en résulte une perte
considérable de revenus au cours d’une carrière.
18
19
Staples, Darren (29 janvier 2013). « Youth unemployment to cost
Canadian economy $23 billion » dans Reuters. http://www.cbc.ca/
news/business/story/2013/01/29/business-youth-unemploymentcost.html
20
Services économiques TD (2011). Les études postsecondaires :
le meilleur investissement à faire. http://www.td.com/francais/
document/PDF/economics/special/sf0911_education_fr.pdf
Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (2012). La
dette étudiante au Canada : L’éducation ne devrait pas être une
condamnation à l’endettement. http://cfs-fcee.ca/wp-content/
uploads/sites/2/2013/11/Factsheet-2013-11-Student-Debt-FR.pdf
25
Grant, Tavia et Janet McFarland (2 novembre 2012). « Generation
Nixed: Why Canada’s youth are losing hope for the future » dans
The Globe and Mail. http://www.theglobeandmail.com/report-onbusiness/economy/jobs/generation-nixed-why-canadas-youth-arelosing-hope-for-the-future/article4705553/?page=all
26
White, Martha C. (22 avril 2013). « Student loan debt putting
damper on housing demand » dans NBC News: Business. http://
www.nbcnews.com/business/student-loan-debt-putting-damperhousing-demand-6C9525090
27
Brown, Meta et Sydnee Caldwell (2013). « Young Student Loan
Borrowers Retreat from Housing and Auto Markets » dans Federal
Reserve Bank of New York. http://libertystreeteconomics.newyorkfed.
org/2013/04/young-student-loan-borrowers-retreat-from-housing-andauto-markets.html#
28
Delmendo, Lalaine (2013). « Canada’s house prices continue to
slow, demand remains strong » dans Global Property Guide. http://
www.globalpropertyguide.com/North-America/Canada/Price-History
29
Association canadienne de l’immeuble (2014). « Le marché
résidentiel canadien avance légèrement en juin ». http://crea.ca/fr/
le-marché-résidentiel-canadien-avance-légèrement-en-juin
30
CBC News (5 juin 2013). « Canadian homes among most
overvalued in the world ». http://www.cbc.ca/news/business/
story/2013/06/05/business-oecd-housing.html
31
Luong, May (janvier 2010). « Les répercussions financières des
prêts étudiants » dans L’emploi et le revenu en perspective vol. 11,
no 1. http://www.statcan.gc.ca/pub/75-001-x/2010101/
pdf/11073-fra.pdf
32
33
21
22
Buske, Lynda (mars 2013). Canadian Collaborative
Centre for Physician Resources. Off to work I owe! http://
nationalphysiciansurvey.ca/wp-content/uploads/2013/03/C3PRBulletin-StudentResidentDebt-201303-EN.pdf
Marr, Garry (23 août 2013). « The value of education is dropping
fast for university graduates » dans Financial Post. http://business.
financialpost.com/2013/08/26/the-value-of-education-is-droppingfast-for-university-graduates/
23
24
Rennie, Steve (19 septembre 2012). « Census find more than 40%
of young adults living with their parents » dans Toronto Star. http://
www.thestar.com/news/canada/2012/09/19/census_finds_more_
than_40_of_young_adults_living_with_their_parents.html
Ibidem.
Ibidem.
34
Mackenzie, Hugh (2013). Centre canadien de politiques
alternatives. Learning and Earning: The Impact of Taxation in the
Higher Education Debates. p. 6. http://www.policyalternatives.
ca/sites/default/files/uploads/publications/National%20
Office/2013/06/Learning_and_Earning.pdf.
35
Ibidem, p. 14,15
36
Ivanova, Iglika (2012). Centre canadien de politiques alternatives.
Paid in Full Update: Who Pays for University Education in BC?. p. 15,
23, http://www.policyalternatives.ca/sites/default/files/uploads/
publications/BC%20Office/2012/01/CCPA_Paid_in_Full_2012_
web.pdf
références :
Brown, Meta et Sydnee Caldwell. « Young
Student Loan Borrowers Retreat from Housing and
Auto Markets », Federal Reserve Bank of New
York, 2013.
Busje, Lynda. « Off to work I owe! », Canadian
Collaborative Centre for Physician Resources,
2013.
Organisation de Coopération et de
Développement Économiques, « Regard sur
l’éducation 2009 », 2009.
Goar, Carol. « Why Canada’s job market hasn’t
recovered », Toronto Star, mars 2014.
Canada. Ciblétudes. Estimateur de
remboursement des prêts, Ottawa, 2014.
Grant, Tavia et Janet McFarland. « Generation
Nixed : Why Canada’s youth are losing hope
for the future », The Globe and Mail, novembre
2012.
Association canadienne de l’immeuble. « Le
marché résidentiel canadien avance légèrement
en juin », 2014.
Ivanova, Iglika. « Paid in Full Update: Who Pays
for University Education in BC? »,Centre canadien
de politiques alternatives, 2012.
« Canadian homes among most overvalued in the
world », CBC News, juin 2013.
Luong, May. « Les répercussions financières des
prêts étudiants » dans L’emploi et le revenu en
perspective, vol. 11, no 1, 2010.
Canada. Bureau du surintendant des institutions
financières du Canada, Bureau de l’actuaire
en chef, Rapport actuariel sur le Programme
canadien de prêts aux étudiants, Ottawa, 2011.
Canada. Statistique Canada, Enquête sur la
population active, juin 2014. Ottawa, 2014.
Canada. Statistique Canada, Frais de scolarité
universitaires, 2014-2015, Ottawa, 2014.
Canada. Statistique Canada, Enquête nationale
auprès des diplômés, 2013, Ottawa, 2014.
Delmenda, Lalaine. « Canada’s house prices
continue to slow, demand remains strong »,
Global Property Guide, 2013.
Macdonald, David et Erika Shaker. « Sous
pression : l’impact de la hausse des frais de
scolarité sur les familles de l’Ontario », Centre
canadien de politiques alternatives, 2011.
Mackenzie, Hugh. « Learning and Earning:
The Impact of Taxation in the Higher Education
Debates », Centre canadien de politiques
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Marr, Gary. « The Value of education is dropping
fast for university graduates », Financial Post, août
2013
Services économiques TD. « Les études
postsecondaires : le meilleur investissement à faire
Caissier
», 2011.
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young adults living with their parents », Toronto
Star, septembre 2012.
Staples, Daren. « Youth unemployment to cost
Canadian economy $23 billion », Reuters, janvier
2013.
Fédération canadienne des étudiantes et
étudiants. « La dette étudiante au Canada :
L’éducation ne devrait pas être une condamnation
à l’endettement », 2012.
Services économiques TD. « The Plight of Younger
Workers », 2012.
White, Martha C. « Student loan debt putting
damper on housing demand », NBC News:
Business, avril 2013.
PRÊTS
STUDENT
AUX
ÉTUDIANTS
LOANS